Écouter le culte :
Devenir des artisans d'unité
Pour intensifier notre prière pour l’unité des chrétiens, nos frères et sœurs d’Égypte, de Syrie et du Liban nous rassemblent ce matin sous l’humble toit de la crèche. Nous voici invités à nous déplacer, comme les mages qui entrèrent dans la maison et virent l’enfant avec Marie sa mère.
Ce déplacement intérieur, cette marche commune, nous rappelle que la foi n’est pas un ensemble d’affirmations au sujet de Dieu, mais la rencontre d’une Personne : Jésus, visage du Dieu de l’univers.
Et quelle surprise ! Voici que la Parole créatrice, qui s’est faite humaine, a d’abord été sans mot. Son premier langage, comme celui de chaque petit enfant, fut d’abord celui d’une présence vulnérable.
Ainsi donc la foi commune, la confiance essentielle, débute lorsque le cœur humain s’ouvre à la forme très inattendue que prend la présence de Dieu. La scène que les mages ont découverte interpelle avec la même force aujourd’hui qu’hier. C’est la même rencontre essentielle qui unit les chrétiens de partout : la rencontre de Jésus, Fils éternel de Dieu, né de Marie, reconnu par Joseph, visité par des Mages venus de loin.
Sous le même toit ont convergé des humains aussi simples que les bergers, et des hommes aussi érudits que les mages, représentant des cultures et des traditions variées. Ces voyageurs venus de loin comprennent, au contact de l’enfant, que le Dieu Créateur visite le genre humain ; et pour notre part, en voyant les mages et leur accueil de l’inattendu, nous comprenons qu’en Jésus, Dieu s’adresse à tous, sans exception.
D’ailleurs, quiconque fait l’expérience de la rencontre de Dieu fait homme, retourne chez soi, regagne son pays, sa réalité, sa culture, sa vie spirituelle, par un autre chemin. Tout peut apparaître sous un jour nouveau. Jésus le dira plus tard : il n’est pas venu abolir mais accomplir.
Et voici que sous le même toit de la crèche, un partage commence, qui unit les personnes présentes : les mages et l’humble couple des parents de Jésus s’enseignent mutuellement.
La simplicité de Marie et Joseph, la condition précaire de l’enfant, ouvrent la compréhension des mages à une surprise plus vaste que le ciel. En retour, les mages apportent à Marie et Joseph une confirmation et des précisions sur le mystère de l’enfant.
Vous le voyez, dès le début, l’évangile enseigne l’art de la rencontre. L’unité sera toujours à ce prix : nourrir une passion pour la rencontre.
Mes sœurs, mes frères, voulons-nous être artisans d’unité ? Choisissons alors de nous déplacer comme les mages, pour nous mettre ensemble sous le même toit de la crèche, là où nous voyons que peuvent se déployer l’échange des dons et le partage des présences.
Privilégier la rencontre, toujours à nouveau, surtout là où les différences ont tendance à se fossiliser en oppositions. Avec la persévérance et le tact de l’artisan, reprenons inlassablement les gestes et la posture favorisant la rencontre.
Imaginez un instant que les mages portant leurs trésors figurent la diversité des traditions ecclésiales. Que voyons-nous ? Ces hommes si différents par leurs histoires et leurs origines, sont captivés ensemble par une même découverte : la proximité inespérée de Dieu et sa désarmante simplicité. Les yeux fixés sur Dieu par la contemplation du visage de son Fils, ils s’étonnent du sens nouveau que prennent leurs offrandes. Celles-ci ne parlent plus de leurs propres richesses, mais du prix que Jésus va donner à toute vie humaine.
Ah ! Mes sœurs, mes frères, quelle unité peut advenir lorsque des chrétiens, non pas brandissent, mais offrent les trésors de leur tradition ecclésiale !
Quelle communion peut s’approfondir entre les chrétiens lorsqu’en un même lieu, courbés de joie et de reconnaissance, ils contemplent l’humilité de Dieu en Jésus !
Quelle conversion peut réorienter chaque tradition ecclésiale lorsqu’en louant Jésus les chrétiens lisent sur les visages et dans les présences qui les entourent des reflets pour eux inédits de l’Évangile !
Lorsque cela arrive, gageons qu’à notre tour, nous découvrons par quel autre chemin nous devons poursuivre.
Amen.