Une espérance têtue

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Écouter le culte :

Et si nous étions un peu poètes, en lisant notre Bible et sensibles aux images essentielles ?
· La sombre Jéricho, ville fermée, barricadée solidement, quelle réalité quasi universelle, ou quotidienne !
· et puis Jérusalem, comme l'entrevoit le prophète, ville ouverte à tous, ville chaleureuse, ville de liberté, quelle utopie, mais nous l'espérons tous !
Voulez-vous, frères et sœurs, que nous nous laissions interpeller par ces deux noms symboliques : Jéricho, Jérusalem, ces deux modèles, ces deux prototypes ? Jéricho, oh si seulement il n'y avait plus une seule Jéricho dans le monde! Si seulement Jéricho avait été détruite une fois pour toutes, au temps de Josué!
Mais ça repousse partout, comme la mauvaise herbe. Il y a toujours dans le monde des Jéricho. Je fais un petit silence pour que vous lui mettiez un nom moderne à cette forteresse fermée.
La Bible dit donc : Jéricho s'est solidement barricadée par peur des Hébreux. Personne n'entre, personne ne sort. En plus de la Jéricho moderne à qui vous avez pensé tout à l'heure, nous avons tous nos Jéricho personnelles, souvent subtiles. Des fois les riches sont des Jéricho pour les pauvres et vice versa, Là, ailleurs, les vieux sont des Jéricho pour les jeunes, ou vice versa, les suisses pour les étrangers et vice versa. Ici le mari est un Jéricho pour sa femme ou la femme pour son mari. Bref nous vivons tous avec des gens qui sont pour nous comme des Jéricho: fermés barricadés, clôturés, barbelés – avec encore dans le regard un écriteau : N'approchez pas, chien méchant !
Que faire devant ces Jéricho-là devant nous, qui nous bloquent, et nous empêchent aussi, comme l'autre, d'entrer dans la Terre Promise ? Que faire ? On peut essayer de forcer : le système tank ou pilonnage d'obus. On peut chercher le point faible par où pénétrer dans la forteresse : système cheval de Troie. On peut aussi rester sur ses positions et les avoir à l'usure : système guerre froide ou mur de Gaza. Ou laisser pourrir ! Je n'y connais pas grand-chose ni en tactique ni en stratégie, mais je suis persuadé que ce ne sont pas les bonnes méthodes avec les Jéricho humaines.

Regardons ce que firent les Hébreux, d'ailleurs sur l'ordre exprès de Dieu : ils font pendant sept jours le tour de la ville. Ils portaient l'Arche de l'Alliance. Ils marchaient en silence jusqu'au septième jour. Et sept fois le septième jour. Et Jéricho leur fut donnée par le Seigneur. Si je comprends bien : devant nos Jéricho fermées, en faire le tour, vraiment, sans nous lasser. Essayer de regarder de tous les points de vue, aussi du leur; notre Arche de l'Alliance à porter bien haut, ça pourrait être la foi, l'espérance et l'amour. S'offrir à Jéricho comme une présence silencieuse et aimante, une espérance têtue. Et continuer sept fois, et même sept fois sept fois. Jusqu'à ce que Dieu dise comme à Josué : « Tu vois, j'ai livré ta Jéricho entre tes mains. »
Et puis, si on n'arrive pas, on n'a quand même pas perdu son temps ou sa patience, car c'est alors peut-être au-dedans de nous que nous aurons, de façon unilatérale, éliminé ce qui fait en nous obstacle à l'amour. L'amour plus fort que la mort même. L'amour qui bannit la peur. Car la Jéricho la plus difficile à reconnaître c'est notre Jéricho intérieure, les défenses que l'on bâtit contre les autres, par précaution ou par peur, les murs de nos paroles, de nos actions négatives, surtout de nos pensées, de nos craintes – tout ce qui ferme notre propre Jéricho aux autres. C'est le plus difficile, même le plus impossible. Qui va nous ouvrir aux autres ?
Je pense que Dieu, Lui, ne cesse de nous entourer et de tourner autour de nous, sept fois le jour et la nuit et d'agir en nous. Quelle patience ! A l'un il enlève pierre à pierre, à l'autre il use ses défenses, à l'autre il ébranle les fondations de sa Jéricho et notre Jéricho intérieure s'écroule. Le septième jour, dit la Bible, les murs de Jéricho tombèrent. Ou bien plus simplement, comme Jésus dit au sourd-muet : Ouvre-toi dit-il à notre Jéricho, ouvre-toi laisse les autres et le monde entrer pénétrer dans ta ville, dans ta vie, dans ton coeur. Donne les clés de ta maison à ceux que tu aimes et aime chaque prochain que Dieu te donne. Que ta Jéricho devienne donc une Jérusalem !

