…et si la neige avait un effet divin

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Écouter le culte :

André : Vous savez ce que le poète Haldas dit de Noël: c'est une révolution cosmique, l'éternité vivante qui se manifeste dans notre quotidien. Mais Haldas dit aussi que Noël n'est pas la douce petite fête de famille: il y a Hérode qui se sent menacé par l'enfant. La puissance terrestre a peur et cherche à éliminer le Christ. Il y aura le massacre des Innocents.
Claire : En fait, ce combat contre la présence de l'éternité vivante, est-ce que cela ne se passe pas aussi en nous ?
André : J'ai cette impression, on ne veut pas laisser la place à cette présence d'éternité ou l'écouter. Par exemple, lorsque se fait entendre une petite voix ou un appel intérieur, ou une intuition, un rêve...
Claire : Il y a un combat en nous, entre différentes parties de nous-même. Notre moi ne veut pas laisser la place à une autre dimension, notre moi ne veut pas devenir second, notre moi ne veut pas se laisser inspirer, conduire par la source d'eau vive.
Françoise : Mais alors la naissance de Jésus n'est pas une bonne nouvelle, elle me met en danger: je risque de perdre ma liberté, mon pouvoir de décision, je vais devoir obéir à Dieu !
André : On va devoir se sacrifier, faire sa volonté. Je trouve que ces mots d'ordre ont conduit les croyants à des folies ou des amertumes ; on veut se donner pour les autres et finalement on devient une église de devoir qui ne donne pas très envie.
Françoise : Je n'ai pas l'impression que c'est ça le mystère de Noël et de l'éternité vivante. Si on a appelé cela la bonne nouvelle, c'est que cela doit en être une !
Claire : Il s'agit de naître, de naître à quelque chose, il ne s'agit pas de se sacrifier.
Françoise: Ah, j'ai justement là une parole d'un mystique du Moyen Âge, Jean Tauler qui dit cela : Tes idoles à toi, c'est tout ce qui empêche cette naissance éternelle de s'accomplir en toi d'une façon immédiate. Ce qui t'est le plus proche, voilà ton ennemi : cette multiplicité d'images qui cachent en toi le Verbe et s'étendent sur Lui, empêchent cette naissance. Puisse chacun de nous donner place en lui à cette noble naissance !
André : C'est ça, je suis pris par les multiples activités de mon existence, je la prends tellement au sérieux, je me prends trop la tête et j'oublie. Je perds le contact avec la présence de Dieu, avec cette éternité vivante dont parle Georges Haldas. C'est comme si on devait lever un peu le pied.
Claire : Quand il y a eu toute cette neige début décembre, c'est ce qui m'est arrivé: j'ai dû annuler des rendez-vous et cela ne posait pas problème. Tout était plus calme, plus paisible, on se prenait moins la tête, c'est comme si la neige avait eu un effet divin.
Françoise : C'est vrai, il y avait comme de la paix, on était plus souriant, je n'ai jamais vu autant les gens sourire, se parler entre eux. Sur le quai de gare, ils disaient : "Ah, il y a seulement un train aujourd'hui" et ils n'en faisaient pas tout un plat.
Claire : Je me demande de quelle neige j'ai besoin ? Pour pouvoir revenir à l'essentiel, dans la joie et le plaisir.
André : Voilà le chemin que je cherchais de la bonne nouvelle, le Christ ne nous demande pas de nous sacrifier, mais de laisser faire cette présence de lumière, d'éternité en nous, de lui laisser de la place. Elle est comme la neige bienfaisante. Notre moi n'a pas à tout porter, tout décider. Il y a en nous une présence plus grande qui va nous conduire sur un chemin de vie et vers la paix. Une présence sur laquelle nous pouvons nous appuyer.
Claire : J'ai entendu une phrase l'autre jour qui me trotte dans la tête: Le Christ aurait pu naître mille fois à Bethléem, s'il n'est pas né dans mon cœur, il est né pour rien ! Cela me parle, il me semble que quelque chose est appelé à naître en moi, une autre manière d'être, je peux même dire que je sens quelque chose de cette naissance
André : Eh, oh, attention, il ne faut pas non plus se prendre trop la tête là. Il y a des personnes qui veulent absolument faire de grandes choses, sauver le monde.
Claire : Mais moi, ça me parle que j'accomplisse quelque chose avant ma mort, que j'aie pris soin des mes proches, je n'aimerais pas arriver à la fin de ma vie et réaliser que je n'ai pas rencontré des personnes, que je ne me suis pas ouverte à la source de vie.
Françoise : C'est vrai, je trouve important de faire quelque chose, on ne peut pas rester seul dans son coin les bras ballants, il faut se bouger.
André : Attends, il ne s'agit pas de ne rien faire, mais on peut quelques fois simplement être là et ressentir que tout est là, qu'on n'a pas besoin de faire.
Claire : Cela rappelle vraiment la neige, cette révolution peut se faire dans la paix, retrouver l'éternité présente en nous. On peut ne rien faire, tout est là. C'est comme des petits moments d'éternité. Cela ne veut pas dire qu'on ne doit rien faire, mais on peut le faire plus simplement, pas pour devenir de grands hommes puissants.
Françoise : Trouver cette paix en nous, je trouve ça important. J'avais fait des cours de détente corporelle et on devait trouver une image qui nous faisait du bien et y repenser dans les moments de difficulté et je trouve que cela aidait.
André : Et si on accueille cette image de Jésus qui naît dans une grotte, comme s'il naissait dans notre cœur. Il y a aussi l'icône de Marie avec le Christ qui est en elle. Si on laisse cette image nous habiter soit dans des moments de solitude ou de prière, cela peut nous éveiller à la réalité de la présence divine en nous, cette présence qui naît dans notre cœur, qui est dans notre cœur de toute éternité.
Claire : J'aime bien aussi cette autre parole d'Angélius Silésius : "Ah, si seulement tu pouvais devenir crèche ! Dieu, une fois encore, sur cette terre deviendrait enfant."
Françoise : Et rien de tel que l'hiver pour prendre le temps pour se laisser devenir crèche, se laisser enfanter, laisser être cette naissance intérieure.
André : Est-ce que c'est pas un peu doucereux, un peu trop joli ce qu'on raconte? Si on repense à cette violence dont on parlait au début. La vie est tout sauf rose, comme un nouveau-né. Ça chauffe, ça barde, on se dispute, on ne se comprend pas, on n'a plus de force ou on a envie de se venger.
Claire : Mais justement, si on s'arrête, si on y croit à cette présence, à cette éternité vivante en nous, alors j'aurais moins peur dans les défis et les drames de la vie. Nous avons une grotte intérieure qui ne disparaîtra pas, un amour infini sur lequel nous pouvons prendre appui et qui dure éternellement. Un arc-en-ciel.
Françoise : Le Christ nous appelle à faire des aller-retour, vers la grotte intérieure et vers le concret de la vie, avec ses difficultés et ses beauté,s et peut-être que nos pas fleuriront, ou en tous cas des petites naissances auront lieu. On arrivera à se parler et même à pardonner.
Amen !

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Détails

Avec la participation de
groupe "Et si on en parlait"
Orgue
Edith Lang
Musique
Carole Reuge (flûte traversière); Choeur paroissial (12p), dir. René Rihs