Lorsqu'il y a bien quelques années, j'allais voir pour la première fois de ma vie quelqu'un qui était en prison, je vous avoue que j'étais perplexe. Qu'est-ce qu'il faut dire et faire, et comment être un bon pasteur dans ce cas là.
Je me voyais mal débarquer Bible en main, proposer des prières ou la lecture d'un psaume... franchement...
Je me suis approché alors d'un vieux professeur de théologie à la retraite qui était devenu avec les années un ami précieux.
Il m'a dit lorsque je lui ai soumis mon problème "ça n'a aucune importance de savoir ce que vous allez dire à cette personne... l'important c'est ce que Dieu va vous dire au travers d'elle..."
Ma perplexité s'est alors changée en soulagement, et aussi en jubilation.
J'étais libéré d'un poids... l'important n'était pas d'apporter quelque chose, de "vendre ma marchandise"... mais bien de recevoir, de m'ouvrir, de me dire sans cesse : Qu'est-ce que Dieu est en train de me dire, ici et maintenant, au travers des gens que je rencontre, au travers des paroles que j'entends. De dire sans cesse que Dieu est à l'oeuvre... et si je ne le vois pas, si je ne l'entends pas, je dois peut-être changer de regard... me mettre à l'écoute... recevoir sa présence là où je ne l'attends pas... me laisser surprendre... accepter de faire un détour...
Pour nous autres, hommes et femmes de cette fin de siècle, la vie est souvent devenue comme une autoroute entre le berceau et la tombe... Il faut vivre vite, être efficace, foncer droit devant...
Seulement, on oublie un peu vite que Dieu ne fait pas du 140 à l'heure, qu'il marche au rythme de nos pas, que la vie avec Lui, c'est un perpétuel détour par le coeur de l'homme.
Comme Moïse, qui quitte son chemin, qui fait un détour : il va voir, il est curieux... Et ce détour va changer sa vie... totalement.
Lui et son peuple vont se libérer de l'esclavage, trouver un pays "vaste et bon, ruisselant de lait et de miel..." Et lui, Moise, il va être au coeur de cette lutte et de cette libération.
Cette promesse faite à Moïse a quelque chose d'aussi incroyable que ce buisson qui ne se consume pas... Et pour garantir cette promesse, une seule parole : "Je suis avec toi..." Voilà bien l'essentiel... je suis avec toi... C'est à la fois peu et beaucoup. Peu, si on y cherche un signe de puissance et beaucoup si on y fait confiance. Confiance oui, et pas justement maintenant, mais pour toujours, et pour commencer par 40 ans, le temps d'un détour par le désert...
Voilà où ça lui a mené Moïse, lorsque arrivé au pied de la montagne, il s'est dit "je vais aller voir, je vais faire un détour..."
Parfois, mes amis, cela vaut la peine de quitter le droit chemin et de s'aventurer sur les chemins de travers du Bon Dieu.
JE SUIS AVEC TOI. Exactement comme Jésus est avec le lépreux. A cette époque, on fuyait les lépreux. Suivant les endroits, ils doivent se promener avec une sorte de cloche pour signaler leur approche. Et les gens s'écartent. Là aussi, ils font un détour, parce qu'un lépreux, c'est dangereux, c'est surtout impur, et chargé de toutes les malédictions, de tout ce que la vie peut avoir de vil et de défigurant... Ils n'ont pas le droit de venir dans le temple et ils doivent se tenir hors des villes. C'étaient les exclus par excellence.
Aujourd'hui, chez nous, aussi, il y a des gens dont on s'écarte, des compagnies qu'on évite et des milieux qu'on dit "peu fréquentables"... les Zaïrois qui montent dans le bus, les zonards du bord du lac, les handicapés qui se promènent en ville, les vieillards à l'asile, les drogués de la Platzspits et du Kocherpark. Il suffit d'ouvrir son journal le matin. Il vous fournit la liste exhaustive des lépreux d'aujourd'hui.
