Comment les sages de Chelm construisirent leur ville

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Écouter le culte :

Lorsque Dieu créa le monde, il créa aussi les âmes de tous les humains. Il mit celles des sages dans un sac, et celles des sots dans un autre, en ordonnant à un ange de les disperser sur la Terre. L'ange prit le sac et se mit en route. Il survola tous les pays, distribuant une poignée d'âmes sages et une poignée d'âmes sottes, de sorte que savants et ignorants naquirent en nombre égal partout.

Mais à un endroit, l'ange ne fit pas attention. Survolant les Alpes, il heurta une haute montagne et le sac contenant les âmes des sages resta accroché à la cime d'un arbre. Comme il essayait de le décrocher, le sac se déchira. Toutes les âmes des sages tombèrent alors à cet endroit. C'est pourquoi les gens qui naquirent plus tard dans ce lieu se révélèrent toujours avisés, perspicaces, ingénieux, bref, des sages parmi les sages. Ils devinrent célèbres dans toute la Suisse et, avec leurs hauts faits, grandit aussi la renommée de la ville à laquelle eux-mêmes donnèrent le nom de Chamdon.

Un jour, les habitants de Chamdon décidèrent de construire des maisons solides. Le bois ne leur manquait pas, la montagne où l'ange avait dispersé les âmes de leurs ancêtres étant couverte d'arbres. Ils choisirent parmi eux les plus gros. Quels arbres c'étaient! Il fallait dix hommes pour les porter, tant ils étaient grands et lourds. Durant un mois, deux mois, les habitants de Chamdon chargèrent péniblement les troncs sur leurs épaules.

Ils traînaient à grand peine un nouvel arbre, lorsqu'ils rencontrèrent un Français. "Pourquoi vous fatiguer de la sorte? demanda-t-il aux hommes. Si vous poussiez les troncs, ils dévaleraient la pente tout seuls et vous vous épargneriez beaucoup de travail!"

Les Sages de Chamdon siégèrent sept jours et sept nuits, réfléchissant à cette proposition. Au huitième jour, ils reconnurent que le français avait raison. "Dorénavant, nous ferons rouler les troncs, décidèrent-ils. Pourquoi les porter inutilement sur nos épaules?"

Le lendemain, tous les habitants de Chamdon se rendirent en grande pompe à la montagne. La fanfare joua comme si le fils du pasteur s'était marié. Les hommes les plus robustes saisirent les troncs qu'ils avaient déjà descendus de la montagne et entreprirent de les remonter jusqu'au sommet. Ils arrivèrent en haut après d'incroyables efforts, totalement épuisés, et là, avec un sourire béat, ils poussèrent légèrement du pied les troncs d'arbre qui dévalèrent la pente jusqu'au pied de la montagne.

Quand les habitants de Chamdon eurent finit de bâtir leur ville, ils poussèrent un cri d'effroi: ils avaient oublié de construire l'église! Les Sages de Chamdon, effondrés, siégèrent sept jours et sept nuits. Au huitième jour, ils décidèrent que l'église devait être édifiée au centre de la ville. Aussitôt, les habitants se mirent à l'œuvre et creusèrent les fondations au centre de la ville, mais lorsqu'ils voulurent amener des troncs d'arbre, les rues de la ville, trop étroites, les empêchaient de passer.

Les Sages de Chamdon siégèrent sept jours et sept nuits sur le problème. Au huitième jour, ils décidèrent de démolir la moitié de la ville, afin de pouvoir amener les troncs au centre et de construire l'église. Les habitants de Chamdon se réjouirent d'avoir de tels sages. Ils démolirent la moitié de la ville, construisirent l'église,et reconstruisirent ensuite les habitations détruites.

Ensuite de cela, il fallut fabriquer les bancs pour l'église. La moitié des menuisiers refusaient de raboter les bancs, prétextant qu'une fois rabotés, ils seraient dangereux car on pourrait glisser. L'autre moitié voulait absolument raboter les bancs, car ils ne voulaient pas se planter des échardes dans le derrière en assistant à l'office. Les Sages de Chamdon siégèrent sept jours et sept nuits sur cette question.

Au huitième jour, ils jugèrent que les deux camps avaient raison. Ils ordonnèrent donc de raboter un côté des bancs et de laisser rugueux l'autre côté. Et pour que personne ne glisse, ils décidèrent de mettre le côté poli dessous. Les habitants de Chamdon se réjouirent toujours d'avoir de tels sages. Ils vécurent alors heureux et en paix pendant de nombreuses années.

Mais un jour, ils se retrouvèrent à l'étroit dans la ville. Ils avaient fait de nombreux enfants et une grave question se posa: "Où construire de nouvelles maisons, quand Chamdon se trouve acculé à la montagne et qu'il ne reste plus de place dans la vallée?" Les Sages de Chamdon siégèrent sept jours et sept nuits sur ce problème. Au huitième jour, ils annoncèrent leur décision: il faut repousser la montagne, de façon à ce qu'il y ait assez de place pour tout le monde.

Le lendemain de cette décision mémorable, toute la ville se rassembla auprès de la montagne. Le citoyen le plus sage de Chamdon leva le bras et, à son signal, des centaines de mains se plaquèrent sur les rochers. Tous les habitants se mirent à pousser, et ils poussèrent tant, qu'ils eurent bientôt trop chaud. Alors ils enlevèrent leur manteau, le jetèrent sur l'herbe et recommencèrent à pousser la montagne de toutes leurs forces.

