- Excusez-moi, j'ai entendu sonner les cloches, en pleine nuit, je me suis demandé ce qui se passait, il n'y pas le feu j'espère ? Excusez-moi. Bonsoir M'sieurs-dames. Bonsoir.
- Bonsoir, Monsieur.
- Comment t'appelles-tu ?
- Michèle.
- Michèle, que se passe-t-il, tu veux bien m'expliquer ?
- Ben ! C'est Noël !
- Ah ! c'est Monsieur Noël qui a sonné les cloches.
- Mais non ! Enfin, Monsieur, le 24 décembre, c'est la fête de Noël !
- Hou hou ! ce doit être quelqu'un d'important ce Monsieur Noël pour qu'on fête son anniversaire en pleine nuit, et qu'on sonne les cloches à tout va en son honneur !
- Mais, vous ne savez pas ce qu'est la fête de Noël ?
- Ben tu sais, je ne suis pas d'ici, je viens de loin. Je dois dire que je n'ai jamais entendu parler de cette fête, en pleine nuit, tu veux bien m'expliquer ?
- Je veux bien, mais vous expliquer je ne sais pas si je pourrais. Je préfère vous raconter.
- C'est une bonne idée. Maintenant que les cloches m'ont réveillé, j'aurais de la peine à me rendormir. Je vais rester parmi vous, alors raconte, je t'écoute.
- Tout commence, il y a environ deux mille ans dans une petite ville de Galilée qui s'appelle Nazareth. Vous savez où c'est la Galilée ?
- Oui, enfin je crois, mais fais comme si je ne savais pas.
- C'est dans le nord de la Palestine. Un ange - il s'appelait Gabriel - fut envoyé par Dieu vers une jeune fille qui a été mariée il y quelques semaines à un certain Joseph. Il était charpentier, je crois, ou quelque chose comme ça. Il (l'ange) entre chez elle, la salue et lui dit : " Tu es dans la joie, toi qui es remplie de grâce, le Seigneur est avec toi. "
- Elle a dû être étonnée, cette jeune femme de voir un ange chez elle et puis quelles paroles étranges !
- Oui, elle est toute troublée, elle se demande ce que ça veut dire. L'ange s'en rend compte, puisqu'il lui dit : " N'aie pas peur, Marie, tu as trouvé grâce auprès du Seigneur. "
- Qu'est-ce que ça veut dire, de trouver grâce auprès du Seigneur ?
- Je ne sais pas, mais je crois qu'on comprend mieux si on écoute la suite, l'ange n'avait pas fini de parler, vous l'avez interrompu : " Tu seras enceinte ; tu enfanteras un fils. Tu l'appelleras Jésus. Il sera grand et sera appelé le Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera toujours sur la famille de Jacob. Son règne n'aura pas de fin. " " Mais comment cela sera-t-il possible ? Je n'ai pas de relations conjugales avec mon mari. "
- Elle a raison, cette dame, comment c'est possible d'avoir un bébé si elle ne connaît pas, enfin, si elle n'habite pas avec son mari.
- A l'école, on m'a expliqué qu'à cette époque les fiançailles n'existaient pas. Les femmes mariées ne vivaient pas tout de suite avec leur mari, seulement quelque temps après le mariage. C'était une coutume. Mais il faut écouter la suite, l'ange a encore quelque chose à dire : " L'Esprit saint viendra sur toi, la puissance du Très Haut te couvrira d'ombre, c'est pourquoi Celui qui naîtra sera saint, et sera appelé Fils de Dieu. " " Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole. "
- Je suis très impressionné. L'attitude de cette femme, d'abord. Elle semble tellement prête à vivre une histoire incroyable ! Et puis, le Fils de Dieu né d'une femme, c'est bouleversant et c'est cette naissance que vous fêtez pendant la nuit du 24 décembre ?
- Oui.
- Je comprends que vous sonniez les cloches pour fêter ça. Mais comment se fait-il qu'il y ait si peu de monde ? On devrait se bousculer ! La naissance du fils de Dieu quand même ! Il n'y avait pas plus de monde quand c'est arrivé ?
