«Je suis chrétien» : Au centre, une rencontre

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Écouter le culte :

Zachée

À Jéricho, s’il y a bien une maison dans laquelle on était sûr que Jésus n’allait pas mettre les pieds, c’était celle-là… celle de Zachée… Zachée, le chef des collecteurs d’impôts. Déjà quand on parle d’impôts, ça calme, mais quand ces impôts servent un autre pays que le tien – un pays qui t’a battu et qui profite de cette domination pour te rabaisser – et quand ces impôts sont collectés et organisés par un homme de ton propre peuple, de ton propre village, qui, en plus, en profite pour s’enrichir et mener grande vie alors que toi tu trimes… Ça te donne des envies de meurtre, franchement, sauf qu’on n’a pas le droit de tuer, alors on hait.

Il était haï, Zachée, et en même temps, on a envie de dire qu’il l’avait un peu cherché. S’il y a bien une maison dans laquelle Jésus n’allait pas mettre les pieds, ce jour-là, c’était celle-là – celle de Zachée. Sauf que c’est là que Jésus va ! Oh, pas tout de suite : il s’arrête d’abord, Jésus. Il lui parle, à Zachée, et j’imagine que tout le monde espère qu’enfin, quelqu’un ose dire à ce voyou tout ce qu’on a tous envie de lui dire depuis des années, mais qu’on ne dit pas, parce que sinon, il va nous le faire payer, au propre comme au figuré.

Mais ce ne sont pas des remontrances que Jésus adresse à Zachée, mais une invitation. Une invitation à l'inviter : « Zachée ! Dépêche-toi de descendre ; il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison ! »

Jésus

Comment c’est possible que Jésus dise ça ? Comment c’est possible que Jésus aille dans cette maison-là ? C’est possible parce que Jésus connaît le coeur de Zachée.

Vous allez me dire : « Ben justement ! Raison de plus pour ne pas aller chez lui ! C’est d’ailleurs ce que la foule commence à dire tout haut ! »

C’est clair que si on considère que Jésus entre seulement dans les maisons et dans les vies de ceux qui le méritent, comme pour leur remettre une médaille et leur faire la bise, alors la foule a raison : Zachée ne mérite ni la visite, ni la médaille, ni la bise.

Sauf que le Dieu de la Bible que Jésus incarne parfaitement, ce n’est pas un Dieu qui vient, à la fin de l’épreuve, donner les médailles et faire la bise aux trois premiers. Le Dieu de la Bible que Jésus incarne, c’est le Dieu qui vient « chercher et sauver ce qui était perdu », nous dit le texte. Et si on croit que Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu, alors c’est normal qu’il entre dans la maison de Zachée. C’est juste qu’il y aille. Il a raison d’y aller, et en même temps, il aurait pu s’attarder dans beaucoup d’autres maisons.

Zachée, il était petit, il était chef des collecteurs d’impôts, il était riche, ok, mais il devait être seul aussi. Le terme grec qui indique qu’il cherche à voir Jésus, à connaître qui il est, pourrait faire croire qu’il est désespéré. Son envie de voir Jésus n’est pas seulement une envie, c’est un besoin, quelque chose de proche du désespoir. Il cherche à voir Jésus, il surmonte les obstacles, spécialement celui qui consiste à ne trouver personne qui lui fasse de place dans le cortège.

Parce qu’il y a du monde, ce jour-là, à Jéricho – Jésus vient de guérir un aveugle ! Mais personne ne lui fait de place. Personne ne lui donne sa chance. On le repousse. On le rabroue. Pas grave. Zachée monte sur un arbre, quitte à paraître ridicule. Devoir monter sur un arbre pour voir quelque chose parce qu’on est petit, déjà en pantalon, c’est la honte, alors imagine en robe !

Mais Zachée surmonte cet obstacle aussi ! Parce qu’il se rend bien compte, au fond de son coeur, que ce en quoi il a mis sa confiance pour lui apporter approbation, pouvoir et sécurité : son argent. Ça le laisse vide et assoiffé.

Zachée, c’est l'exemple-type de l’homme qui place en l’argent toute sa confiance… en espérant que ça lui rapporte crédit, amour, sécurité ; en espérant que ça lui permettra d’être apprécié, entouré, aimé. Sauf que ça ne rapporte rien, l’argent, ça ne rapporte que de l’argent. Rien d’autre !

En réfléchissant à cette prédication, je me dis qu’il aurait pu être Suisse, notre Zachée. Tellement de richesses ; tellement peu de joie, d’espérance, de chaleur, de vie. Tellement d’argent dans les poches ; tellement peu de place dans les coeurs. Combien d’attentes on met dans ces trésors d’argent, en Suisse.

Mais l’homme n’a pas besoin d'argent : il a besoin d’amour, de partage, de paix et d’espérance, et l’argent ne peut rien amener de tout ça ! Et Jésus le sait. Il sait que cet homme, Zachée, même riche, a désespérément besoin de lui, de sa grâce, de son pardon, de son amour. Parce que rien de ce qu’il a dans son coeur ne le nourrit.

