Écouter le culte :
La question qui t’est posée ce matin, c’est la suivante : A qui ou à quoi te soumets-tu ? Vers qui ou vers quoi, cherches-tu protection et sécurité ? Qu’est-ce qui gouverne ta vie, oriente tes choix, domine ton être de son autorité ? Qu’est-ce qui te guide et te rassure ?
Pour prendre un exemple très actuel : C’est la première fois que je passe à la radio. Et j’ai pris conscience de l’influence énorme qu’a eu sur moi, ma réputation. Que vont penser tous ces gens derrière leur poste de radio ? Et j’ai du lutter : Pour que cette réputation ne dicte pas mon bien-être ou mon mal-être.
Le regard des autres, voilà qui domine bon nombre d’entre nous. C’est la crainte de perdre notre place qui nous conduit par le bout du nez, Et c’est aussi vers ce même regard des autres, que nous trouvons du réconfort.
Ce qui me domine et ce qui me sécurise, ce sont bien souvent deux faces d’une même médaille. Et cette domination sécurisante a de nombreux autres visages : Combien de vies sont dominées par leur fortune ? Mais ça peut aussi être par la santé, les tentatives de rester jeune, le fait de vivre des événements extraordinaires.
Combien d’heures de nos vies sont-elles consacrées, sacrifiées sur l’autel des soins à notre apparence ? Combien de forces vives et de ressources sont-elles employées à pouvoir dire : je suis un privilégié. Ou encore mon travail. Mon travail décide à ma place ce que je vais faire des journées de ma vie. Et en même temps, il est une sécurité bienvenue et bienfaisante.
Ma famille ou mon revenu ou encore ma recherche du plaisir ou quand je cherche à m’évader de la réalité. Qu’est-ce qui décide et gouverne ton existence ? Quelle est l’autorité qui te domine ? Vers qui ou vers quoi vas-tu chercher protection et réconfort ? La domination n’est évidemment pas que négative, puisqu’elle t’apporte un bénéfice. Un bénéfice qui devrait apaiser tes craintes et tes angoisses existentielles. Mais en même temps, ce qui fait de toi un bénéficiaire, fait aussi de toi un redevable.
Quand ce qui domine ma vie me colle une dette en même temps que son bénéfice. Et me voilà redevable, avec l’obligation de payer. Payer de mon temps, payer de mes soucis, payer de mon argent, payer de ma santé, payer de mes relations, etc..
Et si je ne paie pas les intérêts et ne rembourse pas le prix des bénéfices que j’ai reçu, alors pointe à l’horizon, la crainte de ne plus être fourni en bienfaits. Et alors, c’est bel et bien la peur qui se met à me gouverner. La peur de manquer, la peur de vieillir, la peur de la maladie, si ne je paie pas. La peur de perdre des amis ou ma réputation, si je n’y passe pas l’énergie nécessaire. La peur d’un débarquement en force de Billag, si j’écoute le culte sur Espace 2, sans payer ma redevance. Enfin : c’est pour dire que les dominations sont comme les assurances. Elles apportent protection et assurance, pour autant que l’on paie les primes.
Et idem pour les impôts. Quand j’accepte d’être gouverné par les lois suisses parce qu’elles m’apportent aussi leur lot de sécurité et de possible épanouissement, eh bien, il faut aussi que je m’acquitte de ma dette envers cette vénérable institution, en payant mes impôts. La domination suisse fait de moi un contribuable.
Alors Jésus, à quelle autorité est-il soumis ? Quel modèle nous propose-t-il ? A Jérusalem, ce libre-penseur de l’époque irrite les maîtres de la loi et les grands-prêtres. Son franc-parler et l’autorité qu’il dégage dérangent et bousculent les autorités qu’ils se sont choisis pour orienter leur vie. Jésus vient secouer nos dominations et ça, c’est dangereux pour nous. Nous aimerions mieux savoir sous quelle emprise il se trouve, peut-être pour pouvoir dire : il est bien comme nous. Alors les religieux de Jérusalem décident de trouver un moyen de livrer Jésus à une autorité humaine : l’autorité et le pouvoir du gouverneur. De manière assez perverse d’ailleurs, ils vont tester justement son autonomie et sa liberté, en lui demandant ce qu’il pense du fait de payer des impôts à l’empereur.
Mais une fois de plus, Jésus va les surprendre, va nous surprendre, par son autorité libre et autonome. Le voilà qui se place au-dessus de la plus haute autorité, au-dessus de l’empire romain, lui, le pauvre de Nazareth : Rendez à César ce qui est à César. Ce sont ses sous, ce n’est donc que justice humaine et fonctionnement humain des hiérarchies que de les lui rendre.
Cependant, n’oubliez que vous êtes aussi sous un régime bien supérieur qui demande aussi de rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Ce qu’il vous faut surtout éviter, autrement dit, c’est de confondre les autorités d’ici-bas (humaines) et l’autorité du Créateur. César n’est qu’un simple être humain. Vos dominations, ce qui voudrait vous tenir dans une emprise et dans une dette, ce ne sont que des puissances terrestres. Payez-les, affranchissez-vous de votre dette et devenez capables de n’être redevables qu’envers Dieu seul.
