Écouter le culte :
Chers amis, chers auditeurs,
Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde. Comme ces dernières minutes qu’on décompte à la fin de l’année, tout au début du Nouvel-An. Ce jour où on prend conscience qu’Il n'est aucune chose qui aille plus vite que les années. Chaque année, nous avons un an de moins que l’année d’après. Et on se pose la question de comment ça va finir, et aussi… de comment ça va continuer.
Eh bien oui, souhaiter la nouvelle année, c’est prendre conscience que le temps des hommes est de toute éternité pliée. Qu’un jour, le temps, notre temps, prendra fin pour glisser dans cette éternité évoquée, en parlant de Dieu.
Se débarrasser de ses mauvaises habitudes. Prendre soin de soi et choyer les siens. Aborder la vie de façon positive. Quelles sont, chers amis et chers auditeurs, vos bonnes résolutions pour 2019 ? Car, la nouvelle année, il ne s'agit pas simplement de la prévoir. Il faut aussi la rendre possible ! La saluer et l’accueillir ainsi : que vieillisse l’amitié sans vieillir notre cœur !
Non, nous ne vieillissons pas d'une année à l'autre, nous nous renouvelons chaque jour. Renouvellement – voici le mot clé de l’Évangile. Se rendre compte qu’il y aurait de quoi faire bien des heureux avec tout le bonheur qui se perd en ce monde. Car nul besoin de faire de la terre un paradis : elle en est un ! A nous de nous adapter pour l’habiter. A nous de fermer certains dossiers afin de pouvoir en ouvrir de nouveaux.
Nos amis Juifs mangent lors de la fête du Nouvel-An des quartiers de pomme trempés dans du miel pour que l’année soit bonne et douce. Et en fin d’après-midi le jour du Nouvel-An, les fidèles se rendent près d’un cours d’eau, d’un étang ou au bord de la mer pour y vider leurs poches. Symbole qui rappelle le passage biblique de Michée 7, 18-20 :
« De nouveau, Dieu nous manifestera sa miséricorde, il piétinera nos péchés (…) Tu jetteras toutes leurs fautes au fond de la mer. »
Le Nouvel-An, ça veut dire partir d'un pied léger sur la route de l’année suivante sous le signe de la grâce. La Grâce ? Eh bien oui, cette grâce qui, selon l’Évangile, a retenti dans la synagogue de Nazareth lors du passage de Jésus. « Voici », disait-il aux auditeurs, écoutant, comme certains d’entre vous peut-être, avec scepticisme, doutes, fardeaux, mauvais souvenirs, mal de vie. « Voici », dit Jésus aux villageois de Nazareth, « le message de l’Évangile. »
La Grâce ? Eh bien c’est le souci de l’autre. Une irrésistible inquiétude pour autrui.
La Grâce ? C’est Dieu qui a le souci pour l’homme.
La Grâce? C’est guérir les cœurs brisés. Sortir les pauvres de leur ghetto. Permettre d’ouvrir les yeux sur notre monde. Libérer ceux qui sont prisonniers – quel que soit le nom que porte leur captivité. C’est offrir à autrui ce qui lui est nécessaire pour vivre.
Et Jésus souligne que le regard bienveillant de nos amis, de nos frères et sœurs dans l’humanité, notre famille lointaine comme la proche, nous aide à soutenir nos efforts.
Chers amis du Pays-d’Enhaut et chers auditeurs,
Voilà qu’avec Jésus, je souhaite à tous une belle et bonne année ! Belle, elle l’est pour Jésus par sa manière d’être, par l’effet positif sur les personnes à qui il parlait, par ses gestes d’amour, de compassion, de miséricorde. Un effet qui dure jusqu’aujourd’hui, 2000 ans après… Bonne, elle l’est par Jésus.
Car quelle est sa leçon de grâce ? Que donner de l'amour, les lâches ne le peuvent pas. C’est la prérogative des humains courageux ! Jésus souligne que la dignité de l’homme exige qu’il obéisse à une loi plus haute, à la force de l’Esprit. Et sa voix retentit disant que la haine tue toujours, l’amour ne meurt jamais. Non ! L’hymne de la haine ne profite pas à l’humanité.
