Être à l’écoute, au-delà des paralysies intérieures et se remettre en route sur son chemin de vie

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Écouter le culte :

Qu’est-ce qui nous fait avancer dans la vie, nous remet debout moralement ? Et au fond, est-ce vraiment possible ? Pouvons-nous le croire, osons-nous encore l’espérer, alors que la vie nous a peut-être meurtris, et que nous sommes devenus amers ou aigris ?

Qu’est-ce qui a permis d’avancer dans la vie à Eric, Guillaume, Sandra et à tant d’autres qui sont venus à La Cascade durant ces 20 années ?

Qu’est-ce qui a permis au paralysé du récit biblique de se relever ? Est- ce qu’il faut une force magique, divine, ou simplement psychologique ? Est-ce la méthode Coué, un effet placebo « ça va mieux, j’y crois » ? Est-ce que l’accompagnement spirituel va vraiment m’aider ?

Bien des questions nous habitent quand nous traversons des luttes intérieures, des crises de vie. Lors de séparation, de conflit, de burn out, de deuil… toutes ces choses qui nous paralysent. Accompagner, c’est accueillir toutes les questions, tous nos vécus. Et c’est justement en les acceptant, en leur donnant la parole que l’on va rendre possible cette « remise en route », c’est en accueillant qu’on va transmettre cet amour inconditionnel du Christ, cet amour qui guérit.

Alors aujourd’hui, je vous propose un petit exercice qui ressemble un peu à ce qui se passe quand on vient chercher de l’aide, à la Cascade ou ailleurs, et lorsqu’on écoute une personne. Je vous propose d’être à l’écoute de ce qu’il se passe au plus profond de vous, et de laisser monter, s’exprimer ce qui résonne en vous.

Nous allons vivre une forme de dialogue avec la Bible, où vos réactions auront le droit d’être entendues. C’est ce qui se passe lorsqu’on écoute vraiment, lorsqu’on est empathique.

Je vous propose cet exercice sous forme de jeu de rôle. Vous serez d’abord Pierre le disciple, puis Jonas un des 4 porteurs, puis Marthe une femme de la foule. Vous vous mettrez un instant à la place des personnages du récit biblique pour changer de point de vue, penser, sentir, voir ce qui naît en vous.

Après la musique vous prendrez ce rôle, je vous poserai une question et alors l’un d’entre nous exprimera au micro ce qu’il a ressenti dans ce rôle. Quelles émotions, quelles batailles, quels conflits, révoltes ou au contraire libération, renouvellement, élargissement vont se réaliser en vous ?

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1. Pierre le disciple appelé, mais à quoi ?
Les évangiles entremêlent récits de miracles et récits d’appel, récits de guérison et récits d’envoi vers les autres en témoin, pour agir. L’Evangile articule les moments où Jésus va à la rencontre de la souffrance pour relever et les moments où il envoie, il met en route et nous dit « va… ».

On perçoit déjà que c’est un peu la même chose: être soigné, c’est aussi être envoyé vers les autres, rendu capable de soigner à son tour. Il y a toujours réciprocité entre le soigné et le soignant.

Pierre, est appelé, transformé, il vient de décider de suivre Jésus, juste quelques lignes plus haut dans le récit de l’Evangile. Et le voilà tout de suite confronté à cette grande foule, qui se masse face à lui, face à Jésus et qui veut des guérisons. Que d’attentes dans cette foule! Que de peines et de souffrances, mais que d’espoir, aussi que de foi! Que de déçus peut-être parmi tous ces gens… parmi nous ?

Je vous invite à être un court instant Pierre, ce nouveau disciple face à la foule. Vous êtes Pierre, vous prenez ce rôle, ici à Saint-Sulpice ou derrière votre poste de radio: vous êtes Pierre.

Que ressens-tu Pierre, qu’est-ce qu’il se passe dans ton coeur face à cette foule qui presse autour du Christ pour recevoir des guérisons ? Je te donne la parole Pierre.

