Écouter le culte :
Psaume 45, 7-18 : Ce psaume est d’abord un simple chant pour le mariage du roi et de la nouvelle reine venant de l’étranger. Mais les paroles de ce psaume dépassent constamment et totalement le cadre d’un mariage humain. L’époux est appelé Dieu, l’épouse influencera la terre entière, le mariage a des répercussions universelle.
Bienvenue ! Moi, ça me fait toujours plaisir de voir ça sur un panneau de village : bienvenue ! En d’autres mots, vous avez BIEN fait de VENIR, VOUS ! On vous attend ! Bon, c’est un peu idéaliste, au fond, le village s’en fiche pas mal si vous venez ou pas. Mais quand même, c’est sympa. C’est encore plus sympa et peut-être déjà plus vrai, si vous arrivez chez quelqu’un qui vous a invité, et la personne vous accueille à la porte en disant : « Bienvenue chez moi ! » C’est chaleureux, ça vous donne le sentiment d’être attendu, d’avoir une place, VOTRE place.
Encore faudrait-il que ça soit sincère…
Vous connaissez ça - d’être invité quelque part, d’arriver, d’entendre « Bienvenue ! », mais ça sonne creux, car ça grouille de monde, il n’y a personne qui s’intéresse à vous, vous êtes l’invité numéro 127, et si vous partez, personne ne va s’en rendre compte. « Bienvenue » ? Tu parles…
Sous mon tipi, quand je suis en route avec mon âne et mon chien – ou dans ma petite cabane à la station-métro du Flon à Lausanne, où je travaille les week-ends, je rencontre beaucoup, BEAUCOUP de personnes qui vivent avec le sentiment de ne PAS avoir une place, et moins encore LEUR place. Des gens, surtout des jeunes, qui se sentent comme noyés dans la foule, des numéros, peu importe qu’ils soient là ou pas, et s’ils partent, ça ne changera rien. « Bienvenue au monde, dans notre société » ? Tu parles !
Vous venez d’entendre une histoire de Jésus, une histoire d’un mariage, où quelqu’un n’était pas le bienvenu non plus – mais, bizarrement, c’est l’époux lui-même. Moi, j’ai toujours détesté cette histoire. Depuis toute petite, j’ai eu peur de ne pas faire partie de ces élues, de ne pas avoir fait juste et – DONC – d’être planquée devant la porte, en entendant ces paroles horribles : « Tu es qui, toi ? Connais pas ! » Non, mais… Qu’est-ce qui a pris Jésus de raconter une histoire aussi menaçante que ça ?!
C’est seulement depuis quelques mois que j’ai compris quelque chose que j’ai envie de partager avec vous, aujourd’hui. Je n’avais jamais remarqué - pourtant, c’est tellement évident – qu’il manque quelqu’un dans cette histoire ! Vous avez vu ? Il y a tous les ingrédients : la fête, l’époux qui tarde, dix invités, numéros 127 à 137 si vous voulez, des lampes, donc ce qu’il faut pour faire la fête, de l’huile, même s’il n’y en a pas assez, la salle de fête et même quelqu’un qui crie : « Il arrive! ». Mais qu’est-ce qui manque ? Vous avez remarqué ?! … QUI manque ?
La mariée.
Quand-même ! Difficile de faire la fête sans elle ! Il n’y a PAS de fête sans elle. L’invité le plus illustre, la VIP la plus importante peut manquer, s’il le faut – mais PAS la mariée ! C’est ça qui est triste dans cette histoire. La mariée, elle, n’est pas là. Elle n’était pas prête, alors elle est partie. Elle est symbolisée par cinq jeunes filles. Tout le monde s’est endormi ; pas grave, c’est humain quand il y a beaucoup de retard. Mais qu’est-ce que ça veut dire de ne pas être préparé ? Pour l’autre ? Pour le mariage, pour la relation de sa vie ? Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on se fiche à tel point de l’autre – mais aussi de soi-même ?!
