La semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens est placée, cette année, sous la symbolique de la main, une main qui unit. « Ils seront unis dans Ta main » dit le prophète Ezéchiel. Nous pouvons y voir une double invitation :
- Nous unir dans la foi, face aux divisions ;
- Nous entraider les uns les autres, collaborer ensemble.
1) D’abord, nous unir dans la foi :
Il y a tant de divisions qui séparent les hommes les uns des autres, en famille, au travail, dans la société, dans l’Eglise, dans le monde.
Comme au temps du prophète Ezéchiel : il y avait le royaume d’Israël, au Nord et le royaume de Juda, au sud. Des rivalités, des dissensions, des conflits d’intérêts avaient entraîné cette division.
Aujourd’hui encore, hélas, on trouve les mêmes problèmes, les mêmes tensions, les mêmes rivalités, dans le pays même de Jésus, entre les Israéliens et les Palestiniens, à Gaza notamment. Et à beaucoup d’autres endroits dans le monde, comme en Corée ou au Darfour ou ailleurs. Et souvent même pour des questions religieuses, ce qui est le plus choquant...
Comment Dieu qui donne vie devient-il celui qui demande la mort ou le meurtre ? Comment Dieu, Allah, Yahwé est-il redevenu Moloch, cette divinité cananéenne qui demandait des sacrifices humains ? On comprend alors que des colloques se fassent autour du thème : les religions sont-elles facteurs de paix ou de guerre ?
Pourtant, le mot religion veut dire « qui relie ». La vraie religion est celle qui unit les hommes entre eux et avec Dieu. « Ils seront unis dans Ta main » : le projet de Dieu est qu’ils soient unis dans sa main et que l’union entre eux soit expression de l’Alliance qu’il a conclue avec eux : « Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple ».
C’est bien la même espérance qui habite le cœur des Chrétiens aujourd’hui : travailler à l’unité entre eux et entre les hommes. À la division peut succéder l’unité, à l’indifférence ou à la haine peut succéder l’amour vivifiant. Les Chrétiens doivent être pionniers dans ce travail de dialogue, de rapprochement, de réconciliation entre eux et entre les peuples.
Jésus le premier en a montré le chemin : sur les deux morceaux de bois de sa Croix, il a gravé les noms d’une humanité blessée, pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Ces deux bouts de bois unis dans sa main, Ezéchiel était loin de s’imaginer que ce serait ceux de la Croix du Christ. Les 2 morceaux de bois de la Croix sont pour les Chrétiens le signe de l’Alliance Nouvelle en Jésus-Christ. « Il a voulu tout réconcilier en un seul corps, au moyens de la croix… De ce qui était divisé, il a fait une unité, par le sang de sa croix », dit St Paul. La croix du Christ est ce qui nous unit. A travers les 2 morceaux de bois qui forment sa Croix, Jésus nous réconcilie avec Dieu et entre nous.
« Ils seront unis dans Ta main » :
Le projet de Dieu est que les hommes soient unis et d’abord que les chrétiens soient unis, comme le demande Jésus dans sa prière : « Que tous soient un, comme toi Père tu es en moi et moi en Toi ; qu’ils soient un eux aussi, afin que le monde croie. » Le projet de Dieu, c’est la Fraternité entre les hommes, grâce au message de l’Evangile, au message de la Croix. Le projet de Dieu, c’est la paix entre les peuples Le projet de Dieu, c’est la réconciliation entre les personnes, entre les peuples, entre les religions, comme cela est proposé par la Communauté des Frères, à Taizé, ou lors des Rencontres Européennes, dont on a eu un petit témoignage par les jeunes tout à l’heure.
2) D’autre part, la main comme invitation à nous entraider les uns les autres dans la construction d’un monde plus humain :
Dans sa prière, Jésus le dit bien : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les envoie dans le monde… Consacre-les par la vérité ! » L’invitation va beaucoup plus loin qu’une union ou une unité doctrinale : elle va aussi dans le sens d’une union ou une unité d’action. Et on retrouve l’image de la main comme symbole de travail et d’entraide. Ce que le Seigneur attend de nous, de ses disciples, c’est pas seulement d’être bien unis entre nous et de rester les bras croisés, comme de simples spectateurs, mais c’est de nous engager, de mettre la main à la pâte, aux côtés de tous les hommes de bonne volonté, pour la paix, la justice et la sauvegarde de la création, comme cela était demandé lors du rassemblement de Bâle en 1989, comme cela nous est demandé par la campagne œcuménique de carême, d’année en année.
Tels sont en effet les thèmes de réflexion proposés pour cette semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens :
o les chrétiens face à la guerre et à la violence,
o les chrétiens face à l’injustice économique et à la pauvreté,-
o les chrétiens face à la crise écologique et aux changements climatiques,
o les chrétiens face aux discriminations et aux préjugés sociaux,
o les chrétiens face à la maladie, à la souffrance, à la mort,
o les chrétiens face à la science, à la technologie et aux manipulations génétiques,
o les chrétiens face aux autres religions, au pluralisme religieux,
Autant de défis qui nous attendent, que nous sommes invités à prendre en main. Cela rejoint bien la charte œcuménique de 2001 dont nous avons lu des extraits.
Et nos églises de conclure : ensemble, les chrétiens proclament l’espérance, dans un monde divisé et en crise. Ainsi que le disait un auteur inconnu du IIIème siècle : « Ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. » Autrement dit, les chrétiens sont l’âme du monde. La tâche des chrétiens unis ne serait-elle pas de « réhumaniser » le monde ? Donc nous entraider, collaborer ensemble, dans la construction d’un monde plus humain, face aux défis qui nous attendent?
Ne restons pas sur nos querelles de sacristies. Il y a beaucoup plus urgent et plus vital à faire : nous tendre la main, nous prêter main-forte, nous donner un coup de main, unir nos forces et nos prières, dans la diversité de nos églises, de nos traditions, de nos richesses et de nos dons, pour la construction d’un monde plus humain. « L’œcuménisme est un échange de dons » disait Jean-Paul II.
Unis dans ta main : collaborer ensemble, nous interpeller, nous compléter, nous associer, nous unir face aux dangers qui menacent la vie des hommes et de la création. Les disciples du Christ, de quelque confession que ce soit, par-delà toute appartenance socio-religieuse, nous avons à travailler ensemble, main dans la main, pour un monde plus juste, plus humain, plus fraternel, pour donner ensemble le témoignage d’une unité active, pour aider les hommes et le monde à prendre et à assumer leurs responsabilités.
Alors, retroussons nos manches et mettons la main à la pâte.
Unis dans Ta main : main dans la main, et dans la main de Dieu.
Amen !
Unis dans Ta main
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