Dieu entend les prières.

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Écouter le culte :

Tout va bien donc pour Abram, excepté le fait que malgré la promesse de Dieu, il n’a toujours pas d’enfants. C’est seulement à 86 ans, 11 ans après son départ d’Harran, que Hagar la servante de Saraï lui donne son premier fils, Ismaël. Didier Halter nous en parlera dimanche prochain. Dès la naissance d’Ismaël, Dieu va établir une alliance avec Abram, et son nom, Abram, devient Abraham, avec un h. C’est Abraham avec un h dans son nom qui prie, qui intercède pour Sodome et Gomorrhe. Et Saraï de même, est appelée désormais Sara.
Le Seigneur établit avec Abraham une alliance perpétuelle dont le signe visible sera la circoncision : mon alliance deviendra dans votre chair une alliance perpétuelle, dit le Seigneur au chapitre 17. Par cette alliance, Abraham est l’abri dans les mains de Dieu. Et ainsi protégé, il va prier pour les autres.
Au chêne de Mamré, le Seigneur se montre à Abraham sous la forme de trois anges ; ces derniers lui répètent la promesse de Dieu : Abraham et à Sara auront un enfant, au printemps de l’année suivante, malgré leur âge avancé. Le récit de la prière d’Abraham en faveur de Sodome et Gomorrhe se situe juste après ce moment-là. Après avoir annoncé la promesse de la naissance d’Isaak, les anges quittent Abraham et portent leur regard sur Sodome, dit le texte. Le Seigneur décide de mettre Abraham au courant de son projet de détruire les deux villes, comme un roi pourrait informer son proche entourage de ce qu’il va faire. Abraham bien que non directement concerné par la catastrophe qui s’annonce, va se préoccuper du sort des habitantes et habitants de Sodome et Gomorrhe. Il se souvient aussi de Loth, son neveu qui vit à Sodome, avec sa femme, ses quatre filles et leurs gendres.

Dieu dit à Abraham, qu’il a entendu un cri de détresse venant de Sodome et Gomorrhe. Un commentaire rabbinique raconte : deux jeunes filles de Sodome s’étaient rencontrées à la rivière, l’une, pâle comme la mort avoue à l’autre qu’elle meurt de faim. Sa compagne lui donne sa jarre, remplie de provisions. Des gens de Sodome, ayant vu la scène, brûlent la jeune fille. C’est le cri de la jeune fille que Dieu aurait entendu. Un autre commentaire rabbinique dit que Loth était un des juges de la ville. Quand il prononçait une sentence qui plaisait aux dignitaires de la ville, ceux-ci lui accordaient un avancement, quand il prononçait une sentence qui ne leur plaisait pas, ils lui disaient : en voilà un qui, venu en étranger, fait le juge.
Les deux anges, à peine arrivés devant la maison de Loth, se font agresser par les gens de la ville qui veulent les violer et les tuer. Loth par devoir d’hospitalité, offre à ses terribles voisins, en échange des deux anges, deux de ses filles vierges. Le gens de Sodome refusent l’échange et deviennent menaçants, à tel point que les anges sont obligés d’utiliser leurs pouvoirs surnaturels pour sauver la vie de Loth et de sa famille. Et quand Loth avertit les gendres de ses filles du danger imminent qui les guette, ils n’entendent pas.

Indéniablement le comportement des habitantes et habitants de Sodome n’est pas juste et surtout ces derniers sont incapables d’entendre l’avertissement de Dieu. Et on ne peut s’empêcher de penser que Dieu n’a pas tout tort dans cette affaire.
Et voilà qu’Abraham se met à défendre les justes et les injustes et se lance avec sa prière d’intercession dans un combat avec Dieu. Il est merveilleusement diplomate, quand il dit à Dieu : tu ne vas quand même pas tuer tout le monde pour cinq justes ; tu acceptes d’épargner cinquante justes, suppose qu’il y ait quarante-cinq justes, tu supprimerais tout le monde pour les cinq justes qui manquent ?
Abraham discute avec Dieu, comme nous pourrions le faire. Est-ce que Dieu n’aurait pas le pouvoir de faire revenir ces scélérats sur le bon chemin ? Est-ce que Dieu n’avait pas promis à Noé de ne plus jamais déverser de déluge sur la terre ? Est-ce que Dieu ruserait avec sa promesse, en détruisant non par l’eau, mais par le feu, ajoute un autre commentaire juif. Et pourquoi, Dieu ne se contenterait-t-il pas de punir seulement les injustes et d’épargner les justes ? Abraham aurait préféré que Dieu pardonne ; il semble même préférer vivre avec des personnes injustes plutôt que de les tuer.