J’ai vécu une fois comme pasteure l’angoisse d’une épouse dont le mari ne venait pas. Il n’y avait pas encore de Natel à l’époque, et je me souviens encore de son regard si inquiet, jusqu’à ce qu’enfin, il arrive, accueilli par une belle engueulade. Ici c’est le contraire – tout le monde est là, tout est prêt, mais… pas de mariée. D’autres choses à faire, plus importantes ? Le mariage, ça peut attendre, un mari, faut pas exagérer, il y a autre chose à vivre ? En tout cas, pour le marié les paroles « BIENVENUE ! » doivent sonner assez creux. Ça grouille de monde, mais la personne qui compte le plus pour lui n’est pas là pour l’accueillir. Bienvenue ? Tu parles !
C’est dans ce contexte-là que le marié dit à la mariée enfin arrivée : « Désolé, je crois que le mariage doit attendre. Car, au fond, on ne se connaît pas. » C’est triste… mais c’est aussi fantastique ! Car, vous voyez, il ne s’agit justement pas de l’invité n° 127. Si elle n’est pas là, personne ne va s’en rendre compte. Bienvenue mais peu importe. Non, ici il s’agit de la personne principale. Sans elle rien ne va plus, rien ne joue plus, la fête est impossible. C’est pas génial ça, que Jésus NOUS confie ce rôle-là, cette gloire-là ? Oui, à nous ! Car l’épouse représente l’Eglise de Jésus-Christ. Non, pas l’institution, pas la structure, pas la théorie. VOUS. MOI. Ce troupeau bizarre de Jésus, ce mélange pas très splendide de ceux qui cherchent Dieu, qui ont soif de Jésus-Christ, qui l’attendent et l’espèrent même s’ils se perdent et se plantent et se font piéger constamment. Ceux dont le cœur est tendu vers lui, en disant : « Viens, viens, viens ! Je t’attends ! Bienvenue ! ». Ceux qui essayent, tant bien que mal, de l’aimer. De l’aimer : partager son cœur, sa vie, soi-même. Sans masque. Sans prétentions. Sans faire comme si. Pouvoir être soi-même, et accepter l’autre pour lui-même.
Alors, vous qui essayez, tant bien que mal, d’aimer Jésus-Christ, entendez ceci dans cette histoire : sans vous, la fête n’a pas lieu. Sans toi, Eglise un peu paumée, éternellement en train de tomber dans des pièges – la fête n’a pas lieu. Sans vous – vous qui croyez que vous n’êtes pas importants, vous qui pensez que personne ne va remarquer votre absence – la fête n’a pas lieu. Alors, réveillez-vous, prenez place, prenez VOTRE place ! Vous avez bien fait de venir, bienvenue, car - vous êtes essentiels !
Vous ÊTES essentiel. - Alors N’OUBLIEZ pas l’essentiel ! Vous avez en vous une lampe intérieure ; ne la gardez pas vide, remplissez-la ! Comment ? En demandant à Jésus de VENIR LUI-MÊME ! A cela il ne peut pas NE PAS répondre ! Et peu importe que vous le ressentiez à ce moment-là ou non : il vient ! L’huile, c’est Jésus qui vient à nous, par son Esprit – mais ça ne s’arrête pas là : c’est aussi notre réponse qu’il provoque, c’est sa VIE qu’il veut allumer en nous comme un feu, et faire grandir et grandir encore. Cette Vie Nouvelle dont la Bible nous parle, et que j’ai envie de décrire comme un va-et-vient entre les paroles « Viens ! Bienvenue ! » et « Oui, je viens ! Je suis là ! » C’est ce début de communion qui existe déjà, aussi petite soit-elle, comme une graine de moutarde… Il faut juste que ça grandisse !
