Jésus est sorti de la tombe

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Aujourd'hui, c'est Pâques! Nous savons depuis bien longtemps que Jésus est sorti de la tombe. Mais par quels doutes et quelles incompréhensions ont dû passer les disciples pour arriver à cette conviction ! C'est dans ce cheminement que nous avons envie de vous entraîner vous qui êtes rassemblés dans ce temple et vous qui nous écoutez sur les ondes. Avec Marie de Magdala et Pierre, refaisons le chemin qui mène de la nuit de la mort à la lumière de la vie. Ce chemin est aussi un chemin de prière. Laissons maintenant la parole à Marie de Magdala ainsi qu'à Pierre.


MARIE MADELEINE AU TOMBEAU

Je pars à l'aube. Il fait encore sombre et froid. Les étoiles brillent dans le ciel mauve et le silence est si profond sur la ville. L'aurore commence à peine à poindre au-delà des murs de Jérusalem ! Moi, moi je n'arrive plus à dormir. Constamment, son visage à l'agonie me revient en mémoire, ses traits déformés par la douleur, lui le doux, le non-violent. Et les cris, les cris de la foule déchaînée contre lui me hantent de jour comme de nuit. Et son corps, ce corps que j'aimais tant voir bouger et respirer, dont j'aimais tant la présence, ce corps est devenu corps mort, froid et nu quand on l'a descendu de la croix.

Comment exprimer la douleur qui m'a envahie ? Quand je l'ai vu mourir, lui, mon maître, ça a été comme une hémorragie, un membre que l'on me coupe, c'est la vie qui s'en allait de moi.

Alors, je dois retourner vers le tombeau où l'on a déposé son corps avant le sabbat.

Que vais-je donc y chercher ? Je n'en sais rien... Tout est scellé définitivement comme la pierre roulée devant son tombeau. Mais je dois y aller. Me voici dans le jardin... oui je reconnais l'endroit mais... qu'est-ce que je vois ? La pierre a été enlevée du tombeau; l'entrée est là devant moi, comme une béance noire... et vide ! Mais son corps a disparu!!! Vite, je dois aller avertir Pierre. Où s'est-il caché déjà ? Oui, c'est par là... ô mon Dieu, vite, vite...

Pierre, Pierre es-tu là ?

Marie ?

Oui c'est moi; je reviens du tombeau. Jésus n'y est plus; son corps a disparu et je n'ai aucune idée où on l'a mis. Mais qui l'a enlevé ? Qu'allons-nous faire ?

PIERRE AU TOMBEAU

Mais pourquoi faut-il donc que je coure comme cela ? C'est plus de mon âge de courir et ce jeunot de Jean qui est devant moi, il avance à grandes enjambées, lui. Mais qu'est-ce qui m'a pris de courir vers ce tombeau pour vérifier si par hasard Marie ne s'était pas trompée ? Je n'en peux plus, c'est trop, tous ces jours ont été trop durs, tous ces jours ont été trop difficiles... tant d'espoirs si brutalement déçus, tous ces jours ... aller, courir, venir, pleurer ... et ces nuits sans sommeil, et rassurer les autres et qui va me rassurer moi ? Qu'est-ce que je peux espérer trouver là-bas s'ils ont pris son corps ? Ils nous auront pris jusqu'à cela, jusqu'à la possibilité d'avoir un lieu pour nous recueillir sur son corps, pour nous souvenir des beaux jours du passé, ... Tiens, Jean s'est arrêté devant le tombeau....

J'arrive, Jean, j'arrive, je rentre, je suis obligé de me baisser, petit à petit mes yeux s'habituent à l'obscurité; effectivement, son corps n'est plus là. Mais pourquoi lui avoir ôté les bandelettes qui entouraient son corps, ... s'ils voulaient s'en débarrasser, pourquoi enlever les bandelettes ? Et le linge qu'on avait mis sur sa tête, il est roulé à part, mais pourquoi lui enlever son linge pour se débarrasser du corps ? Et Jean, qu'est-ce qu'il en pense, le voilà bien songeur, il ne dit rien, mais j'ai l'impression qu'il a une idée derrière la tête. Qu'est-ce qu'il est encore allé imaginer, ce doux rêveur,... il comprenait toujours mieux que les autres. Non, ce qui se passe là est trop compliqué pour moi, tout ce que je sais c'est qu'on me l'a pris, on me l'a pris deux fois, une fois sur la croix et une fois en m'ôtant son corps. Je préfère retourner chez moi.

