Écouter le culte :
Au début d’une nouvelle année, nous nous présentons nos vœux. Nos autorités politiques le font, les acteurs culturels le font, nous le faisons nous-mêmes : « Bonne année, bonne santé ! ».
J’ai de la peine à ajouter, « c’est là l’essentiel », parce que de nombreux amis, en mauvaise santé pourtant, sont la preuve vivante qu’il y a des choses plus importantes encore que la santé : la foi, l’espérance et l’amour (1 Co 13 :13). Au moins ces trois-là : des valeurs cardinales, essentielles, vitales.
Mais quand les gens me disent que la santé, c’est l’essentiel, je les comprends. Elle est plus importante que l’argent ou le succès. Elle est un capital irremplaçable. Elle détermine tant d’autres choses. Il suffit d’en être privé pour le voir.
Souhaiter une bonne santé aux gens, c’est déjà pas mal. Et c’est biblique. Ce n’était pas au Nouvel An, mais l’apôtre Jean a exprimé un vœu pour l’un de ses amis : « Cher ami, je souhaite que tu prospères à tous égards et que tu sois en aussi bonne santé physique que spirituelle. » (3 Jean 2). Voilà qui est très complet : « Je souhaite que tu prospères à tous égards et que tu sois en aussi bonne santé physique que spirituelle. »
Vous savez, une bonne santé physique dépend en partie de nous : une certaine hygiène de vie, une alimentation équilibrée, un peu d’entretien, de l’exercice. Et une bonne santé spirituelle dépend aussi, au moins en partie, tout autant de nous : une certaine hygiène de vie, une alimentation équilibrée, un peu d’entretien, de l’exercice. Ce qu’atteste d’ailleurs la suite du passage de 3 Jean, au verset 4 : « Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants vivent selon la vérité ».
Alors pour dépasser un peu le cadre du classique « bonne année, bonne santé… », je vous souhaite de rester attacher à la vérité, de vivre selon la vérité. C’est si important. Peut-être que nous avons entamé cette nouvelle année en souhaitant pour nous et nos proches des choses très précises. La santé, nous l’avons dit. Un travail, la réussite aux examens, un projet de mariage, un enfant, déménager. Sortir d’un conflit, d’une impasse. Surmonter quelque chose qui nous paralyse. Arrêter de fumer, maigrir. Revenir à Dieu, être plus fidèle à Dieu. Le baptême, l’exercice d’un don, de la générosité. Si nous faisions circuler une feuille anonyme parmi nous, je suis sûr que nous aurions toutes sortes de vœux à exprimer, tous plus personnels les uns que les autres.
Ce matin, j’aimerais vous parler de trois vœux que je trouve dans la Bible et qui pourraient être les nôtres.
1. Habiter pour toujours dans la maison de l’Éternel
Nous trouvons dans le Psaume 27, au verset 4, ce vœu de David, un vœu tout à fait étonnant :
« J’ai présenté à l’Éternel un seul souhait, mais qui me tient vraiment à cœur : Je voudrais habiter dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, afin d’admirer l’Éternel dans sa beauté, et de chercher à le connaître dans sa demeure. » (La Bible du Semeur)
Ce vœu s’exprime dans un psaume où David se voit entouré d’ennemis. C’est sans doute la période où il est commandant dans l’armée de Saül, suscitant la jalousie du roi lui-même. Mais ce psaume, David le conserve aussi pour servir à d’autres occasions : quand il est chef d’une bande de fugitifs qui s’enfuient devant Saül ; quand il est roi, avec sur ses épaules tout le gouvernement de son pays. Il conserve ce psaume pour servir dans le culte du temple qu’il entend bâtir.
Son vœu vaut donc pour toutes les circonstances de la vie. Et s’il est toujours là dans notre Bible, c’est pour faire écho à nos propres circonstances de vie heureuses, épanouissantes, mais aussi à celles qui sont difficiles, insécurisantes : « Je voudrais habiter dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, afin d'admirer l’Éternel dans sa beauté, et de chercher à le connaître dans sa demeure. »
Mais dites-moi : ce n’est pas un peu irréaliste, ça, habiter dans la maison de l’Éternel tous les jours de sa vie ? Comme un moine alors, ou une bonne sœur ? Mais non ! Du temps de David, ça n’existait pas. Qu’est-ce qu’il veut dire ?