- Oh, si, Il y en avait du monde ! Justement à cette époque, César Auguste, c'était un empereur romain, organise un oh ! zut, je ne sais plus comment on dit, vous savez, c'est quand on compte les habitants d'un pays…
- Un recensement ?
- C'est ça : un recensement ! Dans tout l'Empire. Vous savez comment ils faisaient à cette époque ?
- Non, mais je pense que tu vas me l'expliquer.
- Oui, à l'école, j'avais répondu tout juste. On faisait ainsi : chaque famille devait se rendre dans sa commune d'origine. Comme Joseph était de la tribu de David, il devait aller dans la ville de Bethlehem en Judée.
- Et c'était loin ?
- Je crois que ça faisait un voyage d'une bonne semaine.
- Fichtre ! Pour une femme enceinte, c'était beaucoup. Si tout le monde devait se faire recenser, il devait en effet y avoir beaucoup de monde sur les routes, dans les villages et même dans chaque maison !
- Je pense qu'il devait y avoir des centaines de milliers de personnes.
- Autant que ça ?
- Je ne sais pas. En tout cas à l'école j'ai appris qu'il y avait au moins 5 millions de Juifs dans tout l'Empire romain, alors…
- Mais dis-moi, j'y pense : une jeune femme enceinte dans cette cohue, dans cette foule. Ca n'a pas dû être facile pour elle de trouver un endroit confortable pour accoucher. Je la trouve assez héroïque, cette Marie. Je ne serais pas étonné que vous la fêtiez aussi.
- Ca dépend ; c'est assez compliqué. Nous les protestants, on n'y accorde pas beaucoup d'attention, mais les catholiques la prient souvent.
- J'aimerais bien prier Marie, elle a l'air tellement attentive.
- Je ne crois pas que ça plairait tellement, c'est une veillée protestante ce soir, mais après tout ce serait une bonne manière d'accueillir parmi nous tous les auditeurs catholiques qui partagent avec nous cette veillée.
- Tu crois que c'est possible ?
- Je le pense. Et puis il me semble que Dieu sait entendre toutes nos prières, qu'on les lui adresse directement ou non.
Chant avec Marielle Vionnet : " Avé Maria "
Lecture de Luc 2,4 - 20
Chant avec Marielle Vionnet : " La nuit "
Poursuite du dialogue
- J'aurais voulu y être ; ce n'était vraiment pas une naissance comme les autres !
- C'est pourquoi on en parle encore aujourd'hui et qu'on fête Noël.
- Et qu'est-ce que vous faites de spécial pendant cette fête ?
- D'abord, on allume des bougies un peu partout.
- Ah ! Et pourquoi ?
- Pour dire que la naissance de cet enfant, c'est comme de la lumière qui brille. C'est aussi pour ça qu'on attend le 24 décembre. Vous, qui êtes un adulte, vous devez savoir que c'est une des nuits les plus longues et les plus sombres de l'année.
- Oui, c'est vrai. On pourrait allumer les bougies maintenant.
- Oui.
- Ce serait bien que les gens chez eux, dans leur chambre, dans leur salon allument maintenant leur bougie.
- Oui, ce serait super, grâce à la radio, des milliers de petites flammes brilleraient en même temps dans le monde entier.
- Tu veux bien le leur dire ?
- Oui, je veux bien.
- Alors, vas-y !
Mesdames et Messieurs, nous vous proposons d'allumer votre bougie chez vous, afin que sur toute la terre, la lumière de Noël brille dans la nuit, et que de partout on voie bien que c'est Noël.
- Et après ? Les gens ont-ils compris qu'il s'était passé un événement important dans leur région ?
- Oh, non ! La plupart des gens n'ont rien remarqué. C'est plutôt les gens simples qui ont assisté à cette naissance.
- Qu'entends-tu par gens simples ?
- Des bergers, des employés du caravansérail.
