Écouter le culte :
« Les disciples retournèrent à Jérusalem pleins de joie et ils étaient sans cesse dans le temple à bénir Dieu. »
Ca sonne vraiment bien ces derniers versets de l’évangile de Luc ! L’ambiance a l’air tout à la joie et tout à la louange, et ceci avant même l’arrivée de l’Esprit promis par Jésus !
Quels contrastes en peu de jours, dans ces récits d’Evangile… Que d’émotions traversées par les disciples !
Si nous nous mettons un moment dans la peau de l’un de ceux ou celles qui ont suivi l’homme de Nazareth, imaginons que nous avons marché beaucoup, vu des guérisons, partagé des repas avec toutes sortes de gens, nourri une foule avec 5 pains et 2 poissons…
Parfois, les maîtres de la loi venaient lui tendre des pièges, quelques-uns avaient eu un sentiment de danger, mais Jésus ne paraissait pas vraiment s’en inquiéter.
Et alors, tout a été si vite.
L’entrée triomphale à Jérusalem, quand tous criaient « Vive le roi ! »
Et quelques jours plus tard, la foule hurlait « Crucifie-le ! » Etait-ce la même foule ? N’était-ce qu’un mauvais rêve ?
Pourtant, ça a continué :
Jugement hâtif, renvoi d’une autorité à l’autre…
A cause d’une fête, tout est précipité.
La foule manipulée a été suivie ; c’est le peuple qui le voulait, dira-t-on.
Alors, le maître a été cloué au bois, comme on le faisait pour les malfaiteurs…
Et moi, son disciple, je n’avais plus rien compris. C’était comme si je tombais soudain de très haut… Comme si je sombrais dans une nuit sans aucune perspective d’aurore !
Comment ne pas perdre pied ? Comment rester debout ? Comment mettre de l’ordre dans toutes mes émotions, dans mes certitudes ébranlées ? C’était ce sombre vendredi, jour de sa mort…
Deux jours plus tard, les femmes arrivent en disant : il est vivant ! Elles ont vu un ange !
Jésus lui-même n’avait-il pas annoncé toutes ces choses ? Et même les prophètes avant lui ?
Et moi, maintenant, moi qui relis ce texte d’Evangile comment est-ce que je reçois la résurrection ? Comment est-ce que j’en vis au quotidien ?
Nous venons d’entendre le récit de la fin de l’évangile de Luc, l’apparition aux onze rassemblés et Jésus emporté au ciel alors qu’il bénit les siens.
Et je rebondis ici sur la question de Gabrielle Desarzens, l’Ascension, en quoi est-ce une fête ?
Eh bien… c’est une fête de départ !
En ce sens, elle est séparation, mais aussi nouveau commencement !
Après avoir été présent physiquement sur terre, Jésus absent sera désormais présent autrement.
Jésus sera avec chacune et chacun des disciples là où ils iront !
Christ est présent aujourd’hui avec nous.
Jésus parti au ciel n’est pas absent, il est présent autrement.
Est–ce avoir la tête dans les nuages que de dire ainsi ce que nous croyons ? Ou est-il possible de garder les pieds sur terre, tout en affirmant que le ciel s’est approché de nous ?
Aujourd’hui, comment lire ce récit ?
A chaque fois que j’ai fait, comme pasteure, une visite de classe, parmi les questions des enfants, 2 revenait à coup sûr :
La première sur les origines du monde, et l’autre : « Comment Jésus a-t-il fait pour monter au ciel ? »
J’ai souvent répondu, je ne sais pas vraiment comment, mais je crois que c’est Dieu qui l’a repris vers lui. Et même le texte biblique est assez sobre sur le comment !
Revenons maintenant à l’autre texte biblique lu ce matin par Magali Barblan : ce beau récit qui dans la traduction œcuménique de la Bible a pour titre « Ascension d’Elie. Elisée héritier de son Esprit »
Ce qui m’a frappée en relisant ce récit, c’est qu’il y a un long chemin avant la séparation, et même une forme de combat avec des étapes. Elie demande plusieurs fois à partir seul, tous les autres semblent entendre, mais Elisée réaffirme plusieurs fois : « par la vie du Seigneur et par ta propre vie, je ne te quitterai pas ! »
Maître et disciple n’ont, à ce moment, plus le même point de vue. Elie doit se détacher et Elisée va jusqu’au bout de son accompagnement.
Elisée a aussi l’audace de demander une double part de son Esprit ! La belle ténacité d’Elisée sera récompensée, ce qu’il a demandé lui est accordé. Le manteau en sera le symbole et le passage du Jourdain à pied sec la preuve.
Elie est emporté dans une tempête !
La fin du récit avec 50 hommes qui partent à la recherche du corps, contre l’avis d’Elisée, montre à quel point une ascension est difficile à admettre. C’est humainement si invraisemblable…
Je me plais à rappeler au passage que, lors de la transfiguration, Jésus se trouve avec Moïse et Elie.
J’aime ces correspondances entre l’ancien et le Nouveau Testament qui marquent une continuité de la foi et de l’espérance. Une continuité dans la recherche de comment mener sa vie à la lumière des textes et des événements traversés.
Elisée prend la succession d’Elie, les disciples de Jésus sont remis en route par le départ du Christ.
Ils semblent bien garder les pieds sur terre pour repartir à Jérusalem et pourtant, leur cœur est en fête, car ils ont la certitude que Jésus est vivant auprès du Père. Ciel et terre sont proches, le monde visible et le monde invisible se côtoient.
Les disciples ont vu leur maître ; ils pourront être témoins que la mort n’a plus le dernier mot !
Jésus parti au ciel, les voici en pleine responsabilité, c’est à eux de jouer !
Et dans la chaîne des témoins, c’est maintenant à nous de jouer notre rôle, là où nous vivons !
C’est à moi, à toi d’y aller, sur ce chemin de la vie ! D’y aller avec courage, avec joie et espérance !
A la suite du Christ, avec tous nos frères et sœurs en humanité. Sans exclusion, car lui-même n’a pas exclu, au contraire il affirme sa volonté qu’aucun ne soit perdu !
Amen.