Si nous pensons uniquement aux circonstances du psaume, nous dirions que David veut être en paix et en sécurité au milieu du danger. Et nous aurions raison. Mais ce n’est pas ce que David lui-même dit. Il veut être à un endroit où il peut admirer l’Éternel et chercher à le connaître. Son âme a soif de Dieu. Il a envie d’être plus proche de Dieu. On pourrait le comparer un peu au sentiment amoureux ; vous vous souvenez du souffle qui vous traversait ?
Les moments qu’il a déjà passés avec Dieu l’ont tellement marqué qu’il veut les retrouver à jamais. Mais ce n’est pas toujours possible. Cette soif d’éternité ne sera jamais complètement étanchée ici-bas.
Il y aura toujours des moments dans notre vie où nous avons l’impression que nos pieds ont quitté le sol. Nous serons comme les disciples sur le Mont de la Transfiguration, tellement bouleversés par la présence de Dieu que nous ne voudrions jamais descendre. Mais descendre, il le faut. Non pas en en le laissant, lui, sur des sommets, mais en descendant avec lui, accompagné par lui. Et revivre, avec lui, le quotidien, le courant, le décevant même.
Rester avec Dieu : un vœu impossible ? Et pourtant, je le souhaite pour moi comme pour vous : vivre toujours dans la présence de Dieu, que j’en sois conscient ou pas. Vivre dans la présence de Dieu, en en étant conscient souvent. Lui laisser prendre place au cœur de ma vie.
Je nous souhaite pour 2025 d’avoir soif de Dieu, et d’étancher notre soif souvent. Et quand l’intensité d’un moment fort s’évanouira, nous ne chercherons pas à le prolonger par des moyens plus ou moins forcés. Nous nous dirons que nous sommes appelés à vivre sur la terre, avec l’accompli et le perfectible.
Le vœu de David, pour ce qui le concerne, a été exaucé aujourd’hui : « Il habite dans la maison de l’Éternel ». Le jour viendra pour nous aussi où il n’y aura plus d’ombres, plus d’aspirations inassouvies, plus de vide, plus de regrets. La nostalgie du ciel que nous vivons ici-bas deviendra plénitude et gloire.
Je nous souhaite pour 2025 d’avoir soif de Dieu, et d’étancher notre soif souvent. Et pour que ce vœu ne reste pas un vœu pieux, je veux rappeler que l’un des buts de l’Église locale, de ces activités, du culte, de ces occasions de service, est aussi – est surtout – de nous aider à étancher notre soif de Dieu.
2. La sagesse
J’avais à cœur de vous parler de trois vœux. Celui de David était de rester toujours dans la présence de Dieu et d’étancher sa soif de Dieu. Aujourd’hui, il a été pleinement exaucé. Le fils de David, Salomon, a prononcé un autre vœu. Il a souhaité que Dieu lui donne la sagesse : regardez 1 Rois 3 : 4-14.
La prière pour avoir de la sagesse revient souvent dans la Bible. Dans l’épître de Jacques, par exemple : « Si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui la lui donnera, car il donne à tous généreusement et sans faire de reproche. » (Jacques 1 : 5)
Et nous trouvons souvent la même prière dans les lettres de Paul, tenez par exemple : « Je demande au Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, au Père à qui appartient la gloire, de vous donner l’Esprit de sagesse qui vous le révélera et qui vous le fera vraiment connaître. » (Éphésiens 1 : 17)
Devant des situations précises, où nous sommes dépassés, nous pouvons demander cette sagesse à Dieu. Mais s’il nous a donné la Bible, c’est pour que nous soyons prévenus à l’avance, que nous ayons une pensée saine, une intelligence renouvelée, une intériorité bien structurée. Dans le monde de plus en plus complexe dans lequel nous vivons, nous en avons besoin ! Cette sagesse, cette pensée saine, cette intelligence renouvelée, cette intériorité bien structurée seront nécessaires pour déterminer notre mode de vie, nos priorités, nos choix.
Au fil de sa vie, Salomon s’est éloigné de la sagesse de Dieu. Il a négligé la loi de Moïse qui lui interdisait d’amasser de grandes quantités d’argent et d’or, d’avoir beaucoup de femmes, de chercher des chevaux en Égypte, d’accaparer. Il a négligé des lois encore plus fondamentales : celle qui interdit les idoles, celle qui dit d’aimer Dieu d’un cœur sans partage. Les folies de ce roi intelligent ont par diviser son royaume.
