" La confiance, moteur d'action"

image

« Maître, ce que tu me demandes là me fait peur ! Tu me demandes de faire quelque chose que je ne sais pas faire ! Je te connais, tu es exigeant et je ne me sens pas capable d’être à la hauteur de tes attentes. Elles sont bien trop élevées pour moi !
En comparaison avec les deux autres, à qui tu as donné beaucoup plus qu’à moi, je ne fais pas le poids. Ils sont bien plus compétents que moi. Regarde, il semble que cela ne leur cause aucune difficulté de se mettre à l’ouvrage. On dirait même qu’ils ont du plaisir. Moi, je n’en ai pas. J’ai peur !
Qu’est-ce que cela signifie, quand tu dis que tu donnes à chacun selon ses capacités ? Tu vois bien que je vaux moins que les autres, puisque tu ne me donnes qu’un seul talent. Alors, comment veux-tu que je me sente capable de soutenir la comparaison ? Cela me coupe tout mon courage d’oser faire quelque chose.
En plus, tu ne donnes aucune consigne pratique : donne-moi au moins une piste, je ne sais pas, moi, quelques notions de gestion des finances. Je suis si nul dans ce domaine, ou trouve-moi quelqu’un qui puisse m’aider. Ou alors, fais-le toi-même, c’est ton argent après tout ! Pourquoi as-tu besoin de moi ?
A moi comme aux deux autres, tu confies une partie de tes biens. Es-tu sûr de ce que tu fais ? J’ai trop peur. J’abandonne. La seule chose à peu près sûre que je puisse faire, c’est d’enterrer ton argent pour qu’il ne lui arrive rien. Au moins, je ne me le ferai pas voler ! »

Chers amis, comme j’ai l’impression de bien comprendre ce serviteur de la parabole. C’est vrai, la confiance, parfois, ça fait peur. Et la comparaison peut rendre jaloux et méfiant. Ce qui fait que la mission que nous devons accomplir, que nous avons parfois choisie, ou qui nous a été demandée, nous voudrions ne plus en porter la responsabilité. Cela commence lorsque nous nous mettons à nous comparer.
Ne vous arrive-t-il pas parfois de penser que votre vie est bien plus difficile que pour certains, que vous avez moins de ressources que d’autres, ou encore que vous ne recevez plus assez de forces pour les assumer ? Plus, moins, pas assez.
Ces mots font partie du vocabulaire de la comparaison et je crois qu’ils nous empêchent de voir notre propre vie pour elle-même. Comme si nous pouvions nous contenter, lorsque nous participons à un événement et que nous en prenons des photos, que nous soyons toujours pris en groupe et jamais en portrait. Pourtant, il y a des gens qui savent prendre de nous des portraits magnifiques !
Dans la parabole que nous venons d’entendre, il est question d’abord de comparaison. Elle porte sur des talents et je pense que nous allons y apprendre une chose étonnante. Savez-vous qu’un talent est un bloc qui peut aller de 26 à 34 kilos d’argent, équivalant à 6'000 deniers. Or, à l’époque en Palestine, le salaire journalier d’un ouvrier valait un denier. Donc, 6'000 deniers correspondent à environ 17 ans de salaire si on travaille tous les jours !
A ce niveau-là, peut-on encore parler de jalousie ? Car la confiance du maître à l’égard du 3e serviteur n’est pas une confiance au rabais. Elle porte, comme pour les deux autres serviteurs, sur une énorme somme. Si je reprends l’image de la photo, c’est comme si le maître avait pris trois portraits. Parce que pour lui, chacun est important. Chacun est l’objet d’une immense confiance. Et j’ai l’impression que c’est cette confiance surtout qui fait peur.

