Prière de St-François d'Assise :
Là où il y a l'offense, que nous mettions le pardon
Là où il y a la discorde, que nous mettions l'union,
Là où il y a l'erreur, que nous mettions la vérité,
Là où il y a le doute, que nous mettions la foi,
Là où il y a le désespoir, que nous mettions l'espérance,
Là où il y a les ténèbres, que nous mettions la lumière,
Là où il y a la tristesse, que nous mettions la joie.
O Maître, donne-nous de ne pas tant chercher à être consolé qu'à consoler, à être compris qu'à comprendre, à être aimé qu'à aimer, car c'est en donnant qu'on reçoit en s'oubliant qu'on se retrouve, en pardonnant qu'on est pardonné, en mourant qu'on ressuscite à la vie éternelle. Amen !
M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'ONU
Bonjour. C'est formidable que nous puissions nous retrouver réunis ce matin pour une célébration interconfessionnelle, juste avant l'ouverture de la session spéciale de l'ONU consacrée aux problèmes économiques et sociaux, une assemblée qui va traiter principalement du problème de la pauvreté qui devrait être notre souci majeur à tous. Dans un monde regorgeant de richesses, nous ne pouvons tolérer que d'extrêmes richesses côtoient le dénuement le plus complet. C'est le défi que nous allons essayer de relever demain aux Nations Unies, ou plus exactement ce soir déjà, quand les ONG vont ouvrir la séance.
Si nous acceptons cette situation et fermons les yeux à la souffrance et à la pauvreté d'autrui, je pense que c'est un affront à notre sens de justice communautaire. Et assemblés dans ce lieu pour prier, j'espère que nous aurons une pensée pour les démunis, qui survivent avec moins d'un dollar par jour, pas seulement pour eux-mêmes mais aussi pour toute une famille, pour les pauvres qui n'ont pas accès à une eau propre, pour les pauvres qui n'ont pas de quoi s'abriter, pour les pauvres qui n'ont pas droit aux traitements médicaux, pour les pauvres dont les enfants sont privés de scolarité par manque de finances. Et pourtant nous avons les moyens et la possibilité d'y remédier. Je souhaite que cette année du jubilé soit pour nous tous l'occasion de nous reconsacrer au service de notre prochain.
Je vais vous livrer un secret : je dois faire face à une tâche inhumaine. Je me rappelle que lorsque j'ai accepté le poste de Secrétaire général de l'ONU, un ami m'a écrit : " Si tu désires un emploi sorti tout droit de l'enfer, alors félicitations ! " Depuis, ça a été un défi permanent, je me suis rendu dans tous les points chauds du globe essayant de résoudre des conflits ou d'apporter par ma présence un soutien à des peuples dans le besoin. Vous le savez peut-être, je me trouvais au Moyen-Orient il y a deux jours : j'ai visité 7 pays en 6 jours pour trouver une solution au retrait israélien du Liban.
Face à ces situations qui pourraient sembler humainement irrécupérables et ces défis insurmontables, je dois partager avec vous le secret qui me permet d'aller de l'avant. C'est une plaisanterie entre ma femme et moi. Lorsqu'elle me demande ce qui me pousse à accepter ces défis et ces mandats impossibles et pourquoi je ne suis pas plus tenaillé par la peur, je lui réponds que je ne suis qu'un fou joyeux qui, inconscient des dangers qui le guettent, se lance en avant tête baissée. Mais en toute franchise, le secret que j'aimerais partager avec vous, c'est que pendant tous ces voyages dans mes tentatives de résoudre les problèmes, je ne me sens jamais seul. Vous êtes avec moi, vos prières m'accompagnent et je sais que je peux compter sur votre soutien. Et tout ceci me donne la force nécessaire et la tranquillité intérieure dont j'ai besoin pour faire face à mes obligations. Il y a également cette boussole intérieure qu'on apprend à acquérir avec les années, cette boussole qui vous aide à faire la différence entre le bien et le mal. Cela m'a été très utile dans bien des occasions. J'ai aussi appris à me moquer de moi-même quelquefois. En résumé, ce que je voudrais dire c'est qu'on ne peut ignorer le côté spirituel des choses et qu'on ne doit pas sous-estimer les effets d'une prière. Merci.
Intervention du Pasteur William McComish
M. le Secrétaire général, Mme Annan, nous vous accueillons avec plaisir dans la cathédrale ce matin. Nous sommes ici pour prier pour le sommet social, nous sommes ici pour prier pour les pauvres. Nous sommes aussi ici pour prier pour vous. Votre tâche est énorme, inimaginable, mais vous y arrivez avec grâce et avec courage. Nous prions Dieu de vous protéger, de vous garder dans la paume de sa main, parce que le monde a besoin de vous.
