Exposons-nous à la douce lumière du Seigneur

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L'autre jour, j'entendais à la radio cette réflexion : "Si c'est son choix, il est forcément bon parce que c'est son choix !" Et le pasteur réformé que je suis n'a pas pu s'empêcher de réagir (mais tout le monde sait que les pasteurs réformés sont tous des puritains un peu étroits !) : "Tiens, ça c'est assez génial comme façon d'éliminer la faute. Il suffit d'être en accord avec soi pour que cela soit juste. Tant je suis sincère, c'est OK !"
J'aimerais vraiment que cela soit aussi simple : nous, pasteurs et prêtres, ne recevrions plus autant de personnes accablées par la culpabilité. Il suffirait de décider tout seul de ce qui est juste, en conséquence de quoi, il serait possible de déclarer très officiellement que nous ne sommes coupables de rien et de continuer la conscience apaisée.
Est-ce que nous n'entendons pas sans cesse ce discours : "Une faute ? Mais il n'y a pas de faute, car j'étais sincère, en communion avec moi." Et pourtant ce n'est pas ce que me disent les gens; leur discours ressemblerait plutôt à ceci : "On m'a dit que la lumière est en chacun d'entre nous ! On me l'a répété sur tous les tons ! Mais moi quand je regarde au fond de moi, j'y vois surtout de l'obscurité et de la noirceur."
Et le texte d'aujourd'hui nous donne raison : Dieu est lumière, en lui il n'y a pas de nuit. Il est la lumière, pas nous ! Ce que j'entends dans les entretiens, ce sont des gens qui me partagent : "On m'a dit que la culpabilité se soignait avec un bon psy; je ne crois pas que cela me guérira de ce qui me pèse !" Si nous disons que nous n'avons pas de péché… Mais nous nous trompons, et la vérité n'est pas en nous.
Alors, comment faire ?
Alors que faire de nos sentiments de culpabilité qui nous hantent des fois pendant des années. Je pense à ces grand-mamans qui avec beaucoup de pudeur m'ont raconté des histoires vieilles de plusieurs dizaines d'années : le temps n'avait pas effacé leurs sentiments de culpabilité. Au contraire, à travers les années ces grands-mamans ont fini par se persuader qu'il n'y avait pas de pardon possible pour elles. Et c'est faux ! Que faire de nos sentiments de culpabilité ?

Eviter
La 1re méthode consiste à nier et à éviter : "Arrêtez de saper le moral des gens en parlant du pêché. Cessez de culpabiliser les gens en enseignant votre morale judéo-chrétienne. Il vaut mieux exalter ce qui est bon en l'homme." On essaye de faire comme si le mal et la culpabilité n'étaient pas une réalité de l'homme. On a trouvé le responsable de notre culpabilité : c'est la morale judéo-chrétienne; on ne sait pas exactement ce que c'est, mais c'est un bouc émissaire idéal !
Ou alors on essaye aussi souvent de réinventer l'histoire; et voilà soudain que dans tel ou tel conflit, on n'y est pour rien. Et voilà que dans telle ou telle histoire, on n'a fait de mal à personne. Je pense à ce prisonnier que j'ai rencontré en prison; il était là parce qu'il avait étranglé sa femme. Il me disait d'elle : "Elle est morte par manque de savoir- vivre, pour avoir trop énervé son monde." C'était une façon très caricaturale de réinventer l'histoire. Nous le faisons aussi à notre manière : c'est moins caricatural et heureusement sur des événements moins dramatiques. Mais nous camouflons la vérité quand elle nous fait honte. Ou mettre en lumière parce que Dieu est lumière
Au lieu de tout cela, ne vaudrait-il pas mieux apporter à Dieu la vérité de ce nous sommes et avons fait ? Parce que nous avons soif de lumière et de vérité. Parce que nous sommes fatigués de porter nos échecs ou de maquiller nos fautes. Et parce qu'il est impossible d'accéder à Dieu sans passer par l'heure dégrisante de la vérité. Puisque Dieu est lumière, il n'est pas possible de s'approcher de Lui sans s'exposer à sa lumière. Et cette lumière va dévoiler ce dont nous avons honte des fois.
Dieu fait ce qu'il promet et il est juste. Alors, si nous avouons nos péchés, il nous les pardonnera et il enlèvera tout le mal qui est en nous. S'exposer à sa lumière ! Mais attention, pas n'importe quelle lumière !
Je m'explique : regardez une personne éclairée par la lumière de néons. Elle est blanche, elle semble malade et toutes ses imperfections ressortent. Regardez cette même personne à la lumière d'un feu de bois. Ses traits sont adoucis, son visage reflète la chaude lumière: elle est belle !
La lumière de Dieu est celle du feu de bois : elle est là pour éclairer, mais pas pour accuser. Notre Dieu est un feu qui réchauffe. Rien à voir avec la froide et implacable lumière des néons. Et c'est pour cela que nous pouvons nous approcher de Lui en toute confiance : lui dire sans peur ce que nous sommes, ce qui nous habite et ce péché qui nous hante.
Rappelez-vous l'histoire que Jésus raconte de ces deux hommes qui vont au Temple pour prier. Il y a un pharisien qui dit : "Seigneur je te bénis de ce que je ne suis pas comme ces pécheurs." Le collecteur d'impôts, lui, se tient à distance et n'ose pas même lever les yeux vers le ciel, mais il se frappe la poitrine et dit : "O Dieu, aie pitié de moi, qui suis un pécheur." Je vous le dis, ajoute Jésus, cet homme était en règle avec Dieu quand il retourna chez lui, mais pas le Pharisien. En effet, quiconque s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé."
Des fois des gens me disent : "Bien sûr je ne suis pas un saint, mais je n'ai jamais fait de mal à personne." Qui pensons-nous tromper en disant cela ? Nous arriverons peut-être à y croire à force de nous le répéter. Mais nous faisons de Dieu un menteur, car Lui il sait ce que nous sommes.

