Écouter le culte :
Témoignage de Cécilia Dutter
« Je continuerai à vivre avec cette part des morts qui a vie éternelle et je ramènerai à la vie ce qui, chez les vivants, est déjà mort : ainsi n'y aura-t-il que vie, une grande vie universelle, mon Dieu. »
Journal d’Etty Hillesum, 16 septembre 1942
Auteure d’une vingtaine d’ouvrages, romans et essais, j’ai récemment souhaité consacré deux livres, d’une tonalité plus intime, à un thème qui m’est très cher : la transmission. Quel bagage notre éducation nous a transmis et quel est celui que nous léguons à nos enfants ?
Curieusement, sur le plan littéraire, j’ai fait le cheminement inverse car, avant de me pencher sur mon passé, j’ai d’abord ressenti l’urgence de m’adresser à ma fille aînée dans un recueil de lettres intitulé « A toi, ma fille ». Nous étions alors en 2015, elle venait d’atteindre ses dix-sept ans et je savais qu’elle quitterait bientôt la maison car, son bac en poche, elle avait l’ambition de suivre des études en Suisse, à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne. J’ai voulu lui écrire, non pas tant pour lui donner des conseils, son éducation étant faite, mais plutôt les dernières recommandations maternelles avant l’entrée dans l’âge adulte et, surtout, quelques clés pour aiguiser son regard sur l’époque, ne pas se laisser détourner de sa lumière et l’inviter à aller vers sa vérité profonde.
Nous parlons tous avec nos enfants, bien sûr, mais l’écriture permet de creuser en profondeur là où, au quotidien, la parole n’a pas toujours le temps et l’espace de circuler, s’attarder, analyser, disserter… Écrire oblige à se poser pour réfléchir, choisir ses mots, ce qui implique une nécessaire prise de distance. En écrivant, on s’empare des vicissitudes journalières pour les replacer dans le grand flux de la vie et aborder la dimension spirituelle de l’existence.
Ici, une mère s’adresse à une fille qui n’a volontairement pas de prénom de façon à mettre en exergue le caractère universel de cette transmission de femme à femme, en vue de lui rappeler les valeurs essentielles sur lesquelles s’appuyer pour construire et déployer pleinement sa vie, son rapport aux autres, au monde et à Dieu.
Ces lettres courent donc sur un an, de l’été 2015 à l’été 2016, d’un anniversaire à l’autre, l’ensemble formant un recueil que la mère lui remettra le jour de sa majorité. L’écriture suit le fil de l’actualité conjoncturelle, présente en toile de fond – et nous savons combien cette actualité a été chargée et lourde, notamment en raison des terribles attentats que la France a subis cette année-là – l’occasion de donner à lire à ma fille ces tragiques événements à travers mes yeux de citoyenne et de chrétienne, de lui parler du dépassement de la haine, du pardon, en évoquant de belles figures de femmes porteuses d’une foi lumineuse : la mystique, Etty Hillesum, à laquelle j’ai consacré trois de mes ouvrages, l’écrivain catholique du Vieux Sud des États-Unis, Flannery O’Connor, dont j’ai écrit une biographie, ou encore la philosophe, Simone Weil.
Je suis catholique et je rappelle également à ma fille les grandes fêtes chrétiennes qui rythment l’année afin de lui révéler la beauté de leur message et faire réfléchir l’adolescente à leur portée ainsi qu’au sens qu’elle entend donner à sa propre vie.
La mère souligne qu’on grandit aussi par ses chutes, en s’acceptant avec ses failles et ses limites. Bien vivre sa vie, c’est savoir affronter les épreuves. Or, notre société nous apprend à les fuir : il ne faut pas parler de la maladie, de la vieillesse, de la mort comme si l’on devait taire ces réalités. Au contraire, appréhender notre fragilité, savoir que la vie comporte une fin et l’accepter, permet d’exploiter au mieux le potentiel qu’on a entre les mains en donnant un sens à notre trajectoire.
Nous vivons dans un monde très dur. Quelque part, nos enfants y sont préparés mais la mère qui écrit aimerait que la jeune génération apporte un peu de douceur, de poésie, à cette époque où la pensée matérialiste prend souvent le pas sur la finesse et la profondeur. Face à une société qui privilégie la compétition au détriment de l’humain, elle exhorte sa fille à aller vers l’autre, faire circuler l’amour, remettre l’homme au cœur de ses préoccupations, porter sur le monde un regard bienveillant pour faire front au terrorisme des bombes et de la pensée. Elle l’encourage à prendre des initiatives qui développent la solidarité et aident à comprendre l’autre pour ne plus en avoir peur.
