Écouter le culte :
Et Jésus dit : « A celui qui a l’on donnera davantage; tandis qu’à celui qui n’a rien on enlèvera même le peu qu’il a. » Cette parole choque, scandalise. Nous avons tellement l’habitude d’imaginer un Jésus doux, compréhensif, tendre, qui nous incite à partager, à être solidaire, que cette parole nous dérange profondément. Et pourtant, cette parole est certainement de la bouche de notre Maître et elle fait partie des ses derniers discours avant d’entrer à Jérusalem pour vivre passion et crucifixion.
Pour comprendre, il faut connaître le contexte et le but de cette parabole. Comme avec certains autres paraboles, on se souvient de l’histoire et on oublie le sujet principal. Je me demande combien d’auditeurs se souviennent que la fameuse parabole du bon Samaritain est au sujet de la vie éternelle. Le sujet ici, c’est le royaume de Dieu.
Le royaume de Dieu. On en parle beaucoup, mais on n’est pas toujours certain du sens. Pour Mathieu, le royaume est dans le futur « Que ton règne vienne… », mais pour Luc c’est déjà avec nous. Ceci n’est pas une contradiction. Avec les expériences au CERN à trois kilomètres d’ici nous n’avons pas les mêmes problèmes que nos ancêtres à conceptualiser qu’une chose peut être actuelle et aussi dans le future. Le concept de Royaume parmi les Juifs du temps de Jésus était très matérialiste. Il faut être compréhensif, ils ont souvent connu la famine à cause de la sécheresse ou la guerre.
Et leur imagination de l’avenir dans le royaume était souvent matérialiste, le grand festin par exemple comme dans le livre d’Enoch. Mais le problème de Jésus était plus terre à terre. Il allait entrer à Jérusalem et il savait que certains de ces admirateurs et disciples imaginaient que la Royaume allait venir à ce moment-là. Jésus voulait les avertir que le Royaume était déjà présent. Mais un royaume spirituel et éthique, pas un royaume politique et militaire. Lui, il était obligé de s’absenter et dans son absence, ses disciples avaient la responsabilité d’administrer son royaume en partageant la parole de l’évangile avec les femmes et les hommes partout dans le monde.
Le contexte politique était connu de tout le monde parmi les disciples de Jésus. A la mort d’Herode le Grand, son fils Archélaüs était obligé d’aller à Rome pour demander sa nomination comme régent de la Palestine à l’empereur Auguste. Donc, l’histoire du riche marchand ou homme de noble famille qui était obligé de partir pour recevoir son héritage était familière. Et sans doute, le cruel Archélaüs réglait ses comptes après sa rentrée dans son royaume.
Alors, si nous relisons la parabole après ces introductions, elle est plus facile à comprendre. Ce n’est pas au sujet de l’or du tout, malgré la phrase « Pourquoi n’as-tu pas placé mon argent dans une banque ? » qui peut être utilisée dans la publicité de Genève place financière.
Jésus va nous quitter, mais à son départ il nous confie la bonne tenue de son royaume. C’est à nous de gérer son héritage, symbolisé par les pièces d’or. L’héritage s’appelle l’église et c’est à nous de la faire grandir en partageant la bonne parole de l’évangile. A son retour, Jésus va récompenser ses serviteurs qui ont bien travaillé pour le Royaume. Ceux qui ont essayé de proclamer l’Evangile, symbolisés par les pièces d’or. Si on a apporté beaucoup ou peu (les 10 et 5 pièces) est sans importance. Ce qui est important c’est le fait que nous avons essayé. Et qui est condamné? La personne qui n’a rien fait, rien apporté, gardé l’Evangile pour lui même, tout comme les pharisiens gardaient la loi pour se faire acceptables à Dieu, sans soucier des autres.
Partagez l’Evangile, avec votre famille, vos amis, vos collègues et avec vous-même, avec les pauvres et les malheureux par vos oeuvres, votre générosité et vos actes. Et Dieu vous aidera. On ne travaille pas pour chercher une récompense, mais nous savons quand même, que Dieu n’est pas indifférent à nos efforts. Merci de m’avoir écouté.
Amen !