Abbé Yves Scelle (1 Samuel 7, 1-6)
Tous ensemble, ici à Ouchy, là où nous sommes à côté de votre radio, isolés géographiquement et humainement, mais ré-unis : unis de nouveau devant, nous pouvons faire plus qu'une promesse ! Le mémorial est un chemin proposé à l'homme d'accéder à cette plénitude où le passé retrouve le présent de Dieu - quel que soit notre âge, notre race - enrichi de tout l'amour de son pardon et les voies de toutes les réconciliations possibles. Nous sommes ici pour faire mémoire de la volonté de Dieu de nous voir UN.
Souviens-toi d'où tu viens. Souviens-toi de ce que tu es. L'Alliance renouvelée en David aujourd'hui est également un engagement réaffirmé de l'Amour miséricordieux de Yahwé quand dieu fait mémoire - nous le savons - il agit en même temps que sa parole, lui qui est hors du temps et sa mémoire est une force agissante.
L'évangile où sera cité David montre combien Dieu tient ses promesses lorsqu'il célèbre sa mémoire. Le descendant de David et la maison promise par Dieu, seront une seule et même personne en Jésus-Christ, temple vivant de toutes les nations.
"Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j'y habite ? Souviens-toi David, c'est moi qui t'ai pris au pâturage…" Tu étais petit berger, c'est moi qui suis venu te chercher derrière le troupeau. Et tu voudrais me construire une maison ? Souviens-toi, David. Souvenons-nous d'où nous venons, d'où nous sommes. Souvenons-nous, car célébrer la mémoire du Seigneur actualise sa présence au milieu de son peuple, qui célèbre une nouvelle fois son alliance sainte. Et tout ceci est infiniment plus grand que nous.
Faire mémoire du Seigneur, de notre passé réformé et catholique - souvent douloureux en ce pays - du présent, d'aujourd'hui, inachevé à offrir à Dieu, et d'un avenir qui lui appartient : qu'est-ce que cela veut dire ?
On comprend que l'homme se souvienne de Dieu : se souvenir de Dieu, cela veut dire penser à lui, comme présent, se rendre soi-même présent à Dieu. Mais faire mémoire tous ensemble su Seigneur, cela signifie que Dieu peut faire naître les choses présentes d'une manière nouvelle, qu'il les introduit en lui-même, qu'il les transporte en son mystère, les insère dans sa vie intime. Jésus est devient mémoire vivante, Dieu vivant, qui vient actualiser la promesse faite par Dieu à David. Merveille de Dieu.
Avec la force de l'Esprit, faisons de notre mémoire ensemble devant Dieu aujourd'hui, non pas des constats de discordes, mais des mirabilia dei, des merveilles de Dieu, car lui seul est la clef de notre avenir commun, lui seul.
Si nous allions tous ensemble dans la Cathédrale de Lausanne - je pense tout haut, et ma pensée peut devenir prière - nous serions face à plusieurs vitraux ou devant la superbe rosace qui ne nous diraient pas grand-chose vue depuis l'extérieur, nos opinions seraient divergentes quant au sens même de leurs représentations. Mais si tous ensemble, nous entrions pour contempler en pleine lumière, l'œuvre réalisée pour Dieu, alors nous n'aurons plus qu'une seule chose en commun : l'émerveillement d'une beauté, d'un don qui nous dépasse.
Alors je formule, Seigneur, aujourd'hui ma prière que je célèbre avec tous mes frères et sœurs, nous célébrons ta mémoire. Souviens-toi de ton peuple ici rassemblé, souviens-toi de tous ceux qui prient avec nous sur les ondes et rassemble-nous un jour pour toujours dans une seule maison, ton Église. Amen !
Pasteur Timothée Reymond (Luc 1, 26 - 38)
Dans un numéro récent du journal Bonne Nouvelle, mensuel de l'Église Réformée du canton de Vaud, une page était dédiée à Marie, enfin à deux manières différentes de comprendre et de considérer Marie de Nazareth. Ainsi, deux théologiens, l'un catholique et l'autre réformé, pouvaient exprimer leurs points de vue assez différents sur la mère de Jésus.
Ce matin, ici à Ouchy et à la radio, dans le cadre de cette célébration oecuménique, l'épisode de la rencontre de l'ange Gabriel avec Marie nous interpelle tous avec les mêmes mots, ceux de l'Evangile, et avec la même force, quelle que soit notre appartenance confessionnelle !
En effet, Luc nous décrit une scène que nous avons peut-être de la peine à imaginer dans le concret. De plus, que penser de la promesse extraordinaire faite à Marie de devenir enceinte par la seule grâce de Dieu ?
Aujourd'hui, ce récit de l'Annonciation peut déranger ou même faire sourire ! Pourtant, avons-nous bien entendu, avons-nous réellement écouté ? "N'aie pas peur, tu as trouvé grâce auprès de Dieu... N'aie pas peur..."
Une confiance de base est donnée, rappelée, offerte, et de là s'ouvre le chemin proposé par Dieu à la toute jeune femme de Nazareth. N'aie pas peur. Voilà que la crainte s'en va et comme pour le tout jeune enfant, les premiers pas deviennent possibles pour Marie : le pas de l'écoute, le pas de la réflexion intérieure, enfin celui de l'accueil, de l'acceptation d'une promesse venue de Dieu.
Pour les chrétiens de toute confession, Marie est un modèle unique d'écoute et de confiance. Une sœur en humanité qui seule enfantera le Christ, une sœur en humanité qui, bien avant nous, a parcouru le chemin de la foi et du salut.
Et si, aujourd'hui, les mots de l'ange Gabriel nous étaient encore adressés : N'ayez pas peur, vous qui me cherchez, vous qui avez soif de justice et de paix, n'ayez pas peur, vous, les petits, les humbles, les sans-noms, vous avez trouvé grâce auprès de Dieu. N'ayez pas peur...
Dieu, qui met en nous toute sa joie, offre à chacune, à chacun, comme à Marie, une confiance de base, une confiance toute simple qui ouvre sur un possible enfantement, et ce, quel que soit notre âge, notre état civil, notre santé, notre activité.
Enfanter avec ce que nous sommes, avec notre cœur, enfanter de la solidarité humaine, enfanter de l'amitié, du pardon, de la tendresse et de la compassion, enfanter au travers de notre engagement d'homme ou de femme de bonne volonté. Enfanter de l'amour au travers de notre attitude et de notre prière.
Marie de Nazareth pouvait-elle penser, il y a 2000 ans, que son OUI à Dieu serait si essentiel ?
Si proches de Noël, après avoir écouté les mots de l'ange Gabriel, y avoir réfléchi dans notre cœur, si nous pouvions faire le pas suivant : accueillir la confiance que Dieu nous offre et la promesse qu'il nous fait ; alors, avec Marie, nous pourrions dire : OUI, je suis la servante, le serviteur du Seigneur, OUI, qu'il me soit fait selon ta parole.
Notre OUI à tous n'est-il pas non plus essentiel pour Dieu ?
Amen !
Les mots de l'ange
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