Amis rassemblés dans ce temple, amis à l'écoute de ce culte radiodiffusé, je vous salue tous dans le nom de notre Seigneur Jésus-Christ !
Le texte proposé pour cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens est un texte très riche, avec ce titre de réflexion et de méditation pour toute la semaine de prière pour l'unité : «L'Esprit vient en aide à notre faiblesse.» (v. 26) Il s'agit bien sûr de l'Esprit de Dieu, de l'Esprit Saint et pas de la raison humaine…! Il s'agit de ce «feu que notre coeur réclame», thème du cantique que nous venons de chanter.
«L'Esprit vient en aide à notre faiblesse.» Jésus avait déjà dit avant sa crucifixion : «Veillez et priez… car l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible.» (Matt 26, 41). Mais qu'il nous est difficile de reconnaître que nous sommes faibles ! L'orgueil humain est si tenace. Quand on croit l'avoir vaincu sur un point, il réapparaît sur un autre front ! Mais en fait, en face de quoi sommes-nous faibles ? La vie d'aujourd'hui n'est pas facile pour beaucoup de gens. Il semble que nous sommes pris dans une sorte de fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien ! Et nous sommes tentés de croire que la vie est absurde et que nous sommes totalement impuissants devant ce qui nous arrive. L'homme est-il réellement le jouet de l'économie et des puissances matérielles ?
Lorsque la Bible parle de la faiblesse de la chair, elle n'entend pas seulement le corps, ni surtout la sexualité (comme on l'a malheureusement compris trop longtemps). Non, il s'agit de la faiblesse de la nature humaine dans sa totalité, y compris notre intelligence, nos sentiments, notre volonté. Nous devons bien admettre que nous sommes limités, impuissants souvent, et que finalement, la mort est l'échéance finale à laquelle personne n'échappe !
Mais la Bonne Nouvelle qui nous est rappelée aujourd'hui est que cette nature humaine faible peut être transformée; non seulement l'Esprit Saint vient en aide à notre faiblesse, mais il est capable de nous transformer. Paul dit un peu plus loin dans cette épître aux Romains (12, 2) : « Soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner ce qui est bien… » Et c'est au fond ce que dit notre texte d'aujourd'hui : v. 14 «En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l'Esprit de Dieu.»
L'action du Seigneur est donc de transformer notre nature faible et pécheresse en faisant de nous des enfants de Dieu, conduits par son Esprit, adoptés dans sa famille. Le verset 29 précise que nous sommes destinés «à être conformes à l'image de Son Fils», Jésus-Christ. Il s'agit de rien moins que de la restauration de l'image divine en l'homme, cette image de Dieu dans le plan de la création qui a été mutilée par le péché, mais que Dieu veut nous redonner en Christ. ENFANTS DE DIEU ! Ne dit-on pas "Tel père, tel fils" ? Alors, mes amis, nous disant enfants de Dieu, il faudrait que cela se voie dans notre vie de chrétiens ! Le verset 30 de notre texte nous dit : «Nous sommes appelés (tous), justifiés (en acceptant cet appel) et glorifiés (transformés).» Par la puissance de l'Esprit Saint agissant au travers de la Parole puissance de Dieu.
En septembre 1995, je me trouvais au Rwanda. Parlant avec un groupe de jeunes chrétiens, j'exprimai notre étonnement que dans un pays qui se disait à 90 % chrétien, de telles horreurs aient pu être commises, lors du génocide de 1994. Voici ce qu'ils me répondirent : "On ne nous a jamais enseigné clairement que la Parole de Dieu est une puissance de transformation des vies humaines."… Quelle tristesse ! Mais, dites-moi, le problème n'existe-t-il pas aussi ici dans notre pays ? Nous nous disons chrétiens et nous nous rassemblons pour écouter la Parole de Dieu, mais cette écoute a-t-elle un impact, une influence sur notre vie quotidienne, conjugale, familiale, sociale, professionnelle ? Acceptons-nous d'être différents, comme chrétiens, non seulement individuellement, mais comme église, comme famille des enfants de Dieu, tous ensemble dans notre présence au monde ? Car le monde a vraiment besoin de notre action si celle-ci provient réellement de l'action de Jésus-Christ en nous.
Bien sûr, nous sommes différents au sein de nos diverses communautés et églises. Mais ce qui nous est commun en Christ, voilà ce qui doit nous différencier du monde qui nous entoure et qui ne connaît pas Jésus-Christ. Notre identité de chrétiens doit passer avant notre identité confessionnelle : c'est pourquoi nous devons d'abord nous reconnaître et nous accepter pour pouvoir donner devant le monde un témoignage commun et concordant à la gloire du Seigneur. Nous ne devons ni nous ignorer, ni nous exclure. Au contraire, nous sommes appelés à nous rencontrer, à nous compléter, même parfois à nous corriger fraternellement, afin que l'Evangile ne soit pas annoncé par des voix discordantes. Nos différences ecclésiales ne devraient pas nous diviser, mais nous enrichir, comme les divers instruments de l'orchestre symphonique contribuent tous à la beauté de l'ensemble… N'oublions jamais que par la réconciliation avec Dieu en Christ, la différence n'est plus séparatrice !
Le réformateur Jean Calvin lui-même admettait que des différences d'opinion et de pratiques étaient possibles sans que l'unité de la foi soit rompue. Nous sommes parfois très prompts à dire à notre frère en quoi il a tort, au lieu de découvrir la part de vérité qu'il détient et qui pourrait nous enrichir. Quelqu'un a dit : «Abolir les différences, c'est vivre dans l'indifférence !»
Et cette unité d'esprit sera possible dans la mesure où tous nous sommes conduits par l'Esprit de Dieu, selon notre texte, ou autrement dit, si nous demandons au Seigneur de produire en nous le fruit de cet Esprit Saint, qui est, selon Galates 5, 22 : «amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi (ou fidélité) douceur, maîtrise de soi». Notons bien que ces qualités chrétiennes sont essentiellement des qualités relationnelles. Et Paul ajoute : «Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair (la nature humaine) avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi sous l'impulsion de l'Esprit.»
Des premiers disciples, les Actes des Apôtres nous disent : «Les gens reconnaissaient en eux des compagnons de Jésus» (Actes 4, 13). Est-ce aussi vrai pour chacun de nous, comme chrétiens individuels, mais aussi comme communauté de chrétiens ?
On a beaucoup parlé de l'abbé Zundel l'année dernière, à l'occasion du centenaire de sa naissance. Laissez-moi vous citer une de ses paroles : « Il ne s'agit pas de faire une propagande indiscrète et d'encombrer l'autre de nos convictions, mais de laisser rayonner une présence. Etre chrétien, témoigner de la présence de Jésus et la communiquer, c'est une seule et même chose. »
Amen !
Conduits par l'Esprit de Dieu !
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