Notre culte se base sur la parole d'Esaïe : " Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l'exacteur, faites droit à l'orphelin, prenez la défense de la veuve. " Ces paroles nous parviennent au travers d'une période d'environ 3'000 ans. Qu'a-t-il compris, Esaïe, par la parole de Dieu ? Il a compris que la justice pour les pauvres n'est pas seulement une question de sentiments ou de justice économique, c'est une question entre nous, notre conscience et le regard de Dieu qui est sur nous. A ce niveau-là nous sommes tous responsables. Individuellement nous ne pouvons faire que très peu, mais ce matin nous sommes ici pour demander à Dieu d'être avec les Nations Unies dans ce sommet social à Genève. Nous regardons le monde, nous les membres des différentes religions. Nous regardons le monde avec horreur et tristesse. Il y a tellement de souffrances, tellement de gens qui n'ont pas d'eau propre, tellement d'enfants qui ne sont pas scolarisés, tellement d'hommes et de femmes qui n'ont pas accès aux soins, tellement de gens qui vivent dans des bidonvilles, tellement de gens dans des situations de guerres, de famines ou d'injustices.
Nous prions pour les Nations-Unies. Nous vous rappelons que toute action humanitaire, que tout programme social dépend de l'enseignement de toutes les grandes religions. Il y a toujours une base spirituelle à tout ceci. Dieu est dans l'Assemblée des Nations-Unies comme il est dans cette cathédrale ce matin. Il nous regarde, il nous aide, il nous écoute et lui, il nous aime. Nous avons quand même l'impression qu'il n'aime pas les gens qui sont froids, ou indifférents aux souffrances des autres. Nous regardons vers l'avenir, nous espérons et nous prions pour un monde où personne n'aura faim, où aucun enfant ne sera privé d'école, où aucune personne ne sera malade par manque de médicaments. Nous prions et nous vous encourageons de travailler pour la justice, pour la paix et l'avenir de l'humanité afin que les ressources de la terre puissent être partagées dans tous les endroits obscurs de la planète. Dieu n'est pas loin, il n'est pas froid, il n'est pas indifférent. Nous lui demandons de nous aider ici maintenant, ces prochains jours et à jamais. Amen !
Madame Ahmad Pour-Milani (communauté bahai'e)
O toi, Dieu de miséricorde, ô toi qui es, fort et puissant, ô toi Père très attentionné, ces serviteurs se sont réunis et tournés vers toi en supplications devant ton sanctuaire. Ils sont désireux d'obtenir tes inépuisables faveurs, confiants en ta promesse. Ils n'ont d'autre but que de se conformer à ton bon plaisir, aucune intention sinon de servir l'humanité. O Dieu fais que cette assemblée soit rayonnante et que les cœurs soient miséricordieux. Confère-leur les dons de l'Esprit Saint, accorde-leur un pouvoir émanant du ciel et un esprit céleste. Accrois leur sincérité afin qu'en toute humilité et repentir ils se tournent vers ton royaume et s'emploient à servir l'humanité. Puisse chacun d'eux devenir un luminaire radieux, une brillante étoile. Puisse chacun d'eux se revêtir de ravissantes couleurs et exhaler le parfum du royaume de Dieu. O Père très bon, confère tes bienfaits, ne considère pas nos défauts. Abrite-nous sous ta protection, ne te souviens-toi pas de nos péchés. Guéris-nous par ta miséricorde. Nous sommes faibles, Tu es puissant. Nous sommes pauvres, Tu es riche. Nous sommes souffrants, Tu es le médecin. Nous sommes dans le besoin, Tu es le très généreux. O Dieu que Ta providence soit avec nous. Tu es le puissant, le donateur, le bienfaiteur.
Vénérable Dhammika (communauté bouddhiste)
En toutes choses l'élément primordial est le mental. Le mental est prédominant, tout provient du mental. Si un homme parle ou agit avec un mauvais mental, la souffrance le suit d'aussi près que la roue suit le sabot du bœuf tirant le char. En toutes choses l'élément primordial est le mental. Le mental est prédominant, tout provient du mental. Si un homme parle ou agit avec un mental pur, le bonheur l'accompagne d'aussi près que son ombre inséparable.