Mettre en lumière, car Jésus Christ nous défend.
Il sait ce que nous sommes et il nous défend ! Vous savez: quand je me sens mal, je pense que Dieu doit éprouver la même aversion face à moi. Et ce n'est justement pas le cas ! L'apôtre Paul dit : "Je vous écris ces choses-là pour que vous évitiez de commettre des péchés. Mais si quelqu'un commet des péchés, nous avons un défenseur devant le Père: c'est Jésus-Christ, le juste."
Jésus nous défend de deux manières :
- Jésus nous défend d'abord contre notre sentiment de culpabilité. "En effet, même si notre cœur nous condamne, nous savons que Dieu est plus grand que notre cœur." 1 Jean 3, 20 Jésus vient nous apporter son pardon et nous murmurer à l'oreille : "Va, je ne te condamne pas."
- Jésus nous défend aussi d'une autre manière : il vient aussi nous défendre contre nos mensonges; lorsque nous déformons la vérité pour nous blanchir de nos fautes. Cela ne nous libère de rien; seule sa vérité vous rendra libres. Jésus nous défend en nous confrontant à la réalité. Il n'est pas possible d'être libéré sans passer par la vérité.
Je pense à cette commission sud-africaine appelée Vérité et Justice et dirigée par Desmond Tutu. Cette commission a interviewé des centaines de personnes, victimes ou bourreaux de l'apartheid. En recherchant la vérité sur les horreurs de l'apartheid, ils ne visent pas la condamnation, mais au contraire la libération des victimes et des bourreaux et du pays.

Expier nos fautes ?
Il y a encore une autre façon de traiter notre culpabilité : c'est de vouloir expier nos fautes par nous-même. "Je sais que j'ai fait du mal; alors j'attends et je cherche la punition." J'apprécie cette attitude, car elle est faite de responsabilité face à ses actes.
Mais des fois le pardon de Dieu nous semble trop facile : parce que nous avons trop vu de personnes qui en abusaient et s'en servaient pour continuer à pêcher. Dieu est parfois devenu (excusez-moi de le dire ainsi !) un gentil crétin qui gobe tout.
Mais malheureusement, nous ne pouvons pas nous sauver nous-même et nous devons avoir l'humilité de recevoir le pardon. Il n'est pas possible de l'obtenir par nous-même. Le pardon, nous le recevons par don, par cadeau.

Alors, en profiter ?
Alors, nous allons profiter de la grâce de Dieu ? Oui nous allons en profiter et en vivre. Mais attention : Dieu est saint et on ne se moque pas de lui ! Je pense au poète Heinrich Heine. Sur son lit de mort à Paris il a répondu ceci au prêtre qui venait le confesser : "Dieu me pardonnera ! C'est son métier !" Et lorsque ce prêtre lui a demandé de renoncer aux œuvres du diable avant de mourir, Heine a répondu que ce n'était pas le moment de se faire des ennemis.
Voilà un des meilleurs exemples de la façon d'abuser de la grâce. Ne l'oublions pas: Dieu est saint !
Jésus s'est offert en sacrifice, pour que Dieu pardonne nos péchés. Et Dieu pardonne non seulement nos péchés à nous, mais aussi les péchés du monde entier. Alors, parlons-lui, exposons-nous à sa douce lumière ! Il est notre défenseur.
Nous allons maintenant écouter un chant de Christine et François Reymond. Pendant ce chant je vous invite à parler de cœur à cœur à Jésus notre défenseur.

Détails

Avec la participation de
Orgue
Michel Bignens
Musique
Groupe de louange, direction Gilbert Karlen; Christine et François Reymond