En ce matin de Pâques, détendons-nous avec un peu d’humour :
« Jean, pries-tu avant chaque repas ? » « Non, pas besoin, ma mère est une excellente cuisinière ! »
« Ca veut dire quoi Amen ? » « C’est comme quand sur ton ordinateur tu cliques sur « envoyer » »
« Adam et Eve, le péché originel, c’est quoi cette histoire au juste ? Eh bien, c’est l’histoire d’une pomme, de deux poires et de beaucoup de pépins ! »
« Elève Alexandre, veuillez me conjuguer au présent de l’indicatif le verbe marcher. » « Oui Monsieur : … je marche… tu marches… il ou elle marche… » « Plus vite dit l’instituteur ! » « Oui M’sieur… euh… nous courons, vous courez, ils ou elles courent ! »
« Qui saurait mettre au futur le verbe « je bâille ». Moi, Madame : « Je dors ». »
Fait authentique : sur la porte d’un brico loisirs de la ville, cette affiche : Bricoleurs, oubliez vos complexes. N’oubliez jamais que le Titanic a été construit par des professionnels et l’Arche de Noé par un amateur ! »
Allez une petite dernière : un prêtre dit à ses paroissiens un dimanche à l’église : « Mes très chers frères, j’ai deux nouvelles à vous annoncer, une bonne et une mauvaise. La bonne c’est que nous avons l’argent pour construire la nouvelle chapelle dont nous avons besoin. La mauvaise, c’est que l’argent est encore dans votre poche. »
Non, chères auditrices et chers auditeurs, non vous ne vous êtes pas trompés d’émission ! C’est bien la retransmission du culte protestant.
En effet, c’était par quelques traits d’humour que débutait autrefois la messe ou le culte de Pâques entre le 12e et 18e siècle. Prêtres et pasteurs étaient invités à faire rire leurs ouailles pour les ouvrir à la joie pascale… Il paraît que cela se fait encore dans certaines paroisses en Suisse alémanique et en Allemagne.
Bienvenue à vous tous qui êtes présents dans ce magnifique temple de Vandoeuvres, bien trop petit pour contenir ces milliers d’auditeurs et auditrices qui ont allumé leur poste radio sur Espace 2 de la RTS.
Vous êtes à la maison ou dans la cellule d’une prison, dans votre chambre d’hôpital ou d’EMS, à la montagne, au bord de la mer, ou encore sur la route des vacances… où que vous soyez, qui que vous soyez, nous vous souhaitons la plus cordiale bienvenue ! Merci à la magie des ondes qui nous permet d’être ensemble ce matin pour vivre la plus grande, la plus ancienne des fêtes chrétiennes : la fête de Pâques.
En ce jour, il y a une nouvelle qui se murmure… « Il est ressuscité ». Certains l’entendent, ils reprennent le murmure, et le murmure s’amplifie, jusqu’à résonner tout autour de la terre…
Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
Prière
Seigneur, nous sommes rassemblés en ce premier jour de la semaine pour ouvrir un espace dans notre vie, un espace pour toi, un espace de vide, un espace disponible. Nous accueillons ton regard posé sur notre vie, que nous soyons bien portants ou malades, enfant ou vieillard, riche ou pauvre, en paix ou angoissé, caressé ou torturé, en sécurité ou sur les routes de l’exil, nous accueillons ton regard qui nous ouvre à une espérance, à un avenir toujours possible.
Par ton Esprit, fais de ce culte un temps de rencontre, un temps d’intimité avec toi, le Vivant.
Comme les rayons de lumière traversent ce matin le magnifique vitrail de la Résurrection du maître verrier Bodjol, Seigneur, tu désires traverser notre existence pour que les couleurs de la vie l’emportent sur l’obscurité de la mort.
Par ta résurrection, tu transformes l’obscurité en lumière, les cœurs tristes peuvent alors connaître la joie, les pèlerins de la terre peuvent alors continuer d’avancer. Tu nous ouvres les portes, même les plus verrouillées, et tu prends la tête du grand voyage vers la vie… à toi la gloire, Ô Ressuscité !
