C’est ainsi dit l’amour

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Écouter le culte :

Satisfait ou remboursé, en grosses lettres sur l’emballage, comme une assurance tout risques. Vous achetez et si jamais ça ne vous plaît pas, vous retrouvez votre mise ! Les commerçants savent bien que les gens demandent rarement d’être remboursés, mais c’est un bon plan pour vendre. Et vendre, acheter, faire du commerce, ça fait tourner le monde, comme chacun le sait !
Ce monde, plein de promesses mirobolantes et d’astuces monnayables pour transformer notre terre en une gigantesque machine à consommer, image du bonheur parfait. Et pour préserver ce bonheur, nous avons besoin d’assurance. De toutes sortes ! Car tout ce pari sur la production et la consommation doit être protégé par des assurances. Sur la vie, contre les dégâts de l’eau et du feu, pour la voiture, pour la santé, contre la maladie, bref, de quoi remplir un gros classeur.
Ainsi nous sommes tous – moi aussi – assurés contre toutes sortes de menaces. En même temps, tout au fond de nous, nous savons bien que toutes ces assurances ne préservent que la carapace de la vie et non son cœur. Ne peut être assuré – c’est-à-dire tenu pour sûr, à aucun prix, ce à quoi nous tenons le plus,.
Ce qui bouillonne dans la tête de ces jeunes, leurs rêves, leurs projets d’avenir, leur découverte du monde qui se déploie pour eux, rien de tout cela ne peut être assuré d’aucune manière. La joie d’être parent et tout ce qui s’ensuit de bonheur et de soucis, de coups durs et de satisfactions, rien de tout cela ne peut être assuré d’aucune manière.
Le bonheur des vraies solidarités, tissées au long du quotidien, les rencontres fortuites qui illuminent une journée, le bonheur d’un foyer, rien de tout cela ne peut être assuré d’aucune manière. C’est d’un autre ordre. C’est de l’ordre de la promesse. C’est ce que l’apôtre Paul appelle la certitude de l’espérance.

Qu’est-ce qu’une promesse pour nous, pour toi aujourd’hui ? Je veux dire , quelque chose que tu ne peux pas acheter, ni prendre de force, quelque chose qui redonne vie à la vie en toi, quelque chose qui restaure toute la beauté de l’enfant de lumière en toi.
Qu’est-ce qu’une promesse pour nous, pour toi aujourd’hui ? «Chose promise, chose due », comme on dit. La promesse garantie, alors que – paradoxalement -, c’est tout faux, car une promesse ne peut jamais être un dû, c’est juste un cadeau, un chemin possible, une ouverture vers un avenir partagé.
Qu’est-ce qu’une promesse pour toi aujourd’hui ? Non pas quelque chose que tu n’as pas encore ou que tu as déjà, mais une ouverture qui donne un sens à ta vie.
La promesse dont l’évangile nous parle aujourd’hui, c’est comme un pont entre déjà et pas encore. C’est une fragilité avouée devant les menaces du monde, mais aussi la volonté d’y voir une fenêtre vers l’espérance ; c’est une bienveillance mise en pratique, à l’image de Jésus qui promet tout, mais qui n’assure rien. A l’image de Jésus qui s’engage de toute sa vie, jusqu’au comble de la souffrance et de l’abandon, jusqu’aux sommets du non-jugement et de la compassion.

Voilà la promesse de la chambre haute de Jérusalem, voilà la promesse aux amis du Mont des Oliviers, voilà la promesse pour nous ce matin : Je vous promets l’Esprit qui console et qui rend libre ! Cette promesse ne nous évitera pas les chausse-trappes et les sables mouvants de ce monde; elle ne nous met pas à l’abri et ne nous épargne pas les questions douloureuses. Le fait de mettre ses pas dans ceux de Jésus, n’est pas un achat avec garantie, ni de l’ordre du satisfait ou remboursé …
Je vous promets l’Esprit qui console et qui rend libre ! Mais c’est parfois difficile de vivre avec une promesse toute nue, comme celle de l’évangile. Dans ces moments il est bon de se rappeler que cette promesse va de pair, non pas avec un certificat de garantie ou un engagement solennel, mais avec une prière !
Moi, je prie pour eux, dit Jésus. Je ne prie pas pour le monde, mais je prie pour ceux que tu m'as donnés. Oui, ils sont à toi.

Je vous promets l’Esprit qui console et qui rend libre ! A partir de là c’est un pari sur l’amour qui s’engage. L’amour que Jésus n’a cessé de manifester à ceux qu’il rencontre, l’amour de son Père du ciel dont il témoigne avec force, l’amour comme un choix ultime même devant la mort.
Je vous promets l’Esprit qui console et qui rend libre ! Libre de la haine et de la peur, libre pour s’épanouir et fleurir de toute votre vie, libre d’aimer à tort et à travers.
Je termine avec les paroles d’un poète : Erich Fried (1921-1988) de parents juifs. Après l’assassinat de son père par la Gestapo en 1938, il fuit à Londres, où il passa le reste de sa vie. Il aurait pu sombrer dans l’amertume et pourtant il a écrit cet hommage magnifique à l’amour « malgré tout » …

C’est ainsi dit l’amour

C’est absurde dit la raison,
C’est ainsi dit l’amour.

C’est terrible dit le jugement,
C’est douloureux dit la peur,
C’est sans espoir dit l’intellect,
C’est ainsi dit l’amour.

C’est ridicule dit l’orgueil,
C’est risqué dit l’indifférence,
C’est impossible dit le doute,
C’est ainsi dit l’amour.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Anne Chollet
Musique