Présence et lumière de Dieu

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Écouter le culte :

Jésus dit : « mon Père et moi, nous viendrons à vous, nous viendrons habiter chez vous » ! Ça, c’est une promesse vraiment extraordinaire !
Oui, c’est vrai. Dieu chez nous. Dieu à demeure. C’est super ! Cependant, n’y a-t-il pas des conditions qui accompagnent cette promesse de Jésus dans l’évangile de Jean ?

En effet : « Si quelqu’un m’aime… » dit Jésus.

Ah oui, comme ça, c’est bien. Ça paraît simple. J’aime Jésus, bien sûr. Comment ne pas l’aimer ?! Donc le Père va m’aimer. Et ils vont habiter chez moi. Facile.

Il y a encore une autre condition. Jésus continue : « Si quelqu’un m’aime, il obéira à ma parole, et mon Père l’aimera ».

Ouh là ! Pas si facile, alors ! Obéir à la parole de Jésus. Ce n’est pas seulement l’écouter, ou la lire, c’est la mettre en pratique.
Mettre en pratique la parole de Jésus. Encore, individuellement, il y a des gens qui y arrivent. Des justes, des lumineux.
Moi, personnellement, il y a des moments, des jours, où je me sens de leur nombre. Où je me sens de ceux qui aiment Jésus et obéissent à sa parole… Et puis, sincèrement, il y a d’autres moments où… je dérape, où je dévie.

Mettre en pratique la parole de Jésus. Et en communauté, en Église, c’est compliqué d’être tous au même diapason. Bon, l’Église est meilleure que l’ensemble de celles et ceux qui la composent. Il y a des gens extraordinaires qui « compensent » peut-être ceux qui se laissent aller. Il y a des merveilles qui s’accomplissent. Et il y a aussi des horreurs commises dans l’Eglise ou au nom de l’Église… L’Église, et les Églises qui la composent, aiment-elles assez Jésus pour que Dieu, non seulement prenne soin d’elles, les accompagne et les soutienne, mais vienne « habiter chez elle-s » ?

Mettre en pratique la parole de Jésus. Pas facile en tant qu’individu, difficile en tant que communauté. Et en tant qu’humanité, pour que Dieu et Jésus viennent habiter dans notre monde… alors là, c’est une encore autre affaire !

Notre monde n’est pas très aimant, en général. Alors pour aimer Jésus… Et pour ce qui est d’obéir à sa parole… Il faudrait en rénover des choses ! Pourtant, c’est la promesse de l’Apocalypse aussi. Une terre nouvelle, un ciel nouveau. Oui, Dieu va faire toutes choses nouvelles. Terre et ciel. C’est une belle promesse. On se réjouit de retrouver un jardin d’Eden. Tous végétariens et à poil entre le serpent et la pomme (ou plutôt le… fruit !). Retour au jardin d’Eden, donc ! Ah non ! Ce n’est pas le retour au paradis perdu qu’annonce le visionnaire de l’Apocalypse. Pas de retour en arrière, mais plutôt un « retour en avant », un « retour vers le futur », si j’ose dire.

Ouais. OK… Pourtant, la plupart d’entre nous, c’est le passé qui nous attire, c’était tellement mieux autrefois. L’hiver était plus blanc (quoi que, cette année…), les gens étaient plus gentils, les farces étaient plus drôles, il y avait moins de chômage, les jeunes étaient plus soumis…

Le regard sur le passé est souvent affectueux. On se souvient des moments forts, on les idéalise. En fait, peut-être que le bon vieux temps est vieux, mais pas si bon que cela. Il n’est que de repenser à la crise de 29, les faillites de nos paysans alcooliques qui déprimaient, de la mortalité infantile…
Non, dans l’Apocalypse, ce n’est ni le jardin d’Eden, ni l’autrefois qui est annoncé : c’est une ville nouvelle ! Une ville aux mesures de Dieu, une Jérusalem nouvelle, extraordinaire, divine… mais bel et bien une ville ! Dieu ne renie pas tout ce que les humains ont fait, inventé et construit.

Alors, Dieu ne fait pas table rase ! Il ne revient pas au jardin d’avant les humains. Au contraire, il fait sa demeure dans notre monde sous forme d’une ville.
Il vient habiter parmi nous tels que nous sommes, dans notre monde tel que nous l’avons fait…

Il passe même par-dessus ce que nous avons défait : c’est ce que promet le prophète Amos : « je relèverai la hutte qui croule, j’en colmaterai les brèches, j’en relèverai les pierres ». Pour le prophète Amos, Dieu parle d’Israël, mais nous pouvons entendre cette proclamation à la mesure de l’humanité.