Au nom de tous les bouddhistes dans le monde et aussi au nom du centre bouddhiste international de Genève, nous voulons participer avec vous dans ce sommet social mondial en faisant de bonnes actions, en disant de bonnes paroles et en cultivant de bonnes pensées. Merci pour cet événement historique et social.
Mme Hélène Keulen-Mokry (communauté catholique chrétienne)
Seigneur, 5 ans après les efforts de mars 95, et dans le cadre de Genève 2000, nous nous tournons vers Toi et nous Te supplions : soutiens et garde tous ceux qui ensemble luttent contre les fléaux de ce monde et désirent remettre l'humain au centre de la création à travers la multiplicité des organisations gouvernementales et sociales. Eclaire et inspire leurs décisions pour la construction d'un monde meilleur et plus juste où chacun trouve sa place. Que le travail soit source d'épanouissement et non d'exploitation pour les hommes, les femmes, les enfants ou les vieillards dans l'hémisphère nord comme dans l'hémisphère sud. Donne à chacun et à chacune d'entre nous comme acteur de la vie sociale, force et courage pour se remettre en cause et transformer dans notre quotidien nos comportements individualistes et indifférents. Permets que chaque être humain de cette terre retrouve sa pleine dignité quelles que soient ses origines, sa richesse ou sa pauvreté, sa couleur, son sexe, son âge, ses croyances ou ses incroyances. Seigneur, exauce-nous.
Mgr Pierre Farine (communauté catholique romaine)
Seigneur, Père de l'univers et le l'humanité, de chaque enfant, de chaque femme, de chaque homme qui sont dans le monde, nous Te rendons grâce pour ce rassemblement que Tu permets à Genève. Issus de toute race, de toute culture, de toute religion, représentants de tous les échelons des gouvernements, d'institutions gouvernementales ou acteurs diversifiés de la société civile, nous voici réunis 5 ans après le sommet social de Copenhague. Donne-nous avant tout de partager Ton espérance, sur la réussite de Ta création comme Ton fils Jésus l'a toujours partagée. Au tournant même de Gethsémani, il remet tout entre Tes mains pour l'accomplissement de Ta volonté. Eloigne de nous toute forme de scepticisme cynique qui nous fait voir ce qui ne va pas dans le monde. Fais-nous partager ton intuition créatrice qui peut mettre à la disposition de tous les fantastiques richesses que Tu permets à l'intelligence humaine de produire. Donne-nous le sens de la vie. Eternel, dès maintenant Tu chasseras de nos existences la futilité du divertissement pour nous faire goûter de plus en plus l'approfondissement de relations paisibles à tous nos frères et sœurs humains. Détends parmi les riches ceux qui se cramponnent à la jouissance de leurs biens en leur donnant davantage le sens du partage et de la bonne gestion de ta création au bénéfice de tous. Détends parmi les gouvernants et les puissants ceux qui se cramponnent à leur pouvoir en leur donnant le goût de l'écoute de tous et du service du bien commun dans l'honnêteté. Détends parmi les plus misérables ceux qui demeurent dans une solitude désespérée en leur donnant de croire qu'en s'associant, ils peuvent ensemble mener la lutte pour la liberté. Donne-nous ensemble et partout d'unir nos efforts pour que chaque femme et chaque homme bénéficie d'un travail décent par lequel il sera reconnu et pourra transmettre à chaque enfant ta confiance dans la vie. Alors au sein de la création toujours plus fraternelle nous avancerons avec Toi sur le chemin de ta création jusqu'à sa plénitude où notre joie partagée dans l'Esprit te sera actions de grâce de tous tes enfants rassemblés avec Ton fils Jésus pour les siècles des siècles. Amen !
M. Gary Vachicouras (Eglise orthodoxe)
Que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, enrichissent notre fraternité et solidarité en nous aidant à mieux réfléchir et à agir, à découvrir que nous, chrétiens, du fait même que nous ayons eu accès au sens du salut, avons le devoir de lutter pour alléger la maladie, le malheur, l'angoisse. Parce que nous avons eu accès à l'expérience de la paix, nous ne restons pas indifférents face à son absence dans la société actuelle. Parce que nous avons été les bénéficiaires de votre justice, ò Dieu, nous luttons pour une justice plus complète dans le monde et pour la disparition de toute oppression. Parce que nous faisons l'expérience chaque jour de votre clémence, ò Dieu, nous luttons contre tout fanatisme et toute intolérance entre les hommes et les peuples. Parce que nous proclamons ponctuellement votre incarnation, ô Dieu et la divinisation de l'homme nous défendons les droits de l'homme pour tous les hommes et tous les peuples. Parce que nous vivons votre don divin de la liberté grâce à l'œuvre rédemptrice de Christ, nous pouvons annoncer d'une manière plus complète sa valeur universelle pour tout homme et tout peuple. Parce que nourris du corps et du sang du Seigneur dans la sainte eucharistie nous vivons le besoin de partager vos dons, ô Dieu, avec nos frères et sœurs. Nous comprenons mieux la faim et la privation et nous luttons pour leur abolition. Parce que nous attendons une terre et des cieux nouveaux où régnera la justice absolue nous combattons ici et maintenant pour la renaissance et le renouveau de l'homme et la société. Amen !