Raison pour laquelle Jésus s’adresse à Zachée : il l’invite. Alors que tout le monde le rejette, Jésus, lui, l'invite : « Zachée, dépêche-toi de descendre, il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. »

Une urgence : au centre, une rencontre

« Zachée ! Dépêche-toi de descendre ! » Une interpellation personnelle ! Jésus l’appelle par son nom. Sans le connaître, il le connaît déjà. Comme toi. Comme moi. Une interpellation personnelle !

« Il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. » Il le faut ! Il y a comme une urgence. « Il n’y aura pas d’autres occasions, Zachée. C’est aujourd’hui que ça se joue. »

Jésus le sait : il vient de l’annoncer à ses disciples. Il monte à Jérusalem et dans deux semaines – trois au plus – Jésus sera crucifié.
« Je ne repasserai plus par Jéricho, Zachée ! Il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. Il n’y aura plus dix mille occasions. » Il y a urgence… C’est aujourd’hui, Zachée, que ça doit se jouer.

Une interpellation personnelle, et une urgence, pour cet homme qui avait fait de sa fortune son trésor, mais qui se rendait bien compte que ça ne nourrit pas son coeur. Et peut-être qu’on est nombreux à se dire la même chose ce matin.

Une interpellation personnelle, et une urgence, comme pour nous ce matin, ici dans notre salle de culte, ou chez vous, devant votre poste radio. L’urgence de la rencontre avec le Christ.

Au centre, une rencontre

« Il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. » Une phrase à double-sens de Jésus, qui parle de la maison où il habite, et de la maison de son coeur. Zachée s’attendait peut-être à être repris et amendé : il sera accueilli, il sera aimé.

Jésus a, pour Zachée, un comportement qui ne colle pas avec ce qu’il mérite. Et la foule le voit bien, elle enrage ! Et on les comprend ! Elle aurait tellement aimé une punition, la foule – une bonne remise à l’ordre. Mais non… Jésus a, envers Zachée, un comportement qui ne colle pas avec ce que Zachée mérite !

Ce que la Bible appelle la grâce.

Pour expliquer ce qu’est la grâce, je raconte souvent cette histoire : le jour de mes vingt ans – j’habitais à Genève, à l’époque – j’étais pressé, je devais faire des photocopies, et je ne trouvais pas de place de parc. Déjà à l’époque, il n’y avait pas de place de parc à Genève ! Du coup, je gare ma voiture sur un passage piéton. Je vais faire mes photocopies et je reviens. Et je vois un policier en train de me mettre une amende : 200 francs. Ça, c’est la justice : je reçois ce que je mérite. Dans mon coeur, ça fait « Oups » !

Sauf que c’est le jour de mes vingt ans ! Du coup, je m’avance vers le policier, je le regarde dans les yeux, et je lui dis :
- Pas aujourd’hui, monsieur l’agent
- Pourquoi pas aujourd’hui ?
- Parce que j’ai vingt ans, aujourd’hui.
- Prouvez-le moi !
Je sors ma carte d'identité : on est le 8 avril, j’ai 20 ans. Et le policier déchire l’amende. Ça, c’est la miséricorde : je ne reçois pas ce que je mérite. Et dans mon coeur, ça fait « ouf »… avec un petit relent de fierté parce que j’ai réussi à y échapper !

Mais surtout, pas d’amour pour le policier. De la sympathie, oui – il est gentil, il s’est un peu fait avoir, mais il est gentil. L’histoire vraie s’arrête là.

Mais maintenant, imagine que le policier, en voyant ma carte d’identité, rentre dans sa voiture, prenne sa veste, puis prenne son porte-monnaie, en sorte 300 francs, et me les tende en disant : « Joyeux anniversaire, Monsieur Geiser ! » Imagine ! Qu’est-ce que j’aurais dit ? : « Mais non, c’est pas ce que je vous demandais, je peux pas accepter. »

« Joyeux anniversaire Monsieur Geiser ! Prenez-les ! C’est pour vous ! » Ça, ça représenterait la grâce : recevoir le contraire de ce que je mérite. Et dans mon coeur, ça fait « waouh » !

Là, à partir du moment où j’accepte ce cadeau, à partir du moment où je le reçois, il y a de l’amour qui naît naturellement dans mon coeur pour cet homme. Lui n’a pas changé, moi non plus, mais le fait de recevoir le contraire de ce que j’aurais mérité crée naturellement en mon coeur de l’amour pour celui qui me l’a donné. Et j’aurais eu envie de le connaître, ce policier, de l’inviter à prendre un café ! Et au cas où il écoute la radio, ce matin, j’ai envie de lui dire : « Appelez-moi ! Ça me ferait plaisir de vous offrir un café ! »

La grâce crée, naturellement, dans nos coeurs, de l’amour pour celui qui nous l’a donnée. Et c’est ce dont on manque le plus dans notre société :
- L’amour pour Dieu
- La grâce pour nous et pour les autres

La grâce crée, naturellement, dans nos coeurs, de l’amour pour celui qui nous l’a donnée. Et c’est ce qui va se passer dans l’histoire de Zachée. C’est en porteur de grâce que Jésus se présente à Zachée. Zachée reçoit le contraire de ce qu’il aurait mérité. Il aurait mérité le rejet, il reçoit une invitation. Et ça va changer toute sa vie… et spécialement son rapport à l’argent et à la générosité.