- Du quoi ?
- Du caravansérail ! D'habitude on dit une étable, comme ça tout le monde sait ce que c'est. Mais ça fait croire que c'était petit, et qu'il n'y avait pas beaucoup de monde. Un caravansérail, c'est une grande écurie pour les gens qui voyagent, c'est là que dorment les domestiques, les conducteurs d'ânes, et puis c'est là qu'on met aussi, les ânes, les chameaux, enfin tous les animaux. Pour les gens riches, il y a une sorte de dortoir à côté, qu'on appelle la salle d'hôtes. Mais là, à cause du recensement, il n'y avait plus de place.
- Tu en sais des choses.
- J'aime bien l'enseignement religieux qu'on nous donne à l'école, et puis aussi ce qu'on fait dans la paroisse. Comme ça, j'apprends ce qui s'est passé.
- Donc, tu disais que c'était plutôt les gens simples qui étaient là, et qui l'ont vu. Jésus est donc né parmi eux.
- Oui, il est né comme la plupart des gens de son époque, comme il n'y avait pas de maternité, les mamans, mettaient au monde leurs enfants à la maison. Un médecin m'a dit que dans la paille, avec un tissu propre par dessus, c'était encore ce qu'il y avait de plus confortable pour une maman en voyage.
- Et l'histoire du Fils de Dieu s'arrête là ?
- Oh, non ! Au contraire. Elle ne fait que commencer ! Huit jours plus tard, les parents de Jésus se sont rendus au temple à Jérusalem pour présenter et circoncire leur fils. Et là, ils ont rencontré un vieil homme du nom de Siméon.
- Siméon, qui était-ce ?
- On ne sait pas trop. On dit que Dieu lui aurait révélé qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu l'envoyé de Dieu !
- Et il l'a vu ? Ben, oui, l'Envoyé c'est Jésus ! Vous avez de la peine à suivre, on dirait, Monsieur. Mais ne vous en faites pas, moi aussi au début j'embrouillais un peu tout. Donc, Siméon a pris le petit dans ses bras, il l'a serré contre lui, et il a prié : " Maintenant, Seigneur, tu as réalisé toutes tes promesses. Tu peux me laisser mourir en paix. J'ai vu de mes propres yeux ton salut, ce salut que tu as préparé devant tous les peuples. "
Chant de Marielle Vionnet : " O prends mon âme ! "
- C'est une jolie histoire, mais pourquoi fêter la naissance de cet enfant-là ? Pourquoi pas la naissance d'un autre ? D'un enfant d'aujourd'hui, par exemple ?
- Je vous l'ai dit, Monsieur, parce que c'est le Fils de Dieu. Vous comprenez, même si tous les hommes sont aussi ses enfants puisque Dieu les aime tous, celui-ci est unique ! Et puis, il y a surtout la suite de sa vie qui fait qu'on se souvient de sa naissance.
- La suite, oh ! Ça m'intéresse, tu veux bien me la raconter ?
- Mmmh, pas ce soir, ce serait trop long. Il y aurait trop de choses à dire, enfin vous avez entendu le vieux Siméon, il a parlé par deux fois de salut.
- Oui, ça m'a frappé, il a dit quelque chose comme : euh, " j'ai vu de mes propres yeux ton salut ", quelque chose comme ça.
- C'est exactement ça, vous avez une très bonne mémoire. Avec une mémoire pareille, vous n'auriez pas trop de peine à faire votre catéchisme. En effet, quand il est devenu adulte Jésus s'est mis à dire partout que Dieu était Amour. Il ajoutait que cet amour était l'espérance des hommes.
- Et on l'a cru ?
- Certains l'ont cru, pas tous, mais pour qu'on puisse le croire, il a donné sa vie à tous les hommes en mourant au supplice de la croix.
- Donner sa vie ? Pour quoi faire ?
- Ca je veux bien vous l'expliquer, mais après on revient à l'histoire, hein ?
- Promis !
