Le Seigneur est mon berger

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Par ce psaume 23, si aimé, si familier, c’est la Paroisse d’Ormont-Dessus qui vous parle, ce n’est pas seulement le pasteur.

Situons rapidement cette paroisse des Alpes Vaudoises en cette période de l’année… Depuis un mois déjà, les troupeaux nous ont quittés pour rejoindre leurs pâturages d’été. Au creux de la vallée et sur les pentes, les foins ont pu commencer, interrompus cependant par les orages des derniers jours. Et les vacanciers sont arrivés…

Nous préparions ce culte depuis plusieurs semaines. Le choeur mixte nous promettait sa collaboration. Et quatre d’entre nous, réunis à la salle de paroisse, réagissaient par avance au psaume 23 : « Le Seigneur est mon berger. » Sautait à l’esprit l’histoire familière de la bergère d’Isenau, popularisée par la chanson du jeune pasteur Sylvius Chavannes, dont elle avait décliné l’amour. Et l’un d’entre nous disait : « Quand on pense à quelle époque ce psaume a été écrit?… On aimait aussi, autrefois, le repos des verts pâturages et la fraîcheur des courants d’eau, comme nous aujourd’hui, qui avons pourtant toujours vécu à la montagne. »
Et quelqu’un ajoutait : « Quand on lit ce psaume, on se sent comme en vacances : on se promène dans la fraîcheur, on se plonge en pleine nature, on a l’impression d’avoir tout le temps… »
Voilà ce qui nous a frappés d’abord, dans ce psaume. Mais nous n’oublions pas pour autant tous ceux qui travaillent dur. Nous pensons beaucoup à tous ceux qui souffrent. Et nous constatons que ce psaume, sans doute le plus connu, dont presque tout le monde récite au moins le premier verset, nous parle en réalité à tous.

Ce psaume n’est donc pas seulement la prière de ceux qui ont la chance de vivre dans les verts pâturages et près des eaux tranquilles. Ce sont des images, mais qui réussissent à exprimer fortement la grande tendresse du Seigneur envers tous ceux qui se confient en lui.
Nous nous souvenons de l’Evangile : Jésus passe par toutes le villes et tous les villages, annonçant la Parole de Dieu et guérissant les malades. Voyant des foules venir à lui, il est touché de compassion, car ces gens sont fatigués et découragés, comme un troupeau qui n’a pas de berger.
Or, le Berger, le voici… Nous le désignons par son nom : JESUS. Et nous sommes heureux de pouvoir dire, affirmer, confesser ce qu’il est pour nous, ce qu’il fait pour nous dans sa tendresse. Le psaume 23 nous sert à confesser notre foi.
Qu’est-ce que confesser la foi ? C’est dire ouvertement qui est le Seigneur, dire clairement ce qu’il fait. Il est le Berger, qui donne toute sa vie. Il conduit par le bon chemin, dans de verts pâturages, jusqu’aux sources du repos. Il protège des ennemis, fait traverser sans peur la vallée obscure.
Mais confesser la foi, c’est dire aussi : « Il a fait cela, il est cela POUR MOI. Il est mon Berger. Je ne manquerai de rien. Il me conduit. Il me met au repos. Il ranime mes forces. Et je ne crains aucun mal, s’il me fait passer par la vallée obscure. » Vous avez donc quelque chose à dire au sujet du Berger. Mais ce que vous dites vous concerne directement, a un impact constant sur votre vie…
Et voilà même que, de la troisième personne, vous passez à la deuxième. « TU me conduis, TU me défends, voilà ce qui me rassure… TU prépares un banquet pour moi, TU m’accueilles… Oui, tous les jours de ma vie, ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas… » Vous disiez votre foi, votre assurance dans le Seigneur. Et voilà que maintenant, vous passez au dialogue direct avec lui. Vous le connaissez assez pour vous adresser à lui personnellement. Le psaume 23 devient, à proprement parler, votre prière.

