La transfiguration: une porte vers le changement

Temple de Gingins (©Alexandra Urfer Jungen)

Écouter le culte :

Je pense que nous avons tous quelque chose de notre apparence que nous aimerions changer : le nez, la taille, la corpulence, les oreilles... Dans notre monde obsédé par l'image, nous faisons de gros efforts pour soigner notre apparence, du moins, je vois que certains le font ! Comme vous pouvez le voir, je me suis fait couper les cheveux spécialement pour la radio !

La transfiguration de Jésus est une histoire de changement. En haut de la montagne, l'Évangile de Luc rapporte que « l'aspect de son visage changea et son vêtement devint d'une blancheur éclatante ». L'apparence de Jésus reflète son identité profonde, car la lumière brille de l’intérieur. Mais il ne s'agit pas seulement de l'histoire de la transformation de Jésus.

La question qui se pose alors à ses disciples effrayés – et qui se pose aujourd'hui à nous qui le suivons – est la suivante : A quel point sommes-nous prêts à nous laisser transformer à la ressemblance du Christ ? Non pas extérieurement, mais de manière plus profonde, dans notre vie intérieure.

La transfiguration du Christ est-elle une fenêtre à travers laquelle nous le voyons de loin, ou est-elle une porte à franchir ? L'auteur-compositeur Nick Cave, à propos de sa quête de la foi, a admis : « Je suis devenu impatient de mon propre scepticisme ; je pense que je serais plus heureux si j'arrêtais de faire du lèche-vitrine et si je franchissais simplement la porte. »

La transfiguration nous invite à franchir la porte et entrer dans un cycle de changement – à ressembler plus au Christ que nous cherchons à suivre. Notre prière d’offrande aujourd'hui l’exprime d’une belle manière : « Donne-nous la grâce de percevoir sa gloire, que nous soyons transformés à sa ressemblance, de gloire en gloire. »

Regardons comment cela est possible. 

Tout d'abord, la porte de la prière. La transfiguration se produit à un moment charnière du ministère de Jésus. Il vient de dire à ses disciples qu'il allait subir de grandes souffrances, être tué et ressusciter le troisième jour. Il les a également prévenus qu'ils devraient chaque jour se charger de leur croix et le suivre. Ils seraient personnellement impliqués – ce n'était pas seulement réservé à Jésus. 

Alors qu’il est dans la tourmente, et que ses amis sont bouleversés par ces mauvaises nouvelles, Jésus se retire pour prier, comme il le faisait si souvent. Le fait d’aller en hauteur l’a conduit à un endroit plus étroit, là où les Juifs ressentent une proximité avec Dieu, tout comme nous qui vivons dans cette belle région montagneuse. 

Luc écrit que « pendant qu'il priait, l'aspect de son visage changea ». De même, la prière nous change lorsque nous nous ouvrons à la grâce de Dieu, lorsque nous laissons tomber nos masques, et que la beauté que Dieu nous a donnée – le reflet de Dieu en nous – peut resplendir et permettre à nos cœurs de s'aligner sur l'Esprit de Dieu. La prière nous change lorsque nous laissons Dieu nous purifier, façonner et conduire. 

Deuxièmement, la porte de l'écoute. Lorsque les disciples sont dans la nuée, ils entendent une voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Écouter le Christ sera pour ses disciples et pour nous une porte vers le changement. Après tout, l'écoute fait partie de la prière.

J'assiste actuellement à une série de conférences et de débats à l'université de Lausanne où les participants s'engagent dans de riches dialogues avec des personnes de différentes confessions et traditions chrétiennes. Je me suis rendue compte qu'il est parfois tentant de participer seulement le temps nécessaire pour faire passer mon point de vue !

Lorsque nous écoutons, sommes-nous détachés, comme si nous étions de l'autre côté de la fenêtre ? Ou écoutons-nous assez profondément pour nous laisser interpeller et changer par l'autre, en particulier par celles ou ceux qui ont une vision du monde très différente ?

Lorsque nous écoutons la voix de Jésus, à quelle mesure sommes-nous prêts à nous laisser transformer à l'image de notre Seigneur ?

Dans l'Évangile de Luc, c’est le visage de Dieu qui rayonne sur nous par Jésus homme. Anselm Grün a écrit : « J'ai rencontré la figure de Jésus, et elle façonne maintenant ma figure ».

