Le Saint-Esprit c’est quoi, ou plutôt c’est qui ? Et je vous pose la question : quelle image en avez-vous ? C’est un peu une question pour les dicodeurs et il serait passionnant de nous écouter les uns les autres. Et voilà que le Saint-Esprit nous ouvre déjà au partage, comme nous aurons l’occasion de le faire hors antenne, tout à l’heure, à l’apéritif.
En partant de nos souvenirs de catéchisme, certains d’entre nous se rappelleront que c’est un des personnages de la Trinité. Bon, mais qu’est-ce que cela veut dire au juste ? De plus, une réponse dogmatiquement correcte nous permettra-t-elle vraiment d’en savoir plus sur le Saint-Esprit ? D’autres l’assimilent à une sorte d’énergie qui se trouve en toute chose et que nous pourrons peut-être capter : voilà déjà une vision du Saint-Esprit un peu magique. D’autres encore y voient une sorte de théorie fumeuse plus ou moins hilarante qui donne lieu parfois à des manifestations tellement bizarres qu’il vaut mieux s’en méfier. C’est trop incontrôlable et ça fait peur !
J’ai encore entendu des gens me dire que la référence au Saint-Esprit les bloquait, car ils avaient souffert d’abus spirituels (ou de manipulations) au nom du Saint-Esprit. Si cela vous est arrivé, je comprends vos réticences et je vous invite à les dépasser.
Le Saint-Esprit est tellement indéfinissable que ce n’est pas un sujet à la mode, même dans les églises. Parler du Saint-Esprit, cela ne fait décidément pas sérieux et cela peut même paraître prétentieux. En fait, faute d’enseignement adéquat, nous sommes tous un peu des handicapés du Saint-Esprit. Nous ressemblons peut-être à ceux-là même qui ont observé les disciples remplis par le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte et qui ont tout simplement conclu qu’ils étaient victimes d’un enivrement collectif.
S’il n’est pas facile de parler du Saint-Esprit, je vais pourtant m’y essayer en partant de mon expérience personnelle. Voici 2 moments de ma vie, parmi plein d’autres, dans lesquels j’ai cru voir la présence du Saint-Esprit :
Quelques jours après être entré en relation avec Dieu pour la première fois, j’avais 17 ans, j’ai décidé de me mettre à son écoute. J’ai soudain reçu l’intime conviction que je devais me rendre le vendredi suivant à la salle de lecture publique à Neuchâtel, à 6h30 pour y rencontrer telle personne avec qui je devais me réconcilier. Un rendez-vous divin en quelque sorte ! Je n’étais pas habitué à de telles intuitions, mais, intrigué, j’ai obéi à cette voix intérieure. Quelques jours plus tard en effet, cette personne s’y trouvait et nous avons pu clarifier la situation entre nous. Alors hasard, prémonition ou Saint-Esprit ? Moi, je crois que Dieu passe souvent par notre intuition pour nous parler, mais que ce jour-là, son Esprit m’a parlé directement.
Autre expérience dans laquelle j’ai été le témoin de l’action du Saint-Esprit : lors d’un cours Alphalive vécu dans notre paroisse, une femme nous a parlé de son passé personnel douloureux. La consigne du secret pastoral m’empêche de vous en dire plus sur sa situation. Nous étions un petit groupe et elle nous a demandé – comme nous en avions l’habitude – de prier pour elle afin qu’elle soit délivrée de son amertume et qu’elle soit guidée pour la suite de sa vie. Nous avons alors demandé au Saint-Esprit de nous inspirer. Après un moment de prière, nous avons partagé tout simplement ce que nous avions reçu pour elle : pour certains un verset de la Bible, pour d’autres une image ou encore une pensée. Il semblait que chaque apport était comme la pièce d’un puzzle qui s’ajustait parfaitement à la précédente. A la suite de cela, cette femme nous a dit sa reconnaissance, car ce qu’elle venait d’entendre de la part du groupe confirmait et complétait ce qu’elle-même avait déjà perçu. A nouveau hasard, magnifique coïncidence ou Saint-Esprit ? Et bien comme nous venions de nous mettre ensemble à l’écoute du Saint-Esprit, nous avons plus cru à son action dans notre groupe qu’à celle du hasard.
Ces signes de la présence du Saint-Esprit ne sont pas réservés qu’aux pasteurs ou à une élite spirituelle, Dieu les promet à tous ceux qui sont prêts à s’ouvrir à sa présence. C’est ce que nous apprend la prophétie de Joël que je vous rappelle : « Je répandrai mon Esprit sur tout être humain, vos fils et vos filles deviendront prophètes, je parlerai par des rêves à vos vieillards et par des visions à vos jeunes. » Je connais personnellement de nombreux paroissiens qui vivent cette réalité : la semaine dernière, c’était une jeune de 15 ans et une grand-maman de 92 ans qui m’en parlait encore avec enthousiasme .