Et puis, surtout, elle rappelle à sa fille que le bonheur réside dans les petites choses, ces « bonheurs minuscules » offerts par le quotidien et que nous oublions de saisir : un sourire, un geste, une parole échangée, la beauté de la nature, la vastitude d’un ciel étoilé, l’harmonie céleste qui règne autour de soi malgré les soucis que comporte toute vie humaine.
Après m’être adressée à ma fille, j’ai éprouvé le besoin de revenir sur mon propre passé. Au sein d’un récit-témoignage intitulé « La loi du père », paru l’an dernier, j’ai souhaité tendre la main à l’enfant blessée qui se cachait sous la carapace de l’adulte pour relire mon histoire familiale, marquée par la figure d’un père tyrannique aujourd’hui décédé, et la réinterpréter à la lueur de la maturité de la cinquantaine.
A la mort de ce père, il y a maintenant cinq ans, je me suis effondrée. Pourquoi cet immense chagrin alors que, pour construire ma vie de femme et ma propre famille, j’avais choisi de mettre à distance ce père si défaillant dans mon enfance ? J’ai compris que je ne pleurais pas tant sur sa perte, sur son absence, que sur moi-même, cette petite fille que j’avais laissée cinquante ans plus tôt sur le chemin en posant un couvercle, que je croyais hermétique, sur ce passé si lourd et douloureux. Il me fallait partir sur les traces de cette enfant et sur celles de ce père si chaotique que j’ai eu tant de mal à cerner et face à la figure duquel pourtant j’ai dû me construire. Je voulais tenter de comprendre les causes et les conséquences de son comportement hiératique ainsi que ses propres blessures – lui-même avait eu une enfance douloureuse et notamment, des relations très conflictuelles avec sa mère – pour essayer de me réconcilier avec ce passé et cet homme qui fut le premier de ma vie.
Le récit, chronologique, est structuré autour des différentes phases qui ont jalonné mon parcours.
Face à ce père au tempérament despotique, colérique et cyclothymique, qui pouvait passer en un instant de la gentillesse à la plus grande violence verbale et parfois physique, la jeune enfant que j’étais, comme toutes les petites filles, a d’abord été dans une forme de fascination. Ce père était le mien. Je n’en connaissais pas d’autres. Tous les hommes pour moi étaient des pères, à l’image de ce modèle.
Puis, dès que j’ai su raisonner, j’ai pris conscience que la loi qu’il imposait à la maison était illégitime et c’est la rébellion qui m’a habitée.
Plus tard, j’ai tout fait pour m’émanciper de ce père omnipotent dont je n’acceptais plus les règles. Vivant très tôt dans un petit studio séparé de l’appartement de mes parents, j’ai fini de grandir seule, selon mes propres règles. Pour une fille, la figure du père est aussi celle qui façonne son future rapport aux hommes et donc sa vie sentimentale. Heureusement, vers l’âge de vingt ans, j’ai rencontré celui qui est devenu quelques années plus tard mon mari. Un homme en tous points contraire à mon père : profondément calme, gentil et d’une humeur égale.
Adulte et désormais mariée et mère, j’ai organisé une scission avec mon père pour m’éloigner de son influence toxique et construire ma propre famille en transmettant à mes deux filles un tout autre modèle éducatif. Durant près de trente ans, nos rapports ne furent plus qu’épisodiques et sans âme mais, comme je l’ai dit, à sa mort, les blessures et la colère soigneusement niées jusqu’alors sont soudain remontées à la surface, me plongeant dans une très grande fragilité.
Je n’avais jamais pris le temps d’écouter et de consoler cette petite fille qui pleurait en moi. Pour ne pas sombrer, j’ai puisé dans mes propres ressources et dans ma foi en Christ. Cette foi s’était éveillée alors que j’étais encore toute jeune sans que mes parents m’aient transmis de bagage religieux : grâce au catéchisme où j’avais demandé à être inscrite, j’avais compris que je pouvais trouver dans le Père avec un grand P, le Père céleste, le socle de solidité que ne m’offrait pas le père terrestre si défaillant.
En grandissant, cette foi d’enfant, primitive, s’est affermie grâce à la lecture de la Bible, des évangiles et des grands penseurs chrétiens, puis à travers un groupe de prière rejoint au moment où, étudiante en faculté, j’ai décidé de faire ma première communion, scellant ainsi mon alliance avec le Christ.
Étrangement, cette foi, pourtant bien ancrée, ne m’a pas aidée à me réconcilier avec mon père de son vivant. Le conflit entre nous, bien que silencieux et larvé, a subsisté jusqu’au bout.
Ce n’est que bien après son décès, une fois réglés mes comptes avec lui et ayant quitté le grand chaos psychique qui m’habitait, que Dieu, à qui j’ai demandé de l’aide par la prière, m’a permis peu à peu d’accéder au pardon. Je me suis pardonnée mes erreurs à l’égard de ce père que je n’ai pas su accompagner en fin de vie et j’ai pardonné les siennes à mon égard.