La transfiguration de Jésus nous invite à franchir la porte et à être transformés à sa ressemblance en priant et en cherchant à l'écouter.

La transfiguration devient une porte vers le changement lorsque nous prions, lorsque nous écoutons et lorsque nous osons suivre Jésus en redescendant de la montagne, loin de la gloire éblouissante et des sommets spirituels, vers une autre sorte de gloire.

Naturellement, Pierre voulait installer le camp pour cette retraite glorieuse ! Alors que les disciples observent et écoutent, ils entendent Moïse et Elie parler avec Jésus de son « exode » (son départ) ; autrement dit, de sa mort. 

Cela nous donne une vision radicalement différente de la gloire – autant pour l'Empire romain de l'époque que pour nous aujourd'hui. Nous avons tendance à associer la gloire au pouvoir, à la domination, à la richesse, au statut, à la réussite, au savoir, aux gagnants… 

Un éco-théologien, le révérend Dr Chad Rimmer, a commenté : « Ce week-end, le voile a été levé pour montrer le lien omniprésent entre l'extraction de minerais et les moyens déployés pour dominer la terre ».

Nous nous réjouissons aussi de voir la cérémonie des Oscars ce soir, afin de pouvoir célébrer avec les lauréats leur superbe réussite à l'écran et en tant qu'acteurs. Cependant, la gloire de Dieu est révélée dans l’humiliation de Jésus et sa mort sur la croix.

Une mosaïque de la basilique Saint-Apollinaire de Ravenne, datant du VIe siècle, représente Jésus dans la transfiguration, non pas comme un personnage resplendissant, mais littéralement en forme de croix ! L'artiste a voulu montrer que la gloire transcendante de Jésus devait être associée à la gloire cachée de l'homme Jésus sur la croix.

En effet, la transfiguration nous montre que Dieu se trouve tout autant en bas de la montagne, avec les disciples impuissants face au jeune garçon en proie à des crises d'épilepsie. Les disciples ont eu besoin de soulever le voile (dont parle l’apôtre Paul) pour voir la réalité de Dieu, en Christ, au cœur des brisements, des échecs et des limites humains.

La transfiguration nous invite à ne pas séparer nos sommets spirituels de nos luttes et souffrances – tant les nôtres que celles des autres. Dieu – en Christ – est pleinement présent dans les deux.

Notre chemin de Carême est l'occasion de redescendre avec le Christ de la montagne, alors qu'il se tourne vers Jérusalem. C'est l'occasion de franchir la porte du changement à ses côtés. 

J'aimerais terminer en réfléchissant à la manière dont on peut franchir ces portes de la transfiguration pour ressembler à Christ... une sorte de discipline pendant le carême.

Dans la prière et l'écoute du Christ, prenons par exemple une journée de silence. On peut rejoindre un petit groupe de prière ou une rencontre de prière matinale en ligne, suivre une application ou un livre de prières, ou lire et méditer des prières anciennes telles que les psaumes chaque jour. S’inscrire à un cours d'étude sur le Credo de Nicée, ou suivre une étude sur le carême. Prendre le temps de s'arrêter et d'écouter Dieu dans sa création.

De même, au cours de ce chemin de carême, nous sommes appelés à suivre le Christ dans les vallées de luttes et de souffrances déconcertantes. C'est là que nous allons persévérer dans la prière et peut-être dans l'action, en demandant à Dieu de renouveler notre conscience de la gloire de Dieu, qui est présente avec nous aussi bien dans nos faiblesses que dans nos joies.

Tout comme les disciples sont restés proches de Jésus, parcourons ce chemin de carême ensemble, en nous soutenant les uns les autres dans nos précieuses communautés de foi.

Amen.

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La transfiguration de Jésus figure toujours le dimanche avant le commencement du Carême, dans le calendrier anglican. C’est un moment charnière dans la vie et le ministère de Jésus qui tourne son regard vers Jérusalem. C’est aussi un moment de révélation de la gloire de Jésus Christ – pour lui et pour ses disciples qui l'accompagneront tout le long de son chemin vers la croix. 

Ce culte, proposé par l'Eglise anglicane de La Côte, sera en anglais avec commentaire en français.

Détails

Avec la participation de
La révérende Betty Talbot pour la liturgie, Chuck Wilson et John Tracey pour les lectures, Chris Potter pour le commentaire en français
Orgue
Richard Hawkings
Musique
Richard Hawkings au piano