Écouter le culte :
Introduction
Le récit des mages est à la fois étrange et suggestif. Il évoque nos souvenirs d’enfance, il a suscité tant d’œuvres d’art, montrant les visages différents de ces personnages autour de la crèche. Il a provoqué des recherches autour de l’étoile. Il porte la mémoire de l’Eglise, au temps où, en Orient, on fêtait Noël en janvier.
Mais ce récit est aussi très biblique, chargé qu’il est de citations du Premier Testament : Esaïe, les Psaumes, l’Exode, Samuel, Michée, tous les voilà convoqués autour de la venue de l’enfant, nouveau Moïse menacé par les puissants dès sa naissance. Oui, nous dit Matthieu, Jésus ne se comprend qu’à la lumière du Premier Testament.
Tout converge pour annoncer un message clair : l’universalité du salut offert en Jésus, reconnu par des étrangers – les mages – symboles de toutes les nations qui vont croire en Jésus.
Un récit biblique aussi riche que celui-là offre plus d’une piste pour entrer dans le mystère du Christ. Un aspect important du texte, c’est la démarche des mages. Une démarche qui va par étape et dans laquelle on peut lire un itinéraire, un parcours spirituel. Car dans le périple de ces hommes, nous pouvons découvrir une quête.
Un signe
Les mages sont des savants astrologues babyloniens ou perses, instruits sur les secrets de l’histoire. La première étape de leur parcours est un déplacement de chez eux en Orient, vers Jérusalem, pour trouver un roi. Ils partent parce qu’ils ont perçu un signe, un astre. Signe reçu dans leur propre univers de mages, d’astrologues, signe perçu à l’intérieur de leur monde à eux. Un signe, une étoile offrant une lumière qui les guide jusqu’à Jérusalem.
Un signe, une lumière offerts à nous , celui de nos relations, de nos travaux, de nos jours, une parole reçue, un visage, une souffrance, un pardon donné, reçu, un signe qui nous met en route, qui nous met en quête, qui provoque un déplacement.
L’Ecriture
L’étoile guide les mages jusqu’à Jérusalem, où sont lues les Ecritures. Car le signe ne suffit pas en lui-même : comment l’interpréter ? Que signifie-t-il ? Le signe conduit aux Ecritures qui éclairent et envoient. En l’occurrence, elles envoient à Bethlehem, vers l’enfant qui est né, Jésus le Christ !
Ainsi notre quête, si elle est poursuivie avec ténacité, nous conduit à la Parole de Dieu, à fouiller, lire, partager, prier, sans toujours savoir où tout cela va nous mener ! Notre quête va pointer du doigt pour nous un visage de Dieu dépourvu de toute puissance, un Dieu à la fragilité confiée entre nos mains. Elle va nous mener dans la ville de Bethlehem, loin des cités prestigieuses, un endroit méconnu de nos vies, voire de l’univers. Mais les Ecritures ne suffisent pas à tout dire, à tout mettre en œuvre, car faut-il y aller à Bethlehem ! L’Ecriture nous invite alors à nous engager personnellement, à nous mettre en route.
Le déplacement
Les mages le font : il vont se déplacer à l’endroit que le Premier Testament leur indique. Mais Hérode et les scribes, qui pourtant connaissent bien les Ecritures ne bougent pas ! La connaissance ne suffit donc pas. Les mages se mettent en route et l’astre revient. Ce n’est d’ailleurs plus le même astre. Cet astre-là n’a plus rien à voir avec l’astronomie. Il revient éclairé du dedans par la lumière de la Parole. Astres et Ecritures, tous les deux maintenant, conduisent à Jésus lui-même. C’est alors que naît chez les mages une grande joie. Une joie d’être sur le point de découvrir enfin ce qu’ils pressentaient confusément.
Si nous acceptons de nous déplacer encore, non seulement d’entendre la Parole, mais d’aller là où elle nous invite, alors nous aurons la grâce de vivre, tout comme les mages, une rencontre, celle que seule permet la confiance et la mise en route.
Après avoir adoré l’enfant, offert leurs cadeaux, ils se remettent en route. Ils ne retournent pas à Jérusalem, l’étape précédente. Ils ne restent pas non plus sur place, au lieu même de cette rencontre qu’ils avaient tant espéré. Non ! Ils retournent chez eux dans leur monde à eux, là où tout a commencé. Cette fois, ils seront guidés par une autre révélation, celle d’un songe.
Ainsi, pour nous, la rencontre du Christ a lieu. Elle donne une autre couleur à la vie. Nous lui apportons nos maigres trésors. Mais cette rencontre ne nous arrache pas à notre univers. Elle nous y renvoie ! Par des intuitions profondes, elle nous renvoie à nous-mêmes, à nos mondes, là où le premier signe fut donné, pour témoigner de cette rencontre et pour en vivre.
Conclusion
Le récit des mages nous présente un parcours qui comprend plusieurs éléments :
Un signe (une étoile). Les Ecritures. Un enfant. Un songe.
Un parcours qui part de l’Orient, y retourne en passant par Jérusalem et la Parole de Dieu, par Bethlehem et la rencontre avec Jésus. Ce récit n’est pas si lointain de nous. Il parle de nos propres cheminements de foi. Oui, ils sont proches de nous, ces chercheurs de Dieu. Et tous les hommes ne cherchent-ils pas ?
Il y a ceux qui se disent « en état de recherche » pour exprimer le doute ou l’indifférence dans laquelle ils se sont installés ou alors justifier la liberté de n’adhérer à rien…
D’autres cherchent parce qu’ils n’ont pas trouvé.
Il y a enfin ceux qui cherchent, parce qu’ils ont trouvé et ayant trouvé, ils cherchent plus encore, tous chercheurs et conscients du caractère insondable de la révélation.
Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu. Tel sera l’étoile que les mages d’aujourd’hui poursuivront dans leur quotidien. De l’interrogation à la lecture des Ecritures, puis à la découverte, à la rencontre et sa joie, enfin au retour chez soi transformé : voilà la quête à laquelle nous invite ce récit de l’Epiphanie.
Amen.