Dieu nous veut bergers solidaires

image

Note préliminaire :
Au Pays-d'Enhaut, la Saint-Denis marque la fin de la saison d'été où les troupeaux de vaches sont aux alpages pour la production de fromage. Notre texte biblique va parler de moutons et de brebis ; mais en Israël, il y avait à la fois du gros et du petit bétail !
Frères et sœurs,
Heureusement que Dieu a eu, dans son peuple, des bergers efficaces pour pouvoir montrer ce que va être sa propre efficacité ! Le prophète Ézéchiel cite les bergers pour dire comment le peuple entier va être soigné, reconduit au pays, regroupé, restauré : Dieu va agir comme un berger efficace - c'est tout simple à dire.
Mais il fallait le faire ! Et tous ne l'ont pas fait : Ezéchiel l'a dit juste avant, au début du chapitre. Ce que des bergers savent faire, les échelons supérieurs du peuple n'ont pas su le faire. C'était un mauvais gouvernement et Ezéchiel leur crie :
"Vous négligez le troupeau. Vous vous contentez d'en prendre le lait pour vous nourrir, la laine pour vous habiller et d'abattre les bêtes les plus grasses. Vous n'avez pas rendu des forces aux bêtes affaiblies ni soigné celles qui étaient malades, vous n'avez pas pansé celles qui étaient blessées, vous n'avez pas ramené celles qui s'étaient écartées du troupeau ni recherché celles qui étaient perdues." (v. 3 - 4)
Moi, dit Dieu, je vais faire tout cela ! Dieu introduit un autre style de responsabilité mutuelle : la solidarité.

Frères et sœurs, ce Dieu-là, c'est le modèle de tout service de solidarité pas seulement de mon propre ministère ou service régional de solidarité, mais d'autres aussi, de divers autres services de solidarité. Et son exemple, c'est votre travail, ce que vous avez su faire avec vos bêtes : chercher, ramener, panser, fortifier, conduire, mener aux pâturages.
Ce que vous avez fait, cet été par exemple, Dieu le fait à toute l'humanité et il nous engage à le faire avec les humains, comme vous avec vos bêtes. Ne rêvons pas ! Dieu voudrait également de bons chefs du peuple qui soient eux aussi des bergers efficaces et solidaires, bien sûr, mais il va devoir s'y mettre lui-même ! Il le sait et il le dit.
Il lui faudra donc relayer les chefs et les autorités, les influencer tout au moins ou les inspirer. D'autres vont devoir agir pour Dieu : Dieu veut reprendre les rênes de son troupeau pas pour le dominer, mais pour y exercer la solidarité.
Eh bien justement : vous êtes ici pour marquer cette solidarité entre vous. Par cette célébration, nous sommes en train de vivre un peu de cette responsabilité, nous nous faisons les bergers les uns des autres. La Saint-Denis est une étape de votre exercice annuel de bergers efficaces, non seulement efficaces avec vos troupeaux et vos productions, mais entre vous aussi. Et l'an prochain, on se réjouit de savoir que votre fête sera plus grande encore.
Dieu nous veut bergers solidaires. Il nous place comme responsables, tous, à divers échelons de son gouvernement, de son règne, chacun avec notre tâche. Et il reproche à certains de mal assumer leurs tâches.
Dans le récent Message œcuménique des autorités des Églises suisses, il y a aussi un peu de reproche, mais il y a surtout un appel, un engagement à être tous là pour prendre "l'avenir ensemble". Ecoutez en particulier ceci, qui vous concerne ici directement :

"Il faut éviter de priver une région périphérique de services importants en raison d'une absence de rentabilité : ce serait privilégier des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général. De même, prendre des décisions qui dresseraient une région linguistique contre une autre, un groupe de population, par exemple les paysans, contre d'autres groupes, serait contraire au principe du bien commun, dans sa double signification : le bien de chacun et le bien de la coexistence." (§ 189)
Ces risques existent. On a tendance à se contredire et à se contrôler les uns les autres, on se construit mal ensemble. Les règles utiles au bien de tous, on a de la peine à les poser et à les suivre, mais d'abord à les poser ! Où sont nos bergers pour nous réunir, nous soigner, nous fortifier, nous donner un pâturage et éviter que les plus forts gagnent toujours ?
Il y a une solidarité à organiser. Et cette solidarité, vous en vivez autre chose encore : vous êtes reconnaissants et fiers d'un travail d'équipe. Ce travail qui est fêté à la Saint-Denis, le soin aux troupeaux, votre fromage, vos foins, ce travail qui s'est fait, c'est le travail d'équipe de toute une famille, souvent avec deux ou trois employés étrangers : un travail solidaire, partagé, un revenu partagé, logement et repas partagés aussi.
Et sur ce point aussi, le Message des autorités de nos Églises suisses est clair. Voici ce qu'il dit :

"Nous plaidons pour une politique migratoire qui n'autorise pas seulement l'accès au territoire suisse à des personnes hautement qualifiées, mais également à des personnes venues de pays pauvres, indépendamment de leur qualification professionnelle. La destination universelle des biens (autrement dit la solidarité !) demande d'un pays comme le nôtre qu'il accepte qu'un certain nombre de personnes démunies cherchent du travail en Suisse." (§ 89)
Nous fêtons ici le travail de tous les collaborateurs, y compris les enfants, les familles montées aux chalets : tous y ont eu leur place. Nous fêtons la Saint-Denis comme un merci des troupeaux à leurs bergers. "Je les mènerai dans un bon pâturage", dit Dieu. "Je mettrai mon troupeau à l'abri, c'est moi Dieu qui l'affirme." (v. 15)
Que Dieu vous garde tous à l'abri, à l'abri de sa solidarité !

Amen.

Prédications dans le même lieu

Prédications de la même personne

Aucun résultat.

Détails

Avec la participation de
Orgue
Wojtek Wezranowski
Musique
Le Club des Yodleurs du Pays-d'Enhaut