Françoise
Moi Pierre, j’aimerais protéger Jésus de tous ces gens qui se réclament de lui et qui pourraient ne pas comprendre son vrai message. J’ai peur que les gens ne viennent que pour demander de l’aide au lieu de s’engager vraiment. Est-ce que tous ces gens ont la foi ou bien est-ce juste un mouvement de foule ?

Ce que tu nous dis Pierre c’est : « j’aimerais que les gens comprennent le vrai message et ne cherchent pas simplement les miracles, cela me fait peur pour Jésus et pour la compréhension de la foi chrétienne. »

Nous écoutons un deuxième Pierre :

Marianne
Moi Pierre, je suis dans la joie de cette grande foule, je suis enthousiaste de tous ces gens qui s’engagent, qui cherchent le Christ. Quelle aventure de la foi, quelle promesse… Mais j’ai aussi un peu peur, j’ai la crainte de ne pas trouver ma place dans cette foule. J’aimerais moi aussi être entendue, reconnue pour ce que je suis, face à tout ce monde.

Ce que tu nous dis Pierre, c’est : « je suis passionné par Jésus, mais j’ai un peu peur qu’il ne puisse répondre à tant d’attentes, j’ai peur de ne pas être vraiment entendu en tant que personne. »

Nous avons eu deux Pierre, ce matin. Deux paroissiens qui se sont identifiés à Pierre. Et chacun de vous l’a certainement fait dans son coeur. Chacun réagit différemment.

Le premier Pierre a envie que le message passe, qu’on comprenne le vrai sens de l’Evangile et qu’on arrête les faux discours trompeurs, les illusions.

Le deuxième Pierre est dans l’intimité intérieure du Christ. Il a besoin qu’on reconnaisse son vécu. Il a peur d’être pris dans le mouvement de foule. Il a vécu quelque chose d’unique, un amour profond avec le Christ. Est-ce que la foule, les attentes, l’enthousiasme ne vont pas gâcher cela, rompre cette intériorité de la foi et de la spiritualité ?

Est-ce que foule et spiritualité peuvent aller ensemble ? Comment être reconnu comme un individu aujourd’hui où tout est globalisé ? Ne faut-il pas valoriser l’écoute individuelle et personnelle ? Nous sommes rejoints dans notre intériorité, et en même temps envoyés vers tous, à l’écoute de nos besoins propres et envoyés à l’écoute des besoins des autres.

Osons donner de la place à qui nous sommes, à nos élans, et écouter nos retenues et nos hésitations. Ceux que nous rencontrons autour de nous et à la Cascade ont aussi droit à être pris au sérieux dans leurs besoins comme des personnes uniques.

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2. Jonas le porteur
Maintenant, voici que le regard de l’évangéliste Marc se tourne vers les hommes qui accompagnent et qui portent l’homme paralysé, qui vont le faire passer par le toit. Nous aussi – chacun d’entre nous –avons un jour porté un ami, aidé, soutenu quelqu’un, un enfant, un malade, un aîné...

Je lis le texte : « Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d’entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. » Ils font donc face à cette foule. Tout semble bloqué, la foule fait barrage. Il faudra grimper, monter, se confronter à la verticalité, pour traverser et atteindre le Christ, le salut.

Maintenant je vous invite à prendre un nouveau rôle, à être dans la peau d’un autre personnage. Je vous invite à être Jonas. Jonas est l’un des porteurs juste au moment où il voit que le passage est bloqué. J’imagine Jonas, le texte n’en parle pas, mais disons, c’est un ami de longue date du paralysé. Il le connaît bien, il l’a souvent porté. Et voilà qu’il a entendu parler de Jésus. Quelque chose l’a poussé à se lever encore une fois et à porter encore une fois son ami, pour l’amener vers Jésus.

Vous êtes maintenant Jonas, dans la peau de Jonas, devant votre poste de radio ou ici dans la salle paroissiale.