Comme les gens de son époque, Jésus aussi fait un détour, mais dans l'autre sens : Il va vers le lépreux, il étend la main... le touche... car il est pris de pitié... C'est vrai que la compassion est certainement un puissant moteur dans la vie de Jésus. Cette compassion qui va l'amener à prendre un de ces chemins de traverse du Bon Dieu... Il va vers le lépreux... et alors tout devient possible... le lépreux est rendu entier à la plénitude de la vie. Il est libéré de la maladie tout comme le peuple d'Israël est libéré de l'esclavage.
Et c'est par un détour que tout cela commence... Dieu est vraiment là, où on ne l'attend pas. Parfois il faut savoir s'écarter des chemins tout tracés pour le rencontrer. On le cherche dans les cathédrales ou dans les bibles et on le trouve au coeur de l'homme.
JE SUIS AVEC TOI. Dieu nous connaît par notre nom. Par le baptême nous en attestons. Et sa présence est une surprise sans cesse renouvelée, un appel à la confiance. Cette confiance qu'un jeune homme écrit du fond de son lit d'hôpital. Cela s'appelle "Tout bien réfléchi".
TOUT BIEN RÉFLÉCHI
Dis-leur ce que le vent dit aux rochers
ce que la mer dit aux falaises
Dis-leur qu'une immense bonté
nous fait respirer plus à l'aise
Dis leur que Dieu n'est pas ce qu'on en croit
ni ce qu'on en dit.... bien souvent
Il est comme un pain de froment
Il est comme un vin qu'ensemble on boit
Il est un festin partagé
chacun donne et chacun reçoit
et - de ce fait - tout est changé
Dis-leur sa voix seule peut m'enseigner
mon nom
et sa Parole seule nous révéler
Son Nom
Parole d'honneur...
secret bonheur
eh bien oui ! dis-leur
Mais dis-leur aussi
qu'il n'est pas seulement ceci
seulement ce que tu peux en dire
Dis-leur que tout bien réfléchi
tu ne sais jusqu'à aujourd'hui
vraiment pas encore TOUT de lui.
Amen.
Lorsqu'il y a bien quelques années, j'allais voir pour la première fois de ma vie quelqu'un qui était en prison, je vous avoue que j'étais perplexe. Qu'est-ce qu'il faut dire et faire, et comment être un bon pasteur dans ce cas là.
Je me voyais mal débarquer Bible en main, proposer des prières ou la lecture d'un psaume... franchement...
Je me suis approché alors d'un vieux professeur de théologie à la retraite qui était devenu avec les années un ami précieux.
Il m'a dit lorsque je lui ai soumis mon problème "ça n'a aucune importance de savoir ce que vous allez dire à cette personne... l'important c'est ce que Dieu va vous dire au travers d'elle..."
Ma perplexité s'est alors changée en soulagement, et aussi en jubilation.
J'étais libéré d'un poids... l'important n'était pas d'apporter quelque chose, de "vendre ma marchandise"... mais bien de recevoir, de m'ouvrir, de me dire sans cesse : Qu'est-ce que Dieu est en train de me dire, ici et maintenant, au travers des gens que je rencontre, au travers des paroles que j'entends. De dire sans cesse que Dieu est à l'oeuvre... et si je ne le vois pas, si je ne l'entends pas, je dois peut-être changer de regard... me mettre à l'écoute... recevoir sa présence là où je ne l'attends pas... me laisser surprendre... accepter de faire un détour...
Pour nous autres, hommes et femmes de cette fin de siècle, la vie est souvent devenue comme une autoroute entre le berceau et la tombe... Il faut vivre vite, être efficace, foncer droit devant...
Seulement, on oublie un peu vite que Dieu ne fait pas du 140 à l'heure, qu'il marche au rythme de nos pas, que la vie avec Lui, c'est un perpétuel détour par le coeur de l'homme.
Comme Moïse, qui quitte son chemin, qui fait un détour : il va voir, il est curieux... Et ce détour va changer sa vie... totalement.
