Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

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Chers amis,
Ce n’est pas si simple de parler de la mort de Jésus. Car ce qui se passe autour et sur la croix, on ne peut pas le comprendre seulement par le raisonnement. Il faut du silence, du calme, pour laisser agir ce récit sur nous. Ce qui se passe ici, cela ne concerne pas seulement la tête, l’intellect, mais l’être humain tout entier, avec corps, esprit et âme. Je pense que nous avons tous ressenti lors des lectures de la passion cette tension autour de Golgotha, ressenti qu’il se passe quelque chose de déterminant pour toute l’humanité. Parfois il faut tout simplement contempler tout l’amour de Dieu et du Christ dans ces événements.
Et puis peut-être cela est ainsi parce que nous savons que nous ne pouvons pas rester de simples spectateurs par rapport à l’événement de la croix, car ce qui se passe nous concerne tous au plus haut lieu, cela concerne notre vie et notre mort, notre souffrance et notre espérance, notre foi et notre incrédulité. En tous cas pour moi c’est ainsi, lorsque j’entends ou je lis le récit de la passion et de la mort de Jésus, je sais d’une manière qui n’est pas évidente à exprimer, je sais que nous touchons là à l’essentiel.
Ce matin, j’aimerais m’attacher à une parole de Jésus. Vous savez que Jésus a dit 7 paroles sur la croix. Si je continue à ce rythme, chaque année une parole, nous pouvons continuer chaque Vendredi-Saint jusqu'en 2017. Heureusement ce matin j’aimerais parler de la parole suivante, que l’on trouve dans Marc et Matthieu, quand Jésus dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Jésus est depuis 6 heures sur la croix. Depuis trois heures il fait sombre, il fait nuit. Et ces ténèbres n’entourent pas seulement le Christ, non elles sont aussi à Jérusalem et sur la terre entière. Jésus est seul, ses disciples l’ont abandonné, Judas l’a trahi, Pierre l’a renié, et maintenant la lumière du soleil l’a aussi abandonné. Il fait nuit autour de lui et en lui il semble aussi faire nuit. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Nous pouvons comprendre qu’il est abandonné, seul, car il porte le poids des péchés du monde entier, il est condamné à notre place, comme le prophète Esaïe le dit au chapitre 53 : Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités, le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui.