Jonas, tu arrives en tenant un coin de la natte, devant la maison face à la foule qui est là. Et il faut décider que faire.

Jonas, que ressens-tu face à cette foule ? Qu’est-ce qui te donne de la force pour continuer et pour affronter les obstacles avec ton ami ?

Monika :
Moi Jonas, je me demande pourquoi c’est à moi de porter, encore, cet ami. Parfois je me dis que j’aimerais que mon ami se bouge un peu! Bien sûr il est malade, paralysé. J’ai l’impression qu’il se laisse porter. Mais j’ai envie de tenter quelque chose, la foi de cette foule me fait envie, j’aimerais y croire.

Jonas ce que tu dis: « c’est lourd de porter l’autre. J’aimerais que l’autre “se bouge”, si on peut dire, y mette du sien; et pourtant tu nous le dis : la foule me donne envie d’y croire malgré tout. »

Ecoutons le deuxième Jonas :

Henri:
Moi Jonas, je suis motivé. Je me sens fort parce que je suis avec les autres. Voir cette foule autour du Christ, cela motive ma foi. Si j’étais seul à porter mon ami ce serait le désespoir, mais nous sommes ensemble les quatre. Ensemble nous allons y arriver.
Moi Jonas, je suis confiant et ce qui nourrit ma foi, c’est d’être ensemble. Cela donne l’espoir d’y arriver.

Jonas ce que tu dis: « ensemble nous pouvons le faire, cela me motive de ne pas être seul face à la tâche. »

Merci à nos deux Jonas d’avoir exprimé leur sentiment face à l’obstacle, face aux blocages.

Aider l’autre c’est toujours une histoire personnelle, c’est la rencontre d’une souffrance réelle (ici un handicapé) avec un aidant qui a sa propre histoire toute aussi réelle, chacun avec ses propres ressources, mais aussi parfois ses propres blocages.

Car nous ne sommes pas si différents les uns des autres. Il n’y a a pas d’un côté le paralysé et de l’autre, le bien-portant. Nous sommes tous, et l’un, et l’autre. Chacun a une richesse à apporter !

Ainsi en est-il du travail que nous faisons à la Cascade. Ma plus grande joie, c’est de découvrir ce que l’autre m’apporte. Et souvent j’invite le bénéficiaire à créer quelque chose, à apporter quelque chose de sa richesse. Comme les découpages de Myriam ou les peintures si profondes de Guillaume.

L’humanité est une : aider l’autre, c’est permettre à la personne de changer de rôle. C’est être ensemble qui donne l’espoir et l’élan vers le Christ.

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3. Marthe dans la foule des humains
Et voici que notre récit continue, troisième étape, troisième jeu de rôle. Et vous êtes Marthe, une femme de la grande foule. Vous avez entendu le texte: les hommes passent par le toit, descendent le paralysé au bout d’une corde. Jésus évoque le pardon, parle de libération, c’est une révolution !

Et finalement Jésus s’adresse à l’homme paralysé : « Est-il plus facile de dire tes péchés sont pardonnés ou de dire lève-toi et marche ? » … « Alors je te le dis lève-toi, prends ta natte et rentre chez toi ! »

Et là encore je vous propose un arrêt sur image. Un stop, un break. Vous ne savez pas encore si vraiment cela va se passer. L’homme est devant vous, encore paralysé. Est-ce que c’est réellement possible ? Qu’est-ce qui va le faire bouger ?

Et vous êtes Marthe, une femme de la grande foule serrée autour de Jésus. Marthe a tout entendu. Alors on arrête le temps et juste la seconde d’après... il s’en passe des choses dans notre tête.

Qu’est-ce qui te traverse l’esprit, Marthe, en entendant ce Jésus qui dit « lève-toi et marche ! » ?

Monique :
Moi Marthe, je suis tiraillée. J’ai de la peine à y croire. Comment peut-il dire à cet homme comme cela, « lève-toi » ? J’aimerais tellement que d’un coup l’homme se mette à marcher. Mais cela ne se passe pas comme ça dans la vraie vie. N’est-ce pas un peu un leurre, une illusion?