Rabbin François Garaï (synagogue libérale de Genève)
Béni soit l'Eternel, notre Dieu, roi du monde qui a accordé une part de ta gloire aux êtres humains. Est digne de cette bénédiction celui qui comme Salomon accédant au pouvoir, demande à Dieu, non la puissance et la suprématie, mais un cœur qui entende pour juger le peuple et discerner le bien du mal ! Puisse l'Eternel, le roi suprême, le maître de tous les puissants, accorder à celles et à ceux qui façonnent le monde de demain cette capacité d'écoute qui prédispose jugement équitable et juste. Et puisse-t-il écouter ces paroles attribuées à ce même Roi qui de Jérusalem disait : « Ne refuse pas un bienfait à qui a droit - quand il est en ton pouvoir de le faire ! Ne dis pas à ton prochain : " Va, retourne demain je donnerai " -- quand il est en ton pouvoir de le faire. N'ourdis pas le mal contre ton prochain alors qu'il demeure en confiance avec toi. Ne te querelle pas sans motif avec celui qui ne t'a fait aucun mal. Et que tout se sache, que la gloire soit la conséquence de la sagesse. Puisse l'Eternel accorder Sa sagesse à tous ceux qui se rencontreront, afin qu'entendant leurs conclusions et leurs décisions nous puissions dire : Béni sois-tu, Eternel, notre Dieu, roi du monde, qui as accordé une part de Ta sagesse aux êtres humains et qu'ainsi soit Sa volonté. Amen ! »
M. Hafid Ouardiri (communauté musulmane)
Au nom de Dieu, clément et miséricordieux, bénédictions de Dieu sur tous ses prophètes et que la paix de Dieu soit avec vous. Seigneur des mondes, le temps de parole que l'on m'accorde en ce lieu chargé de spiritualité et d'histoire, j'aurais tant voulu le consacrer à un silence à la mémoire de tous celles et ceux qui ne vivent plus parce que fauchés par l'injustice, la misère et bien d'autres fléaux qu'on aurait bien pu leur éviter si nous avions été plus vrais dans notre engagement à promouvoir la dignité, la justice, les droits de l'homme et la paix. Je survis comme beaucoup aux multiples anniversaires que nous nous sommes habitués à célébrer avec faste et retentissement : anniversaire des Nations-Unies, anniversaire des Droits de l'homme, avènement de l'an 2000 et hymne au 3e millénaire. Rien n'a changé, le monde est toujours le même et pire. Les riches continuent à s'enrichir indécemment et les pauvres s'enlisent de plus en plus dans la misère en attendant la mort. La violence et la terreur privent de nombreux peuples de leur liberté d'opinion et leur interdisent le droit d'édifier la société de leur choix. Et que faisons-nous ? Certains accusent Dieu de ne rien faire, se dégageant ainsi de toute responsabilité. Il y a ceux égoïstes, qui constituent la majorité écrasante, ceux-là ne sont préoccupés que par leur seul bien-être et cultivent l'indifférence qui engendre l'impuissance. A force d'impuissance ils deviennent complices du chaos que subissent les innocents. Très peu sont ceux qui font l'impossible pour rendre la vie possible à tous ces laissés-pour-compte, à ces bannis de l'humanité, à ces sacrifiés du capitalisme sauvage et meurtrier. L'indifférence équivaut à la malfaisance et par malfaisance il faut entendre tout ce qui est contraire à l'ordre voulu par Dieu, ce qui compromet l'harmonie de la société, ce qui porte atteinte au bonheur de l'individu inséparable de sa liberté et de sa dignité. La richesse ne doit pas être utilisée pour corrompre et dominer. Une société bien organisée se saurait vivre dans l'anarchie et l'injustice sociale. Sommes-nous devenus les fonctionnaires du l'inutile et du néant dans une routine de mort ? Non, grâces à Dieu, il y a encore des gens qui sans cesse se réunissent, se rencontrent, partagent leurs expériences et veulent changer leur monde.
