Dites-voir, entre nous... Vous n'auriez pas vu passer le temps, non ?! On m'avait pourtant dit : "Prends tout ton temps!" "On n'est pas pressé!" Alors j'ai pris mon temps. Et le temps est venu. L'année s'est écoulée. Et je n'ai pas vu le temps passer. C'est qu'avec les temps qui courent... vous en conviendrez, ils passent plutôt vite ! L'angoisse c'est de penser que je pourrais l'avoir perdu... mon temps !
Dites-voir... Vous n'auriez pas vu passer le temps, non ?! Les jours ont succédé aux jours. Les fêtes aux fêtes. Les occupations ont succédé aux préoccupations. Les échéances aux échéances. Alors aujourd'hui, dans ce monde de perpétuelle effervescence, dans ce monde fatigué, usé, dans ce monde éparpillé, dans ce monde éclaté qui n'a plus le temps... Dieu dit "Stop". Arrêtez-vous...! Arrêtez-vous...!
Aujourd'hui, c'est le premier. Le premier jour. Le premier jour de la semaine. Le premier jour de l'année. Le premier jour, comme au commencement.
Comme au commencement, là où Dieu a désiré et façonné l'humain et qu'il l'a fait hôte de ce monde, hôte de cette terre. Aujourd'hui, c'est le premier. Le premier jour. Le premier jour de la semaine. Le premier jour de l'année. Le premier jour, comme au commencement lorsque Dieu a fait de nous les hôtes du temps.
Au commencement, nous étions hôtes du temps. Et voilà que maintenant, nous en sommes devenus esclaves. Nous ne voyons plus le temps passer ! Alors, aujourd'hui, c'est le premier. Et Dieu dit "STOP". Arrêtez-vous donc, bon sang de bon soir ! Arrêtez-vous ! Arrêtons-nous ! Nous ne faisons que courir. De ci, de là. Nous ne faisons qu'aller et venir. Nos jours débordent d'activités. Nous en faisons toujours plus. Aujourd'hui, nos journées sont programmées six mois à l'avance. Mais que fuyons-nous donc ?!
De quelle peur essayons-nous de nous distraire ou de nous soustraire ! Quel dieu adorons-nous pour que nous soyons ainsi devenus esclaves du temps qui passe. C'est un triste monde. Certains ont trop de temps et essaient de le tuer par tous les moyens. D'autres n'ont plus de temps et se débattent pour en gagner ! Dites-voir, entre nous... Vous n'auriez pas vu passer le temps, non ?! Le temps qui passe. Les temps qui courent... Dieu les connaît aussi bien que nous, puisqu'un jour il s'est fait l'hôte de notre temps.
Comme nous, Dieu a connu le temps qui use. Comme nous, il a manqué de temps. Rapport à ce jour où, au bord du lac de Galilée, il n'avait plus, ni lui, ni ses disciples, le temps de manger. Jésus et ses disciples stressés, ça rassure, non ?! Ce temps, notre temps, est ainsi devenu son temps. Ces jours aussi lui furent comptés. Au Golgotha, sur une croix, le temps a même cru le prendre pour toujours. Mais ce jour-là, le temps qui passe ne s'est pas arrêté. Le temps a continué à passer, malgré tout. Malgré la mort. Il y eut un soir et il y eut un matin.
Précisément un matin... trois jours après. Le premier matin de la semaine, quelques femmes découvrirent le tombeau vide. Le temps avait cru le prendre, il a dû le rendre. Alors, depuis ce matin-là, le temps n'est plus le même. Le temps a changé. Le temps nous était compté, disait-on ! Et notre avenir semblait joué et définitivement bouché. Mais ce jour-là, la lourde pierre qui obstruait notre temps a été roulée. C'était le matin du premier. Comme aujourd'hui. Le matin du premier jour de la semaine. C'était un dimanche. Comme aujourd'hui. Depuis ce matin-là, le premier jour de la semaine n'est décidément plus un jour comme les autres. Depuis ce fameux matin, le dimanche est un jour comme une fenêtre ouverte... un jour comme une brèche. Dimanche, c'est le premier. Le premier jour de la semaine. Mais c'est aussi le jour après le sabbat, le jour après le septième jour, le huitième, si je sais bien compter. Un jour qui en annonce un autre. Un jour qui anticipe ce temps où Dieu régnera sur tout être qui vit et sur toute chose. Temps de plénitude.
Dimanche... c'est un jour comme une trace. Une trace de Pâques. Un jour où nous nous rappelons que notre temps est désormais comme tissé dans le temps de Dieu. J'aime, oui, j'aime à penser que cette nouvelle année commence par un dimanche et se finit, également, par un dimanche. Dimanche, aujourd'hui dans un monde fébrile et agité. Dans nos vies éparpillées et éclatées, Dieu dit "STOP". Arrêtez-vous ! Arrêtons-nous ! Arrêtons de courir comme si nous cherchions à nous distraire et à nous soustraire à la mort, puisque désormais la mort n'a pas le dernier mot sur notre vie. Arrêtons-nous ! Cessons de remplir notre temps comme si nous avions peur d'en manquer. Arrêtons-nous et réjouissons-nous ! Aujourd'hui c'est le premier jour. C'est dimanche… et nous avons du temps devant nous, puisque Dieu nous donne son temps. Aujourd'hui, c'est dimanche... alors... osons prendre son temps... le temps de Dieu !
Amen.