Sagesse, connaissance, intelligence, respect de Dieu – c’est indispensable pour s’en sortir dans la vie. C’est indispensable pour marcher avec Dieu. Non pas la connaissance pure, académique, mais la connaissance qui va de pair avec la pratique, la sagesse, qui n’est autre que l’art de vivre selon Dieu.
Je nous souhaite pour 2025, non seulement de connaître la présence de Dieu, mais encore d’acquérir la sagesse de Dieu. Et encore une fois, pour que cela ne reste pas un vœu pieux, vous dire, qu’ici aussi, l’Église veut être un lieu qui favorisera la connaissance de Dieu : par l’enseignement, par l’échange, par la formation, par la remise en question.
Trois vœux : quel est le troisième alors ?
3. Qu’ils soient sauvés.
Mon troisième vœu concerne surtout des gens qui ne franchissent jamais les portes de l’Église. Ce vœu, je l’emprunte à l’apôtre Paul, dans Romains 10 : 1 et les versets 12 à 15.
« Frères et sœurs, je souhaite de tout cœur que les Israélites soient sauvés, et c’est ce que je demande instamment à Dieu dans mes prières. […]
Ainsi, il n’y a pas de différence entre Juifs et non-Juifs. Car tous ont le même Seigneur qui donne généreusement à tous ceux qui font appel à lui. En effet, il est écrit : Tous ceux qui invoqueront le Seigneur seront sauvés. Mais comment feront-ils appel à lui s’ils n’ont pas cru en lui ? Et comment croiront-ils en lui s’ils ne l’ont pas entendu ? Et comment entendront-ils s’il n’y a personne pour le leur annoncer ? Et comment y aura-t-il des gens pour l’annoncer s’ils ne sont pas envoyés ? Aussi est-il dit dans l’Écriture : Qu’ils sont beaux |les pas de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! »
« Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils soient sauvés. » Paul parle ici de ses compatriotes, les Israélites. Mais son exemple vaut pour nous et nos compatriotes. Son vœu exprime quelque chose de très intense, de très fort chez Paul, voyez Romains 9 : 1-5.
J’aimerais tant que nous partagions un peu plus la passion de Paul pour ses contemporains et concitoyens. Mon troisième vœu, c’est que nos compatriotes soient sauvés. Mais…
« Mais, comment feront-ils appel à lui s'ils n'ont pas cru en lui ? Et comment croiront-ils en lui s'ils ne l'ont pas entendu ? Et comment entendront-ils s'il n'y a personne pour le leur annoncer ? Et comment y aura-t-il des gens pour l'annoncer s'ils ne sont pas envoyés ? Aussi est-il dit dans l'Écriture : Qu'ils sont beaux les pas de ceux et de celles qui annoncent de bonnes nouvelles ! »
De mes trois vœux, le salut de nos compatriotes est le plus dangereux, le plus exigeant. Pour les deux premiers vœux, c’est moi qui bénéficie en premier lieu de la présence de Dieu et de la sagesse de Dieu : je me régale, je me fais du bien, je m’affermis, je m’équipe. Mais pour le troisième vœu, je dois moi-même m’engager : prier, donner, envoyer, aller, annoncer, faire des sacrifices.
Je me prêche à moi-même en constatant que la vie prend une telle vitesse, la vie même de l’Église, que je n’ai pas toujours une pensée pour ceux qui ne connaissent pas Dieu… et qui, sans lui, périssent, alors que la Bonne Nouvelle de l’Évangile est là pour chacun, pour chacune.
Je me lance donc le défi de prier cette année un peu plus comme Paul. Et d’agir autant que je peux. Oui, je veux que mon prochain soit sauvé, bouleversé lui aussi par l’Évangile, comme je l’ai été. Et là encore, pour que ce vœu ne reste pas qu’un vœu pieux, pourquoi ne pas réfléchir à une ou deux personnes dans la vie desquelles investir, par la prière, par le témoignage, par le service, par la présence.
En conclusion, voilà donc trois vœux : la présence de Dieu, la sagesse de Dieu et le salut de Dieu. Je les souhaite pour moi, pour vous, pour nous, pour le plus grand nombre. La présence de Dieu. La sagesse de Dieu. Le salut de Dieu. Que le Seigneur exauce ces vœux-là ! Tout le reste n’est que garniture.
Amen.