C’est que bien sûr, si nous n’avons pas autant de méchanceté que ces scélérats de Sodome, sommes-nous justes pour autant ? Même Abraham va tomber ; vous savez que par peur de mourir, il a fait passer sa femme Sara pour sa sœur aux yeux d’Abimelek qui l’aurait prise comme femme si Dieu ne l’avait averti en songe.
Est-ce qu’Abraham le sage ne savait pas qu’en chaque être humain, ce qui est juste et injuste se côtoie bien souvent ? Ne sommes-nous pas tous et toutes faillibles par ignorance et manque de discernement ? N’avons-nous pas tous et toutes passé par des périodes d’aveuglement dans notre vie ?
Dieu tient compte de la prière d’Abraham : il épargne le juste qui se trouve dans les villes de Sodome et Gomorrhe. Il s’agit de Loth avec deux de ses filles. Malheureusement les justes ne sont pas assez nombreux pour que tous les habitants et habitantes de la ville soient sauvés. Tous et toutes sont morts par le feu, sauf le seul juste de la ville.

Bien des siècles plus tard, peut-être à cause de la prière d’Abraham, Dieu choisira une stratégie contraire : il laissera mourir le juste, son fils Jésus, bien-aimé, pour que tous et toutes soient pardonnés. Et tout sera changé avec la venue de Jésus : en son nom nos prières sont exaucées. Encore est-il nécessaire d’entendre sa réponse et d’en comprendre le sens. Encore est-il nécessaire de vouloir être sauvé-e et défendu-e contre l’adversaire.
La veuve de l’Evangile de Luc veut être sauvée, elle veut que le juge la défende contre l’adversaire, contre le Satan qui cherche par tous les moyens de nous éloigner de Dieu. Le Seigneur désire passionnément nous sauver : est-ce que nous avons assez de foi pour entendre son désir ?
Une des manières d’entendre le Seigneur est la prière. Dans cette union intense qu’est la prière, Dieu et l’âme sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble, disait le curé d’Ars. Et moi je crois Jésus, quand il dit que nous ne pouvons rien faire sans lui.

Pour terminer, j’aimerais pour faire partager une expérience de prière, en promenade. En sortant de la télécabine aux Violettes, le bon air et la liberté m’ont saisie, et heureuse, j’ai remercié le Seigneur. J’ai commencé à marcher en silence et voilà que tout ce qui m’a blessé, contrarié les jours précédents sont remontés à la surface. Le sentier montait plus raide, c’était plus dur. Alors mon agitation intérieure a cessé et j’ai prié pour le monde : Seigneur, aie pitié de nous. Je suis arrivée au lac d’Iton, la nature était si belle que j’ai remercié encore le Seigneur et j’aimais de nouveau tout le monde. Au dernier becquet avant d’arriver à la Plaine Morte, j’avais mal partout et j’ai demandé au Seigneur, s’il te plaît, permets que le funitel pour redescendre à Crans-Montana fonctionne.
Prier pour rester en relation avec Jésus, ne pas avoir peur du silence, accueillir tout ce qui monte du cœur et laisser décanter calmement. Il existe mille manières de prier. Certaines personnes prient pour retrouver une clé perdue, d’autres prient pour les autres comme Abraham, d’autres remercient, d’autres crient au secours, d’autres encore lisent des prières faites par les autres. Toute prière est bonne pour la santé et nous apprend quelque chose sur nous, sur les autres ou sur Dieu. La prière est une formidable aventure intérieure. Aucune prière n’est inutile. La prière nous permet de tenir dans l’épreuve et de ne pas oublier Dieu dans les moments heureux.
Eglise de Dieu, prie sans cesse ton Dieu, à l’exemple d’Abraham et de la veuve de l’Evangile de Luc et fais silence en ton cœur pour entendre la réponse du Seigneur à ta prière.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Edith Bovet
Orgue
Josette Chevey
Musique
Delphine Morard, violon et Joséphine Morard, violoncelle