Alors finie la crainte qui vous faisait toujours parler de Dieu à la troisième personne ! Plus de timidité ! Vous vivez avec le Seigneur. Vous lui parlez. Vous lui ouvrez votre coeur. Et nous vous écoutons. Et votre prière nous éveille à la foi vécue, nous réjouit et nous encourage. Avec vous, grâce à vous, nous nous sentons désormais la force, la joie, la liberté de prier : « Toi seul, Seigneur, TU est mon Berger. »
Dès lors, ce Berger ne me quitte plus. Oh ! je sais, il me plairait d’explorer à moi tout seul tous les chemins de la vie. Mais que Jésus soit mon Berger me prive-t-il de ma liberté de choix et de ma responsabilité ? Dans les prés d’herbe fraîche, je vais et je viens, je suis bien et libre. Me contraint-il à boire, comme il veut, aux eaux tranquilles, lui qui a dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » ?
Voici donc le paradoxe : le Berger fait tout pour moi, me protège, me conduit, me nourrit, me rassure et pourtant, avec lui, je suis libre, merveilleusement libre et heureux, car il me fait vivre.
Mais alors, ce psaume respire tant de paisible confiance, que je pourrais me croire désormais à l’abri de tous les dangers, de tous les orages, de toutes les famines, de toutes les tentations, de toutes les solitudes et de tous les ennemis.

Prenez garde ! Saisissez ce psaume ! Efforcez-vous de le vivre ! Priez-le avec tout le poids de votre vécu. C’est alors que chaque verset vous apparaîtra comme un nouveau défi, un nouvel appel à croire le Seigneur, alors que votre existence semble constamment le contredire. « Le Seigneur est mon Berger… », ne vous arrive-t-il pas de vous sentir terriblement seuls, sur le chemin que vous devez suivre ? « Je ne manquerai de rien… », il faut avoir connu la disette pour oser l’affirmer. « Il me met au repos… », et combien souvent je me sens fatigué et chargé… « Il ranime mes forces… », et pourtant vous venez de dire aujourd’hui : il y a trop ! « Même si je passe par la vallée obscure, je ne redoute aucun mal…», et cependant j’ai peur, c’est comme si je ne devais jamais sortir de la sombre vallée.

Prions donc fréquemment ce psaume, mais prions-le avec, en filigrane, tous les problèmes de notre vie. Le Seigneur n’ignore rien de nos difficultés et des dangers du chemin. Plein de tendresse, il n’est justement pas indifférent à nos misères. N’est-il pas lui-même l’agneau, l’agneau offert en sacrifice ? Mais voici que, sur le chemin où nous peinons, l'Esprit de Jésus, parlant par ce psaume de David, nous appelle à faire et à refaire chaque jour acte de foi, en toute situation et à chaque pas.
Il faut cependant lire le psaume jusqu’au bout. Car la vie n’est pas uniquement le chemin difficile, où nous avons sans cesse besoin d’être guidés et protégés. La vie, c’est aussi la maison où nous sommes attendus, la table où nous avons notre place, la fête où nous sommes accueillis. « Face à ceux qui me veulent du mal, TU prépares un banquet pour moi. TU m’accueilles en versant sur ma tête un peu d’huile parfumée. TU remplis ma coupe jusqu’au bord…» Ainsi se termine le psaume 23, la prière du Berger qui ne nous cache pas les épreuves de la vie, mais les éclaire aussi par la promesse du grand rendez-vous.
Et même, tout en affrontant les problèmes de chaque jour, vous avez déjà le bonheur. Vous êtes déjà dans l’amour du Seigneur. N’est-il pas ressuscité des morts ? Vous ne le voyez pas, et pourtant, il vous accueille et vous remplit de joie. Vous êtes dans la communauté du Ressuscité.
Et il vous donne, dès aujourd’hui, des temps pour la fête, en particulier le temps du culte. Et quand ce temps est terminé, quand vous retrouvez le chemin de chaque jour, vous dites encore au Seigneur : «Seigneur, je reviendrai dans ta maison aussi longtemps que je vivrai.»

Chers frères et soeurs, nous avons reçu ce psaume. Nous l’avons prié. Nous le prierons encore. Nous l’inscrivons dans notre vie. Qu’en résultera-t-il pour la communauté des croyants ? Qu’en résultera-t-il pour l’Eglise ?
Grâce à ce psaume s’esquisse aujourd’hui l’image d’une Eglise renouvelée, d’une Eglise qui recommence à refléter, pour ceux qui se retrouvent en elle, quelque chose de la tendresse du Seigneur.

Que chacun de nous, en priant ce psaume se forge patiemment une âme de berger ! Car c’est à nous aujourd’hui, à la suite du Christ de nous conduire les uns les autres, avec tendresse, dans les verts pâturages et près des eaux paisibles.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Marianne Besse
Musique