Voilà ce que dit Jésus. Voilà le genre de vie qu’il proclame. Et il ajoute : aujourd’hui (pas hier, mais aujourd’hui) tout cela est accompli. Tout cela est possible. Tout cela est à portée de main. A vous de jouer…
Voilà, chers auditeurs, ce que je vous souhaite. Une année de grâce. Une année où l’on fait du bien. Une année où l’on ne se retient pas de porter secours aux réfugiés, aux malades, aux mourants, aux malheureux. Une année où l’entraide s’incarne sous toutes les formes que nous inspire l’Esprit de Dieu.
Le monde a tellement besoin d’entraide :
Des jeunes ont besoin d’aide pour s’orienter.
Des étudiants ont besoin d’aide pour étudier et faire leurs apprentissages dans de bonnes conditions.
Des adultes ont besoin d’espérance pour ne pas se décourager des échecs.
Des familles ont besoin de paroles qui donnent du sens à ce qu’elles affrontent.
Les politiciens ont besoin de notre soutien actif dans la recherche de l’humain, l’écologiquement équitable, l’économiquement correcte.
D’autres ont besoin d’être rassurés sur leur dignité, sur leur valeur, ou leur identité.
D’autres encore ont besoin d’aide pour les gestes les plus simples de la vie quotidienne.
Et tout le monde a besoin d’affection ! Tout le monde a besoin d’être aimé, reconnu. Non ? Tout le monde a besoin d’entendre qu’il a bien sa place dans la communauté humaine. Eh bien oui, aujourd’hui, il est possible d’accomplir tout cela, dit Jésus ! Et bien plus. Il est possible de nourrir les corps. De fournir du travail à ceux qui n’en ont pas. D’améliorer les conditions de vie les plus modestes. De raviver et renforcer l’espérance dans ce monde qui est le nôtre. Car on ne subit pas l’avenir – on le fait.
Une nouvelle année a commencé. Une année où il est possible de ne laisser personne sur le bord du chemin. Une année où il est possible d’aider chacun à exercer ses responsabilités d’être humain. N’attendons pas que des institutions et des Églises s’en chargent. Commençons nous-mêmes – maintenant. Si c'est qu’avec un tout petit pas, ne vous inquiétez pas. Car c'est probablement le plus grand qu'il vous est possible de faire pour le moment. Jésus non plus, n’a d’ailleurs pas réglé tous les problèmes du monde, ni même des contrées qu’il a traversées. En revanche, il a indiqué qu’il n’est pas nécessaire d’attendre des lendemains qui chantent pour faire du bien autour de soi.
D’ores et déjà, il est possible de pratiquer le bien absolu. Et ainsi, de changer la face du monde. Pour reprendre le titre d’un ouvrage d’éthique : « Tout nous est donné, tout est à faire. »
2019. L’année débute avec une sagesse de Jésus dans la synagogue de Nazareth : on avance mieux d’un pas égal et soutenu qu’en courant à perte d’haleine. La grâce que Jésus proclame est un soin adapté à la personne à qui ce soin est destiné :
Aux captifs d’alcool et drogue, la délivrance.
Aux aveugles, les moyens d’y voir plus clair dans leur vie.
À ceux qui ont le cœur brisé, de la tendresse.
Aux inquiets, la paix.
Eh bien oui. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer des flambeaux de grâce. C’est à vous, chers auditeurs, comme à vous, chers paroissiens, et à moi, que s’adresse cette Parole de Vie.
Une année qui termine, c'est comme une pierre jetée au fond de la citerne des âges et qui tombe avec des résonances d’adieu. Une année qui commence, c’est une source qui jaillit et qui nous invite à nous pencher au-dessus du puits afin d’y puiser Paix, Amour et Grâce.
Dans la continuité de, et dans la communion avec Jésus, qui a puisé l’Eau de Paix, d’Amour et de Grâce, et qui s’est offert comme Source de Vie, d’amour, de Compassion et de Pardon pour les temps et l’éternité.
C’est avec ce Jésus que je vous souhaite une année de Grâce, remplie de Paix, d’Amour et de Tendresse, c’est-à-dire une année belle et bonne pour tous !