Quant à ceux qui m'ont pris son corps, je le jure, ils ne perdent rien pour attendre.

APPARITION A MARIE-MADELEINE

Oh! je n'en peux plus ! Je vais m'asseoir là, un moment, près du tombeau. Voilà que je recommence à pleurer. O mon Dieu, je préférerais mourir... non ce n'est pas possible, ce n'est pas possible ! Pourquoi avoir pris son corps ? Qui a osé nous enlever son corps ? N'était-ce pas assez douloureux comme cela ?

Pierre et Jean n'ont rien pu faire et ils sont retournés chez eux, et bien moi je reste. Je veux savoir. Il doit bien y avoir une explication. Voyons encore une fois dans le tombeau...

Oh! .... mais il y a deux êtres à la place de son corps.

"Femme pourquoi pleures-tu "?

On a enlevé le corps de mon Seigneur et je ne sais pas où on l'a mis... Mais... il y a quelqu'un derrière moi, une présence...

"Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?
"
Tiens, ça doit être le jardinier. Peut-être est-ce lui qui a fait le coup ? Si c'est toi qui as enlevé son corps, dis-moi où tu l'as mis : j'irai le prendre.

"Marie ! "

Rabbouni ! Maître !

Cette voix, ce regard, c'est lui, c'est Jésus. Il est là devant moi. Oui c'est bien lui, mais c'est fabuleux ! Il est vivant... Alléluia... Il est vivant. Oh! le serrer dans mes bras, oui ! Et il me parle, il me parle... c'est bien lui ! Il est vivant... Il est vivant !

MARIE-MADELEINE PARLE A PIERRE

Pierre ! Pierre ! je viens de voir Jésus, j'ai vu notre Seigneur. Il était là devant moi, bien vivant, comme je te parle. J'ai d'abord cru que c'était le jardinier.... comment ai-je pu être aussi aveugle et stupide ? Et souviens-toi, Pierre, comme il nous a annoncé qu'il allait mourir et ressusciter, le 3e jour. Eh bien ça y est ! Il est bien vivant, je te jure !

Marie, ma pauvre Marie. Mais tu prends tes rêves pour des réalités. Quand réaliseras-tu qu'il est mort. Que c'est fini, Marie. Fini... Il ne nous reste plus qu'à retourner chez nous. Mais je t'en veux pas... Marie. Moi aussi, j'aimerais y croire ! Mais enfin Marie ! qui aurait intérêt à avoir pris le corps de Jésus ? Tu as mal regardé, c'est pas possible. Faut que j'aille vérifier ça !

Comment ça ! Non je ne suis pas folle. Je n'ai pas vu un fantôme, non ce n'était pas une hallucination. Non! et il m'a parlé. Il m'a dit de ne pas le retenir car il montait vers son Père. Oh, il avait une telle présence !

Et il m'a envoyé vers vous; il m'a dit de regrouper les disciples et de vous dire qu'il "montait vers son Père qui est notre Père et vers son Dieu qui est notre Dieu".

En fait, tu es jaloux, voilà la vérité ! Et moi je te dis que je l'ai vu... j'en suis certaine, il est revenu du séjour des morts. Il est ressuscité !

APPARITION A PIERRE

Oh! c'est pas que ça m'enchante de me retrouver sur le lac à pêcher toute la nuit, et tout ça pour se retrouver bredouille. Mais que voulez-vous ! Il fallait leur changer les idées, à Jean, à Thomas, aux fils de Zébédée. Il fallait les sortir, les empêcher de ruminer, surtout Jean, le dernier.

Qu'est-ce qu'il y a Jean ?

Un gars sur le rivage qui nous demande de jeter le filet de l'autre côté de la barque ? Oh! au point où on en est, pourquoi pas ? Mais c'est la dernière ! Après cela on rentre. Eh bien quoi, déjà fatigué ? On n'arrive plus à monter le filet ? Mais c'est vrai qu'il est plein le filet, jamais vu un filet si plein. Ah! c'est reparti, je sens que la saison va être bonne.