Je voudrais témoigner ici de l’œuvre de résurrection du pardon dans ma vie. Il n'est jamais trop tard pour pardonner à ceux qui nous ont fait du mal. Nous pouvons faire vivre en nous nos défunts et nous réconcilier avec eux post mortem. Que l’on ait ou non la foi, il est toujours possible de s’engager sur ce chemin psychologique libérateur mais, lorsqu’on croit en un plus grand que soi, il ne faut pas hésiter à remettre à Dieu ses erreurs et celles que les autres ont commises afin qu’Il guide nos pas vers la paix intérieure retrouvée. Alors, partant de l’individuel pour aller vers le collectif, cette paix pourra, à son tour, irradier le monde de sa puissance salvatrice.
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Prédication de Marie Cénec : Le triomphe de la douceur
Merci Cécilia pour votre témoignage aussi profond que sensible. En écho à ce que vous venez de partager avec nous, je vous propose de méditer à partir de deux extraits du Sermon sur la montagne qui se trouvent dans l’Évangile de Matthieu.
Au chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu, nous lisons les versets 43 à 48 :
43 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
44 Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45 afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes.
46 Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ?
48 Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.
« Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent. »
Ces paroles de Jésus sont si difficiles à entendre ! Qui a envie d’aimer un ennemi, de prier pour lui ? Partager le même soleil, pourquoi pas ? Mais la douceur et la chaleur du pardon, est-ce imaginable ? Qui n’a pas envie de se rebiffer face à ce qui pourrait être lu comme un « commandement d’amour » ? L’amour jamais ne se commande !
L’amour se vit et peut-être que ce n’est que du lieu du témoignage, du partage d’une histoire unique et singulière comme celle que Cécilia Dutter a vécu avec son père que ces paroles sont audibles :
« Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent. »
Car alors, nous ne sommes pas face à une injonction qui peut sembler inhumaine, mais face à un possible. Oui il est possible d’aimer qui n’est pas aimable, qui ne sait pas nous aimer. Oui, une grâce peut nous être donnée, celle de nous libérer du cercle vicieux de la haine.
« Aimez vos ennemis », aimerais-je vous dire, mais pas tout de suite. Pas d’emblée. Car pour les aimer, il faut d’abord les reconnaître comme ennemis.
Je ne crois pas que Jésus nous invite par ses paroles à ignorer le conflit, la violence, les sentiments honteux, le fracas de la colère en soi, le sentiment d’injustice et le dégoût. Tout ce que nous pouvons vivre face à un ou une ennemi(e).
Pour aimer son ennemi, il n’est pas question d’occulter ce qui est difficile, mais au contraire de s’y confronter. Il ne faut surtout pas fermer les yeux sur ce qui en l’autre est nocif, nuisible. Sur le manque d’humanité et d’empathie, le mépris, la médisance, la jalousie, l’indifférence hautaine, la violence verbale, l’agressivité, la cruauté… tout cela existe entre les êtres humains qui nourrit la débâcle d’une relation.
Rien dans les évangiles ne vient édulcorer l’image de la nature humaine. Beaucoup de personnages y suintent de violence et Jésus meure d’être aux prises avec des ennemis. Ce ne sont pas des adversaires imaginaires qui le clouent sur une croix.
Mais en même temps, il y a dans les paroles de Jésus une foi en l’humanité capable de dépasser ce qui la pousse à la destruction et à la déréliction. Jésus s’adresse au meilleur de l’humain en ses auditeurs et ses auditrices en les appelant à s’élever, à ne pas rester englués dans le pire d’eux-mêmes.
Parfois, nous n’arrivons pas à répondre à cet appel. Et nous pouvons en rester là, car à ce moment précis de notre vie, nous nous ne sommes capables que de cela : de ne pas aimer. Cependant, il ne faut jamais oublier que ne pas aimer l’autre, en faire son ennemi, est une manière de rester en lien. L’ennemi ne provoque jamais en soi l’indifférence. La place qu’il peut prendre dans notre univers mental, dans nos ruminations, dans nos rêves, les émotions et les sensations que sa parole ou sa présence déclenchent dans notre corps – tout cela en dit beaucoup sur ce lien qui n’est pas rien. C’est un lien fort qui fait partie de l’existence de chacune et de chacun.
Jésus par ces paroles ouvre une brèche au cœur de ce lien avec l’ennemi. Au lieu de ne rien faire de ce lien, d’en rester là, il propose un autre possible. Et ses paroles nous entraînent là où seul peut nous conduire la dimension spirituelle de notre être : c’est-à-dire au-delà de nous-mêmes.
