Écouter le culte :
Chez monsieur et madame Abia, ça tournait rond ! Ils avaient une vie rangée, réglée comme du papier à musique. Elle, Elisabeth, descendait d’Aaron, lui, Zacharie d’un certain Abia. C’était son nom de famille. Ils s’appelaient Abia comme on s’appelle Durand, Martin ou Jaccard ! Zacharie, ça veut dire : Dieu se souvient et Elisabeth : Dieu est promesse. Lui comme elle sont bien nés, de braves gens, de la haute société, une bonne réputation. Ils étaient heureux et fiers de servir le Seigneur. Zacharie était prêtre, avec un nom pareil, c’est normal ! Ce jour-là, en allant travailler au temple, il a été désigné pour aller présenter l’offrande devant Dieu. Zacharie va devenir un personnage important pour un jour ! Prière de la foule au-dehors, tandis que Zacharie brûle le parfum devant Dieu et prie lui aussi.
Dans leur vie bien rangée, il y avait un hic ! En fait, ils n’étaient pas vraiment heureux : il leur manquait quelque chose ou plutôt quelqu’un. Ils étaient justes devant Dieu, formaient un beau couple, mais ils n’avaient pas d’enfant. A leur époque, bien plus qu’aujourd’hui encore, c’était très mal vécu. Si on n’avait pas d’enfant, on n’existait pas vraiment, notre vie n’avait pas de sens. Pourquoi n’ont-ils pas d’enfant ? Ils ne méritaient pas pareille injustice. Ils n’avaient rien fait de mal, ils étaient irréprochables, très croyants. Ils aimaient Dieu et Dieu les oublie ou même les maudit, on dirait ! Parfois, le soir avant de s’endormir, Elisabeth repassait dans sa tête son désir d’être mère, d’avoir un enfant. Elle se sentait anormale, punie. Et souvent, elle se mettait à prier.
Zacharie lui aussi avait la larme à l’œil en voyant jouer les enfants de ses voisins. Autrefois, il en parlait à Elisabeth, mais maintenant non. C’était souvent le silence, quelques soupirs quand ils entendaient une naissance chez des cousins ou des amis. L’un et l’autre pourtant, continuaient à prier.
Imaginée et écrite par les catéchumènes: qu’est-ce que Zacharie et sa femme ont pu dire à Dieu quand ils apprennent la naissance d’enfants chez des voisins. Prière de doutes ? Confiance malgré tout? Incompréhension du silence de Dieu ?
Zacharie vient d’être désigné par le sort pour entrer dans le saint des saints. C’est lui qui va avoir l’honneur de se trouver tout près de Dieu pendant que les fidèles attendent dehors. Silence, respect : il prie et le parfum monte vers Dieu comme sa prière. Zacharie est en tête à tête avec Dieu, il est seul dans le sanctuaire, la foule est sur l’esplanade et prie aussi Ne sentez-vous pas cette bonne odeur d’encens ? Un nuage odorant ! Tout le temple en est rempli, ça sent jusque dehors.
Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi Zacharie sursaute-t-il ? Attendez, avec tout ce parfum qui brûle, il y a de la fumée et dans la pénombre mes yeux doivent s’habituer à cette lumière étrange. Ah oui, je vois mieux maintenant, Zacharie n’est plus tout seul, étrange ! Qui est ce personnage tout de blanc vêtu qui semble lui parler avec autorité ? Non : pas possible ! Quel choc : mais c’est un ange, ma parole ! Je comprends pourquoi Zacharie a eu peur. Comment réagiriez-vous si un ange venait comme ça près de vous alors que vous êtes en train de prier ?
« Chut , écoutons ce qui s’est passé dans le temple »
Zacharie : (en prière) : Ô Dieu dans la cité de Sion, tu mérites bien que chacun te loue. Tous les humains viennent à toi chargés de leurs fautes, nos torts sont trop lourds pour nous, mais toi tu peux les faire disparaître. Heureux ceux que tu admets à passer un moment chez toi. Nous aimerions profiter pleinement de ce qu’il y a de meilleur dans ta maison.
Gabriel : Salut Zacharie, Dieu est avec toi !
