Écouter le culte :
Une femme dont on n'a rien dit
Une femme dont on n'a rien dit,
si ce n'est qu'elle était fiancée
et qu'un ange vint lui annoncer :
« Te voilà entre toutes choisies. »
Une femme dont on n'a rien dit,
si ce n'est qu'elle avait accouché
d'un garçon au pays de Judée ;
des bergers en ont fait le récit.
Une femme dont on n'a rien dit,
si ce n'est qu'elle a trois jours cherché
son enfant qui semblait l'oublier
et son cœur n'y avait rien compris.
Une femme dont on n'a rien dit,
si ce n'est qu'elle était à Cana
pour la noce où Jésus transforma
l'eau en vin, et l'on put croire en lui.
Une femme dont on n'a rien dit,
si ce n'est sa présence à la croix,
quand son fils étendait ses deux bras
pour mourir au milieu des bandits.
Une femme dont on n'a rien dit,
si ce n'est sa prière avec ceux
que brûlèrent des langues de feu,
baptisés du baptême en Esprit.
(Didier Rimaud, Des grillons et des anges, p.104)
--------------------------------------------------------------------------------------------------------
Marie, un nom de femme
Marie, un nom de femme,
un nom de mère,
parce qu'un jour une jeune fille de Palestine
s'est ouverte à l'accueil du désir de Dieu,
sans calculs, sans discussions,
– pas sans questions –,
dans le fol élan d'un amour sans condition.
Marie, une femme comme toutes les femmes du monde,
pétrie de larmes, de sueur et de sang ;
dans son corps, en un destin particulier,
Dieu est venu se réfugier
pour écrire en lettres de chair
la promesse de sa venue.
Marie, femme entre toutes les femmes,
sœur d'humanité,
matrice d'un autre Dieu,
montre un chemin d'éveil à la spiritualité.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Une adresse à Marie
J'ai besoin de mots vers Marie,
des mots familiers et simples,
puisés à la source du quotidien...
J'ai besoin de mots vers Marie,
parce que sa figure de femme, de mère, de sœur, de témoin, de compagne de route ou d'amie est nécessaire à l'expression de mon cheminement comme à l'expérience de ma foi.
Alors j'ose des mots vers Marie,
même si cela ne se fait pas, dit-on ;
parce qu'on fond, je sais bien ceci :
come une douce prière,
c'est le Christ qui les recueille
et qui, dans le souffle de l'Esprit saint,
les porte vers le Dieu Vivant.
Alors toi qui, simple parmi les simples, a dû composer avec l'inédit de Dieu et son étrange dévolu sur toi ;
Toi qui fut saluée bienheureuse et chercha ta vie durant à donner corps à cette promesse au-delà d'une rencontre ;
Toi dont j'ai lu l'amour se déployer pour ton enfant dès son premier cri ;
Toi dont la sollicitude inquiète s'est imposée lors de sa fugue au temple ;
Toi qui a accueilli avec Joseph d'autres enfants, frères et sœurs de ce fils turbulent ;
Toi qui, lors d'un mariage, l'a obligé à montrer, aux autres comme à lui-même, de quoi il était capable ;
Toi qui, en mère juive, a souffert des relations compliquées avec ce garçon mature, volontaire et indépendant ;
Toi qui a rejoint sa marche et son combat pour un Dieu proche de l'humain ;
Toi qui a vu la chair de ta chair mourir de manière infamante pour raison d'Etat et malentendu religieux ;
Toi qui a séché tes larmes au jour de Pâques – ou peut-être seulement le lendemain, parce que le deuil ne prépare pas à l'inouï ;
Je te salue, Marie.
En toi, je reconnais la trace de Dieu,
celle de sa grâce, de son amour déraisonnable,
pour lesquels on te dit bienheureuse ;
et que cette salutation ait pour seule ambition,
en ton nom,
d'être unie à Celui qui fut ton inquiétude et ta joie,
ta douleur et ton espérance: Ieshoua, Jésus.
Lui seul demeure, au secret de mon cœur. Lui seul.
Mais je perçois que tu n'y es pas pour rien...
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Signe de l'Esprit
Au commencement,
c'est le silence.
Marie s'éveille avec le jour qui naît
et le vent qui claque.
Maintenant, une voix
paisible et persuasive :
« Sois en paix, Marie,
ne te trouble pas. »
Dieu bouleverse sans fracas,
surprend sans effroi.
Marie s'étonne mais n'esquive pas.
En elle, la paix prend corps,
grandit, grandira encore,
jusqu'à la prochaine aurore.
Marie a su dire oui
aux portes de l'impossible
et porter comme un secret
le mystère de Dieu.
Son corps était le livre
où la Parole se tisse et s'écrit.
Marie a su être servante,
vivre tout en accueil,
habitée par l'Esprit,
remplie de l'Esprit,
pleine dans l'Esprit,
et devenir promesse
où Dieu s'immisce et s'inscrit.