Jésus invite à faire de l’espace en soi à un amour plus fort que la haine et la colère. Un amour qui n’évacue pas les ténèbres de la relation mais qui est capable de les assumer, parfois de les transfigurer.
Cet amour ne fait pas bon ménage avec le mensonge. Ce serait se mentir à soi-même que de croire qu’il est facile d’aimer celui qui nous déteste. C’est très difficile. Car pour aimer ainsi, il faut aimer jusqu’à accepter la haine en soi. Avoir un ou des ennemis nous plonge dans nos abîmes, dans des sentiments inavouables ou honteux : désir de vengeance, envie d’égrener un chapelet de jurons ou d’insultes, et même, idées de meurtre. Le véritable ennemi nous pousse dans nos retranchements ! Le véritable ennemi est parfois notre plus grand maître spirituel, mettant en lumière la bête qui sommeille en nous.
Il nous révèle à nous-mêmes et nous place devant un choix crucial : vais-je plonger, sombrer dans ma propre violence ou au contraire décider de la dominer ?
Quand l’autre me menace, est-ce que j’ai envie de choisir la voie de l’amour de manière résolue ? Suis-je capable de renoncer à aller sur son terrain pour le vaincre ou l’abattre ?
La véritable force intérieure n’est pas de réussir à abattre son ennemi, mais plutôt d’arriver à ne pas le faire. Il faut une grande force pour prendre le risque de se laisser traverser par un élan d’amour, un élan de pardon envers son ennemi.
Alors, armes baissées, et cœur ouvert, il est possible de ne plus être soumis à la peur, de ne plus être la proie des mots et des gestes de l’ennemi. La puissance de l’amour nous libère enfin de son emprise.
Est-ce du triomphe de la douceur sur la haine que je suis en train de vous parler? Pas encore…
Une fois que nous baissons les armes, la traversée intérieure n’est pas terminée. Car aimer son ennemi, c’est également prendre le risque d’être en contact avec sa peine. C’est voir, ressentir le mal qu’il ou elle endure. C’est saisir les ressorts de la haine qui l’anime et la profondeur de sa détresse. Et cela peut donner le vertige.
Pensez aux caractériels, aux toxiques, aux tordus, aux colériques, aux méchants… que vous fréquentez ou que vous avez pu croiser dans votre vie. Si vous sortez de la haine et du ressentiment, il y a fort à parier que vous pourrez percevoir ou ressentir un peu de l’immense souffrance qui les anime. Il est parfois plus simple d’entretenir la colère envers ces personnes que d’essayer de les comprendre car il suffit d’imaginer la haine d’eux-mêmes qui les anime pour être aux bords des larmes. Pour ressentir de la compassion pour ces êtres qui se noient dans la mer immense des chagrins du monde, cette mer dans laquelle nous nageons tous…
Quand l’on reconnaît dans l’ennemi qui nous défie, un être qui bataille en premier lieu contre lui-même, nous comprenons que nous ne sommes que le dommage collatéral de sa guerre intime. Il est alors possible de vivre en soi le triomphe de la douceur en accueillant la profonde vulnérabilité qui habite tout lien humain. Le lien peut enfin s’apaiser.
Cet accueil de la vulnérabilité et cette victoire de la douceur se nouent sous la plume de Cécilia Dutter. Sans occulter la complexité de l’âme humaine, elle nous permet, à travers ses livres – comme elle vient de le faire de vive voix – de contacter notre part spirituelle. En quête de lumière, elle nous encourage à chercher la lumière dans nos propres existences. En l’entendant parler de sa fille, j’ai eu envie de vous lire cet autre passage du Sermon sur la montagne :
Matthieu 5, 14-16
14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée.
15 Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
16 De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.
A nos enfants, nous transmettons beaucoup, mais le plus important n’est-ce pas cette lumière ?
Bien sûr, grandir c’est perdre en naïveté, c’est lâcher ses illusions, c’est composer avec la fin de ses rêves. Mais c’est aussi apprendre à résister en restant dans la lumière.
Ce n’est pas « car la haine nous traverse » que l’amour n’existe pas. Ce n’est pas « car la violence explose » que la paix n’est plus imaginable. Ce n’est pas « car la vie est cruelle » qu’elle n’est pas belle.
La dimension spirituelle de notre vie réside en cette résistance de l’être profond à la haine, à la violence et à la laideur. En soi et autour de soi. Et c’est à cet être profond, à cette capacité de résistance, c’est à cette capacité à s’ouvrir à l’amour et à la paix et à la beauté que Jésus s’adresse quand il prononce ces paroles provoquantes : « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent. » Paroles que j’aimerais traduire aujourd’hui ainsi : « N’ayez pas peur d’assumer la part de lumière qui est en vous ! »
Amen