Écouter le culte :
Dans la Genève de Calvin, la population apprenait à lire en lisant et en interprétant la Bible ; du temps de Luc, les élèves apprenaient à lire et à réfléchir dans l’Iliade et l’Odyssée (c’est ce que rapporte Platon dans Protagoras). Par conséquent, quand le lecteur de l’époque découvrait cette aventure de Paul dans l’œuvre de Luc, le parallèle avec Ulysse devait lui sauter aux yeux:
- Paul comme Ulysse arrivent sur leur île en nageant, portés par des bouts de bois.
- Tous les deux seront reçus chez le premier personnage d’une île dont les habitants sont merveilleux de bonté et d’art de vivre en paix.
- Tous les deux y sont pris pour un dieu.
- Tous les deux reçoivent de riches cadeaux en partant et peuvent atteindre ensuite sans autres difficultés le but de leur voyage.
- Et même le bateau de Paul a pour enseigne « Les Dioscures », autres personnages de l’Odyssée.
On peut dire que Luc insiste pour que son lecteur reconnaisse dans ce récit celui de l’Odyssée. C’était évident pour ses lecteurs, comme ce le serait pour nous en lisant un livre où le héros guérirait un lépreux, marcherait sur l’eau et serait crucifié : nous n’aurions aucun doute que cela évoque le Christ des évangiles.
Luc nous fait un immense cadeau avec cette passerelle. Car s’il est fort utile de lire la Bible soi-même, encore faut-il savoir comment la lire. En reprenant l’Odyssée de cette façon, Luc nous précise le mode d’emploi de son évangile et du livre des Actes : Luc invite son lecteur à lire son texte comme les Grecs de son époque lisaient l’Odyssée.
Plus exactement, Luc invite à faire une première lecture de son évangile et des Actes des apôtres comme nous le ferions d’un récit – ce que ses livres sont, car Jésus et Paul ne sont pas pour Luc des personnages fictifs. D’ailleurs, à partir du chapitre 16 du livre des Actes, Luc a rejoint l’équipe de l’apôtre Paul et il se met à rédiger son texte à la première personne du pluriel.
Quand son lecteur arrive au dernier chapitre de son œuvre, il tombe sur cette reprise de l’Odyssée et cela l’invite à recommencer sa lecture au début selon une seconde façon de le lire, avec cette fois la trousse à outils servant habituellement à interpréter l’Odyssée d’Homère. C’était quelque chose que n’importe quel enfant ayant appris à lire savait faire à l’époque, prenant l’Odyssée de bout en bout comme une allégorie de notre propre existence.
Les livres de Luc deviennent alors des livres qui parlent de nous-mêmes, de notre vie, et ces textes nous aident à devenir nous-mêmes, à chercher quelle est notre odyssée personnelle et à y être fidèle, comme le dit Paul en comparant sa vie à une course de fond (Philippiens 3, 12-14).
En lisant l’Odyssée, la question n’est pas d’apprendre avec Ulysse comment vaincre un cyclope ou résister aux sirènes, car il y a peu de chance qu’il nous arrive ce genre de choses. La question est de progresser dans ces deux qualités d’Ulysse :
1. Il sait quelle est sa priorité des priorités – il en a fait le but de son odyssée – et il y reste fidèle même quand Calypso lui offre l’immortalité.
2. Ulysse est le héros « aux mil ruses » lui permettant d’avancer malgré les obstacles et les tentations. Ces pièges figurent bien entendu ce qui pourrait nous bloquer dans notre cheminement, ou de belles choses qui pourraient nous faire oublier notre priorité ultime.
Dans un sens, nous retrouvons dans ce thème de l’odyssée quelque chose qui s’approche de l’histoire des Hébreux dans la Torah ; depuis la mise en route d’Abraham par Dieu avec cette parole : « Va vers toi-même », de traversées en tentations, jusqu’à arriver en « terre promise » qui sera leur chez-eux, comme Ulysse veut rejoindre Ithaque où demeurent ceux qu’il aime.
Bien sûr, cette histoire non plus n’est pas une question pour nous d’histoire ni de géographie. Et les Pâques chrétiennes donnent une relecture de cette saga au sens spirituel, afin de vivre en Christ cette bénédiction qui nous libère, qui nous met en route, qui nous conduit « vers nous-mêmes » et notre propre vie.
Dans cette seconde lecture que Luc nous propose de faire, les aventures de Jésus ou de Paul deviennent des paraboles nous apprenant à lire notre propre existence. La tempête que calme Jésus, comme les naufrages dont Paul est sauvé, sont ceux de notre vie (chacun les siens, et c’est parfois terrible). Les miracles parlent de ce que nous pouvons vivre comme bonnes surprises venant de Dieu. Les vipères – dont la foi nous rend vainqueurs – sont celles de notre propre tentation. L’héroïsme de Paul comme celui d’Ulysse dans l’accomplissement de leur vocation parlent de nous. Ces textes parlent de ce courage d’aller de l’avant en étant animé par ce en quoi nous croyons, Paul animé par la foi en Christ, Ulysse par le désir de retrouver les siens.
