Dieu nous accueille dans la grande famille humaine

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Vous, les membres de leur famille, avez attendu Illana et Gwenaëlle pendant de nombreux mois. Avant même qu'elles ne viennent au monde, vous les avez entourées de vos pensées. Vos pensées les ont encore accompagnées lorsque vous vous êtes préparés à leur baptême.
Depuis quelques minutes, les milliers d'invités supplémentaires que la radio a ajoutés à votre fête sont en pensée pour Illana et Gwenaëlle. Je vous propose de rassembler toutes ces pensées dans une prière. Prions Dieu qui a accueilli ces deux petites filles au jour de leur naissance et qui aujourd'hui tient beaucoup à ajouter ses « Je t'aime. » aux nôtres.
Prions : Seigneur, nous sommes heureux de pouvoir vivre ce culte et ces baptêmes à la lumière de ton amour. Quelle extraordinaire liberté tu nous donnes de pouvoir accueillir la vie comme un cadeau, parce que tu prends au sérieux nos projets, et parce que nous pouvons recevoir tes promesses avec confiance.
Nous nous réjouissons avec toi et avec leurs familles que Illana et Gwenaëlle puissent entendre que tu les aimes et que tu t'engages à les accompagner tous les jours de leur vie. Merci, Seigneur, de nous confier ces deux petites filles, pour qu'elles puissent grandir et se réjouir de qui elles sont. Merci de nous aider à renoncer aux rêves que nous aurions d'elles, mais à nous réjouir chaque jour de ce qu'elles offriront, de ce qu'elles partageront et de ce qu'elles accepteront de nous.
Nous recevons de toi tout ce que tu nous donnes en ce moment : le réconfort pour ceux qui en ont besoin, la paix pour ceux qui connaissent des jours agités et l'amour grâce auquel nous renforçons les relations qui comptent pour nous. Amen !

Beaucoup de gens sont étonnés de ce que Jésus lui-même a été baptisé – et Jean-Baptiste a été le premier –. En avait-il besoin ? Si le baptême procure le salut, Jésus avait-il besoin d'être sauvé ? Lui, le Sauveur du Monde ? Si le baptême purifie, Jésus avait-il besoin d'être purifié ?
La lecture de l'Évangile nous aidera peut-être à y voir plus clair. Je propose que nous lisions le témoignage de Matthieu à ce sujet. Matthieu (chapitre 3, v. 13 et suivants) raconte que Jésus
13] …venu de Galilée, paraît un jour au Jourdain auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui. [14] Jean voulut s'y opposer : « C'est moi, disait-il, qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi ! » [15] Mais Jésus lui répliqua : « Laisse faire maintenant : c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice. » Alors, il le laisse faire. [16] Dès qu'il fut baptisé, Jésus sortit de l'eau. Voici que les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. [17] Et voici qu'une voix venant des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »
Je vous propose d'acclamer Notre Père et son Fils, et de leur dire notre confiance en chantant. Louange et gloire aux plus hauts cieux, A toi Seigneur et Père…
Pour Matthieu, Jésus est baptisé pour que s'accomplisse toute justice. Toute justice, toute la justice, la justice tout entière ! Ce n'est donc pas Jésus qui bénéficie d'une purification ou d'un salut personnel, mais l'humanité, et je crois qu'on peut dire le cosmos tout entier. Cette fameuse justice de Dieu qu'ont annoncée les prophètes et que le monde entier espère, ou désespère de connaître un jour, cette fameuse justice est accomplie au moment même du baptême.
Alors que pour l'apôtre Paul cette justice est manifestée sur la Croix, par le don de sa vie de Jésus, pour Matthieu elle est accomplie au moment de son baptême ! C'est cela que nous avons à transmettre à Illana et à Gwenaëlle. Pour le moment elles ne comprennent pas un traître mot de ce que je viens de dire. Heureusement elles sont encore toutes petites. Ça nous laisse du temps pour réfléchir et pour nous préparer. Parce que, entre nous, quand pourrons-nous leur dire : « C'est au jour du baptême de Jésus que Dieu a accompli toute justice, et sur la Croix, au moment de la mort de son Fils, qu'Il l'a manifestée ? »
À trois ans ? À 10 ans ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Plus tard ? Honnêtement vous, qui êtes des adultes, vous y comprenez quelque chose ? « Toute justice est accomplie… » Je suis certain que si on commençait à faire le tour de toutes les compréhensions que nous avons les uns et les autres, nous serions bien obligés d'admettre qu'il y aurait débat, un débat certainement passionnant, mais difficile. Avez-vous le sentiment que la justice est accomplie dans ce monde ? J'ai l'impression qu'il y a dans ce domaine encore beaucoup de choses à faire, et qu'Illana et Gwenaëlle feront hélas plus d'une fois l'expérience de l'injustice. Or, le défi que Dieu nous lance est de nous confier une Bonne Nouvelle qui nous dépasse infiniment.
Plutôt que de tenir des discours qui paraissent bien théoriques, et qui sont si difficiles à comprendre, peut-être qu'il convient mieux que nous nous chargions de ce qui est à notre mesure.