Zacharie : Qui es-tu ? Tu m’as fait peur ! Normalement, je dois être seul ici pour l’offrande du parfum, le public attend dehors.
Gabriel : C’est vrai, mais moi je viens t’annoncer une bonne nouvelle de la part de Dieu. Tu auras un fils, tu l’appelleras Jean, il sera un grand prophète et il ramènera beaucoup de gens vers Dieu. Pour te dire cela je peux bien entrer dans le temple, non ? Ce n’est pas ce que tu souhaitais très fort avec ta femme Elisabeth ? Avoir un enfant ?
Zacharie : Mais oui, mais c’est trop tard, nous sommes trop vieux pour avoir un enfant. Dieu nous a oubliés. Depuis le temps qu’on le lui demande. Tu te trompes, ce n’est pas possible !
Gabriel : Alors là Zacharie, tu as trop parlé ! Si c’est pour dire de pareilles bêtises, il vaut mieux que tu sois muet jusqu’à la naissance de l’enfant ! Tu oublies ce que ton nom veut dire : Zacharie, Dieu se souvient. Dieu ne t’a pas oublié, c’est cela ce que je devais te dire.
Alors là, Zacharie a pris peur, il tremblait, il a eu le bec cloué comme on dit ! L’ange avait l’air fâché, brusque aussi avec ses airs d’envoyé principal, d’envoyé spécial ! On aurait dit un faucon dressé au bout d’un poing. On ne le voit pas venir et il est là, presque menaçant. C’est son tempérament : on ne rit pas avec ces choses-là. Dieu répond à nos prières et nous refusons sa réponse ! Nous mettons en doute sa parole. Parfois comme Zacharie nous pouvons rester sans voix : on ne sait plus quoi dire ! Dieu a touché au plus profond de la secrète angoisse de son serviteur et bingo ! Zacharie et Elisabeth vont avoir un enfant, Dieu a répondu, enfin ! Ne crains pas, ta prière a été exaucée. Comme c’est bon d’entendre ça, des paroles qui réchauffent, qui vont droit au cœur. Des paroles qui consolent, qui redonnent du courage. Non ?
Zacharie ne sait plus que dire, il n’en demandait plus tant ! Sa prière est exaucée et si c’était une mauvaise blague ? Une arnaque ? S’il était victime d’un escroc ? Alors là, Gabriel se fâche. Il a un nom à présent : l’ange Gabriel fait taire Zacharie jusqu’à la naissance de l’enfant. « Ma prophétie venait du Seigneur, elle s’accomplira. »
Et les autres alors ? Et ceux qui sont restés dehors ? Que vont-ils penser de tout ça ? Ils doivent trouver le temps bien long. Quand Zacharie est enfin sorti, les gens ont bien vu qu’il s’était passé quelque chose : mais quoi ? Mystère ! Zacharie est muet, il est choqué.
A la fontaine de Nazareth
Tamar : Marie, tu as entendu parler de ce qui s’est passé l’autre jour au temple ?
Marie : Non Tamar. Ici à Nazareth, on n’est pas au courant de tout !
Tamar : Ce qui est arrivé à Zacharie ?
Marie : Quoi donc ?
Tamar : C’était son tour de célébrer. Il est resté longtemps dans le sanctuaire ; tout le monde commençait à s’inquiéter. Et quand il est sorti du temple, il ne pouvait plus parler.
Marie : Il était devenu muet ?
Tamar : Eh oui, il ne peut pas raconter ce qui s’est passé entre Dieu et lui.
Marie : Tu crois qu’il a eu une vision ?
Tamar : C’est ce que disaient les prêtres en tout cas.
Marie : Quand cela s’est-il passé ?
Tamar : Il y a environ 6 mois.
Marie : Et Zacharie ne parle toujours pas ?
Tamar : Eh bien non, pas que je sache !
Comment Zacharie a-t-il pu tout expliquer à Elisabeth ? Par gestes ? En écrivant sur des tablettes si elle savait lire. Toujours est-il que ce qui devait arriver, était arrivé : Elisabeth était enceinte. Elle n’a rien osé dire à ses voisins. Elle était un peu comme son mari : réduite au silence, ne rien dire à personne. Si on se moquait d’eux ? Pourtant au fond d’elle, elle pensait bien que c’était l’œuvre du Seigneur, que Dieu avait jeté un regard favorable sur elle et qu’il avait répondu à ses prières.
