L'Esprit de Dieu

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Les paroles de Jésus que nous venons d'entendre ne sont pas seulement agréables... Combien d'hommes et de femmes, plus ou moins avancés dans l'expérience de la vie et de la foi ont déjà été choqués par ces paroles... Et en nous, que provoquent ces paroles de Jésus ?
Quand j'étais catéchumène, j'avais beaucoup de peine à les entendre. Et je connais dans mon entourage une personne qui est allergique aux discours qu'elle pourrait entendre dans une église, tant les termes de "péché", "justice" ou de "jugement" la scandalisent. Alors qu'elle était enfant, elle a perdu ses parents; orpheline, elle a trouvé dans l'Église une sorte de foyer. Mais, le jour de sa première communion, la Première Guerre mondiale éclate. Et sa révolte aussi, contre l'Église, contre l'Évangile, contre Dieu : "Où est-il, Dieu, dans ce monde ? Pourquoi tant de mal ? tant de souffrance ?"


- Où est Jésus dans ce monde ? Quand nous sommes atterrés par la guerre, sous toutes ses formes, quand nous sommes abattus par la tristesse ou aveuglés par la souffrance, il devient très difficile, voire impossible, de discerner encore la présence de Jésus dans le monde. C'est dans une situation semblable que se trouvaient les disciples de notre évangile d'aujourd'hui. Ils s'étaient habitués à être avec Jésus. Ils avaient fait l'expérience qu'avec LUI ils étaient en train d'aller vers un but. Avec LUI, ils se sentaient forts, pleins d'enthousiasme. Ils voyaient comment Jésus transformait les situations en bien, par ses miracles par exemple. Il était pour eux le Messie, celui qui allait changer toutes leurs conditions de vie, la vie des hommes en général pour le bien.
Et voilà que ce même Jésus commence à leur parler de son départ. Dans les chapitres 13 à 17 de notre Évangile, et aussi dans le passage que nous venons d'entendre, Jésus les prépare à cet "après", quand ils ne seront plus avec lui. On comprend que "l'affliction ait envahi leur coeur". Ils sentent qu'ils sont en train de tout perdre. Ils se retrouvent abandonnés, comme des orphelins.

Et voici qu'intervient cette curieuse constatation faite par Jésus : "... et aucun d'entre vous ne me pose la question : "Où vas-tu ?"

Il nous arrive aussi, dans la vie, d'être perdus dans la tristesse, les soucis, comme les disciples de notre récit biblique : Ils sont étouffés par leur tristesse et n'arrivent plus à poser la question, la question qu'il faudrait poser, parce qu'elle susciterait une ouverture, une début de dépassement de la situation.
Jésus aimerait précisément les arracher à leur tristesse, en répondant une telle question. Alors, sans qu'elle soit réellement posée, il commence à y répondre.
Jésus essaie de leur faire comprendre - de faire comprendre à chacun d'entre nous - que son départ n'est pas un anéantissement. Bien au contraire : il va auprès de son Père afin d'y recevoir sa destinée définitive, afin d'ouvrir à chacun, d'élargir pour tous son influence bénéfique. C'est seulement après son ascension auprès de son Père que Jésus n'est plus uniquement l'ami des disciples, le sauveur de celles et ceux qu'il a pu rencontrer au cours de sa vie terrestre; après son ascension, il est le Christ pour toute l'humanité et toute la création.

Le départ de Jésus est son accomplissement; dès maintenant, sa présence ne sera plus limitée dans le temps et l'espace, alourdie, matérielle; elle est devenue totalement énergie divine : invisible, mais efficace universellement, perceptible pour celles et ceux qui ne se ferment pas complètement à elle.

Jésus s'explique encore sur son nouveau mode de présence : il sera présent d'une manière encore plus totale, plus profonde, pour chaque croyant; sa présence sera en même temps plus intime, plus personnelle, plus mystérieuse L'Orient chrétien parle aussi volontiers de l'être féminin, maternel, de cette présence.

Pour tout dire, Jésus appelle cette nouvelle présence Paraclet ou Esprit de vérité. Autrement dit, le Paraclet, c'est-à-dire l'avocat, va parler pour le croyant, va lui venir en aide, même et surtout quand le croyant doit lutter contre sa propre incroyance et celle du monde.

Le Paraclet approfondit ce que le Christ a commencé. Lui aussi va faire comprendre aux disciples, à nous tous, que Dieu veut notre vie et non pas notre mort. Il veut nous montrer notre but, même quand nous ne pouvons plus le voir; il nous parle, même quand nous sommes sourds.

Nous avons peut-être remarqué que Jésus s'adresse à ses disciples au pluriel : dans l'avenir, quand il sera avec eux en tant que Paraclet, dans la force de l'Esprit, sa présence sera particulièrement claire dans la communauté, là où les disciples, et par la suite, les croyants, se rassemblent. Le partage de nos expériences avec le Christ nous encouragera, nous fera aller plus loin, nous aidera à avoir encore plus confiance.


Chers auditeurs, chers paroissiens, revenons au début de nos réflexions. Dans notre évangile de ce matin, il est question du péché. Après toutes les explications que nous avons reçues, nous pouvons aussi comprendre ce que l'évangile veut nous dire. Le péché, c'est la fermeture à l'action continue du Christ dans l'Esprit. Le péché, c'est fermer toutes les portes à Dieu. Dieu, par son Esprit, le Paraclet, veut agir en nous, où que nous soyons, même si, à vue humaine, il n'y a plus rien à faire.
"Justice", "jugement"... deux autres mots qui nous ont intrigués. Que veulent-ils exprimer ? Certainement pas la victoire du mal !... Dans le message biblique, "justice" est l'action bénéfique et continue de Dieu envers les êtres humains et toute la création. La justice qui triomphera, c'est, finalement, malgré tout, celle de Dieu. Au sujet du "jugement", notre évangile dit clairement que le prince de ce monde est déjà jugé. Donc, malgré toutes les horreurs qui sévissent dans le monde, la victoire est du côté de Dieu.
L'évangile de ce matin nous encourage encore, en exprimant la profonde conviction que l'incroyance, en nous et autour de nous, cette incroyance qui fait partie du monde, et ce monde lui-même devront, tôt ou tard, se rendre à l'évidence de cette vérité toute simple : c'est malgré tout Dieu qui gouverne.
Vous aurez certainement remarqué que les passages d'Esaie et des Actes que nous avons entendus proclament cette même vérité.

Vous vous demandez peut-être ce qu'est devenue la jeune orpheline dont je vous ai parlé au début de la prédication. - Elle devenue maman, puis grand-maman et arrière-grand-maman. Par sa force intérieure, son courage dans les épreuves, sa manière sereine d'encourager son entourage, elle est un témoin, sans le savoir, de l'action du Paraclet en chacun de nous. Au cours de sa vie, sa révolte s'est transformée en confiance et j'y vois l'action cachée, mais efficace de l'Esprit.

Aujourd'hui, jour de la fête des Mères, nous fêtons l'action continue, souvent invisible, mais efficace des mamans. Dans ce sens, j'aimerais dire que c'est aussi la fête de l'Esprit, de cette présence du Christ qui grandit en nous, nous transforme, nous fortifie et rayonne, invisiblement, mais efficacement, dans le monde.

Aujourd'hui, en disant merci aux mamans, notre reconnaissance va bien sûr aussi vers l'Esprit de Dieu :
Merci de nous aider, de nous encourager, de nous montrer le chemin dans ce monde. Merci de faire grandir en nous la confiance, la certitude de la présence victorieuse du Christ.

Amen.

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Avec la participation de
Orgue
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