Ce que je dis me concerne en premier chef. Que vais-je répondre à Dieu lorsqu'Il me demandera à l'heure du jugement : " Qu'as-tu fait pour aider l'humanité à devenir meilleure ? Alors au plus profond de mon être retentissent les merveilleuses paroles du prophète Mahomet - que Dieu le bénisse et le salue - " Celui qui incite son semblable à faire le bien a le même mérite que lui. Celui qui incite au mal est assimilable au malfaiteur et encourt en conséquence la damnation éternelle. " Et le Coran de me dire à chaque instant, à chaque prière : " As-tu vu celui qui tient le jugement dernier pour mensonge, celui qui repousse brutalement l'orphelin et ne stimule pas ses semblables à nourrir le pauvre ? Malheur aux orants insouciants de l'office, qui prient par ostentation, et refusent obstinément ce qui est utile à autrui. " Je prie Dieu ici pour que l'aide dont ont besoin les hommes et les femmes qui œuvrent pour améliorer l'humanité, que Dieu leur donne Son aide et les soutienne. Je prie Dieu pour que la rencontre de demain puisse apporter un soulagement à la douleur et à la misère dont souffrent le plus grand nombre de l'humanité. Je prie Dieu le juste, qui a pour nom Paix, de faire de nous des serviteurs de la justice et de la paix.
Vincent Schmid (Eglise réformée)
Seigneur Dieu, nous ne te prions pas pour que tu supprimes la famine car tu as donné bien assez de ressources pour nourrir la population du monde entier pourvu que nous les utilisions avec intelligence. Nous ne te prions pas pour que tu éradiques l'injustice parce que nous as donné des yeux pour voir, un cœur pour éprouver si seulement nous les employons avec amour. Nous ne te prions pas pour que tu fasses cesser la misère car tu nous as rendu capables d'inventer des pouvoirs de transformation du monde, à nous d'en user avec responsabilité. C'est pourquoi, ô Dieu, nous te demandons un esprit de force, de détermination et de courage, un esprit qui nous pousse à agir et pas simplement à prier, un esprit qui fasse de nous des hommes et des femmes dont cette époque de mutation a besoin et dont elle puisse se servir. Donne aux décideurs et aux responsables planétaires réunis à l'occasion du sommet qui s'ouvre à Genève cette part de lumière que Jésus a promise à ceux qui écoutent Ta Parole et qui la mettent en pratique. Amen !
Envoi de l'abbé Pierre
Frères et sœurs, que c'est bon d'être ensemble ! Ne tolérons jamais que l'on dise autour de nous - pour ceux qui ont une condition de vie comparable à celle que vous avez aujourd'hui - : " Nous ne savions pas ! " Ce n'est pas vrai, nous savons. Nous savons comment l'on meurt dans un ou deux milliards d'habitants de la terre dont on nous dit qu'ils ont moins de 2 dollars par jour pour vivre. La réalité c'est que sur ces milliards d'habitants de la terre, il y en a ainsi un tiers qui n'ont pas de quoi vivre et quelques dizaines de milliers qui s'enrichissent fabuleusement comme par un mécanisme que rien ne peut arrêter. La terre, elle est composée de trois sortes de personnes : ceux qui n'ont pas de quoi vivre et ceux qui s'enrichissent. Et entre les deux vous et moi, nous tous les gens ordinaires, qui luttons pour avoir de quoi vivre. Nous savons bien que chez nous-mêmes dans votre ville de Genève, dans toutes nos villes et tous nos coins de l'Europe heureuse il y en a qui pleurent quand ils entendent des enfants dire : " J'ai faim. " Chez vous quand un enfant dit : " J'ai faim ", c'est la joie, il est en bonne santé. Mais dans tant de lieux du monde, celui qui pendant sa nuit entend gémir des petits disant : " J'ai faim ", c'est pas pareil. Et ce tiers de l'humanité - ou cette moitié - de l'humanité qui se trouve dans cette condition ayant de quoi vivre se trouve de plus en plus acculée à une interrogation : " Pour quoi vivre ? " Les filles et les garçons qui vous font pleurer, trembler parce que la drogue les a atteints, parce qu'elle se répand. Qu'est-ce qui fait cela ? Ils ne savent pas pour quoi vivre.