Marthe ce que tu nous dis c’est : « j’ai pas envie d’être prise dans une illusion de la foi, j’aimerais que ma foi corresponde aussi au réel de la vie ».

Ecoutons une deuxième Marthe.

Anne-Dorcas :
Moi Marthe, Je dois dire que je suis choquée par les paroles de Jésus, et même un peu déçue : comment peut-il relier ainsi péché et santé. Cela me paraît compliqué, archaïque. Souvent dans l’Eglise on a trop insisté sur le péché, c’est devenu incompréhensible. Je croyais que Jésus était venu nous libérer de cela, j’aimerais que la foi soit perçue comme une vraie libération.

Marthe, tu nous dis : « j’aimerais entendre le message de liberté de l’Evangile et pas d’anciens fardeaux de culpabilité que souvent dans l’Eglise on a malheureusement enseigné et transmis ».

Merci à vous les Marthe d’aujourd’hui, d’avoir osé vous exprimer, d’avoir osé dire ce qui vous traverse le coeur et l’esprit face à ce texte, face à la foi, face à la vie.

Ces idées nous traversent l’esprit à nous tous parfois, non ? Mais souvent nous les faisons taire. Nous n’osons pas leur donner la parole. Et c’est alors que les fatigues, les doutes, les révoltes non dits nous bloquent, nous empêchent d’avancer.

Finalement, nous sommes tous un peu des paralysés de la vie et en même temps des gens qui ont soif d’être remis en route. Que l’on soit Marthe, Pierre ou Jonas, nous sommes tous pris dans des fonctionnements, dans des blocages, mais aussi dans des espoirs et des énergies de changement. Même l’homme paralysé sur sa natte, qu’on doit amener et aider, possède une force intérieure qui le porte vers le Christ, vers la guérison intérieure et vers la vie.

Etre écouté, vraiment, c’est donc se découvrir d’une nouvelle manière, c’est changer de rôle, c’est oser dire ce qu’on a sur le cœur – comme en a témoigné Monika dans son slam tout à l’heure – ou d’autres parmi nous qui ont fait l’expérience simple, modeste, d’être debout malgré des événements qui les ont terrassés.

Se réconcilier avec son histoire, entendre le « oui » fondamental de Dieu, ne pas rester bloqué dans cette seule manière négative de se voir.

Lève-toi et rentre chez toi ! Deviens ce que tu es, sois qui tu es vraiment !

C’est à dire, avance dans ta vie, pour devenir ce pourquoi tu es créé : un être de relation, un être de mouvement, un être de vie. Et ça n’a rien à voir avec une force magique, car le vrai miracle, c’est être debout, quelle que soit mon histoire, quelle que soit ma situation médicale. Être en marche ensemble, avec et vers le Christ !

Amen.

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Des gens portent un paralysé et l’amènent devant Jésus pour qu’il soit guéri. Mais la foule bloque et les premiers disciples fraîchement appelés sont là. En étant l’ami qui porte ou la foule qui bloque, que se passerait-il en soi? Quelles réactions?
Culte à l'occasion des 20 ans de "La Cascade". Un lieu d’écoute et d’accompagnement, qui lie spiritualité et thérapie, et qui a pour objectif de permettre aux gens d’être remis en route, en mouvement sur leur chemin de vie.

Détails

Avec la participation de
Vincent Guyaz, Henri Chabloz, Hetty Overeem, Monika, Anne-Dorcas Phildius, Monique Zurbrugg et Marianne Jomini
Orgue
Musique
Un choeur régional interprétera « Comme autrefois », une création originale de Ezko Kikoutchi, compositrice et organiste, sur un texte de Vincent Guyaz, sous la direction d'Olivier Subilia, avec Ezko Kikoutchi au piano.
Autres pièces musicales avec François Dinkel au basson, Annie Dinkel à l'alto et Monika au chant.