« Ressuscité », un mot plus facile à dire qu’à écrire ! Avec un s ou deux ou trois ? suscité avec sc ou deux ss ? et les accents, sur quelles voyelles les mettre ? Vous tapez ce mot sur WhatsApp, et il y a de grandes chances que le correcteur s’est mis en marche… pas étonnant!
« Ressuscité », « Résurrection », des mots plus faciles à dire qu’à écrire, qu’à saisir… nous allons écouter le récit de l’Evangile de Jean au chapitre 20, les versets 1 à 10. Puisse-t-il nous éclairer un peu plus sur cet événement incroyable qu’est la résurrection….
Prédication
Je vous propose de passer l’antenne à l’un de ces disciples, témoin de l’événement.
« Moi, le disciple que Jésus aimait, je ne suis pas prêt d’oublier ce fameux matin de printemps près de Jérusalem.
C’est lendemain de fête, la ville se réveille lentement après avoir célébré la Pâque juive, faisant mémoire de ce Dieu libérateur qui a conduit son peuple hors de l’esclavage subi en Egypte et pour le conduire vers la Terre Promise.
Oh, moi, je n’avais pas le cœur à la fête, car plongé dans une profonde tristesse… mon maître cloué sur la croix il y a deux jours, cette vision ne me quitte pas. Le coq vient tout juste de chanter comme pour annoncer un jour nouveau. Dans un demi-sommeil, j’entends soudain une voix de femme crier au-dehors. Je pousse ma porte et je reconnais Marie de Magdala, toute agitée, et qui nous dit que le corps mort de notre Maître Jésus a été enlevé du tombeau, kidnappé.
Mais qui donc a bien pu faire cela ? et pourquoi ?
Drôle d’histoire ! Il me faut absolument vérifier les dires de cette femme, c’est trop important.
J’enfile ma tunique, Simon Pierre me rejoint, et à toute vitesse je cours au tombeau… effectivement, la pierre est roulée, de l’extérieur je risque un regard… je vois les bandelettes qui recouvraient le corps de Jésus déposées ici et là, le linge qui recouvrait son visage bien plié. Si bandelettes et linge sont bien rangés, c’est donc que le corps n’a pas été enlevé par quelque malfaiteur ou profanateur de tombe. Il n’en aurait eu ni le temps, ni la délicatesse.
Je laisse entrer dans le tombeau Simon Pierre en premier, il est tout essoufflé… je pénètre à mon tour et là je vois… je vois qu’il n’y a rien… pas de corps… du vide.
Simon Pierre ne dit rien, étrangement, il a sans doute besoin de temps pour essayer de comprendre ce qui se passe. Pas évident.
C’est alors que je fais une expérience bouleversante : dans ma mémoire il y a comme une parole qui se fait entendre, une parole que nous avait dite notre Maître de son vivant : « Je ressusciterai d’entre les morts ». Comme une promesse qui se réaliserait maintenant et pour moi. Difficile d’exprimer avec des mots, des images, ce que j’ai désormais ressenti en moi, profondément. Je crains qu’on ne me prenne en 2016 pour un doux dingue, que des gens qu’on dit intelligents ne me prennent pas au sérieux. Mais tant pis. Il y a comme un souffle en moi qui change mon regard sur les choses: ce tombeau n’est plus le lieu de la mort, mais il devient tout entier l’espace de la vie. Les bandelettes ne retiennent plus le cadavre emprisonné et la lourde pierre qui devait garder la mort laisse désormais entrer une douce lumière.
Jésus mon Maître semble habiter cet espace disponible, cet invisible, je ne vois pas son corps, mais je sens sa présence comme jamais je n’ai pu la ressentir, une présence bienfaisante dans l’absence. Oui, je vis et je crus ! Mais pourquoi moi et pas Simon Pierre ? Je me souviens alors que je suis le disciple que Jésus aimait… je me dis que sans doute, l’amour a toujours une longueur d’avance ! Que l’amour permet de comprendre ce que la raison ne peut expliquer, saisir. Et cet amour me libère du même coup de la preuve, du visible. Il me plonge dans l’univers merveilleux de la confiance et de l’accueil même de l’inespéré, même du possible dans l’impossible.