Ce que je retiens de ces expériences, c’est que le Saint-Esprit, c’est du concret ! Il est là pour nous conduire, pour nous éclairer et pour nous aider à comprendre la volonté de Dieu à notre égard. N’acceptons donc pas de rester éloigné du Saint-Esprit : il nous est indispensable pour avoir une vie chrétienne épanouie.
Lorsque nous ouvrons la Bible, nous découvrons à quel point le Saint-Esprit est - avec le Père et le Fils - un personnage tout à fait central. On en parle littéralement des centaines de fois :
Au 2ème verset de la Genèse déjà, lorsque le “souffle de Dieu se déplace à la surface des eaux”. C’est l’occasion de vous apprendre que le souffle et l’esprit traduisent aussi bien le mot « ruah » en hébreu, que « pneuma » en grec et qu’« anima » en latin. Il en va du souffle du vent comme du Saint-Esprit : tous 2 sont invisibles et pourtant perceptibles.
L’Esprit de Dieu agit encore lorsqu’il se pose sur les prophètes pour leur inspirer des paroles que les humains ont besoin d’entendre. Joseph, Moïse, Josué, Elie et tous les autres. Et même sur Jésus, l’Esprit descend comme une colombe le jour de son baptême. Ainsi le Saint-Esprit nous est donné pour nous aider par des paroles et des actions adéquates à nous mettre au service des gens.
L’Esprit de Dieu nous est encore promis par Jésus après son départ : « Je vous enverrai l’Esprit de vérité qui vous accompagnera avec empathie et vous guidera avec bienveillance. C’est lui qui vous rappellera toutes les paroles que je vous ai dites. » Le Saint-Esprit nous montre Jésus, il nous rapproche du Christ, c’est son rôle, c’est lui qui nous fait percevoir comme une réalité la présence de Dieu à nos côtés.
Chose promise, chose due, et chose arrivée le jour de la Pentecôte : alors que les disciples sont réunis, ils entendent tout d’abord un bruit comme le souffle d’un violent coup de vent. Suivi d’un événement pyrotechnique difficilement explicable : comme des langues de feu racontent les disciples, qui se posent sur chacun d’eux, mais sans les brûler. Enfin ils ont la perception d’être remplis du Saint-Esprit et se mettent soudain à parler des langues qu’ils n’avaient jamais apprises.
Sont-ils devenus fous ? Ou ont-ils vécu quelque chose qui sort tellement de l’ordinaire que cela n’est pas étudiable scientifiquement ? Gardons-nous de juger : nous dirons simplement qu’ils ont visiblement vécu une expérience mystique très forte.
Personnellement je n’ai aucune peine à croire que le Saint-Esprit soit intervenu dans l’histoire de ces hommes en les visitant d’une façon étonnante. Tout simplement parce que c’était annoncé par le prophète Joël, parce que je les ai vu vivre par d’autres autour de moi et que j’ai également expérimenté de telles choses. En fait, tous les chrétiens qui ont expérimenté la présence du Saint-Esprit dans leur vie font partie de ces fous qui trouvent finalement assez raisonnable que Dieu ait envie de leur rendre visite.
Le Saint-Esprit, il nous surprend et nous déconcerte. Il nous oblige à nous décentrer de la banalité de notre train-train quotidien, y compris dans notre vie spirituelle. Il nous pousse à entrer dans une dimension nouvelle, qui fait appel à notre écoute, à notre intuition et à notre capacité de donner du sens à ce qui est étrange et inattendu. Le Saint-Esprit, c’est plus qu’une force, c’est un compagnon. Et le plus important n’est pas de connaître des choses sur lui, mais bien de le rencontrer.
Pour recevoir la visite du Saint-Esprit, il n'y a pas de trucs, de technique ou de méthode : nous ne pouvons pas maîtriser le Saint-Esprit et il ne se laisse pas mettre en boîte. Comme toute rencontre, il s’agit d’entrer en dialogue avec lui par la prière, de lui demander sa présence et de se taire pour l’écouter.
C’est ce qu’ont vécu les disciples alors qu’ils étaient réunis tous ensemble dans un même endroit. Vous savez, comme pasteur, j’entends souvent des gens me dire : « Je n’ai pas besoin d’aller à l’église pour croire en Dieu ». Et je leur donne raison : Dieu se trouve où que vous soyez !
Et pourtant, c’est notamment dans l’église que l’Esprit se manifeste : c’est alors que les disciples étaient réunis que l’Esprit est descendu. Lorsque nous nous mettons ensemble à la recherche de l’Esprit de Dieu, alors nous recevons des choses que nous ne pouvons pas connaître dans notre spiritualité solitaire. Oui, cela vaut le coup de nous réunir pour accueillir ensemble le Saint-Esprit. Qu’il vous bénisse et vous garde.
Amen !
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