Jérusalem ! J'aime tellement, dans la vision du prophète Zacharie, cet ange qui dit à un autre ange : « Cours après ce jeune homme, cours plus vite que lui et dis-lui : Arrête donc de mesurer tes frontières et de construire tes murs de défense ! Jérusalem restera une ville ouverte. N'est-ce pas le projet de Dieu pour sa Jérusalem, son Eglise ? Et si c'était une idée pour nos Eglises, nos paroisses ? Pas de frontières, ouvertes à tous, tous les groupes, toutes les races, les mentalités, les classes : Eglise ouverte à la vieille et à la nouvelle génération, à ceux qui sont nés ici et à ceux qui sont venus d'ailleurs, à ceux qui votent à gauche, à droite, au centre. Les enfants doivent s'y sentir en famille, les jeunes y faire leurs recherches et les vieux s'y sentir rajeunir.
Jérusalem, Eglise ouverte jusqu'aux extrémités de la terre, ville ouverte, sans frontières, sans barrières, sans murailles. Jérusalem : l'Eglise chrétienne. Oui, mais peut-être aussi notre pays et tous les pays. Et aussi chacun de nous. Est-ce qu'on peut savoir autre chose de Jérusalem, cette ville de Dieu ? Il y a dans l'Apocalypse une curieuse vision de la Jérusalem céleste, qui viendra de chez Dieu prête comme une mariée qui s'est faite belle pour aller à la rencontre de son mari et le visionnaire la décrit ainsi : la ville immense était aussi large et haute que longue, parfaite dans ses trois dimensions (Apocalypse 21, 1 – 4 et 15, 16). Cette ville, cette nouvelle Jérusalem, est le modèle de l'humanité idéale ou bien aussi plus modestement de chacune de nos vies qui doit être, qui devrait être parfaite, c'est-à-dire complète et achevée de toutes parts, dans ses trois dimensions : longueur, largeur, hauteur.
La longueur, c'est quand chacun de nous, par ses études, par son travail, essaye de réussir sa vie; qu'il va aussi loin qu'il peut, avec ce qu'il a reçu et comme on dit : « Si la vie ne t'a donné qu'un citron vert, tu peux quand même le presser et en faire une citronnade. » Chacun a une mission. La réussir c'est, dans notre vie, la longueur et c'est important.
Mais pas suffisant. La vie doit aussi avoir sa largeur, c'est-à-dire se préoccuper des autres, du bien et du bonheur des autres. Sinon nous ne serons qu'une araignée au milieu de sa toile et pas un chrétien. Personne ne peut dire : « Je me débrouille, que chacun se débrouille ! » mais: tu aimeras ton prochain comme toi-même. Voilà la deuxième dimension, la largeur de la vie humaine.
Il reste une troisième dimension pour une vie vraiment complète, c'est sa hauteur, ce qui tend vers le haut, vers Dieu, c'est nous élever au-dessus de la terre et nous lier à Dieu. L'homme néglige souvent cette troisième dimension, car il est plus difficile de monter que d'aller droit devant soi ou à gauche ou à droite, mais c'est pourtant ce qui nous distingue de l'animal: chercher et aimer Dieu, faire nos projets dans la direction, dans la ligne de Dieu.

Mettons-nous tous en marche, avec courage, vers cette Jérusalem, cette Eglise, cette patrie, cette humanité nouvelle où la longueur, la largeur et la hauteur de la vie sont égales. Après ce petit saut dans l'Apocalypse, revenons au prophète Zacharie et à ce que Dieu lui dit pour Jérusalem, ville ouverte, ville sans murailles : Je viens pour habiter au milieu de toi et c'est moi qui serai pour toi une muraille de feu.
Donc, pas de murailles de Jéricho pour défendre et fermer et limiter la ville, mais à l'intérieur Dieu, comme une muraille de feu. Comme dans l'évolution des espèces, où vous avez eu d'abord les mollusques, mous à l'intérieur, carapacés et défendus à l'extérieur, puis les animaux dit supérieurs, avec une colonne vertébrale dedans, mais vulnérables à l'extérieur et ouverts sur l'extérieur. Eh bien aujourd'hui les chrétiens, les Eglises, notre pays aussi ne doivent pas être des mollusques à l'intérieur avec pour compenser des murailles de Jéricho à l'extérieur, mais au contraire nous ouvrir, parce que notre Seigneur Jésus-Christ habite au milieu de nous comme notre colonne vertébrale ou comme un feu qui rayonne et réchauffe et attire.
Tout cela, non pas Jéricho mais Jérusalem, ville ouverte, ville longue, large et haute, n'est pas un rêve, un idéal; le prototype est sorti des usines de Dieu, Jésus-Christ, Emmanuel, Dieu avec nous, ouvert et généreux de lui, Jésus le pain de vie pour alimenter notre foi, le vin pour réchauffer notre espérance et la flamme de notre amour. Avec lui les murailles tombent et les frontières s'ouvrent.
Amen !

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Détails

Avec la participation de
Jeanne-Marie Diacon: 079 254 73 92 /024 445 45 13 Préside le culte
Pierre-Olivier Heller : assure la prédication
Orgue
Rose-Hélène Reutter.
Musique
Sébastien Aegerter au Marimba
Chorale de Béthel (chorale africaine de 8 personnes, + un djembé)