C’est l’enseignement de l’apôtre Paul : acquitte-toi de toutes tes dettes ! Autrement dit, ne te mets sous le joug d’aucune puissance qui dirigerait ta vie parce qu’auparavant, elle aurait fait de toi un privilégié. Il n’y a pas de cadeau immérité qui ne se paie un jour.
Quand j’étais enfant, il y avait parfois un grand événement sur la table du salon : En général, le dimanche après-midi : toute la famille se réunissait autour du jeu haletant : le Monopoly.
Et malgré les avertissements et nos promesses enfantines à nos parents qui finissaient par se méfier : le jeu se terminait immanquablement en drame, en pleurs, voire carrément en bagarres. Le suspens, les angoisses et les émotions étaient trop forts autour de nos hôtels à Zürich Paradeplatz, autour de nos billets de banques à multiples zéros et de la prison. Nous vivions dans la hantise de tomber sur la carte qui nous obligeait à payer nos impôts sur tout ce que nous avions construit.
Le jeu tournait donc systématiquement à la catastrophe et en guerre fratricide, jusqu’à ce que mon père dise. Bon ben puisque c’est comme ça, on s’arrête et je reprends mon jeu.
Alors, en voyant le plateau de jeu être débarrassé, avant d’avoir fini, me prenait une bizarre impression de recul sur ce que nous avions vécu là. Une fois sorti de ce jeu, je retrouvais petit à petit, de plus saines relations avec les membres de ma famille. Dans notre économie, qu’elle soit de notre ménage, de la Suisse ou mondiale, dans nos politiques à tous les échelons, nous nous enflammons, de désir, de pouvoir, de richesses, de jalousies, de sentiments d’injustice. Et chacun revendique, cherche son profit, défend ses possessions et ses intérêts.
Mais à qui appartient ce plateau de jeu ? N’y a-t-il pas quelqu'un qui puisse de temps à autre nous rappeler : Attention, si ça continue, y’en a un qui va reprendre son jeu. Un jour, le créateur le fera : et certainement une bizarre impression de recul sur ce que nous avions vécu là nous saisira.
Jouer et passionnez-vous pour votre monde : rendez à César ce qui est à César, payez vos impôts et taxe : mais Jésus nous fait faire le grand saut du recul, comme peut certainement le vivre un cosmonaute admirant la terre de loin : « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu. »
Le plateau de jeu lui appartient, ne l’oubliez pas ! Vous avez d’ailleurs – et c’est aussi le 4ème commandement que nous avons lu tout à l’heure – vous avez d’ailleurs un jour par semaine pour vous souvenir à qui appartient le monde. Rendez à César ce qui est à César, mais rendez à Dieu ce qui lui appartient !
Quand nous payons notre dû aux diverses autorités qui nous dominent, il y a toujours un risque que nous fassions de cette autorité, une domination ultime. Fort heureusement, la Suisse que nous fêtons aujourd’hui, nous a offert un garde-fou, quand nous payons nos impôts.
Est-ce que quelqu'un ici aurait une pièce Fr. 5.- ? Alors cette pièce – nous dirait peut-être Jésus – de qui porte-t-elle l’effigie et l’inscription ? L’effigie ? Sur une face, tout d’abord, je vois un écu. Un bouclier, symbole de protection. Et sur ce bouclier, il y a une croix, la croix de notre drapeau. Cette face de la tune me rappelle que ma sécurité et ma protection portent le signe de la croix. Je me souviens alors que c’est par sa croix, que le Seigneur s’est fait l’ultime protecteur de ma vie. « L’Eternel est ma force : Il est mon bouclier. » dit le Psaume 28 (Psaume 28, 7).
Sur l’autre face ensuite : certains d’entre vous diront certainement voilà l’effigie de Guillaume tell, celui qui a risqué la vie de son fils pour sauver son pays – ce qui ne serait pas sans similitude avec Dieu qui a tant aimé le monde, qu’il a risqué la vie de son propre fils pour le sauver. Alors c’est vrai que rapidement, ce buste de notre pièce de 5.- a été assimilé au héros national, mais à l’origine, Paul Burkard, l’artiste, n’avait pas Guillaume Tell en tête. Il voulait simplement représenter un berger, un berger des Alpes.
Et si je mets ensemble cette effigie du berger et l’inscription que je trouve sur la tranche : « Dominus providebit » : à savoir en latin : « Le Seigneur pourvoira. » Alors, en première ligne du moteur de recherche, n’est-ce pas l’adresse du Psaume 23 : « Le Seigneur est mon Berger, je ne manquerai de rien. » N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, nous a dit Paul. Cette pièce est à vous, je vous la rends tout de suite !
L’intelligence de la Suisse, c’est d’avoir fait de sa plus grosse pièce, un condensé de symbole appelant son propriétaire à la confiance en Dieu qui domine, qui protège, qui veille et qui pourvoira. Voici gravé sur la pièce du dieu-argent, l’appel même à faire de Dieu mon maître ultime.
