L'Evangile vivant au milieu de nous

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Chers amis, chers frères et sœurs,
Depuis qu'il est homme, l'être humain rêve d'un ciel ouvert, il rêve de pouvoir découvrir le sens du mystère qui l'entoure, il rêve de pouvoir rencontrer Dieu… comme Ézéchiel dans sa vision " au loin " sa " Télé-vision " là bas au milieu des airs. Mais Ézéchiel fait partie d'un tout petit cercle de privilégiés et encore il peine dans sa vision à nous dire comment est Dieu.
Dieu dit-il, est comme une ressemblance d'un aspect, d'une forme qui ressemble à une lumière se déplaçant à toute vitesse dans tous les sens sur des espèces de boules de cristal en forme d'être vivants ailés. On n'est pas bien avancé avec cela, cher Ézéchiel ! Alors l'autre solution est de concrétiser un peu cette gloire et cette grandeur de ce Dieu mystérieux et inaccessible.
Israël, avec Moïse a appris à dépasser le stade des idoles. Au feu le veau d'or, ce qui compte, c'est la parole. Car Dieu est un dieu de parole, mais la parole s'envole et ce qui est bon pour la radio, ne l'est pas forcément pour la télévision ! L'homme a besoin de voir. Il a besoin de paroles écrites, de table de la loi, de Bible. Il a un impérieux besoin d'avoir une ville sainte, un lieu saint, un sanctuaire. Il a un besoin inné d'avoir des objets qu'il puisse déclarer sacré, saints, mis à part. Il a besoin de voir pour croire. Pour Israël, le lieu sera Jérusalem. C'est là, que voulant faire descendre Dieu sur terre on construit pour lui une maison que l'on veut grande, brillante, éblouissante de beauté, capable de convaincre ou de contraindre à la foi le pèlerin qui venant de loin la découvre au détour du chemin.
Et on proclame : c'est là que Dieu habite, c'est là que le maître de l'Univers a sa demeure. Certains y ont cru comme le psalmiste qui rêvait de pouvoir aller au mont Pèlerin, pour accéder, grâce à la tour des télécommunications, au plein ciel, non excusez-moi, je confonds le psalmiste rêvait de pouvoir aller en pèlerinage au Temple de Jérusalem pour y trouver Dieu.

Nous avons entendu sa déception. Certes, la maison du Seigneur est belle (et les disciples de Jésus le font encore remarquer au sujet du deuxième Temple, celui d'Hérode, encore plus grand que celui de Salomon), certes les pierres sont imposantes et tout étincelle de richesse et de beauté. Mais Dieu reste inaccessible. Le simple pékin n'a pas l'autorisation d'entrer. Les prêtres se sont approprié l'endroit et pour le petit pèlerin, il ne reste que le seuil.
Mais en même temps, ce simple pékin-pèlerin fait une expérience fondamentale : déçu sans doute de ne pas pouvoir entrer dans ce lieu saint qu'est le Temple lié aux règles strictes d'une loi d'autant plus inhumaine qu'on la déclare divine, il découvre sur le seuil de la Maison, ce qu'il savait déjà au fond de lui : Dieu est partout dans l'univers et particulièrement là, où je me trouve !
Il découvre qu'aucune voûte, même peinte aux couleurs des évangélistes, aucune coupole, même si cela devait être celle de Sainte-Sophie à Constantinople, de Saint-Pierre à Rome ou de Saint Paul à Londres, aucune construction, même rénovée avec finesse et à grands frais, aucun mur, aucun orgue, aucune cloche, aucune peinture fussent-elles parmi les plus émouvantes ou les plus anciennes du canton de Vaud, aucune chaire fut-elle en noyer aucune table de communion, fut-elle en marbre noir n'a le pouvoir de me faire rencontrer Dieu.
Car Dieu se donne à qui il veut, quand il veut où il veut et en particulier à celui qui le cherche ! Dieu se révèle à celui qui se met en chemin. Il se révèle dans le pèlerinage, il se révèle même dans le désert, dans les lieux arides de la souffrance, de la solitude, de l'épreuve. Dieu se révèle partout dans l'Univers, je peux le trouver partout.
Voilà l'essentiel, voilà l'important. Voilà ce qui est premier. Voilà qui devrait vous combler, vous qui n'avez pu vous rendre ce matin à la maison du Seigneur. Vous que l'âge a confiné dans votre appartement, vous qui êtes en voiture, dans une chambre d'hôpital, dans la cellule d'une prison, Dieu est là près de vous, et tout à l'heure, quand vous éteindrez le poste, dans le silence de votre cœur, vous pourrez entendre son murmure.
Cette découverte fondamentale n'empêche pas l'idée de louer Dieu en lui offrant ce que l'on a de plus beau, de plus grand, de plus fou ou de plus coûteux. Mais tout cela ne peut avoir au fond qu'une seule fonction : celle du témoignage ! Alors que les fragments de peintures médiévales de l'église de Chardonne témoignent de l'Évangile ! Et que la grosse cloche appelle aujourd'hui encore les gens de ce village à la foi ! Et que la Bible, la chaire, la table en marbre noir, la croix, les vitraux et les orgues témoignent de la fidélité de Dieu envers les gens de ce lieu. Et qu'aujourd'hui tout ce qui a été fait lors de cette restauration soit offert à Dieu pour que les générations futures y lisent un témoignage !
Voilà le seul sens que peut revêtir ce grand effort de rénovation. Car ce qui compte vraiment aux yeux du Dieu de l'univers, ce n'est pas la beauté de la maison édifiée par les hommes, ce n'est pas la qualité des pierres ou la forme du mobilier liturgique. Ce qui compte, c'est que l'Évangile de Jésus Christ continue à être vivant au milieu de nous.

Ce qui compte, c'est que cet Évangile, transmis de génération en génération, continue à être proclamé aujourd'hui. Car la foi, je le crois profondément n'est pas l'affaire d'un autre âge, elle est une affaire d'avenir et comme l'avenir elle est notre affaire !
Certes, comme un vieux bâtiment, la manière dont la foi s'exprime a besoin d'être dépoussiérée et rénovée, mais l'affirmation que Dieu est un Dieu d'amour et qu'il est présent par son Esprit partout où je me trouve, ce message-là est éternel. Et ce matin, ce message transmis par les quatre êtres vivants de la vision d'Ézéchiel, ces quatre figures du Tétramorphe attribuées aux évangélistes, ce message au cœur de l'Évangile nous a atteints par l'intermédiaire de quatre vivants d'aujourd'hui : Priscilla la jeune fille, Robin l'étudiant en théologie, Françoise la pharmacienne, mère de famille et Fritz, notre aîné bien-aimé, joueur de Cor des Alpes, qui illustrent par leur âge et leurs talents différents, le témoignage que les chrétiens de tous âges peuvent rendre aujourd'hui.
Avec eux, avec tous ceux qui par leurs paroles et leurs actes, par leurs talents et leurs dons artistiques témoignent de l'amour de Dieu, apportons notre pierre à l'édifice, à cette maison spirituelle qui a pour fondement Jésus-Christ, témoignons pour aujourd'hui et pour demain que Dieu se laisse rencontrer partout, que Dieu est amour, que Dieu est là.


Amen!