Écouter le culte :
- Jean 6, 66-69 (traduction « Paroles de Vie »)
À partir de ce moment, beaucoup de disciples s'en vont et ils n'accompagnent plus Jésus. Alors Jésus dit aux douze apôtres : « Est-ce que vous voulez partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répond : « Seigneur, à qui pouvons-nous aller ? Tu as les paroles qui permettent de vivre avec Dieu pour toujours. Et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint venu de Dieu. »
Joël Cardinaux
Selon l’évangile, il y a de sérieuses défections à l’époque de Jésus déjà ! Ça me frappe d’entendre cette phrase : « A partir de ce moment, beaucoup de disciples s'en vont et ils n'accompagnent plus Jésus ». Les rangs s’éclaircissent. On se croirait au 21ème siècle avec des églises où il n’y a aucun souci pour trouver une place le dimanche matin. Tu comprends ce qui se passait, pasteur ?
Hermann Vienna
Eh bien, juste avant, dans cet évangile, on entend Jésus dire de lui-même qu’il est le pain de vie, venu du ciel. Et que celui qui mange de ce pain vivra pleinement. C’est à partir de ce moment que beaucoup de disciples s'en vont. Au lieu de créer un nouvel élan, les mots de Jésus créent un certain vide autour de lui. Il semble que quand les choses deviennent bien claires, certains se distancient. A la fin, il reste un petit groupe d’au moins 12 disciples.
Marlyse Dormond Béguelin
Je me demande comment ceux qui restent vivent avec ça. Constater que les rangs s’éclaircissent, ça affecte !
Joël
Ça me fait penser à des discussions de nos jours. Est-ce qu’il faut revisiter les structures, s’inspirer de ce que d’autres font, ou encore intensifier les liens entre ceux qui restent… Bref, on entend, on voit passer pas mal de choses. Est-ce qu’on trouve quelque part dans le texte biblique un indice pratique qui pourrait nous aider ?
Hermann
Rien. Aucun indice. Et aucune esquisse de solution de la part de ceux qui restent autour de Jésus.
Marlyse
Je reviens avec ma question : Ça leur fait quoi ces départs, à ceux qui restent ? Ont-ils des doutes ? Ont-ils envie eux aussi de « quitter la barque » ? Prennent-ils de la distance intérieure en se disant, « je reste, mais tout cela ne me concerne plus tellement » ? Ou alors cherchent-ils à affirmer d’autant plus leur choix ?
Hermann
Nous n’en savons rien. Par contre, nous apprenons comment Jésus réagit face à cette situation de diminution. Il s’adresse avec bienveillance à ceux qui ont à vivre avec cette désaffection. Il pose tout simplement une question aux douze, mais quelle question !
« Est-ce que vous voulez partir, vous aussi ? »
Joël
Pas de lamentations… Rien non plus d’un « faut qu’on se tienne les coudes ». Juste un appel à la conscience de chacun.
Marlyse
Pas de reproche tel que : « Avec des gens comme vous, ça ne m’étonne pas ». Pas d’appel : « Eh, motivez-vous les gars, avec un peu plus d’engagement, on va remonter la pente ! ».
Joël
Bien vu ! Et il ne ferme pas boutique non plus.
Hermann
Effectivement ! En posant sa question aux disciples, il leur ouvre un espace, qui laisse la liberté : « Est-ce que vous voulez partir, vous aussi ? »
Marlyse
C’est comme si Jésus disait : « Je sais, ça ne va pas de soi que vous soyez encore là. Sachez que je n’ai rien d’un maître à penser qui séduit, ni d’un leader qui exige obéissance. Non, vous êtes libres. Réfléchissez. Regardez en vous, pensez à votre vie, votre trajectoire, aux éléments clés de votre parcours, et osez répondre honnêtement à cette question vous aussi : voulez-vous aussi partir ? »
Joël
J’avoue que cette question de Jésus me surprend et me touche.
Hermann
À la place des disciples, vous, vous auriez répondu quoi ?
Marlyse
On pourrait imaginer une réponse volontariste, héroïque : « Nous avons vécu des bons moments avec toi, on n’est quand même pas des poules mouillées, on reste. »
Joël
Ou une réponse sous forme de bon conseil : « Jésus, tu es certes sur le bon chemin, mais tu devrais être un peu plus en phase avec la société actuelle, un peu plus flexible aussi, y a encore de la marge. Une bonne marge de progression, non ? Mais ne te décourage pas, tu es dans le bon créneau, les gens sont à la recherche de quelque chose qui les porte dans la vie. »
Hermann
Vous me faites sourire. Dans le texte biblique, c’est le bon élève, Pierre, qui donne une réponse à la question de Jésus. Une réponse sans héroïsme, et sans conseils. Il lui dit : « Seigneur, où irions-nous ? »
Joël
Où aller ? Ha, mais ce ne sont pas les alternatives qui manquent ! Je ne sais pas à l’époque, mais aujourd’hui il suffit d’ouvrir les yeux – ou l’internet. Il y a tant d’offres, de groupes, communautés, spiritualités. Est-ce que Pierre ne manquerait pas d’initiative ?