Le comportement que Jésus a eu envers Zachée il y a 2000 ans, c’est le même comportement qu’il a pour chacun de nous ce matin. Ce n’est pas une grâce à bon marché, une grâce qui laisse tout passer. Non ! C’est une grâce qui transforme une vie, parce qu’elle amène dans nos coeurs un trésor qui n’y était pas auparavant.

Le comportement d’un homme provient de son coeur, et du trésor qui s’y trouve. Gardez le même homme, et changez son trésor dans le coeur, il changera de comportement. Le problème de l’homme, ce n’est pas l’homme en lui-même, son éducation, son histoire, le problème de l’homme, c’est ce qui habite son coeur !

Jésus a amené, dans le coeur de Zachée, un trésor qui n’y était pas ; un trésor qui n’y avait jamais été. Là où il n’y avait que l’appât du gain et l’égoïsme, Jésus a amené la paix, le pardon, l’amour de Dieu, comme une grâce imméritée. Ça l’a rendu altruiste et généreux. Ça a changé toute sa vie.

Zachée a rencontré Dieu, il a goûté à sa grâce, cet amour qui s’offre indépendamment de nos actions, de nos manquements ou de nos réussites.

Cet amour qui nous aime, sans raisons même.
Cet amour qui nous sauve.
Cet amour offert par Jésus seul !

Ne cherchez pas ça ailleurs – ça n’existe pas ailleurs ! Aucun autre ne peut l’offrir ! Aucun autre ne l’a d’ailleurs proposé.

Cet amour vient de Dieu lui-même, de ton créateur. C’est un amour qui nous sauve la vie. Et c’est après cet amour que le coeur de tout homme court.

Comme si Jésus disait : « Il y a dans ton coeur un besoin que personne ne pourra jamais faire taire, Zachée, et ce besoin, c’est Dieu. Je l’amène à toi. Je l’incarne, pour toi. Accueille-moi ! »

Zachée a rencontré Dieu, il a goûté à sa grâce – ça va changer sa vie. Parce que ça a changé son coeur. Ce que Zachée a trouvé, ce matin-là, à Jéricho, il y a 2000 ans, tu peux le trouver toi, ce matin ; toujours à la même place.

En Christ : en Christ, je trouve le sens, la paix, la vie, le pardon, l’espérance, l’amour.

En Jésus, dans cette relation vraie, spirituelle et vivante, je trouve tout ce après quoi mon coeur ne cesse de languir et de rechercher. Parce que, en trouvant Jésus, je trouve Dieu. Et que mon coeur a été créé pour le rencontrer.

Au centre de ma vie, il y a une rencontre avec un Dieu qui me pardonne, qui me relève, et qui met par son Esprit un trésor au fond de mon être :
- le trésor de sa grâce qui me donne autre chose que ce que je mérite ;
- le trésor de son amour qui me pardonne éternellement ;
- et le trésor de sa présence qui me réjouit et transforme mon comportement.

Au centre de ma vie, il y a une rencontre.

Je suis chrétien.

Amen !


Un appel

Zachée a accueilli Jésus avec joie, nous dit le texte. Et je nous invite ce matin à accueillir ou à ré-accueillir le Christ dans nos vies, comme Zachée : avec joie. À accepter son amour, à croire en sa grâce, à recevoir son pardon.

Je vais prier, et je vous invite à répéter après moi ces courtes phrases, à haute voix :

Seigneur Jésus, mon âme a besoin de toi. Mon coeur soupire après ton amour et ton pardon.

Je ne mérite pas que tu habites mon cœur, je ne mérite pas d’être la cible de ton amour, mais tu m’aimes, et tu veux me sauver.

Merci pour cet amour.

Je t’accueille dans ma vie, Jésus.

Je te demande pardon pour tous mes comportements.

Viens changer ma vie en habitant mon coeur.

Sois mon trésor, Seigneur

Amen.

La Bible affirme que « si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création ; les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles. »

C’est ce que je proclame sur nos coeurs, au niveau spirituel. Dieu fait toutes choses nouvelles dans les coeurs de ceux qui l’ont accepté ce matin. Il met un trésor nouveau. Et ça va amener un comportement nouveau.

«Je suis chrétien» : Que se cache-t-il derrière cette phrase? Quelle identité? Quels repères de vie? Quels changements de cœur, de perspectives et de comportements? Quelle espérance ?

Détails

Avec la participation de
Delphine Chevalley et Joël Valiton
Orgue
Musique
Céline Méylan au piano et au chant, Joël Valiton à la guitare et au chant, Nadia Combernous au chant, Claudio Favi à la guitare basse, Josué Araujo à la batterie et Didier Pasche au saxophone