- Bon ! Vous êtes d'accord, Monsieur, que dans ce monde, il n'y a qu'une seule chose qui nous empêche d'être vraiment tout à fait vivant ?
- Heu, attends une chose ? une seule chose ?
- Mais enfin, Monsieur, la mort !
- La mort ?
- Mais oui, Monsieur, sans la mort, nous serions tous vraiment vivants, vous comprenez ?
- Et tu es en train d'essayer de me faire croire que Jésus a supprimé la mort ?
- Non, il ne l'a pas supprimée, il l'a, qu'est-ce que je pourrais dire pour que vous compreniez ? Il l'a transpercée, je crois qu'on peut dire comme ça : maintenant, on peut la traverser !
- Mouais, j'ai l'impression qu'aujourd'hui, il ne reste que des mots, qu'une histoire à raconter le soir de Noël.
- Non. Il nous reste l'essentiel : des gestes à accomplir. Trente ans plus tard, juste avant de mourir, comme je vous disais, dans la nuit où il a été arrêté et jugé, Jésus partageait un repas avec ses amis. Il rompit le pain, et dit : ceci est mon corps offert pour vous. Et après le repas, il prit une coupe de vin, en remercia Dieu, il la tendit à ses amis, et leur dit : ceci est mon sang versé pour vous. Le sang d'une nouvelle alliance. Une alliance d'amour !
- Et ça veut dire quoi ?
- Comme je vous disais, grâce à Jésus, nous pouvons traverser la mort, comme ce soir, nous pouvons traverser la nuit la plus longue grâce à sa lumière et bien, maintenant en partageant ce qu'il nous tend, nous traversons tout ce qui nous sépare. Nous pouvons être plus près les uns des autres.
- Et on les fait quand ces gestes ?
- Chaque fois qu'on est deux ou trois réunis en son nom. Alors comme on est sans doute des milliers ensemble, on peut les faire maintenant, ces gestes ! Nous avons tous un peu de pain et de vin à côté de nous. Nous pouvons les partager, pour que Noël ne soit pas seulement dans les rues et dans les vitrines, mais dans chacune de nos vies, dans nos cœurs et dans chaque maison. J'invite tous ceux qui nous ont reçus chez eux à prendre maintenant le pain et le vin qu'ils ont préparés.
Chant de Marielle Vionnet : " La mémoire d'Abraham "
- Et c'est comme ça chaque 24 décembre ?
- Oui, je crois. On ne chante pas toujours les mêmes chants, on ne dit pas toujours les mêmes choses, mais c'est un peu comme ça chaque fois. Mais je suis trop jeune pour vous dire, il faudrait demander aux grands-mamans et aux grands-papas. Ils ont fait des tas de Noël. Et puis ils aiment bien raconter…
- J'aimerais encore te demander, vous ne parlez de ce Fils de Dieu que le jour anniversaire de sa naissance ? Vous n'avez pas d'autres souvenirs ?
- Si, puisque nous le rencontrons tous les jours.
- Tous les jours, qu'est-ce que tu racontes ? S'il est né il y a deux mille ans - c'est toi même qui l'a dit ! comment tu peux le rencontrer ?
- Ben, c'est normal, puisqu'il est vivant !
- Mais, comment quelqu'un peut vivre deux millénaires, ce n'est pas possible !
- Non, ce n'est pas possible. D'ailleurs, Jésus est mort, il y a longtemps, je vous l'ai dit. Mais il est ressuscité, il a transpercé la mort, il l'a traversée, il est Vivant ! C'est pourquoi nous le rencontrons tous les jours sur la route de notre vie.
- Il est ressuscité, mais c'est incroyable ! Raconte.
- Ah, non Monsieur, ce soir c'est Noël, vous reviendrez à Pâques. Pour le moment, nous voulons nous réjouir de la venue du Fils de Dieu dans notre monde et dans notre histoire, nous voulons remercier tous ceux qui nous ont accueillis chez eux, dans leur chambre, dans leur maison, et nous leur souhaitons tous : UN JOYEUX NOËL !