Mais malgré cela, peut-être que ces paroles de Jésus nous dérangent un petit peu. Jésus aurait-il douté ? Douté du plan de Dieu, douté de l’amour de son père. S’il avait dit simplement, je suis abandonné, ce serait différent, il serait abandonné à cause de nous, parce que notre malédiction est tombée sur lui, mais pourquoi pose-t-il la question ? Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Oui, c’est vrai, Jésus a marché sur la terre, il était homme comme nous, tenté comme nous, il est seul sur la croix comme parfois aussi nous sommes seuls dans des moment difficiles, quand nous avons l’impression que nous sommes aussi abandonnés de tout le monde, même de Dieu. Il souffre de l’éloignement de son Père, car le châtiment repose sur lui, le jugement que nous méritons tous, le jugement de Dieu se porte sur lui. Et dans cette parole, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné, nous voyons que Jésus n’était pas qu’apparemment un homme, mais il vit ce que nous avons aussi vécu, souffrance, questions, abandon. Il est vrai homme, il vit les mêmes choses que nous, cela se voit jusqu'à la croix, jusqu'à cette parole.
Comme nous, il y a la souffrance, les questions, les pourquoi. Ce n’est pas interdit de nous poser des pourquoi par rapport à ce que Dieu permet dans nos vies. Pourquoi mon Dieu ? Pourquoi ceci et cela ? Dieu est un partenaire pour nous, avec qui nous pouvons parler, donc aussi poser nos questions. Nous n’avons pas à subir tous les aléas de la vie stoïquement ou dans une fausse fatalité, résignation, nous pouvons dire comme Jésus sur la croix, pourquoi, mon Dieu ?
Cette question de Jésus à Dieu, mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné, nos questions par rapport à cette question de Jésus devient une question de Dieu à notre intention : Pourquoi, toi, homme ou femme, m’as-tu abandonné ? Jésus était abandonné à la croix parce que nous l’avons abandonné. Jésus souffre à la croix pour nous, à notre place, il est abandonné à notre place. Si Jésus est seul sur la croix, c’est afin que nous ne soyons pas seuls dans la vie, si Dieu se détourne de Jésus, c’est parce qu’il se tourne vers nous, nous qui sommes à l’opposé du Christ ?
Oui, Jésus était seul sur la croix, abandonné, mais seul pour nous, abandonné pour nous. Dieu s’est détourné de Christ sur la croix parce qu’il ne voulait pas se détourner de nous. Dieu préfère se détourner de son propre Fils que de se détourner de nous, il préfère abandonner son propre Fils, permettant sa mort sur la croix, pour ne pas nous abandonner nous. Comprenons-nous cet amour ? L’amour du Père qui nous aime plus que son propre Fils ? Et le Fils qui est prêt lui de suivre ce chemin solitaire et d’abandon jusqu’au bout pour nous ? Pouvons-nous assez comprendre la grandeur de l’amour de Dieu et de Jésus pour nous ? Nous ne pouvons qu’être touchés, pris par tant d’amour, et remercier notre Sauveur pour tant d’amour.
C’est un aspect de cette parole, de ce cri, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné. Jésus solidaire de la destinée humaine, Jésus solidaire de nos doutes et nos pourquoi, Jésus seul pour nous. Mais ce n’est pas le seul. Il y a un autre aspect dans cette parole. Jésus est seul et abandonné, mais il n’est pas complètement désespéré en disant cela, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné. Dans sa situation, la plus difficile de sa vie, malgré son abandon, sa situation, le poids de nos fautes et de nos péchés, Jésus s’accroche à Dieu par ce cri : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Même Dieu, s’est détourné de lui, parce que son Fils subit notre jugement, mais Jésus ne se détourne pas de Dieu. Il prie. Car ce qu’il dit, c’est une prière, il parle à Dieu, parler à Dieu, c’est prier, cette parole, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné se trouve dans le psaume 22, au début du psaume. Jésus prie, il est tellement au bout, tellement seul, qu’il ne formule même plus lui-même une prière, il reprend une prière qu’il connaissait, dans la foi de son peuple, car n’oublions pas, sur cette terre, Jésus était juif, il a appris les prières du peuple juif. Cette prière, ce cri, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné, tout juif pieux la dit à sa dernière heure, lorsqu’il sent qu’il va mourir. Dans les camps de concentration pendant la guerre, cette prière est montée des millions de fois vers Dieu.
Jésus dit une prière qui exprime sa situation. Il n’est pas totalement désespéré, sinon il ne prierait même plus. Même si dans nos prières nos posons des pourquoi à Dieu, même si nous exprimons nos doutes, il y a quand même de l’espoir. Sinon nous n’aurions plus de raison de prier. Même si certaines choses qui nous arrivent paraissent vides de sens et que nous le disons ou le pensons, alors d’un autre côté, nous savons qu’il y a sens quelque part, car si toute la vie n’avait pas de sens, nous ne remarquerions même pas que certaines choses n’ont pas de sens. Vous comprenez ? Si certaines choses nous paraissent injustes, alors c’est que nous savons que quelque part il y une justice.

Dans le cri de Jésus, qui ressemble à une prière de désespoir, il y tout de même de l’espoir en toile de fond. Jésus s’accroche à Dieu, c’est tout ce qui lui reste, avec ses dernières forces, malgré ce qui lui arrive, il parle à Dieu, il prie.
Jésus est seul, abandonné, mais il prie, jusqu’au bout il ne casse pas cette relation qu’il a avec son Père, même dans ce moment difficile pour lui, où il pourrait douter de l’amour et de la fidélité de Dieu, il lui parle encore. C’est déjà l’espoir qui retentit dans les ténèbres, c’est déjà la lumière de Pâques en filigrane, qui se prépare. Jésus a crié à son Père, il s’est confié en lui malgré toutes les apparences contraires et défavorables, Jésus a suivi le chemin jusqu’au bout. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné comme s'il criait qui était menacé de mort.
Nous croyons aussi parfois être menacés de mort. Il y a dans cet avertissement une erreur profonde Ni moi ni personne ne sommes menacés de mort. Nous sommes menacés de vie, menacés d’espérance, menacés d’amour. Nous nous trompons, mes amis, nous ne sommes pas menacés de mort. Nous sommes menacés de résurrection, c'est pour cela que nous avons droit à la joie !

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Détails

Avec la participation de
Orgue
Marie-Claire Charpilloz
Musique
Choeur l'Arzilière, directeur Jacques Chételat