Jésus a compris ce qu'est la justice accomplie de son Père. Jean Baptiste, pas tout de suite. Plutôt que de comprendre en posant mille questions à Jésus, Jean choisit d'abord la confiance, alors il a laissé faire. Il a baptisé Jésus. Plutôt que d'essayer de comprendre, pourquoi Jésus semblait inverser les rôles, il a accepté de jouer son rôle. Il a bien fait, puisque sitôt après surgit l'essentiel : une parole ! Quelques mots: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. »
Eh bien, au moment du baptême d'Illana et de Gwenaëlle, nous ferons silence pour entendre cette voix dire « Illana : Tu es ma fille bien aimée, celle qu'il m'a plu de choisir. »
Nous ferons silence pour entendre cette même voix dire à Gwenaëlle : « Tu es ma fille bien aimée, celle qu'il m'a plu de choisir. »
Ce sont les plus belles paroles d'amour qu'on puisse entendre. Être choisi ! Dieu ne nous aime pas, parce qu'il ne peut pas faire autrement. Il nous aime, parce qu'il nous choisit. Ce sont ces mêmes paroles que Dieu avait chuchotées au moment de notre baptême : « Tu es ma fille bien aimée, tu es mon fils bien-aimé, je t'ai choisi… » Alors maintenant, nous comprenons mieux que toute justice est accomplie. Parce que la justice de Dieu naît de quelques mots d'amour chuchotés à notre cœur.
Dieu se sert de toutes les occasions pour nous les chuchoter : nos moments de calme et de silence, nos solitudes et nos abandons. Le baptême est pour lui, non l'occasion de nous aimer et de nous choisir, mais de nous dire qu'il nous a choisis et qu'il nous aime. Voilà l'essentiel que nous avons à dire à Illana et à Gwenaëlle. Leur dire un Dieu qui les aime et qui les a choisies, mais c'est déjà changer le monde pour elles et avec elles !

Leur dire que Dieu les a choisies c'est donner tort à tous ceux qui voudraient les rejeter ou leur barrer la route.
Leur dire que Dieu les aime, c'est leur donner toute liberté à s'aimer elles-mêmes.
Leur dire que Dieu les aime, c'est donner à nos « Je t'aime » toute leur dimension.
Leur dire que Dieu les aime, c'est s'opposer radicalement à tous ceux qui dans ce monde appellent à la haine au nom de Dieu.
Leur dire que Dieu les a choisies, elles aussi, c'est protester contre tous ceux qui justifieraient les exclusions, le racisme, les sectarismes de tout poil.
Quelques mots : je t'ai choisie, je t'aime, c'est le monde qui change, parce qu'il est regardé par les yeux de Dieu.
Peut-être qu'en écoutant bien les mots d'amour que Dieu chuchote à nos oreilles, on commence mieux à comprendre que toute justice est accomplie.
Il suffit de le dire avec des mots d'amour, il suffit de se souvenir que Dieu nous a choisis et qu'il fait de chacun de nous une de ses filles, un de ses fils.
Bienvenue à Illana et à Gwenaëlle dans la grande famille humaine choisie et aimée de Dieu.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Isaline Gerhard
Musique
Anne-France Halter-Michel, soprano