Cet hiver, mes chers frères, mes chères soeurs, ils sont au nombre de trente-deux les jeunes qui participent au catéchisme dans notre paroisse et qui vous seront présentés tout à l'heure. Trente-deux catéchumènes qui nous viennent de Dorénaz, Vernayaz, du Trétien, des Granges sur Salvan, de Fully, de Branson, de Charrat, de Verbier, de Bruson sur Le Châble, d'Orsières, de Vollèges et de Martigny.
Trente-deux catéchumènes qui nous sont confiés, donnés pour que nous les aimions, pour qu'ensemble nous soyons compagnons, compagnons au même pain et au même vin, compagnons de la même aventure, du même chemin, trente-deux catéchumènes avec lesquels nous voici en marche, en marche dans ce monde à la fois merveilleux et terrifiant, dans ce monde où se mêlent la joie et la souffrance, en marche d'un pas hésitant, mal assuré, chancelant, tiraillés, partagés, balancés que nous sommes, et les uns et les autres, entre la confiance et le doute, l'espoir et la peur, le désir de risquer et le besoin de sécurité. Comme le dit la prière : "Seigneur, j'ai l'âme pleine de confiance et la tête pleine de doutes. Seigneur, quelque chose en moi est capable de croire. Mais je t'appelle au secours à cause des doutes qui restent dans ma tête. Seigneur, permets que mes yeux sachent voir plus loin que les faits. Qu'ils sachent te voir, toi, à travers les choses".
Or, voici qu'aujourd'hui, premier dimanche de l'Avent, de la couronne déposée sur cette table, une flamme s'élève, claire et brillante. La petite flamme d'une bougie. Une petite flamme, une lueur qui perce le brouillard des incertitudes, une lueur qui est comme un signal pour nos pas hésitants, le signal qu'il y a maintenant une bonne nouvelle pour ceux dont la marche n'est pas sûre, qui sont ballottés et qui chancellent, une bonne nouvelle qu'avec vous, ce matin, je trouve, je reçois de cette petite parabole que Jésus a racontée et que Matthieu, l'évangéliste nous a transmise : "Le royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans le champ et qu'un homme trouve. Il le cache à nouveau et dans sa joie, il s'en va vendre tout ce qu'il a et il achète ce champ". Ainsi, il y a "ce trésor caché dans le champ qu'un homme trouve".
Un trésor : "c'est la base !" a commenté un catéchumène. Par cette expression, il voulait dire : ce qui ouvre de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons, ce qui annonce de nouvelles possibilités, un autre avenir, ce qui vous met au large, qui gonfle votre coeur de joie, ce qui change tout dans votre existence, qui change votre vie et vous offre un nouveau départ. Il y a donc ce trésor. Ce trésor porteur d'une promesse, d'une promesse de vie, ce trésor porteur d'aventure qui vous porte en avant. Mais, "caché", dit la parabole, "caché dans le champ". Il y a ce trésor qui est là, parmi nous, mais d'une manière qui ne frappe pas les regards, secret, dans l'ombre, comme un pauvre, comme un serviteur qui attend que celui qu'il veut servir jette ses yeux sur lui. Il y a ce trésor qui porte humblement sa promesse de nouveauté et de joie et qui est là, dans le champ, pour qu'un "homme le trouve", qui est là, parmi nous, pour s'offrir, pour se donner, pour servir la joie et la marche en avant de quiconque "y regardera d'un peu plus près", de quiconque sera attentif et consentira à abaisser sur lui son regard.
Et puis, maintenant, la parabole nous parle de ce "Royaume des cieux qui est comparable à un trésor caché dans le champ et qu'un homme trouve." Ainsi, il y a ce Royaume, ce règne des cieux, ce Dieu élevé, royal, ce Dieu grand qui choisit d'être "dans le champ et qu'un homme trouve." Il y a ce Dieu porteur de vie, ce Dieu porteur d'aventures et de joie qui choisit d'être "dans le champ" où les hommes vont, viennent et trouvent, ce Dieu qui choisit d'être "Emmanuel", comme l'a dit le prophète, un nom qui signifie : "Dieu avec nous". Il y a ce Dieu grand, ce Dieu porteur d'une promesse de nouveauté qui vient pour être "avec nous".