Comment est-ce que la confiance pourrait être quelque chose qui nous paralyse, qui provoque le doute et qui nous fait penser que notre mission devient impossible ? Vous êtes peut-être chef d’entreprise, ou mère de famille, ou étudiant, ou ouvrier, homme politique, travailleur social, soignant, administrateur de société, enseignant, chercheur scientifique, ou artiste. Vous arrive-t-il de penser que vous ne parviendrez jamais au bout de la tâche qui vous est assignée ?
N’est-ce pas qu’il est éprouvant de temps de s’entendre dire : «Va, parle, agis !» et comme elle est lourde, parfois, la confiance de ceux qui nous disent : «Tu peux le faire, je le sais !» Lorsque quelqu’un nous parle ainsi, nous sommes partagés entre la fierté d’être reconnus et le besoin de dire : «Qu’en sais-tu ?» Et nous le disons aux hommes, nos proches, mais nous le disons parfois aussi à Dieu.
Même Jérémie proteste, lorsqu’il est choisi par Dieu pour être prophète des nations. Lorsqu’il dit qu’il est trop jeune, il n’a pas tout à fait tort, puisqu’il n’a pas encore atteint l’âge obligatoire de 30 ans, âge nécessaire pur avoir le droit de participer activement à la vie publique. Alors la demande de Dieu de le choisir lui rend les choses compliquées ! Il va se rendre ridicule, il ne sera en tout cas pas écouté, ou il sera rejeté.
Cela, c’est quand les situations sont à peu près normales. Mais que dire alors, si un événement douloureux vient rendre encore plus difficile une situation de vie qu’on ne sait déjà plus comment continuer ? Lorsque tout à coup vous tombez gravement malade et que votre vie est menacée. Lorsque vous vous trouvez au chômage et que votre compétence est menacée. Lorsque votre couple se disloque et que votre besoin d’amour est menacé. Lorsque vous avez raté votre examen et que votre avenir est menacé. Lorsque votre entreprise est en faillite et que votre honneur et votre avenir financier sont menacés. Lorsque la mort est venue détruire une partie de votre vie et une partie de vous-même et que votre capacité de bonheur est menacée.
Quelle est alors votre mission, dans ces conditions ? Comment continuer ? Comment faire face à cette confiance de Dieu, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, qui vous dit encore : «Va, parle, agis !» Et comment ne pas avoir peut de ne pas y arriver ?

Etre soi, c’est déjà difficile. Etre soi parmi les autres, c’est encore plus difficile, mais si les conditions de départ, le contrat de départ n’est plus respecté, alors là, est-ce que nous pouvons encore remplir notre mission ? Nous perdons pied, le minimum vital n’est plus assuré.
Vous avez entendu au cours de ces deux derniers dimanches que la peur empêche de voir les choses telles qu’elles sont vraiment. Ou plutôt, de les voir telles que Dieu les voit lorsqu’il nous regarde. Comment est-ce qu’il les voit ? Je n’ai pas de réponse pour chacun de vous. Vous ne repartirez pas de ce temple avec une recette. Mais j’aimerais vous offrir deux pistes de réflexion, que nous pouvons trouver dans ces deux textes de la Bible et dans ce petit texte que nous avons lu tout au début.

La première piste, c’est que pour Dieu, nous ne sommes pas des marionnettes. Dans les situations dans lesquelles nous nous trouvons, nous sommes partenaires. Ces situations de vie nous appartiennent et nous en avons la responsabilité, et nous avons en nous ce qui nous permet d’agir nous-mêmes. Dieu nous confie notre vie et ses évènements.
Parce qu’il nous connaît de l’intérieur, comme il le dit à Jérémie avant de lui demander quoi que ce soit : «Avant de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais.», comme il le dit à chacun de nous depuis le début de la création.
Autrement dit, Dieu sait ce que nous avons à l’intérieur de nous, les forces et les richesses, comme les doutes et les angoisses, parce qu’il nous a créés capables de choix et de décisions, libres de ne pas nous laisser entraîner dans l’un ou l’autre de nos extrêmes.
Dans la parabole des talents, le « chacun selon ses capacités », n’est pas le résultat d’une discrimination, non, c’est la promesse que rien n’arrive dont nous ne serions pas capables.
C’est ce que le serviteur n’a pas compris et qui l’a poussé à refuser d’entrée toute responsabilité. Parce qu’il était décontenancé, parce qu’il avait peur. Parce qu’il se trouvait dans une situation qui ne lui paraissait pas maîtrisable. Comme dans l’histoire de la loterie, il aurait pu au moins prendre un billet, en l’occurrence placer son argent à la banque !

La deuxième piste, c’est que si nous sommes partenaires avec Dieu de nos vies, cela veut dire que nous sommes deux. «N’aie pas peur de personne, je suis avec toi pour te libérer.» C’est ce que Dieu ajoute, lorsqu’il parle à Jérémie.
Et cette parole dite à Jérémie, nous est dite aujourd’hui à chacun de nous. Quoi que nous fassions, il ne nous laissera pas tomber. Nous pouvons compter sur lui. Il a notre nom écrit sur la paume de ses mains.
«Va, parle, agis ! Ne te compare pas. Ce que tu as reçu, c’est ce que tu peux faire. J’ai confiance, je compte sur toi, mais tu peux aussi compter sur moi. Ma grâce te suffit !»

Amen !

Prédications de la même personne

Aucun résultat.

Détails

Avec la participation de
Orgue
Henri-François Vellut
Musique
Chorale : Laudate, directrice Claire Martin