Écouter le culte :
Chères sœurs et chers frères en Christ,
Il y a 3 semaines, nous étions en pleine fête de Noël, avec une accélération de notre rythme quotidien. Comme si tout allait s’arrêter après Noël. « Alors … il faut encore écrire à celui-ci, passer chez celui-là, offrir un cadeau à tel ami, faire encore une dernière visite, donner une bouteille au facteur, inviter les voisins, vite aller refaire des courses. »
Noël est venu, Noël s’en est allé, la vie a repris son cours. Les magasins se sont remplis même plus qu’avant Noël et puis on a même pu rattraper quelques-uns de nos petits oublis. « Donner les derniers cadeaux, exprimer nos vœux, remercier pour tout ce que l’on a reçu, penser à la Saint Sylvestre, mettre du champagne au frais, s’acheter une belle tenue pour pouvoir être sur son 31 le 31 précisément et puis retourner aux magasins pour engranger de quoi tenir 2 jours sans manquer de quoi que ce soit et puis et puis…. »
Le 31 est venu, le 1er l’a suivi sur un pas de valse. Voilà une nouvelle année qui se présente comme une page blanche à écrire, à remplir de résolutions. Mais à peine avons-nous pris une résolution, que nous sommes repris par ce qui nous rattache à la vie : la famille, les amis, le travail, les loisirs et toute la ribambelle de réjouissance, de rendez-vous, mais aussi de contraintes parfois qui vont avec.
Il faut très peu de temps pour que la page blanche prenne des couleurs. Les résolutions disparaissent et les bonnes vieilles habitudes, mais aussi nos mauvais plis, nos tics, nos tocs, nos récidives, nos peurs et nos manques reviennent au grand galop. Tout est comme avant finalement. Ouf, on peut continuer à hiberner, sans trop se remettre en question ! Espérer que tout ira le mieux possible, se souhaiter une bonne santé surtout et ne rien changer à rien.
Eh bien non, chers amis, ce n’est plus comme avant, cela ne doit et ne peut plus être comme avant. Cette nouvelle année nous donne une nouvelle chance. La chance d’accueillir en nos cœurs le message renversant du salut. Un message que nous venons d’entendre dans la bouche du dernier prophète de l’Ancienne Alliance, Jean-Baptiste. C’est lui qui atteste qu’il y a un avant et un après : un avant de péché et un après de grâce, un avant d’esclavage et un après de libération, un avant de mort et un après de Vie éternelle.
Cet après a été inauguré par le Christ, pleinement incarné au cœur de notre humanité. Pleinement incarné, cela signifie qu’il a assumé notre condition humaine jusqu’au bout, de la naissance à la mort. Rien ne lui a été dispensé, sous prétexte qu’il était le Fils de Dieu. On le lui a plutôt fait payer ! Il est mort donc, mais il est ressuscité le troisième jour. La vie du Christ relie entre eux tous les chapitres de l’histoire du salut, depuis les temps anciens, jusqu’à l’aujourd’hui de ce 16 janvier 2011, 10h30 du matin.
De tout temps en effet, des hommes et des femmes ont été touchés par l’amour de Dieu, qui a donné son Fils Unique pour eux. Ils en ont témoigné au risque d’y laisser leur peau, ils l’ont proclamé haut et fort, malgré les oppositions qui ont fait rage et qui font toujours rage ici-bas, pour annuler cet extraordinaire message de salut. De tout temps et même avant la naissance de Jésus-Christ.
Vers – 550, le prophète Esaïe brosse en effet le portrait très christique d’un Sauveur, qui ne relève pas seulement les tribus de Jacob et ramène les rescapés d’Israël, mais qui éclaire toutes les nations jusqu’aux extrémités de la terre. Et l’apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens parle de cette mystérieuse présence du Christ qui était là, avant même la création du monde. Jésus dans l’Apocalypse de Jean confirme cette présence en tout temps et tous lieux par ces paroles : « Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, je suis celui qui est, qui était et qui vient. » Ses dernières paroles dans Matthieu aussi, ne disent pas autre chose : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
Et puis bien sûr notre passage d’Evangile de ce matin, où Jean-Baptiste dit : « Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. »
Devant, derrière, avant, après, le Christ traverse et prend en charge toutes nos limites physiques et terrestres. Il roule les pierres de ces tombeaux, où nous stockons des péchés que nous persistons à croire impardonnables. Il nous sanctifie et fait de nous le peuple saint : ce sont les paroles de Paul dans sa salutation à l’Eglise de Corinthe. Un peuple saint qui rassemble tous ceux et toutes celles qui invoquent le nom du Seigneur Jésus-Christ.
Peuple saint qui dépasse largement les murs de cette Eglise et cette heure de culte. En fait, chers amis au près et au loin : Vous êtes invités à rejoindre le peuple saint en marche vers le Royaume de Dieu. En marche, c’est-à-dire désenchaînés et libérés par l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.
L’Agneau de Dieu vient à nous ! Il se donne pour que nous vivions ! Il enlève notre péché ! Il ne nous reste plus qu’à nous laisser être rencontré. Ne plus rien dire, si ce n’est : me voici. Ne plus rien faire, si ce n’est ce qui Lui plaît, à Lui. Comme David qui se tient devant Dieu. Un Dieu rare et unique, qui ne veut ni sacrifices ni offrandes, ni animaux complètement brûlés, ni sacrifices pour le pardon des péchés. Etre devant Dieu tout simplement. Au nez et à la barbe de toutes les activités qui nous promettent monts et merveilles et de toutes les indulgences qui prétendent forcer les portes du Ciel.
En étant sans nous en faire, nous deviendrons perméables au Souffle de Dieu, à son Esprit Saint. Celui que Jean-Baptiste a vu descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur le Christ. Celui qui s’est posé en langues de feu sur les disciples, à la Pentecôte. C’est ce même Esprit qui ne demande qu’à souffler en nous, sur nous, autour de nous maintenant ; pour, comme le dit le Père de l’Eglise du 2ème siècle Saint Irénée de Lyon : « Nous renouveler de notre désuétude dans la nouveauté du Christ. »
Frères et sœurs en Christ, vous ne rêvez pas, il est question ici de la fin de notre désuétude et du début de notre renouveau, grâce à la communion retrouvée avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes. Il est question d’une force reçue pour pouvoir témoigner de notre Foi. Comme l’ont vécu les prophètes, les évangélistes, les martyres et tous les témoins de la Foi. Comme l’ont vécu Esaïe, Paul, Jean et David qui nous ont nourris ce matin de leur foi vivante dans le Christ vivant.
Chers paroissiens, chers auditeurs, vous l’aurez compris, cette nouvelle année nous donne des nouvelles chances :
· La chance de voir avec Jean-Baptiste venir l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.
· Et la chance de pouvoir dire comme David : « Me voici, je viens à toi, je veux faire ce qui te plaît. »
Et quelle fête ce sera que d’être ainsi dans ce face à face ! La fête de laisser naître en nous le Christ Sauveur. La fête de se sentir renaître et revivre, grâce au Souffle de Dieu. Sans mille obligations : juste une douce fête au plus profond de notre cœur. Une fête aussi douce que le plumage d’une colombe et que la laine de l’agneau. Une fête à inscrire sur toutes les pages de cette nouvelle année.
Amen !