Dieu en Jésus dit : « Viens ! Bienvenue! Veux-tu être avec moi ? » - Nous répondons : « J’suis là ! Oui, je le veux ! » - Et nous, à notre tour, nous disons : « Viens! Bienvenue ! Veux-tu être avec moi ? » - Lui répond tout de suite : « J’suis là ! Oui, je le veux ! »
C’est un va-et-vient mystérieux et incroyablement beau, où l’un a soif de l’autre, aspire à l’autre, désire l’autre, mais aussi : veut ÊTRE désiré. Imaginez-vous : Dieu et l’être humain, dans une danse de question et de réponse, d’attente et d’accomplissement. Une danse, où non seulement son « OUI ! » à nous, mais déjà sa SOIF de nous est un exaucement de notre désir d’être aimé. Une danse, où non seulement notre « OUI ! » à lui, mais déjà notre SOIF de lui est un « exaucement » de SON désir d’être aimé ! Et en même temps, c’est lui-même qui donne cette soif, en posant son image en nous : car on ne peut pas avoir soif de quelqu’un qu’on ne connaît pas du tout ! - La soif de Dieu : cadeau de Dieu pour nous – et de nous pour Dieu. L’huile de sa demande et notre réponse, et de notre demande et sa réponse. C’est ainsi qu’on se découvre, qu’on s’apprivoise, c’est ainsi qu’on se prépare pour l’union, ou la Vie Nouvelle, Eternelle – en la vivant déjà – même si ce n’est pas encore de façon complète. Quelle drôle d’histoire, où la vie nouvelle dans la lampe prépare pour la vie nouvelle ultime ; où la vie ensemble prépare pour la vie ensemble ; où Dieu lui-même prépare pour Dieu…
Le psaume 45 décrit cette vie nouvelle et montre comment on y grandit :
Toi, la mariée, tu as quitté ta maison familiale, familière, maintenant va jusqu’au bout de ton chemin. Ne te laisse plus enchaîner, fasciner par ton passé, ton éducation, tes habitudes, ce que tu as connu jusque maintenant, l’ancien. Avec ton mari, celui qui t’a choisie et que tu as choisi, regarde résolument en avant, vers le nouveau. Choisis maintenant cette vie à deux. On pourrait aussi dire, avec l’image de Matthieu 25 : Vide ta lampe de ce qui est encombrant et inadéquat. Fais maintenant de la place pour l’huile, pour l’essentiel, pour l’huile essentielle, de la nouvelle union !
Et la même parole est valable pour nous. Toi, Eglise de Jésus - toi, assis ici dans cette église au Lieu - toi, assis devant ta radio chez toi ce matin - ose quitter le cocon confortable de l’ancien : de ton passé, ton éducation, tes habitudes – mais aussi (et ça va plus loin !) de tes sécurités, tes projets, tes idées, ta réputation, tout ce qui t’était et t’est familier mais qui tourne… autour de toi. Toi autonome, toi enfermé en toi-même. Toi « comme si », comme si tu étais seul, toi dans ta réalité de cocon de chenille, qui semble la seule réalité! Sors de ton cocon, avec tes pensées-chenille, tes émotions-chenille, ton comportement-chenille ! Deviens papillon, en te tournant résolument vers Jésus-Christ et la vie nouvelle avec ce Jésus-Christ surprenant et passionnant et exigeant – car, mon Dieu, oui, qu’est-ce que l’Amour est exigeant ! Vide ta lampe de ce qui l’a remplie inutilement et ce qui t’a empêché d’être vraie lumière du monde. Ose une vie que LUI va remplir, que LUI va diriger, dont LUI va prendre soin, où LUI veut agir. C’est ça l’huile essentielle, tu te souviens ? Que LUI fait TOUT, qu’il prend l’initiative, qu’il désire et suscite la soif et te rend capable de ta réponse, cette réponse qu’il veut plus que toute autre chose : « Oui je le veux ! » - C’est vrai, c’est un risque, et ça peut faire peur ! Mais c’est bien le pari de sa promesse, il était le premier à dire : « Oui, je le veux ! Je rends toute chose, toute personne nouvelle ! Même toi ! »
Une dernière chose concernant ce psaume 45 : Avec la fille du Roi, il y a ceux et celles qui l’accompagnent ; eux aussi entrent dans le palais, eux aussi y sont accueillis avec joie parce que l’épouse les a entraînés avec elle. « Bienvenue à vous, tous les autres ! » - Mais c’est qui, ces autres ? Je vous donne mon interprétation, qui est aussi ma plus grande prière, le désir de mon cœur à moi. C’est l’humanité toute entière. C’est, tout simplement, TOUS. Eglise de Jésus-Christ, toi qui te prépares pour cette Fête universelle, n’en fais pas juste ta fête à toi. Invite les autres, entraîne-les avec toi. Comment ? En parlant de l’époux, bien sûr, en faisant envie. Parle aux autres de lui avec toute la passion qui est en toi pour lui. C’est l’élu de ton cœur, non ?!
