Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu !

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« Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ! » Frères et sœurs, dans ces mots tout simples il est question de notre joie. Il est question de notre foi. Il est donc question de notre vie. Il est question du sens qui nous est proposé pour notre vie. Sens que nous pouvons accepter. Ou refuser. Car nous sommes libres.
Ce sens, ce n’est pas un objet religieux. Ce n’est pas un paquet cadeau de dogmes et de certitudes. C’est une annonce. C’est une Parole vivante. C’est une attitude en réponse à cette Parole vivante. L’annonce, c’est celle de Dieu présent dans notre histoire humaine. La Parole vivante, c’est le cri de Pâques : Jésus est ressuscité. L’attitude, c’est la confiance folle, immédiate, joyeuse face à cette Parole.
Oui ce cri de Pâques est vrai. Oui il est possible de le recevoir dans sa vie. Dans sa communauté. Avec les autres. Dans son humanité. Pour toute humanité. Oui ce cri de Pâques change tout. Car il change le regard sur la vie. Le regard sur les autres. Sur le monde et le temps. Il change le regard de l’homme vers Dieu.
Le cri de Pâques ouvre le regard. Comme il a ouvert pour les disciples l’espace d’un tombeau vide. Un tombeau où il est devenu visible pour eux que la vie, les forces de la vie, sont plus fortes que la mort, les forces de la mort.

Mais pour voir cela, pour voir que la vie est plus forte que la mort, il a fallu d’abord que les disciples viennent, qu’ils s’approchent, qu’ils croient ! Car s’ils n’avaient pas eu confiance, s’ils n’avaient pas gardé fidélité envers leur espérance première, ils n’auraient rien vu. Car ils n’auraient pas regardé. Leurs yeux seraient restés fermés sur leurs larmes. Et leur esprit tétanisé par le chagrin. Mais ils sont venus. Et ils ont vu.
Frères et sœurs, dans ces mots tout simples : « croire sans voir, ou croire pour voir, croire avant de voir », il ne s’agit pas de crédulité. Il ne s’agit pas d’obscurantisme, il ne s’agit pas de naïveté volontaire ou involontaire. Il ne s’agit pas d’une méthode Coué religieuse. Ni de monter au ciel avant l’heure.
Il s’agit au contraire de descendre profond. Profond au fond de la terre, au fond de la vie, au fond de nous-mêmes. Au fond de nos obscurités humaines. Là où retentit la plus importante, la plus simple et la plus mystérieuse question qui soit : «Que signifie être humain? Que signifie vivre et mourir ? Que signifie être créé ?
Pour chacun d’entre nous, en cet endroit, le masque tombe. Le masque de ce « quant-à-soi » que nous connaissons si bien, que nous fréquentons tous les jours, devant les autres, en société, et même parfois seul, devant notre miroir. Ce « quant à soi » qui nous fait trop souvent oublier notre vérité fondamentale.

Cette vérité fondamentale, qu’il nous faut redécouvrir, c’est que nous sommes enfants de Dieu. C’est là notre identité la plus irréductible. Celle qui nous reste quand toutes les autres ont disparu. Nous sommes enfants de Dieu. Mais il nous faut descendre profond pour ranimer ce souvenir enfoui dans la course des jours.
Il nous faut descendre en ce lieu de ténèbres qu’est le tombeau du Christ. Parce que là, nous attend un éblouissement inespéré, surgi de la mort même. L’éblouissement de l’amour. Et cet éblouissement nous redit que nous sommes enfants de Dieu.
C’est cela la résurrection. Avant de croire, il faut aller au fond de ce tombeau où le Christ n’est pas resté mort. Où il a été repris à la mort par la lumière de l’amour. Car dans ce tombeau, qu’il soit réel ou symbolique, on ne peut rester attaché à la mort. Une force nous y attend, la force du souffle vivant de Dieu, la force qui nous réveille et qui nous révèle comme enfants de Dieu.
Heureux celui qui croit, celui qui donne sa confiance, celui qui choisit la fidélité ! Car il verra ! Il verra, il sentira, il respirera, quoi ? Rien d’extérieur à lui-même. Rien d’extérieur au monde. Rien d’extérieur à la création, ni à la vie. Il verra, il sentira, il respirera cette simple vérité que l’amour est fort comme la mort. Que l’amour de Dieu est plus fort que la mort.
Et cette vérité vit au cœur du monde, au cœur de l’être. Elle ne demande qu’à vivre en chacune de nos existences. C’est la vérité de la résurrection la seule vérité – si douce et si discrète soit-elle – qui empêche le monde de sombrer dans le néant.

Donc frères et sœurs, il ne s’agit pas de se battre à coups de mots ou de dogmes, à coups de métaphores ou d’arguments pour dire ce qu’il en est ou ce qu’il n’en est pas de la résurrection du Christ, de la résurrection des morts, de la résurrection de la chair, de l’au-delà, du paradis ou de l’enfer. Il s’agit de dire oui à la vie. Oui à Dieu. Oui à ce temps qui s’ouvre devant nous et qui est l’histoire des hommes.
Sur ce temps, qui se dessine comme un chemin, marche la figure lumineuse d’un homme venu il y a deux mille ans, ce juif Jésus, serviteur fidèle à son Dieu jusqu’à en vivre et en mourir. En pardonnant, en lançant sa bénédiction sur tous les peuples de la terre. Comme les disciples, nous devons lui donner notre foi. Lui accorder notre écoute. Le suivre.
C’est alors que nous verrons et que nous saurons que l’amour est plus fort que la mort. Nous saurons qu’il est ressuscité. Qu’il est vraiment ressuscité !

Amen !

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Détails

Avec la participation de
Orgue
Marie-Louise Girod
Musique
Jacques Gratt, lecteur et l'ensemble vocal Ad Libitum, direction Catherine Michelet