Oui, Jean ? Qu'est-ce que tu me dis ?

Sur le rivage, c'est le maître ? le maître ?

Maître ! J'arrive, maître, j'arrive. Je saute ! Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce qui m'a pris de sauter de la barque, de me retrouver dans l'eau... ? Heu, continuez sans moi les gars, j'y vais à la nage. Mais je suis fou, il me rendra fou. Il est vivant.

Mais comment est-ce possible ?

Maître !

Marie avait raison, il est revenu des morts.


MESSAGE DE LAURENCE MOTTIER


Marie, tu es comme une soeur à travers le temps. J'ai aimé suivre ton chemin du tombeau jusqu'à la présence du ressuscité.

Ton désespoir me dit l'horreur de la croix, son ignominie. Cette croix reste plantée au coeur du monde; elle est le signe que Dieu accompagne toute souffrance. Tes larmes me disent la douleur de la perte, la perte de l'être aimé et chéri, plus que tout autre. La tristesse du deuil peut engloutir, anéantir les survivants.

La joie de reconnaître le Ressuscité me fait entrer dans la danse de la vie; elle me donne envie de proclamer aujourd'hui que Jésus est vivant. Résurrection pour toi et maintenant force de résurrection pour chacun et chacune d'entre nous.

Marie tu es comme une soeur à travers le temps.

Par ta quête du corps de Jésus, tu as ouvert la première le chemin qui allait mener au Ressuscité.

Dans ta vénération têtue, obstinée, tu as pu t'ouvrir à la présence du Christ et devenir la première, témoin de sa victoire sur la mort.

Par ta relation fidèle au Maître, tu as été faite apôtre de la Bonne Nouvelle du matin de Pâques.

Marie, tu es comme une soeur à travers le temps.

Toi qui as vécu dans l'intimité de Jésus, toi qui as reconnu le Seigneur à ton seul nom prononcé, tu me dis aujourd'hui l'amour du Christ pour ses disciples, pour la communauté d'hommes et de femmes que vous formiez. C'était non seulement de l'amour, mais aussi de la complicité et du respect que le Christ avait pour vous, chacun et chacune d'entre vous. Oui, Jésus a été pleinement votre ami et votre Maître. Je t'envie presque la proximité de vie et d'affection que tu as eue avec lui.

Marie, tu es comme une soeur à travers le temps.

A toi va ma reconnaissance. Oui, tu nous dis aujourd'hui que le Christ ressuscité nous détourne de tous nos tombeaux, qu'il nous appelle par notre nom et nous envoie pour annoncer là où nous vivons la victoire de la vie.

Amen.



MESSAGE DE DIDIER HALTER

Pierre, compagnon de route sur le chemin de la foi, comme tes questions font écho aux miennes.

Voilà 2000 ans que tout cela s'est passé, et apparemment il y a plus de croix sur cette terre que de tombeaux vides. Alors, j'ai besoin de savoir que toi, Pierre, le roc du bon sens, tu es bousculé en même temps que la pierre du tombeau dans ce qui apparaît comme un non-sens.

La mort est vaincue, la mort n'est plus le mur sur lequel vient s'écraser la vague de ma vie.

Avec toi, je découvre que les forts et les solides sont vacillants et fragiles. Avec toi, je découvre que ceux qui jouent les forts ont besoin d'être soutenus, tout autant que les fragiles.

Avec toi, je découvre que Jésus ce n'est pas du passé, ce n'est pas seulement un grand penseur, un grand prédicateur dont les temples seraient autant de monuments funéraires, tombeau de sa pensée et de sa vie, mais que Jésus c'est l'avenir, l'avenir ouvert dont la mort est l'ultime étape de sa confiance en moi, dont la résurrection est la première marche d'une humanité renouvelée, celle de la confiance partagée.

Avec toi, je découvre que Jésus c'est une impulsion dans ma vie, qui me pousse à faire des choses folles, à sauter de la barque et aller à la nage, à prêcher à la Pentecôte, quoi de plus fou que de dire que l'amour est plus fort que la mort et de vivre de cette force en Lui.

Amen.