Mais puisqu’il y en a qui ne savaient pas qu’ils étaient, eux aussi, l’élu du cœur de Dieu, essentiels… ceux qui n’y ont pas tellement cru, ceux à qui on n’a pas fait envie, ou qui n’osaient pas sortir de leur cocon-prison - demande, demande ensemble avec ton mari Jésus-Christ, une faveur au Père céleste, une « dot ». Demande-lui de te donner… tes compagnons, tes frères et sœurs de la terre entière. Qu’ils puissent entrer dans la célébration, eux aussi. Demande, insiste, que personne, PERSONNE, n’en reste en rade, exclue de cette Vie Nouvelle avec Dieu en Jésus-Christ. Que personne ne reste dehors, devant la porte – quoi que ça puisse impliquer.
Cela vous étonne ? Qui prie encore aujourd’hui pour que tout le monde soit sauvé ? D’un côté on me dit que c’est dépassé et superflu : Dieu est tellement bon qu’un refus devant la porte est impensable, tout le monde est accueilli, un point c’est tout. – Joli. Mais - pas biblique ! - D’un autre côté on me dit que, oh, surtout non ! Il n’y aura qu’une petite élite de ceux qui ont « bien » cru, ceux qui ont confessé des choses justes. Eux y seront, et tant pis pour les autres. - Pas joli. Pas biblique non plus !
Et moi, j’ose le dire ici, car c’est tellement important pour moi – moi je prie pour ça. Je demande cette « dot » au Père de mon époux Jésus-Christ. Je l’implore, je lui casse carrément les pieds, comme la fameuse veuve dans une autre histoire de Jésus, qui cassait tellement les pieds à un mauvais juge qu’il lui donnait gain de cause juste pour avoir la paix… Ou comme Jacob, qui disait à Dieu (Genèse 32) : « Je ne te lâche pas, tu dois me bénir, toi ! » - Moi je dis à Dieu : « Je ne te lâche pas. Tu nous béniras TOUS, tu nous fais TOUS entrer dans ta fête, sinon, si j’y suis, moi, je t’embêterai pendant toute la fête, tant qu’il y a encore quelqu’un devant ta porte. »
Vous savez – je crois que Jésus aime cette prière, et son Père aussi. Dieu est même peut-être tout à fait d’accord d’exaucer cette prière de sa nouvelle belle-fille. Il espère peut-être juste encore trouver d’autres qui ne le lâchent pas, qui lui cassent les pieds divins, ensemble avec l’époux, donc dans le nom de Jésus…
Quelle fête ! Et l’Esprit et l’épouse disent : « Viens ! » Et ceux qui l’entendent, disent : « Viens ! » Et que celui, celle qui a soif, VIENNE !, et que celui, celle qui veut, PRENNE cette eau de la vie nouvelle – cette huile ! - gratuitement.
Amen, viens Seigneur Jésus. On n’est peut-être pas tout à fait prêt, mais on y travaille, tu y travailles ! Alors viens ! Bienvenue !
Amen.