À la mesure de la Jérusalem nouvelle promise dans l’Apocalypse. Dieu nous relève, il nous remet debout. Il colmate les brèches.
Il nous offre une ville. Une ville à la fois nouvelle, et en même temps appuyée sur le passé, puisque ses portes sont nommées d’après les douze tribus d’Israël, et ses assises, ses pierres de fondation selon les douze apôtres du Christ.
Une ville appuyée sur le passé des humains, des humains avec Dieu, et en même temps cité de l’avenir, cité nouvelle, cité aux proportions divines : 12 en est la mesure, de tous côtés, le chiffre douze qui symbolise dans la bible ce qui est complet, parfait.

Chez nous aussi, on a longtemps compté par douzaine-s. Et même les œufs se vendent encore par douzaine… ou en tout cas par 6, par demi-douzaines. Une ville qu’on mesure en douzaine. Une ville parfaite.
Et même plus que parfaite puisque là, dans cette ville, est employé le chiffre douze au carré, 144 sert de mesure. Mesure d’architecte certifiée divinement par un ange ! Il emploie une mesure humaine, cet ange, un roseau, mais en or tout de même, pour symboliser l’exceptionnel ! Cette ville est parfaite, divine, et en même temps à la mesure des hommes. C’est bien notre ville nouvelle, offerte par Dieu.

Il ne s’agit pas seulement de mon salut personnel, de ma vie nouvelle à moi. La promesse de la ville nouvelle, c’est une promesse pour la communauté, pour l’humanité. Une promesse de vie dans notre ville, de vie en relation avec d’autres, avec les autres. Et cette ville merveilleuse est totalement dans la main de Dieu. Plus besoin de Temple, puisque Dieu y est présent immédiatement. Plus besoin de soleil ni de lune, puisque la lumière divine l’illumine, et que Jésus en est le flambeau. Ce Jésus qui, même dans ce passage triomphant de l’Apocalypse, est tout de même appelé l’Agneau. Là non plus, Dieu ne fait pas table rase : Jésus est l’Agneau sacrifié, celui qui est passé par la croix, par la mort, pour porter tout le mal, pour porter toutes les erreurs des humains.

La vie nouvelle, promise en Dieu, s’appuie sur le don qu’il nous a fait de son fils. Sur la lumière de Pâques. Cette nouvelle vie est promise à chacun d’entre nous. Et nous pouvons en vivre dès aujourd’hui. La ville nouvelle est à la fois promesse d’avenir et déjà accomplissement. Cette ville, nous y habitons chaque fois que la foi gagne sur le doute, chaque fois que nos actes gagnent sur le mal. Nous y habitons chaque fois qu’ensemble, chaque fois qu’en relation, nous faisons chemin les uns avec les autres, et chemin les uns pour les autres. Nous y habitons chaque fois que nous aimons Jésus, et que nous obéissons à sa parole.
Chacun d’entre nous ; et en Église ; et en humanité. Mais y arrivons-nous ? Nous, nos Églises, notre monde ? Tous seuls, je pense que nous en sommes incapables.

Pourtant, nous avons un atout incomparable : Jésus nous offre le « Paraclet », comme disent certaines traductions. « Paraclet », un mot un peu barbare, collé tout simplement du grec sur le français, pour dire celui qui se tient auprès de nous et nous assiste, comme un avocat, un adjuvant ; autrement dit, bien sûr, l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu ; Jésus nous offre l’Esprit saint, son Esprit, pour habiter nos cœurs, et nous faire comprendre sa parole, nous aider à lui obéir, nous « enseigner toutes choses et nous rappeler tout ce qu’il nous a dit ».

Par l’Esprit, nous sommes rendus capables d’aimer. D’aimer Jésus. De l’aimer en chaque personne que nous rencontrons. De le reconnaître en chaque être. Par l’Esprit, Dieu nous rend capables d’obéir à sa parole, et de nous ouvrir aux autres. C’est la même chose, le même commandement, aimer Dieu et son prochain.

Dieu nous offre une ville nouvelle, une vie nouvelle, il vient habiter chez nous. L’Esprit nous offre la capacité d’aimer et d’obéir aux commandements d’amour pour Dieu et pour le prochain. Et Jésus, l’Agneau de Dieu nous offre sa paix. Une paix qui n’est pas l’absence de conflits ou de difficulté, mais le sens de l’équilibre. Le shalom, la paix qui fait que chacun, chacune trouve sa juste place et son juste sens.

Dans cette paix que le Christ nous donne, nous pouvons attendre l’accomplissement des promesses de Dieu, la ville parfaite où Dieu sera présent.
Dans cette paix que le Christ nous donne, nous pouvons vivre aujourd’hui, en tant que personne, en tant qu’Église, en tant qu’humanité, nous pouvons vivre aujourd’hui déjà, ensemble, de la vie et dans la ville que Dieu nous offre !

Amen.

A partir de la vision de la nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21,10-23) comment discerner et accueillir la présence et la lumière de Dieu? Quel est sa place dans notre environnement construit et balisé?

Dernier volet d'une série de trois, autour des visions apocalyptiques.

Détails

Avec la participation de
Jean-Frédéric Leuenberger
Orgue
Erna Beguin
Musique