Marlyse
Mais pas du tout ! Pour Pierre, c’est une évidence qu’il a trouvé la bonne adresse et qu’il n’y en a pas d’autre. Ce qu’il a expérimenté avec Jésus est déterminant, il n’aurait pas idée de s’en aller.
Hermann
Pas mal ! En tout cas, Pierre ajoute : « Tu as les paroles qui permettent de vivre avec Dieu pour toujours. Et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint venu de Dieu. » C’est quand même intéressant, cet ordre des verbes : nous croyons – et savons. Les disciples ont d’abord cru, fait confiance.
Dans la Bible, c’est le même mot pour croire et faire confiance. Puis ils ont su, donc constaté, saisi, compris que ce Jésus venait de Dieu, qu’il était sa présence. Faire confiance puis comprendre.
Joël
Je vois... Ils ont mis leur confiance en Jésus parce qu’ils ont entendu des paroles qui les rendaient vivants, eux et d’autres gens, des paroles qui aident à vivre, se lever ou se relever, continuer, changer.
Marlyse
En tout cas, mon expérience m’a montré que ce n’est pas un automatisme de suivre Jésus. Comme d’autres, j’ai reçu une éducation chrétienne. Le choix de croire, de faire confiance au Christ naît quand la foi de nos parents ou de nos monitrices, catéchètes ou de tout autre témoin qui l'a partagée avec nous, devient la nôtre et qu'on la vit, à notre manière. Le choix de croire, de faire confiance au Christ peut être datable, opéré à un moment précis de la vie, mais il peut aussi être un choix progressif, qui évolue, grandit, prend forme. Et c’est mon cas. Je mets ma confiance en Jésus-Christ, moi aussi, parce que je me sens accueillie par lui, et aimée. Ses paroles me rendent vivante, me donnent du souffle, me permettent d’avancer. Ce sont des mots qui éclairent, qui font espérer, qui font lever les yeux.
Hermann
Merci Marlyse. C’est vrai, ces valeurs, cette foi peuvent nous accompagner toute notre vie. C’est vrai aussi que les événements de la vie, les épreuves peuvent nous en éloigner, puis la foi peut prendre à nouveau plus d’importance. Le choix de faire confiance à Jésus n’est pas définitif – le choix de se détourner de Jésus n'est pas non plus définitif, tout choix peut être remis en question !
Joël
En tout cas, Pierre a trouvé ce qui le comble, Celui qui le comble : « Seigneur, où irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. » Sacré Pierre !
Hermann
Sacré Jésus, c’est lui qui remplit la vie de Pierre de sens. La vraie vie, Pierre sait qu'elle est LÀ ! Il y a goûté, il a vécu déjà plusieurs mois, peut-être un ou deux ans, en écoutant l'enseignement de Jésus, en le voyant vivre, agir, rencontrer les gens, les remettre en selle, leur apprendre qui est Dieu et il sait que c'est là que la vie a son sens. Une vie solide. La vraie vie…
Joël
La vie qui ne finit pas. La vie, quoi !
Marlyse
La confiance, elle se tisse au fil de la vie toute concrète. C'est elle qui fait dire : « J'ai trouvé ce qui donne un sens et solidité à ma vie, j'ai trouvé celui qui m'apporte le bonheur, la paix, la vérité, donc je reste, je continue mon chemin avec Lui. »
Hermann
C’est un beau témoignage. En fait, la question de Jésus, c’est un peu une question adressée à chacun, chacune de nous : Allons-nous rester ? Allons-nous partir ? Allons-nous revenir ? Devant des diminutions, comment est-ce que je me situe ? Moi, avec ma vie, avec mon passé, mes espoirs, mes attentes.
Joël
Que Dieu nous aide dans notre choix, dans nos fidélités, dans notre témoignage. Il a des paroles qui donnent sens à la vie, pour une vraie vie, une vie pleine, une vie qui ne finit pas. « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
Marlyse
« À qui irions-nous… » La beauté, la profondeur, la largesse, le sens, la solidité se trouvent en Lui !
Hermann
Amen.