Écouter le culte :
Ce jour-là, alors que Jésus entre à Jérusalem sur le petit d’une ânesse, suivi par les foules qui l’admirent, rencontrant la foule de pèlerins venue pour la Pâque juive. Les marchands du temple, eux, font leurs petites affaires en vendant tout et n’importe quoi ! C’est un sacré bazar dans la capitale !
Arrivant pour la première fois à Jérusalem, Jésus s’attend à rejoindre un peuple de croyants, des pèlerins en prière, des chercheurs de Dieu, des hommes et des femmes en chemin vers Pâque. Mais rien de tout cela… Seuls la vente et le profit intéressent la plupart de gens. Dieu passe au second plan. Sa colère est donc justifiée, mais surtout destinée aux hauts responsables de ce lieu de prière.
Acclamé par les foules qui le suivent depuis le début de son ministère, Jésus arrive à Jérusalem au milieu de pèlerins qui n’ont jamais entendu parler de lui : Qui est-ce ? Et surtout qu’est-ce qu’il fait sur un ânon ? Un roi sur un ânon est-il crédible aux yeux de la foule ? Et quel message est-il venu délivrer ? La délivrance du peuple juif de la dominance romaine ?
Eh bien non… encore une fois, il va décevoir le peuple des fidèles. Il va décevoir les foules, qui, dans quelques jours vont crier : « Libère Barabbas ! » Il va décevoir car il est simplement venu délivrer un message de paix. Celui qui a prêché l’amour des ennemis ne pouvait pas venir armé jusqu’aux dents. Il ne pouvait venir que désarmé et les mains nues pour dire… eh bien rien ! Il ne prononce pas une seule parole, assis sur son ânon. Seule la foule lance des « Hosanna » !
Pourquoi s’est-il tu, celui qui avait l’habitude d’enseigner aux foules ? Pourquoi ce silence ? Sans doute attend-il son heure de gloire ? Cette gloire qui finira sur la croix… Son silence, son arrivée soi-disant triomphale, fait douter les foules sur la véritable identité de celui qui entre à Jérusalem.
De nos jours, dans ce monde en furie où la guerre et les conflits font rage dans plus de 60 pays, qui annonce la paix ? Qui voudrait une paix durable ? Sans doute pas les grandes puissances de ce monde qui, par peur d’être envahies par de potentiels ennemis se remilitarisent. Et pas avec les épées des Romains de l’époque… avec des armes de destruction massive qui vont peut-être nous éviter le drame du changement climatique !
Alors, la paix annoncée il y a plus de 2000 ans par le prophète Jésus, elle est pour quand ? Eh bien elle est sans doute à faire avec nos voisins, nos familles. Peut-être pouvons-nous accueillir dans la paix les milliers de réfugiés qui sont déjà là et qui arrivent encore en bâtissant des ponts plutôt que des murs ? Faire la paix les uns avec les autres, en s’entraidant et en créant des liens. Tout simplement. Prendre exemple sur le Christ qui n’hésitait pas à rencontrer les plus petits, qui mettait les enfants à la première place, qui donnait voix aux femmes de l’époque et qui était simplement à l’écoute des souffrances de son peuple.
Lorsque Jésus détruit les étals des marchands, il s’en prend ouvertement aux responsables du temple qui font du profit sur le dos des pèlerins.
De nos jours, il n’y a plus un immense temple, mais les profiteurs, eux, sont toujours là. Au temps du Covid nous avons pu nous rendre compte de la pauvreté de certains de nos concitoyens puisqu’ils se sont montrés en plein jour ; pour une fois, ils avaient la première place dans les médias.
Mais à cause de la guerre en Ukraine (qui a bon dos, soit dit en passant) les prix sont montés en flèche et les pauvres devenus encore plus pauvres, même si nous ne les voyons plus sur le petit écran.
Je suis indignée quand le gouvernement dit qu’il a versé des millions au Crédit suisse provenant de l’argent public.
Je suis scandalisée quand j’entends que les BKW, les marchands d’électricité de notre canton, n’ont jamais eu un aussi gros bénéfice qu’en 2022. Même chose pour la Migros ou la Coop qui continuent d’engranger de gros bénéfices. Ces supermarchés qui se permettent de réduire toujours plus la marge de bénéfice des producteurs de lait notamment, alors que le prix pour les consommateurs n’a pratiquement pas diminué.
Vous avez peut-être vu l’émission Temps Présent du 9 mars. J’ai avec moi ce matin la petite tomme qui a fait scandale : le lait pour fabriquer ce petit fromage est payé 65 centimes au paysan, ce lait est ensuite transformé pour faire la petite tomme, et celle-ci est revendue 2.10 CHF à la Migros et 2.35 CHF à la Coop, ce qui fait une marge de 67% pour la Migros et 68% pour la Coop. Ce sont ces géants de l’alimentation qui ont fait mourir la plupart de nos petits agriculteurs – ceux-là même qui nous nourrissent chaque jour.
L’époque a changé mais ce sont toujours les riches qui font la loi et les plus pauvres qui en subissent les conséquences. Alors à quand un règne de justice et de paix ? Que faire de ces grandes puissances qui nous dominent ? Comment casser tous ces marchés qui ne profitent qu’à quelques-uns ?
Il faut en revenir à la petitesse, continuer à consommer local, avoir son propre jardin, et peut-être, comme le font nos voisins français régulièrement, et comme viennent de le faire les Allemands à cause de l’inflation, sortir dans la rue et dire non à toutes ces augmentations. Dire stop aux injustices !
Ce matin dans cette église de Bévilard, bien des années après la venue du Christ, que nous reste-t-il de son message, de son combat ? Lui qui est venu avec son impuissance face à la violence des hommes plutôt que sa toute-puissance, lui qui se laisse condamné par les foules mais qui va se relever d’entre les morts.
Il nous dit simplement de continuer le combat, de continuer à aimer envers et contre tout.
Prenez votre bâton de pèlerin et marchez vers la vie. Unissez-vous pour faire entendre votre droit, devenez des militants en vous engageant pour le climat, en vous engageant auprès des migrants, en vous engageant pour la paix ou pour les plus démunis.
Alors qu’est-il venu faire à Jérusalem, le roi Jésus ? Eh bien, il a simplement tenté une entrée triomphale dans nos vies. Il est entré dans nos vies, même si notre foi est souvent remise en question à cause de nos doutes. Même si nos prières pour la paix, la justice ou l’équilibre du monde semblent vaines ou inopérantes parce qu’il n’y a ni miracles, ni guérison, ni triomphe.
Il est là, bien présent au milieu de nous ce matin. Il est là, bien vivant dans nos corps comme dans nos cœurs. Il est là – aussi mystérieux que cela nous paraisse – il est là, vivant par notre foi, notre espérance et notre amour.
Amen !