Dieu sur nos chars ou dans nos cœurs

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Écouter le culte :

Savez-vous ce qui s'est passé ici un « fameux dimanche » 28 juin 1761 ? Et savez-vous pourquoi il y avait foule, là où vous êtes assis aujourd'hui ? Eh bien, écoutez : « Le 28 juin 1761, le temple neuf s'étant trouvé entièrement fini et dans un état convenable à y célébrer le Service divin, la Dédicace en a été faite. » Comment ? « Par un sermon prononcé par M. le pasteur Bory de la durée de 2h moins ½ quart et par le chant des psaumes. »
Alors j'ai une première bonne nouvelle pour vous, ce matin: mon sermon va être sensiblement plus court, histoire de ne pas devoir courber l'apéro ! Et il est encore ajouté que, ce jour-là, « les Charités recueillies ont monté la somme de 118 florins, 10 batz et 6 sols ». Deuxième bonne nouvelle, en tout cas pour tous les auditeurs Radio: vous serez nombreux à pouvoir échapper à la collecte de ce jour de fête à Prangins !
250 ans que cette église a été bâtie au milieu du village: ça valait bien un gâteau d'anniversaire, pour se souvenir, pour chanter et dire merci. S'il y a aussi la fête du Football Club, vous avez choisi d'être là, dans un joyeux rassemblement paroissial et régional. Il est bon de se réjouir ensemble !

C'est bien la même idée qu'a eue le roi David en son temps. Dans le but d'unir son peuple, on raconte qu'il imagine une « fiesta » à Jérusalem autour de l'arche de l'alliance. L'arche, c'est l'ancêtre de nos temples. Et si l'on aime bien, nous, que l'église soit au milieu du village, David, lui, s'est réjoui d'assurer la présence de Dieu au milieu de sa ville.
C'est pourquoi il décide, non pas de construire, mais de rapatrier un coffre sacré qui a une grande importance. Mais ce coffre de l'alliance, où est-il ? Où se trouve ce meuble, symbole de la présence et de la bénédiction divine en Israël ? Longtemps qu'on ne l'a plus vu ! On finit par le retrouver, à Kirjat-Jearim, où ça fait bien 50 ans qu'il est en rade. Les Philistins l'avaient posé là, à une douzaine de km de Jérusalem et on l'avait presque oublié.
David décide alors une grande cérémonie de remise à l'honneur de l'arche qu'il veut ramener au cœur de sa cité. C'est donc une belle fête qui se prépare. Comme ici, on en parle depuis des semaines, on organise, on a réservé sa journée.
Et tout commence dans l'allégresse générale. Il y a un monde fou, accouru de partout. Le roi, comme le syndic, est sur son 31, au milieu de son peuple, entouré par des notables, les autorités politiques et religieuses. On a aussi engagé 2 gars aux noms bizarres, Ouza et Achio: eux sont là pour transporter l'arche de l'alliance, un gros coffre en bois contenant les lois de Moïse. L'arche, pour les Israélites, c'est quasiment Dieu !

Ouza et Achio, connus pour être d'habiles charretiers, sont arrivés avec un véhicule flambant neuf, un char dernier cri: au moins un 6 boeufs-en-ligne, impressionnant ! Et puis, ils le connaissent bien, ce meuble sacré: ça fait belle lurette qu'ils vivent à proximité, sans trop s'en inquiéter. A l'image de ceux qui disent : Dieu, l'église, on connaît, on peut toujours aller les rechercher quand on en a besoin !
Il y a aussi un certain Obed dans l'assistance, un homme sympa, un croyant dont on rit gentiment parfois. Et pour que ce soit vraiment la fête, on a même pensé à l'orchestre: voici les harpes, les tambourins, les cymbales, sans oublier les sistres pour le rythme et les décibels. Musique en tête, le cortège s'ébranle, sous les yeux des curieux, des amis qu'on retrouve: les gens sont hilares pour cette joyeuse officialité. Et puis – ne l'oublions pas – il y a Dieu. Dieu qui est là aussi, en tête du cortège, mais caché dans le coffre sacré.
David s'en réjouit : il se réjouit surtout à l'idée que cette bénédiction va être pour lui et pour sa famille, pour sa ville; ça lui paraît normal puisqu'il y a Dieu dans les parages. Du moment qu'on a Dieu avec soi, dans ses bagages, que peut-il nous arriver ? En ramenant l'arche à Jérusalem, on remet l'église au milieu du village et tout est bien.
Mais, tous ces gens savent-ils encore qui est Dieu ? David et les 2 frères charretiers se soucient-ils vraiment du Seigneur, qui est là tout près ? Vous savez, ce Dieu qu'on associe à nos fêtes pour être sûrs de ne pas avoir d'histoire avec lui, Ce Dieu-alibi de nos cérémonies parfois, ne serait-il qu'une relique du passé à qui on fait prendre l'air ?