Lui et son peuple vont se libérer de l'esclavage, trouver un pays "vaste et bon, ruisselant de lait et de miel..." Et lui, Moise, il va être au coeur de cette lutte et de cette libération.
Cette promesse faite à Moïse a quelque chose d'aussi incroyable que ce buisson qui ne se consume pas... Et pour garantir cette promesse, une seule parole : "Je suis avec toi..." Voilà bien l'essentiel... je suis avec toi... C'est à la fois peu et beaucoup. Peu, si on y cherche un signe de puissance et beaucoup si on y fait confiance. Confiance oui, et pas justement maintenant, mais pour toujours, et pour commencer par 40 ans, le temps d'un détour par le désert...
Voilà où ça lui a mené Moïse, lorsque arrivé au pied de la montagne, il s'est dit "je vais aller voir, je vais faire un détour..."
Parfois, mes amis, cela vaut la peine de quitter le droit chemin et de s'aventurer sur les chemins de travers du Bon Dieu.
JE SUIS AVEC TOI. Exactement comme Jésus est avec le lépreux. A cette époque, on fuyait les lépreux. Suivant les endroits, ils doivent se promener avec une sorte de cloche pour signaler leur approche. Et les gens s'écartent. Là aussi, ils font un détour, parce qu'un lépreux, c'est dangereux, c'est surtout impur, et chargé de toutes les malédictions, de tout ce que la vie peut avoir de vil et de défigurant... Ils n'ont pas le droit de venir dans le temple et ils doivent se tenir hors des villes. C'étaient les exclus par excellence.
Aujourd'hui, chez nous, aussi, il y a des gens dont on s'écarte, des compagnies qu'on évite et des milieux qu'on dit "peu fréquentables"... les Zaïrois qui montent dans le bus, les zonards du bord du lac, les handicapés qui se promènent en ville, les vieillards à l'asile, les drogués de la Platzspits et du Kocherpark. Il suffit d'ouvrir son journal le matin. Il vous fournit la liste exhaustive des lépreux d'aujourd'hui.
Comme les gens de son époque, Jésus aussi fait un détour, mais dans l'autre sens : Il va vers le lépreux, il étend la main... le touche... car il est pris de pitié... C'est vrai que la compassion est certainement un puissant moteur dans la vie de Jésus. Cette compassion qui va l'amener à prendre un de ces chemins de traverse du Bon Dieu... Il va vers le lépreux... et alors tout devient possible... le lépreux est rendu entier à la plénitude de la vie. Il est libéré de la maladie tout comme le peuple d'Israël est libéré de l'esclavage.
Et c'est par un détour que tout cela commence... Dieu est vraiment là, où on ne l'attend pas. Parfois il faut savoir s'écarter des chemins tout tracés pour le rencontrer. On le cherche dans les cathédrales ou dans les bibles et on le trouve au coeur de l'homme.
JE SUIS AVEC TOI. Dieu nous connaît par notre nom. Par le baptême nous en attestons. Et sa présence est une surprise sans cesse renouvelée, un appel à la confiance. Cette confiance qu'un jeune homme écrit du fond de son lit d'hôpital. Cela s'appelle "Tout bien réfléchi".
TOUT BIEN RÉFLÉCHI
Dis-leur ce que le vent dit aux rochers
ce que la mer dit aux falaises
Dis-leur qu'une immense bonté
nous fait respirer plus à l'aise
Dis leur que Dieu n'est pas ce qu'on en croit
ni ce qu'on en dit.... bien souvent
Il est comme un pain de froment
Il est comme un vin qu'ensemble on boit
Il est un festin partagé
chacun donne et chacun reçoit
et - de ce fait - tout est changé
Dis-leur sa voix seule peut m'enseigner
mon nom
et sa Parole seule nous révéler
Son Nom
Parole d'honneur...
secret bonheur
eh bien oui ! dis-leur
Mais dis-leur aussi
qu'il n'est pas seulement ceci
seulement ce que tu peux en dire
Dis-leur que tout bien réfléchi
tu ne sais jusqu'à aujourd'hui
vraiment pas encore TOUT de lui.
Amen.