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, dit Jésus. Mais est-ce que je me rends vraiment compte de ce que cela représente ? Rendre à Dieu ce qui lui appartient ! Qu’est-ce que cela signifie ? Moi qui ai été habitué, depuis tout petit, à défendre jalousement face à mes frères et sœurs, ce qui est à moi. Voilà que je dois me rendre à une évidence : en fait rien ne m’appartient devant Dieu. Tout est à lui. et moi-même aussi.
Et Jésus me demande de le lui rendre ! Comment ? Je prends conscience de l’immensité de ma dette. Chaque seconde de ma vie est un don que je ne pourrai jamais rendre. Comment rendre à Dieu ce qui est à lui ? Et c’est là qu’intervient intelligemment Paul, l’apôtre : il me donne une piste : Si tu veux rendre à Dieu ce qui lui appartient, obéis à ses commandements. Or, tous les commandements de Dieu se résument dans celui-ci : tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, Commencer à payer, ne serait-ce que les intérêts de la dette que je lui dois : c’est aimer mon prochain comme moi-même. Cette dette, dit Paul, c’est la seule dette dont tu ne pourras jamais t’acquitter complètement. Je vous relis ce qu’il dit exactement : Rendez à chacun ce qui lui est dû : l’impôt, les taxes, la crainte, le respect : à chacun ce que vous lui devez. N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon… sinon la dette de vous aimer les uns les autres.
C’est extraordinaire : sinon la dette de vous aimer les uns les autres. Comment est-ce qu’il faut comprendre ça ? C’est vraiment important de bien comprendre. Si je suis sous le joug d’une dette d’amour, c’est que j’en ai reçu de l’amour. Et si je ne pourrai jamais m’acquitter de cette dette, c’est tout simplement parce que Dieu ne cesse de m’en donner, en me prêtant vie. Si je vis, chaque seconde que je vis je la dois au fait qu’il m’aime.
Tout ce qui m’entoure, tout ce qui vit, tout ce qui est beau, tout cela cesserait d’exister instantanément si Dieu cessait d’aimer sa création. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu ? C’est lui rendre de l’amour. Fort heureusement l’amour de Dieu a ceci de particulier, c’est qu’il n’est pas donnant-donnant, il n’est que pure générosité. Dieu ne crie donc jamais comme les enfants et le fisc américain : C’est à moi ! Rends-le moi ! L’amour de Dieu n’est donc pas un amour possessif, mais un amour-don.
L’amour de Dieu est une passion pour le bonheur de l’autre. C’est un amour créateur. C’est un amour qui suscite rien moins que la vie. L’amour de Dieu est pure générosité, il est pur don. Voilà l’amour dont je suis l’endetté. Or, les percepteurs de cet impôt étonnant, les percepteurs de cet amour, c’est mon prochain et c’est moi-même. Rendre à Dieu, c’est aimer l’homme et sa création entière.
Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est me faire l’écho de son amour. C’est faire de ma vie entière, un écho de sa générosité. A la faveur de mon prochain et à la faveur de moi-même.
Rendez à la Suisse ce qui est à la Suisse et à Dieu ce qui est à Dieu. N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon celle de l’amour que vous vous devez les uns aux autres. Alors, pour en revenir à la question initiale : Qu’est-ce qui décide et gouverne ton existence ? Quelle est l’autorité qui te domine ? Vers qui ou vers quoi vas-tu chercher protection et réconfort ? A qui destines-tu l’impôt sur ta vie ? Amen !
Une prière :
Père,
Nous n’avons pas mérité de naître dans ce pays plutôt que dans un autre. Mais tu nous as fait naître ici et nous voulons nous souvenir du privilège que tu nous accordes en même temps que nous nous souvenons de la responsabilité qui nous incombe de faire vivre ce pays pour ta gloire.
Père,
Nous n’avons rien fait pour obtenir la vie, le souffle, une famille et les bienfaits de ta création. Mais tu nous as offert ce privilège d’être vivant au cœur des merveilles que ton amour suscite. Aide-nous à nous imprégner de reconnaissance et du désir de nous faire l’écho de ton amour pour nous.
Père,
Tu ne nous abandonnes pas à nos responsabilités et à nos dettes. Par ton fils Jésus, fruit absolu de ton amour, tu nous as remis nos dettes envers toi et sa croix s’est faite notre bouclier contre l’oubli et le néant de la mort. Que notre âme n’oublie jamais ce bienfait.
Père,
Tu t’es fait notre berger. Pour nous conduire et nous protéger. Pour pourvoir à tous nos besoins de simples créatures devant toi. Apprends-nous à nous confier à ta voix, pour te suivre, pour fonder en toi notre foi.
Père,
Nous te rendons ainsi toute chose. Nous-mêmes, nos familles, nos communautés, notre pays. En lien les uns avec les autres par les ondes de la radio, que ta bénédiction se répande sur chacun et suscite en chacun une joie reconnaissante.
Nous te prions dans le nom de notre Sauveur Jésus : Amen !