Soudain l'histoire s'enlise. Les bœufs glissent, l'attelage s'incline et le Dieu d'Israël dit : Halte ! Ca suffit, il ne faut pas charrier ! Je ne suis pas un copain qui fait de l'auto-stop et à qui on ferait une fleur de l'emmener ! Le Seigneur veut bien être de nos fêtes, faire route avec nous, mais pas n'importe comment. Pas sans exigence.
Ainsi, Ouza, le bon vivant, ce gars prêt à donner un coup de main à l'église de 7 en 14, tend la main et saisit l'arche. Ce qu'il fait ? Il remet Dieu à sa place, il remet Dieu en place, là où il doit rester, sur le char. Et brutalement, la fête tourne court. Ouza est terrassé, comme empoigné par le Dieu vivant. Plus rien à faire pour lui.
David n'en revient pas. Il se met dans une sombre colère. Il se pose des questions. Son Dieu est-il un rabat-joie ? Un ennemi des fêtes ? Si c'est le cas, alors autant le planter là et l'abandonner chez Obed un certain temps. On peut lire : « Et David eut la crainte du Seigneur ce jour-là. » N'est-ce pas là ce qui manque à bien des chrétiens aujourd'hui ? Ce respect d'un Dieu Saint. On a un Dieu d'amour et basta ! pensent-ils. Mais voici que c'est aussi un Dieu qui a la haute main et qui ne tolère pas tout. Il nous a donné des lois et des principes de vie à respecter.
Ce coffre par exemple devait être transporté sur de longues perches : interdit de le toucher ! Ouza l'avait oublié. Ca n'est pas sans rappeler le terrible jugement sur Ananias et Saphira aux débuts de l'Eglise primitive : eux aussi croient bien faire, mais leur conduite déplaît à fond au Seigneur.

3 mois passent. 3 mois pendant lesquels la vie reprend son cours. Puis on vient faire un rapport étonnant au roi. L'arche remisée chez Obed provoque de belles choses. Obed et les siens sont étrangement bénis, à tel point que David se dit que l'heure est venue pour lui de renouer avec son Dieu, mais de la bonne façon. Il a saisi qu'on ne charrie pas Dieu, mais qu'on le porte ! Il a compris qu'on ne manie pas Dieu, mais qu'on le sert !
Et du coup, le cortège se reforme, porteurs en tête, avec le peuple et la musique. Et on repart parce qu'on peut toujours repartir avec Lui. David a évolué, moins centré sur lui, moins opportuniste. Il a compris que la place qui revient à Dieu, c'est dans son cœur, et non sur nos chars 1 fois l'an.
Et j'ai pensé à nos devanciers ici. A ceux qui ont voulu et édifié ce temple pour être au centre de Prangins. Ce n'est pas parce qu'on a une église au milieu de nos cités qu'on est assuré de la bénédiction. Encore faut-il s'approcher du Seigneur, le respecter vraiment, vouloir obéir à sa parole. Mettre Jésus-Christ au centre et non l'éjecter !
Un dernier coup d’œil biblique : regardez David. Il fait quelques pas et remercie son Dieu. Puis il se met à danser. Une danse honnête, une danse de joie bien réelle devant le Seigneur et les cuivres retentissent. Et David bénit son peuple qui reprend confiance : Oh ! cette bénédiction peut venir jusqu'à vous, jusqu'à nous, si l'on fait la part belle au Christ. Enfin, comme dans Astérix, comme chez nous aussi, ça finit par un bon repas, à la grande Salle. On distribue des gâteaux, des raisins et de la viande, à tout le monde.

Je ne sais pas exactement ce qu'il y a au menu ici et chez vous, mais je connais par contre ce menu spirituel-là : l'obéissance au Dieu vivant donne bon goût à nos vies, alors que, loin de lui, c'est un goût amer qui prévaut parfois. Se souvenir de ce qu'ont fait nos ancêtres, c'est bien, mais retrouver le chemin du cœur de Dieu, ou reprendre le chemin du culte si possible, c'est encore mieux!
Dieu accueilli chez David. Comment est-il reçu chez moi ? Est-ce que je le porte dans mon cœur ? C'est alors que la paix viendra, dans nos cités comme dans nos vies; chez David et chez vous qui nous écoutez. Car le Père de Jésus-Christ n'est pas Celui qui fait mourir, mais Celui qui fait grâce et donne un avenir. Soyons en fête, faisons Eglise ensemble, mais pas sans Lui !
Amen !

Détails

Avec la participation de
Lectrice: Elle Renaud
Prière: Claire- Lise Walz
Orgue
Blaise Christen
Musique
Choeur mixte de Prangins
Direction: Igor Diakoff