Écouter le culte :
Nous le savons bien, le temps de l’Avent est un temps d’attente et d’attente de la lumière. Dès le début on le voit, non seulement dans nos rues qui s’illuminent, sur des maisons pleines de décorations et aussi dans nos maisons et nos églises avec les couronnes de l’Avent dont on allume chaque dimanche une bougie. Et l’on se dit alors que c’est un temps joyeux, car bientôt nous fêterons la venue de cette lumière nommée Jésus-Christ. Pourtant, a-t-on vraiment bien saisi ce qu’est cette lumière ? Je vous invite à y réfléchir ce matin.
Dans l’évangile de ce matin (Jean, 1, 6-8 et 19-28), Jean vient rendre témoignage et il fait ensuite une déclaration sans restriction. Deux termes issus du vocabulaire qu’on retrouve habituellement employés pour décrire ce qui se passe dans un tribunal. Et la venue de Juifs de Jérusalem n’est pas un hasard, tout comme la précision de leur appartenance à la caste des prêtres et lévites et au courant des Pharisiens. Ils sont clairement envoyés par les autorités pour effectuer un contrôle. Déjà le scandale est là, alors même que celui que Jean annonce n’est pas encore entré en scène. Et ce scandale est annoncé par un terme innocent : la lumière.
Dans tous les textes de ce matin, il est question de lumière, même chez Paul avec cette idée « d’éteindre l’Esprit », l’Esprit étant vu comme un feu. Et ce qui est frappant, c’est que tout est au singulier. Il n’y a pas plusieurs lumières ou sources de lumière, mais une seule. Cette affirmation de l’unicité de la lumière nous indique que les autres lumières, auxquelles nous sommes bien habitués, ne seraient pas aussi lumineuses qu’on veut bien le croire…
Et cette unique lumière, nous avons parfois nous-même, qui nous disons chrétiens, de la peine à la faire briller. Ainsi, le texte d’Esaïe de ce matin nous parle d’une « lumière pour les Nations ». Nous avons souvent de la peine à dire aux membres d’autres religions ou à celles et ceux sans religion que la lumière ne viendra pas de chez eux. Nous avons ainsi parfois peur de brûler nos interlocuteurs avec cette lumière, qu’elle les éblouisse d’une façon désagréable. Et Paul nous rappelle combien nous pouvons aussi craindre cette lumière dans nos vies. Elle est une lumière qui est parfois pour nous aussi désagréable, surtout quand elle éclaire des zones d’ombre de nos vies que l’on préfèrerait voir laissées dans les ténèbres. Et trop souvent, nous sommes tentés d’être « normaux », de penser que, puisque nous avons la grâce, eh bien on ne risque plus rien et qu’on peut être « comme les autres », que la lumière va s’occuper d’elle-même. Or, la fête de la lumière, dont l’incarnation ne cessera de dénoncer l’argent, est devenue la fête des Lumières avec comme credo « toujours plus ».
Mais je ne vous jette pas la pierre, ne vous juge pas. Ce matin, nous sommes dans le temps de l’Avent. Le jugement de Dieu sur nous et nos actions n’est pas encore venu, même s’il est annoncé. En revanche, la Révélation est, elle, déjà bien là. C’est la tâche confiée à Jean : nous révéler qu’il y a un salut, par la foi, et qu’il est incarné dans cette lumière qu’est Jésus-Christ.
Le fait de reconnaître que c’est la seule lumière et que cela a des conséquences, c’est important. Les Pharisiens, ne savent pas que celui qui vient est au milieu d’eux, de nous. Et pas parce qu’on ne leur a pas dit, mais parce qu’ils ne veulent pas le savoir. Le rejet absolu de la lumière est une thématique récurrente dans cet évangile (voir par exemple Jean 1, 9-12 et Jean 3,19-21).
Un exemple saisissant se trouve plus tard dans le même évangile, quand Jésus déclare à ces mêmes Pharisiens qui lui demandent s’ils sont aveugles « Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais à présent vous dites « nous voyons »: votre péché demeure » (Jean 9,41). Soit on rejette la lumière, soit on l’accepte avec ses conséquences, il n’y a pas d’autres options.
Et le baptême de Jean, même s’il n’est que d’eau, est un pas dans ce sens. Cette action a une forte connotation de changement, de conversion, de purification aussi. Accepter ce baptême, c’est reconnaître ses fautes et la nécessité de changer. Pour paraphraser Luther, c’est être à la fois pécheur et justifié. L’Avent, c’est donc faire ce pas de la reconnaissance de la lumière.
Vous allez me dire que c’est bien beau de dire tout cela, mais concrètement, quelle incidence sur mon Avent cette année ? Eh bien, reconnaître la lumière, c’est aussi s’en faire porteur ou porteuse, car si on la reconnaît pour ce qu’elle est, on ne peut pas garder cela pour soi. Un des moyens de transmettre cette lumière, je l’ai trouvé sur un site internet anglophone (http://www.adventconspiracy.org/). Les auteurs rappellent qu’à Noël on est dans la surenchère : plus beau, plus cher, plus grand ! Dès lors, sans forcément nous inviter à baisser notre budget, il nous invite à faire des cadeaux authentiques, qui nous révèlent et éclairent celui ou celle qui le reçoit. C’est oser briller pour illuminer et faire briller l’autre. Cela peut se faire via un cadeau de faible valeur matérielle mais très riche sentimentalement, comme au travers de billets pour un concert où l’on ira ensemble et où l’on passera un bon moment. On dirait que ce n’est rien, mais c’est déjà un sacré défi que de faire des cadeaux. Mais ce site nous rappelle également que Jésus a fait don de sa vie pour nous sur la croix, de sa personne. Ainsi, ce qui compte, ce n’est pas tant les cadeaux que d’être ensemble et de passer un bon moment. Je vous invite donc, ce Noël et les suivants, à ne pas tant vous concentrer sur les cadeaux, authentiques ou non, que sur le moment partagé ensemble, pour qu’il soit authentiquement lumineux.
Amen.