Un jour on me demanda : " Parlez-nous de la vie ! " Rien n'était préparé ; j'ai dit une parole que depuis tant de fois j'ai eu à répéter. " La vie, c'est un peu de temps donné à des libertés pour - si tu veux - t'apprendre à aimer. Aimer c'est-à-dire lorsque toi, l'autre, tu as mal, j'ai mal. Et mes énergies se lèvent pour s'unir aux tiennes pour ensemble nous guérir de ton mal qui est devenu le mien, pour que nos joies ensemble luttent pour la joie de tous." La première fois où je disais cela devant une télévision, il y avait là à côté de moi un homme dont la carrière avait été brillante, un homme dont la vie était réussie. Et cet homme m'interrompant s'est écrié : " Pourquoi ne m'a-t-on pas appris cela quand j'étais enfant ? " Oui, que vos enfants ne puissent pas dire un jour : " Pourquoi on ne m'a pas appris cela ? " Une année plus tard, je me trouvais dans Alger : c'était à l'heure de la sortie d'un lycée. L'évêque, un ami, m'avait demandé de réunir les quelques-uns, peu nombreux, de chrétiens qui étaient là et les lycéens, musulmans et chrétiens, sont venus se mêler à ceux qui s'étaient ainsi rassemblés. Je répétais la même parole : " La vie - un peu de temps donné à des libertés pour apprendre à aimer. " Et quand tout le monde fut parti, il y avait un petit groupe, peut-être une demi-douzaine de filles et de garçons, sans doute mêlé chrétiens et musulmans, qui avec un papier à la main, me guettaient. Ils m'abordèrent pour me dire : " Vous voudriez nous répéter ce que vous avez dit de la vie ? Nous voudrions l'écrire. C'est ça que nous cherchons ! "
Oh, le papa qui pleurait en me disant : " Le drame pour nous, parents, c'est que nos enfants n'ont plus de rêve ! " Oh, répondez à tous ceux qui sentent cela et qui en pleurent : " Mais le rêve, le rêve, pas dans le sens de se perdre dans les nuages, mais le rêve qui a rempli nos jeunesses, nous, les privilégiés quand la guerre finissait, quand naïfs nous disions qu'avec tout ce qu'on dépensait pour la guerre, il n'y aura plus de misère dans le monde. Nous en sommes loin, mais comprenez-le. N'ayez pas le sentiment quand se termineront ces journées de Genève, qu'elles n'auront servi à rien parce que les deux précédentes réunions sans doute ne nous mettent pas en présence de problèmes résolus, mais je le disais il y a un instant à M. le Secrétaire des Nations Unies : " Réjouissons-nous parce que même si ces réunions - dont ici c'est la troisième - n'ont pas fait que la misère ait disparu, ces réunions ont fait que l'opinion publique est éveillée. " C'était possible il y a 50 ans de dire que ce qui est loin, nous ne le connaissons pas. Nous connaissons tout, nous sommes des lâches et des menteurs si nous prétendons que nous ne savons pas et si nous nous dérobons à ce qui serait possible. Je disais à M. le Secrétaire général des Nations Unions : " Osez " - et je vous dis à vous : " Osons ensemble !" - je lui disais " Si vous osez aujourd'hui obtenir, imposer à des états, qui sentent bien que l'opinion publique a évolué, si vous osez demander ce qui ouvrirait le chemin vers des réalisations cette fois concrètes, vous serez suivi. Et même les hommes d'état que vous allez rencontrer toute la semaine, me disiez-vous, et qui se montrent si réticents, eux-mêmes seront portés par vous, moi, l'opinion publique, la multitude des gens ordinaires qui ne sont ni des enrichis, ni des miséreux, qui sont l'humanité dans son plus grand nombre.
A nous de faire que nos hommes d'état n'osent pas refuser, ne puissent plus se dérober et que le Secrétaire général, dont la tâche est si difficile, sache qu'il y a avec lui, vous, moi, tous les gens ordinaires, nous tous qui sommes des fils de Dieu, mais à qui Dieu a dit : " Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes le levain dans la pâte. " " Malheur à nous !", me disait un cardinal un jour où, traversant sa cathédrale pour aller faire un discours bien préparé, une dame inconnue lui glissa un bout de papier dans la main. A la sacristie il ouvrit le papier. Il y avait écrit : " Le sel s'affadit, qu'allons-nous devenir ? " Et il me dit : " Mon beau sermon était fini. En quelques minutes je me préparais à ne parler que sur cela : laisserons-nous le sel s'affadir - nos églises sont-elles plus comptées comme étant de véritablement des ferments pour sauver l'espérance parmi nos frères et sœurs de partout ?
Amen !