Écouter le culte :
Ici le répondeur automatique de …
Vous êtes bien sur la boite vocale de …
L’abonné est absent, mais vous pouvez laisser un message …
Après le bip c’est à vous !
Quand ça arrive, il y a toujours une petite angoisse. J’aime pas parler à une machine m’ont confié bien des personnes âgées. De nos jours, quand on n’est pas là, on est là quand même. Courriel, SMS, internet, Facebook, tout le monde ou presque communique en permanence, même à son insu ! Et y en a qui deviennent tout nerveux quand ils sont dans une endroit « sans réseau ». Quelle horreur ! : ne pas être atteignable et dans l’incapacité d’appeler.
Et pourtant, ça fait du bien de temps en temps d’être quelques instants seul au monde, seul avec le silence, seul avec soi-même, seul et réconcilié, seul et heureux de faire partie de ce grand tout que Dieu a voulu pour nous.
C’est peut-être là que l’on saisit le mieux la promesse de Jésus : Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. Je suis avec vous dans vos bonheurs flamboyants, je suis avec vous dans vos batailles perdues, je suis avec vous dans le doute et dans la certitude, je suis avec vous dans la douleur et dans l’abandon, je suis avec vous maintenant, aujourd’hui, et demain, et encore et encore.
Celui qui dit cela est sur le point de partir. Sa montée vers Jérusalem s’est soldée par le fiasco de Golgotha. Mais même si La mort a cru le prendre, elle a du le rendre et après une quarantaine de jours, de rencontre en rencontre, le temps est venu pour Jésus de tirer définitivement sa révérence. Avec sobriété Luc raconte à Théophile son ami comment ça s’est passé : quelques instructions données par Jésus, la promesse de l’Esprit saint, son départ et les disciples qui continuent de regarder le ciel, sûrement abasourdis par ce qu’ils viennent de vivre, jusqu’à ce que deux hommes en blanc les ramènent au ras des pâquerettes. Qu’est ce que vous avez à regarder le ciel comme ça ?
Le ciel, c’est beau ! magnifique ! Moi-même je suis amateur d’astronomie et j’aime passer des heures à regarder le ciel. Mais pour aller à la rencontre des humains ce n’est pas là haut que ça se passe, mais ici en bas, sur notre terre. Merci Messieurs les messagers en blanc de nous avoir rappelé cela.
Les disciples, traumatisés par le drame de Golgotha, bouleversés par le tombeau vide du matin de Pâques, chamboulés par quelques rencontres avec le ressuscité, vont maintenant au-devant d’un nouveau défi : apprendre à vivre avec un permanent absent. Et très vite ils vont s’apercevoir que c’est un défi énorme, qui se paiera dans la douleur et la haine, les persécutions et le martyre, comme nous le raconte le livre des Actes et l’histoire de l’église des débuts, « ceux de la voie » comme on les appelait. Pourquoi et comment ont-ils tenu le coup, résisté, persisté dans leur foi ?
Matthieu termine les vingt-huit chapitres de son évangile par cette promesse de Jésus : Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. Sûrement que cette parole a réchauffé le cœur des amis de Jésus ce jour de l’ascension. Mais comment comprendre cette promesse de la part d’un « partant » ? Je pars et je suis avec vous… Pas très logique ça. Ou peut-être une autre logique.
Un catéchumène m’a demandé une fois : Monsieur c’est quoi la différence entre le corps, l’âme et l’esprit. Je lui ai répondu sans trop réfléchir – tant je crois qu’à ce moment les mots m’ont été donnés par un autre plus grand – le corps, je lui ai dit, c’est ta chair, tes rires et tes larmes, ton labeur et ton repos ; ton âme, c’est la part de toi qui est en quête de Dieu et l’Esprit c’est la part de Dieu qui t’est accordé en compagnon. Et je dis « l’Esprit » et non pas « ton esprit », car cela ne t’appartient pas. C’est la part de Dieu.
De ses trente ans de chemin parmi nous, Jésus a fait la vivante démonstration de l’accueil bienveillant de cette part de Dieu, l’Esprit accordé en compagnon, dans chaque instant de sa vie. Durant son temps ici bas il n’a cessé de proclamer l’amour énorme de Dieu pour toute sa création et pour chaque humain « parce vous le valez bien » pour le dire en langage pub.
Et quand les temps sont noirs et difficiles, comme pour les disciples au lendemain de ce drôle de départ, qu’il nous soit donné de pouvoir prier même si c’est pour dire la parfois douloureuse absence.
Hetty Hillesum, femme juive hollandaise, déportée et disparue dans les chambres à gaz nazi, a écrit dans un moment de tourment extrême Aide-moi à abriter ton absence. C’est peut-être ça le secret de cette fête de l’ascension : apprendre à abriter cette absence avec douceur et confiance pour y cueillir, comme au fond d’un puits, la tendresse de Dieu et l’amitié de Jésus.
Amen !