Voilà mon histoire, c’est mon histoire. Il y a aussi celle, différente, de Marie de Magdala et des autres disciples. La vôtre d’histoire, elle est sans doute aussi différente, particulière, unique. J’aimerais bien entendre chacun-e de vous… ce serait beau, ce serait fort, vous y mettriez vos mots, vos silences, votre émotion, celle ressentie autour de la table de la Cène ou dans la prière, ou peut-être après un deuil, un moment difficile, un temps de profonde solitude, lorsque vous vous êtes senti-e rejoint-e par la chaleur d’une présence qui vous a apporté la paix intérieure.
Depuis ce jour du tombeau vide, ma tristesse s’est transformée en joie, et même si cela peut sembler fou, je continuerai à dire à qui voudra l’entendre « Christ est ressuscité ! » et je continuerai à chanter « Hosannah au plus haut des cieux ! »
Merci cher disciple pour votre témoignage… nous reprenons l’antenne…
L’histoire que nous retransmet l’évangéliste Jean est assez étrange, comme le sont d’ailleurs aussi les récits des 3 autres Evangiles avec leurs nombreuses incohérences, leur côté incroyable qui heurte la raison, comme ce corps ressuscité qui se montre à la fois physique et immatériel. De plus, il n’y a jamais de description de la résurrection de Jésus. Personne ne sait en fait comment cela s’est concrètement déroulé. Ce qui montre que la Résurrection est d’un autre ordre que celui d’un processus vérifiable de A à Z. C’est de l’ordre de la foi, raconté par des témoins qui ont un lien profond avec Jésus. Comme ce disciple que Jésus aimait. En effet, le Ressuscité ne se montre pas présent aux Pharisiens et aux soldats.
C’est fou de penser que tout est parti du vide d’un tombeau. Que ce vide est au cœur de la foi chrétienne depuis 2000 ans. Peut-être nous faut-il faire le vide pour donner de la place à celui qui désire nous rencontrer. C’est comme dans l’amour, il est nécessaire de laisser de la place à celui-celle qui nous aime. Notre besoin de preuves, notre raison, notre réflexion « ce n’est pas possible qu’un mort redevienne vivant ! », tout cela peut nous encombrer, tout cela occupe trop de place en nous pour pouvoir nous ouvrir à la force de la vie, bien plus forte que ce que nous pourrions imaginer.
Croire, ce n’est pas tout comprendre, tout savoir, mais c’est désirer la vie, la chercher cette vie, l’aimer! Croire, c’est dire oui à la vie !
Même si l’événement de la résurrection est difficile à comprendre, à saisir, prenons au sérieux ce qui nous est transmis par les témoins d’hier et d’aujourd’hui. Ce n’est pas de l’ordre du cérébral, de l’idée, du dogme, mais de l’être tout entier qui un jour se met en mouvement sans qu’on sache parfois comment et pourquoi… pour enfin trouver la paix et la joie.
Ce message de Pâques, j’aimerais non pas le conclure, le fermer, mais l’ouvrir sur une exhortation, elle est pour chacun-e de nous :
Ne te rétrécis pas, mais élargis l’espace de ta vie.
Ne t’enferme pas, mais ouvre les toiles de ta tente.
Ne t’habitue pas, mais lance les cordages vers l’infini.
Ne te satisfais pas, mais cultive les brûlures de l’attente !
Amen.
Envoi
Osez témoigner de la vie qui est en vous et autour de vous, avec vos mots et ce que vous êtes.
Osez passer pour des fous ou des naïfs… la vie n’est-elle pas folie ?
Bénédiction
Que le Christ ressuscité vous ouvre des passages dans vos deuils et dans vos peurs, et dans vos heures de souffrances !
Que le Christ ressuscité chante en vous l’espérance plus lumineuse que les abîmes !
Que le Christ ressuscité vous entraîne dans le jardin de la vie et vous accompagne dans le printemps des commencements !
JOYEUSES PÂQUES à vous et à tous ceux que vous chérissez !