Nous ne sommes pas en mesure de porter le poids de toute la vérité. Dans la foi, nous sommes appelés à comprendre toujours un peu plus ou, mieux encore, à vivre toujours plus en profondeur : dans une conversion continue (permanente) et sur un chemin ininterrompu vers l'insondabilité de Dieu qui est toujours au-delà de toute conception (représentation, idée) que nous nous en faisons.
Dieu est une réalité complexe que nous ressentons proche et lointaine, intangible et présente. Mais nos questions, nos perplexités et nos réponses sur Dieu ne sont jamais définitives : pas même celles que nous avons données à nos enfants en cette période de préparation à la confirmation.
Chère Emma, chers Enrique et Lorenzo, en vous accompagnant dans le parcours qui vous a conduits à la confirmation, nous avons cherché à vous ouvrir à la vision de l’Esprit du Christ, source de la vie et de l’amour au sein d’une évolution dynamique encore en cours où coexistent la miséricorde de Dieu et la fragilité de l’homme.
Vous avez dû affronter des doutes et des questions embarrassantes que la Bible, la culture et la science vous posent sur Dieu et la foi. Vous avez fait des choix à la frontière entre la réalité matérielle et la réalité spirituelle pour les affronter toutes les deux de manière critique. La science doit aller de l’avant... mais la foi doit aller en profondeur!
Ni la foi ni l’Église ne peuvent stagner en vivant dans une attitude auto-référentielle en devenant artificielles, marginales, inutiles, protégées par de vieux rites et par un langage obsolète et incompréhensible. Ce serait comme boucher tous les trous d’une flûte et prétendre que ça peut encore marcher. Mais comme une flûte, nous aussi nous pouvons être traversés par le Souffle divin si nous sommes libres, et, grâce au doigté de Dieu, produire des sons mélodieux dans notre vie et plus largement dans la vie de l’humanité qui nous entoure...
Est-il possible d’atteindre quelque chose qui nous dépasse ? Est-il possible de laisser quelque chose d'indéfinissable nous traverser et de laisser la vie, la joie, la solidarité et une confiance stimulante jaillir de notre esprit, de notre bouche et de notre cœur ? La réponse est dans le récit de la Pentecôte, quand l’Ecriture nous déclare qu’une force divine nous traverse et nous porte au-delà de nos possibilités…
La pandémie nous a appris à mettre de l’ordre dans nos priorités et à accorder de la valeur à des choses simples dont nous avons négligé l’importance en toute impunité.
L’Esprit Saint est une présence qui fortifie en tous ces moments où je prends conscience que ma pensée peut aller encore plus loin, que je peux donner et recevoir encore plus confiance et amour, que je pourrai vivre au-delà des limites de la mort biologique, en cette dimension spirituelle dans laquelle vit déjà le Christ ressuscité !
Je ne suis plus enfermé dans ma sacristie mais j’accède au vaste espace d’une grande cathédrale et, au-delà, au monde, à une dimension plus universelle de l’existence.
Voici la force de Dieu qui frappe à la porte de notre vie… Voici l’Esprit Saint! Voilà le Souffle de Dieu, le souffle divin : dynamisme créateur, élan vital, qui gonfle la vie de courage et d’harmonie et la vide des forces destructrices de l’existence. Notre connaissance est encore en évolution, mais l’Esprit du Seigneur nous traverse quand nous sommes dans le doute. Il perçoit notre angoisse, nos questions et nos peurs.
Il intervient comme un souffle qui nous inspire et suggère un chemin, comme une conscience qui interroge notre intelligence et stimule notre intuition.
Il nous permet de rester dans la foi en Dieu et nous surprend encore dans les moments d’intense communion, pendant le partage et la réflexion, lorsque les paroles de la Bible touchent nos cœurs et deviennent Parole de Dieu pour nous.
L’Esprit Saint est la colombe de la paix dont nous devenons les artisans : c’est le souffle de Dieu qui produit des harmonies universelles, c’est comme une langue de feu qui affronte l’injustice et la discrimination, brûle les barrières qui nous séparent et nous encourage à aller vers les autres.
Chère Emma, chers Enrique et Lorenzo, nous sommes des morceaux de matière, nous sommes corps et esprit... mais pas seulement! Oscar Wilde écrivait que "celui qui sépare l’esprit du corps ne possède ni l’un ni l’autre".
Dans la vie vous aurez des joies, mais vous affronterez aussi des souffrances et des soucis qui creusent des trous profonds en chaque personne et dans l’humanité entière. Mais comme les trous d’une flûte, ouverts et habilement fermés, si vous vous laissez traverser par l’Esprit de Dieu, une mélodie joyeuse et éclatante sortira de vous, qui résonnera dans notre avenir!
Amen