A ce moment, trois voyageurs passaient par là. Pendant que les habitants de Chamdon tendaient leurs muscles, ils volèrent leurs manteaux et repartirent tranquillement. Au bout d'un certain temps, les habitants de Chamdon firent une pause, voulurent récupérer leurs manteaux, et ne les virent plus!

Alors ils s'exclamèrent joyeusement: "Voyez de combien nous avons déjà repoussé la montagne, on ne voit même plus où nous avions déposé nos manteaux!" Alors les habitants de Chamdon s'élancèrent à nouveau contre les rochers, avec une énergie décuplée, songeant qu'ils pourraient s'étendre au monde entier!

CONCLUSION (prédication)

Cette histoire est une adaptation locale d'une vieille légende juive ashkénaze. Elle traite bien sûr de la soi-disant sagesse des hommes, sur un plan heureusement bien humoristique, et ces pauvres habitants sont finalement bienheureux de se trouver sages; leur sagesse -qui confine plutôt à la folie- ne fait de mal à personne d'autres qu'à eux-mêmes.

Quand l'apôtre Paul parle de la folie de la parole, de la prédication de la Croix, il en est tout autre, car il s'adresse au monde entier, via l'Eglise de Corinthe. Que le destin du Fils de Dieu, le Messie envoyé pour sauver l'humanité, soit de finir en martyr, supplicié sur une croix, relève du scandale pour les uns et de la folie pour les autres.

Cela le serait, oui effectivement, si la prédication de la Croix s'arrêtait à la Croix. Mais elle ne s'arrête pas là, et continue par la Résurrection, par la mort vaincue. Cependant, c'est pourtant bien le symbole de la Croix, lieu du martyre, de la mort, que les chrétiens ont gardé pour exprimer leur foi.

Expression de supplice, d'infamie, d'humiliation, de faiblesse, là où les hommes de son temps attendaient un Sauveur tout en puissance, à la tête d'une armée, pour chasser l'occupant romain par la force et imposer la restauration du Royaume du David.

Oui, c'est la faiblesse qui est venue là où l'on attendait la force, c'est l'apparente folie qui s'est manifestée là où la sagesse était réclamée. Mais qu'est-ce que la sagesse, de la part des hommes qui se croient sages? Aux yeux de Dieu, ce n'est que folie, car résultat de l'orgueil et du pouvoir.

Dieu est amour. Profondément amour. Il ne nous impose jamais rien par la force, mais il vient à nous tout en faiblesse, comme le père qui se baisse, qui s'expose, qui se rend vulnérable, pour se mettre à la hauteur de son enfant, pour le rejoindre, dans sa propre vulnérabilité. L'enfant n'a pas conscience de sa fragilité, au contraire, il se croit tout-puissant. Devenu adulte, il lui arrive de se croire même invulnérable, surtout dans un monde qui prône la loi du plus fort.

Il nous faut dominer ou être dominé. A cette alternative bien humaine, Dieu, presque provoquant, vient nous proposer la faiblesse. Montrant l'exemple jusqu'au bout, il s'incarne en un petit bébé fragile, au milieu des animaux car il n'y a plus de place à l'auberge.

Mais nous, sommes-nous prêts à comprendre que la force n'est que folie? C'est possible. Le monde, particulièrement ces dernières années, nous démontre par les faits que la force ne résoud rien du tout. Au contraire, elle est elle-même génératrice de violence et de haine.

Nous n'écoutons même plus les paroles d'expérience de nos anciens, et nous nous étonnons de faire à nouveau les mêmes erreurs que par le passé. Un humoriste disait que la sagesse, c'était lorsqu'on était arrivé à un âge où l'on possède enfin beaucoup de réponses...mais où plus personne ne vous pose de question!

Alors sommes-nous prêts à entendre que la faiblesse est sagesse? Sommes-nous prêts à accepter nos propres faiblesses? et mieux, à accepter les faiblesses de notre prochain?

Dans l'Evangile de Matthieu, au chapitre 25, Jésus raconte à ses disciples l'histoire d'un roi -de lui-même en fait - qui bénit et accueille tous ceux qui, auparavant, l'ont nourri, lui ont donné à boire, l'ont recueilli, l'ont habillé, l'ont visité en prison. Les Justes, qui sont là, demandent à Jésus: "Mais quand avons-nous fait tout cela pour toi?" Et alors Jésus leur répond: "Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait."

Amen.

Comment les sages de Chelm construisirent leur ville, une prédication musicale avec la fanfare l'Alliance de Baulmes-Champvent, à partir d'une vieille légende juive ashkénaze.La fanfare de l'Alliance est une société de musique d'instruments à vent est issue de la fusion, en 2003,des sociétés l'Espérance de Baulmes et l'Avenir de Champvent.
Elle fête donc cette année son 10ème anniversaire. Placée sous la présidence de Jacky Schlaefli et sous la direction de Joël Chabod, elle compte environ 35 musiciens, appuyés par une forte école de musique. Le diacre Bernard Gobalet a habité durant 23 ans dans la région et joue avec la Fanfare depuis 1982.

MORCEAUX
– "Et Maintenant", Bécaud/Delanoé/Sigman, arrgt Steve Cortland
– "La Storia", Jacob de Haan
– "Wildcat Blues", Waller/Williams, arrgt Fernand Tinturier
– "Mack The Knife", Weill/Brecht/Blitzstein, arrgt Frank Bernaerts*
– "Everybody needs Somebody", Wexler/Berns/Burke, arrgt Thijs Oud

Détails

Avec la participation de
Charly Huber
Orgue
Musique
Fanfare l'Alliance de Baulmes Champvent, sous la direction de Joël Chabod