Et après?

Temple Saint-Martin de Vevey (©AUJ)

Écouter le culte :

Voilà, c'est fait, elles sont passées ces fameuses fêtes de fin d'année attendues avec une telle excitation par les enfants et les commerçants! Des fêtes vécues si différemment par les uns et les autres, dans le stress de la préparation des fêtes de famille pour les uns, dans l'angoisse de la solitude pour d'autres... et puis qu'est-ce qu'on va faire à Nouvel-An ? Là, c'est fait. Oui, il y a bien encore l'Epiphanie... certes, on n'en fait pas beaucoup plus qu'une galette des rois, mais alors que reste-t-il de ces fêtes ?

Pour les stressés et les angoissés, c'est le retour au calme. Pour le foie aussi, on va faire léger en janvier, même peut-être un Dry January... le calme aussi pour le système digestif. Ne serait-ce pas là au fond ce que nous attendons vraiment de ces fêtes : le temps de calme, de paix qui les suit ?

A Noël, on chante la paix, comme les anges dans le ciel. Une paix qu'on voudrait voir dans les conflits : au moins une trêve de Noël ! Une trêve aussi dans les conflits familiaux : on essaie de vivre un repas sans évoquer les sujets qui fâchent.

Oui, à Noël, nous souhaitons la paix et la joie, mais l'histoire de Noël se passe de nuit et dans un contexte effrayant : un tyran fait mettre à mort des enfants innocents par peur de perdre son pouvoir. Si la paix et la joie de Noël rayonnent si fort, c'est que les ténèbres sont omniprésentes. Ces dernières décennies, la paix et la joie de Noël me semblaient surfaites, parce qu'elles n'étaient pas menacées. Depuis quelques années, les menaces sont omniprésentes, et il faut maintenant prendre soin de la paix et de la joie. Et c'est là qu'il faut avoir de la foi, il faut y croire, et être prêts à se battre pour elles.

A Noël, il y a de l'émerveillement bien sûr : un Sauveur vous est né, la vie triomphera de la mort. Accueillir cette espérance émerveille. Mais après ? Comme nos fêtes : joie, paix, bouchons de champagne et cotillons... et après ?

Quand je lis le récit de Noël, aujourd'hui je suis interpellé par ces mots : Quant à Marie, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Puis les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu.

Voilà ce qui se passe après l'émerveillement, certains chantent la gloire de Dieu et une autre médite dans son coeur. On peut aussi penser aux rois-mages qui rentrent chez eux par un autre chemin.

Ce que je constate dans les récits bibliques, c'est qu'après l'émerveillement, il y a une action, Je retiens ces trois actions mentionnées.

Louer Dieu d'abord : c'est partager la joie de l'émerveillement, c'est entretenir cette joie. Les bergers le font en chantant, ça marche toujours bien. Comment pouvons-nous faire pour entretenir la joie que nous trouvons à Noël - ce petit plus d'humanité, ce petit plus de fraternité, ce petit plus de spiritualité ?

Marie, de son côté médite. Oh, on a écrit et dit beaucoup de choses sur cette méditation de Marie. Elle garde tous ces événements dans son coeur et les médite. Certain.e.s parmi nous ne sont peut-être pas prêts tout de suite à chanter et à partager leur joie. Il faut réfléchir, décrypter les signes, comprendre le sens et tout cela dans son coeur. Trouver une harmonie intérieure, là où l'Esprit de Dieu parle à notre esprit, pour reprendre l'expression de l'apôtre Paul.

Paul qui, d'ailleurs, dans l'épître aux Galates, que nous avons lue, dit que Dieu met dans nos coeurs l'Esprit du Fils. Il entend par là que c'est une libération. Le fils est celui que les parents veulent voir voler de ses propres ailes. Ils veulent le voir libre et responsable. Par son Esprit, Dieu nous donne de la force, du courage, la capacité d'aimer, et tous les dons dont nous avons besoin pour construire notre vie et la vie commune.

Marie aura besoin de vivre des expériences avec Jésus pour trouver le sens de ces promesses. Nous aussi, nous avons besoin de vivre des expériences pour découvrir tout ce qui est en nous.

Il me plaît de voir qu'un de ces chemins est individuel, celui de Marie, et l'autre communautaire, celui des bergers. Et je crois que ces chemins ne s'excluent pas l'un l'autre. Au contraire, ils sont complémentaires. Les méditations et expérience personnelles font la richesse et la joie du partage communautaire.

Enfin, parlons un peu des rois-mages. Ils rentrent chez eux par un autre chemin, prévenus en rêve de ne pas retourner auprès d'Hérode, qui pourrait bien choisir de les faire taire définitivement. Rentrer chez soi par un autre chemin, pour moi, ça veut dire : y a-t-il quelque chose à changer dans ma vie pour qu'elle soit moins mortifère, pour qu'elle soit plus pleine, plus enrichissante pour moi et pour mes proches, pour que je sois plus en harmonie? L'émerveillement de Noël peut aussi provoquer un changement de vie.

Alors voilà quelques possibilités après les fêtes : entretenir et partager la joie, méditer, changer... et j'en ajoute une, proposée par les textes du jour, mais qui est présente dans les trois autres : bénir.

Bénir, dire du bien. Dans les temps difficiles que nous vivons, il est tellement facile de dire du mal, de critiquer. Parfois il faut le faire, pour dénoncer une malversation, une perversion, mais il faut aussi savoir dire du bien. Et je crois que nous devons y faire attention dans le climat qui est le nôtre actuellement. Bénir, on peut le faire en notre nom, mais si on lit le livre des Nombres, on peut aussi le faire au nom de Dieu. Bénir au nom de Dieu, ce n'est pas donner des ordres à Dieu, c'est plutôt inviter celui ou celle que l'on bénit à accepter de se placer sous la bénédiction de Dieu. J'aime l'image du soleil. Il peut faire soleil, mais on peut choisir de rester à l'ombre. Le Dieu de Jésus-Christ veut bénir tous ses enfants et il veut qu'ils fassent fructifier leurs dons pour leur bien et celui des autres.

Je termine en prêchant un peu pour ma paroisse. Je sais qu'il est de bon ton de critiquer les Eglises, et il est utile quand cela est justifié, par contre on met assez peu en valeur le travail qu'elles font. Et je trouve que les quatre pistes dégagées pour après les fêtes sont au coeur de la vie des communautés chrétiennes : partager la joie et chanter la gloire de Dieu, accompagner la méditation voire le changement, bénir.

Chers frères et soeurs, puissiez-vous trouver les ressources intérieures pour vivre avec confiance cette année 2023 qui ne s'ouvre pas avec des perspectives très réjouissantes. Que l’Eternel tourne sa face vers vous, et qu’il vous donne la paix !

Amen.

Comme un feu d'artifice, les fêtes de fin d'année ont explosé avec leurs couleurs, leurs émotions, leur stress aussi. Les estomacs et les foies aussi ont explosé! Enfin la paix, enfin le Dry January!

Que reste-t-il de la joie de Noël: un sauveur nous est né? Jésus: Dieu sauve! Comment placer cette nouvelle année sous le signe de la bénédiction de Dieu alors que chaque année semble pire que la précédente? Et après? Marie méditait dans son coeur et les bergers glorifiaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient vu et entendu...

 

Détails

Avec la participation de
Suzanne Michaud pour les lectures
Orgue
Daniel Chappuis
Musique
Marie-Claire Bettens à la flûte à bec