Avec nous tous les jours... Avec nous à notre naissance, à notre premier cri, à notre premier souffle, avec nous dans notre jeunesse, dans nos élans, dans nos folies, dans nos succès, dans nos échecs, dans nos tâtonnements et dans nos révoltes, dans nos amours et dans nos projets, avec nous dans notre maturité, dans nos travaux et dans nos repos, dans nos départs et dans nos arrivées, dans nos maladies et dans nos guérisons, dans nos deuils et dans nos consolations, avec nous dans notre vieillissement, dans nos angoisses et dans nos sérénités, dans nos doutes et dans notre foi, dans notre attente et notre apaisement, avec nous à l'heure de notre mort, à l'heure du dernier combat, du dernier cri, du dernier souffle.
Dieu avec nous, tous les jours. Mais "caché", dit la parabole, d'une manière qui ne frappe pas les regards, secret comme le raconte cette histoire venue du Brésil : "Un jour, un homme entra dans le Royaume et demanda à Dieu s'il pouvait revoir toute sa vie, aussi bien les joies que les moments difficiles. Et Dieu le lui accorda. Il lui fit voir toute sa vie, comme si elle se trouvait projetée le long d'une plage de sable, et que, lui, l'homme, se promenait le long de cette plage. L'homme vit que, tout le long du chemin, il y avait quatre empreintes de pas sur le sable, les siennes et celles de Dieu. Mais, dans les moments difficiles, il n'y en avait que deux. Très surpris, et même peiné, l'homme dit à Dieu : "Je vois que c'est justement dans les moments difficiles que tu m'as laissé seul..." "Mais non, lui répondit Dieu, dans les moments difficiles, il y avait seulement les traces de mes pas à moi, parce qu'alors, je te portais".
Dieu avec nous tous les jours, mais caché, obscur, dans l'ombre, pauvre et sans éclat dans la personne de Jésus le serviteur pour nous porter au prix de son corps et de son sang, pour nous porter comme un père, comme un père le fait pour ses enfants, pour se charger de nos faiblesses et porter nos maladies, pour supporter nos colères et prendre sur lui la dette de nos injustices, pour soutenir et conduire notre croissance jusqu'à ce que nous parvenions à notre âge adulte, à notre achèvement, à notre maturité qui est que nous portions les fardeaux les uns des autres comme nous avons été portés et supportés par Jésus-Christ, ce qui est là la comparaison, la miséricorde parfaite. Dieu avec nous tous les jours, mais caché, sans éclat, humblement : la Parole qui secoue, qui interpelle, qui redonne courage, qui ouvre les yeux et qui montre le chemin et le but. Le pain et le vin de la table qui rassemblent, qui réconcilient et réjouissent. L'amour des autres leurs gestes de bonté, de compassion quand nous ne pouvons plus nous assumer, nous soutenir, nous diriger, quand nous voici devenus impuissants à survivre, quand nous avons "faim ou soif, que nous sommes nus ou étrangers, malades ou en prison"...
Dieu qui nous porte, Dieu humble qui est lé, "dans le champ"; pour se donner, pour servir la joie et la marche en avant de quiconque "y regardera d'un peu plus près", de quiconque renoncera à l'éclat des projecteurs pour laisser la flamme d'une petite bougie l'éclairer, de quiconque sera attentif et consentir à abaisser son regard jusqu'à terre. Et lorsqu'il a trouvé, 'homme, tout à sa joie, "s'en va vendre tout ce qu'il a et il achète ce champ." Dans le brouillard de nos incertitudes, au coeur de nos vies qui hésitent, sur cette route où nos pas chancellent, n'y a-t-il pas, maintenant, de la part de la parabole, comme une invitation ? L'invitation à nous risquer avec ce Dieu simple et bon pour compagnon ? L'invitation à prendre avec lui un départ, un départ nouveau ? Parce qu'enfin qu'est-ce que "tout vendre et acheter ce champ" sinon commencer joyeusement à neuf en laissant ce Dieu qui nous porte assurer notre marche et nous conduire, pas à pas, les uns vers les autres.
Comme le dit la prière : "je suis prête à tous les départs lorsque tu m'accompagnes, Seigneur ! Sans regret je te donne la main, comme seul bagage ma confiance, le soleil, les oiseaux, le printemps où allons-nous ? Sans regarder en arrière, Seigneur, j'adopte ton pas divin; je crois fort au pays des merveilles, irrigué par le flot de ton amour. Je suis prête à tous les départs lorsque tu m'accompagnes, Seigneur ! Qu'est-ce que je laisse derrière moi ? Des tentatives pour faire mieux, une ébauche de moi-même, non convertie, un peu d'orgueil et de vanité. Et mes amours et mes amitiés ? Les personnes que tu m'as confiées ? Tu me dis qu'elles sont devant moi, ton chemin me conduit à leur coeur.
Je suis prête à tous les départs lorsque tu m'accompagnes, Seigneur !
Amen.