Recueillons-nous dans la prière :
« Ô Seigneur, parfois comme Zacharie, je doute et je me pose des questions. Es-tu vraiment là ? Me réponds-tu vraiment ? Ton projet de paix et d’amour pour notre monde est immense et tu comptes sur moi le pour le réaliser. Comment est-ce que je vais faire ? Vais-je être à la hauteur ? Est-ce que j’y arriverai ? J’ai déjà bien du mal à accomplir les petits projets de ma vie.
Parfois je pense même que tu es un Dieu silencieux et distant, alors que tu te tiens si proche de nous, nous parlant de mille manières que nous ne voyons pas hélas ! Seigneur viens en aide à notre incrédulité, à notre manque de confiance. Dans les combats de tous les jours, viens nous armer de ta puissance d’amour. Amen ! »
Elisabeth attendait, heureuse. Parfois on l’entendait chanter. On ne comprenait pas toutes les paroles, mais ce n’était pas grave. Elle était heureuse, et son chant était comme une prière.
Maintenant le bébé est né : c’est un joli garçon ! Tout le monde est venu féliciter les heureux parents : qu’est-ce qu’il est mignon ! C’est tout le portrait de son père ! Regardez, il a les yeux et la bouche de sa maman. Il a une belle voix tout de même, on l’entend bien ! C’est l’œuvre de Dieu assurément. Avoir un enfant si tard, c’est inespéré ! Elisabeth est si heureuse et Zacharie ne dit toujours rien. Quand va-t-il parler enfin ?
Un voisin : Elisabeth, il faut l’appeler comme Zacharie son père !
Elisabeth : Il n’en est pas question !
Un voisin : On n’a jamais vu ça ! Un fils aîné doit porter le prénom de son père. C’est la coutume. Tu ne vas changer la coutume tout même ?
Elisabeth : Il s’appellera Jean.
Un voisin : Et pourquoi donc ? Il n’y a personne dans ta famille qui se prénomme ainsi. Tu déraisonnes. Zacharie : comment veux-tu appeler ton fils ? (temps de silence pour imaginer Zacharie en train d’écrire). Son nom est Jean, ça alors !
Zacharie : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël car il visite son peuple. Et toi petit enfant, mon fils, tu seras appelé prophète du Dieu Très-Haut et tu marcheras devant le Seigneur pour préparer ses chemins.
Son nom est Jean. Voilà ce que Zacharie a écrit sur une tablette. Son nom est Jean, son nom est Dieu fait grâce. Oui, Le Seigneur est un Dieu qui fait grâce, l’ange l’a annoncé, est-ce que nous le croyons ? Dans nos doutes, nos questions, nos silences : Dieu se souvient de nous et nous fait grâce, il nous pardonne. Il entend nos prières, nos interrogations, il nous écoute et nous répond.
Voilà ce que Zacharie a vécu, il l’inscrit en toutes lettres sur une tablette pour ne pas l’oublier. « Son nom est Jean », son nom est Dieu fait grâce, Dieu de pardon, Dieu de Paix. C’est bien Jean le Baptiste qui rendra témoignage au Dieu qui fait grâce en Jésus-Christ. La nouvelle se propage vite, elle suscite des interrogations. Alors Zacharie bénit Dieu et le loue. Toute la Judée est dans l’espérance et nous avec elle. Dans ce temps de l’Avent, nous attendons nous aussi, la venue du Messie. C’est la raison pour laquelle, sur les couronnes de l’Avent que nous avons chez nous ou qui se trouve dans nos églises, nous allumons semaine après semaine : une bougie supplémentaire. Ce matin trois bougies sont allumées : nos prières montent comme celle de Zacharie dans le temple, nous prions pour qu’enfin nos nuits de doute, de tristesse, d’angoisse prennent fin. Nous voulons retrouver le chemin de la paix et de la confiance. Ecoutons ce que disait l’ange à Zacharie : sois sans crainte, Dieu fait grâce.
Amen !