Ce qui est remarquable dans ces héros odysséens, c’est leur capacité d’adaptation. Ulysse est appelé dès les premiers vers de l’Odyssée d’homme « aux mil ruses », en grec « polytropos », qui s’adapte de mil façons à ce qui lui arrive. De même, Paul explique qu’il est amené à se faire « tout à tous » (1 Corinthiens 9, 22), ce qui n’est pas être un caméléon, au contraire, c’est être soi-même et faire attention aux autres de façon à trouver la juste façon d’agir dans les circonstances, sans perdre de vue le but ultime de son odyssée. C’est une association de fidélité, de liberté et de créativité. C’est de l’amour et de l’intelligence. C’est être libéré par la confiance en Dieu du carcan de règles fixées ou dictées, comme dans cette belle méthode de réflexion de l’apôtre Paul : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile, tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit même pas par l’église, ni par lui-même. Tout est permis, mais tout ne construit pas. » (1 Corinthiens 6, 12 et 10, 23)
Dans un sens, Luc honore ainsi son ami Paul en le présentant comme un héros odysséen. D’un autre côté, c’est aussi une façon de le relativiser en lui donnant le statut d’une figure idéale. Cela nous libère de la simple obéissance ou d’une imitation à la lettre pour chercher comment vivre notre propre fidélité dans les moments difficiles ou dans les délicieuses tentations. C’est très libérant et très inspirant. D’ailleurs, Luc assume cette complexité de l’existence humaine, et je pense que c’est une autre clé importante qu’il nous donne dans ce texte très particulier qui termine son œuvre.
Contre l’intégrisme
Auprès de Paul, Luc a bien constaté que dans le Dieu de Jésus-Christ, nous avons la vie en abondance. Cette foi est devenue pour eux le moteur et le but de leur odyssée. Seulement, dans ce dernier épisode, les barbares qui les accueillent et qui ne connaissent pas le Christ incarnent une belle humanité, généreuse, bonne, accueillante, miséricordieuse, même envers un homme qu’ils pensent être un ancien criminel, et cela par simple philanthropie. Luc a repris cela dans l’Odyssée avec les « Phéaciens, peuple proche des dieux ». Luc a laissé cette présentation parfaite de barbares non croyants, comme il rapporte aussi dans son évangile les louanges de Jésus pour la foi championne du monde d’un centurion romain (Luc 7, 9). C’est très significatif, d’autant plus important que l’évangile affirme avec force et conviction que Christ est la vie.
Le récit de ces bons barbares devrait casser tout intégrisme : non, il n’y a pas d’un côté le monde extérieur terrible et rempli de mauvaises personnes diaboliques, et d’un autre côté les chrétiens bien baptisés comme il faut et ayant reçu l’Esprit-Saint et donc sauvés. Jean dira également que «quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu, car Dieu est amour» (1 Jean 4, 8), avant de remarquer qu’il y a des personnes qui prétendent aimer Dieu sans aimer leur frère. Avant de conclure, Luc nous aide contre la tentation de l’intégrisme, qui menace tout homme juste.
Même les meilleurs sont pécheurs
L’épisode du serpent mordant Paul va également dans le sens de la complexification des modèles, et donc une invitation à ouvrir notre interprétation de ces textes. Car après avoir présenté de divins barbares, c’est le héros qui devient limite. En effet, la main évoque notre action créatrice et le serpent évoque dans la Bible la tentation. Ce texte nous suggère que Paul a été tenté de mal agir. Le diagnostique des barbares est alors logique, il devrait enfler et tomber dans la mort, car c’est bien l’effet de l’égoïsme sur nous. Le combat héroïque de Paul est ici à l’intérieur de lui-même, et il est à l’intérieur de nous.
Quelle était cette tentation de Paul? Peut-être de profiter de cette aventure pour s’échapper des griffes des Romains et trouver refuge au milieu de ce peuple ? Peu importe la tentation de Paul puisque nous avons chacun les nôtres. Paul reconnaît d’ailleurs cette force de la tentation dans un fameux passage de la lettre aux Romains (7, 19-25) où il dit : « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. Misérable que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? Grâces soient rendues à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur ! »
Le texte de Luc va dans le même sens, pour que la tentation se détache de notre agir, Luc nous invite ici à alimenter le feu de l’Esprit, le feu de la gratitude pour ceux qui nous traitent bien, le feu de sa sagesse de philosophe grec, le feu de notre conscience comme la philanthropie du peuple de cette île. Remettre du bois sur ce feu et y agiter notre main pour que notre serpent se détache.
Tout le monde est un petit peu divin
Ce texte a également quelque chose de très particulier en ce que Paul se laisse prendre pour un dieu sans protester. C’est tout à fait unique dans le livre des Actes où chaque fois que cela arrive, Pierre, Paul ou Barnabé protestent vigoureusement contre cela, et quand Hérode se laisse traiter de dieu sans réagir, il finit mangé tout vivant par de la vermine. Pourtant, Luc assume ici de copier l’Odyssée où Ulysse va être honoré comme un dieu par les Phéaciens.
Cela aussi brouille et complexifie les repères trop simplistes que nous pourrions avoir. C’est vrai que ce serait de la folie de se prendre pour un dieu, ce n’est pourtant pas complètement faux puisque Dieu nous donne de son Esprit, Dieu nous donne le pouvoir d’aimer et d’aider ceux qui viennent à nous à être plus en forme comme Paul le fait ici. Ce texte nous invite à accepter et à assumer l’incroyable nouvelle de notre divinité (relative, mais bien réelle). Et à reconnaître que quelque chose de la perfection de Dieu peut inspirer même la plus païenne des personnes, comme ce peuple qui les accueille. Paul a donc dû considérer, comme le dit Jean, que puisqu’ils aiment, sans doute ces barbares « étaient nés de Dieu et connaissaient Dieu » (1 Jean 4, 8). C’est peut-être parce que Paul reconnait ainsi qu’ils sont proches de Dieu qu’il ne leur annonce même pas l’évangile du Christ alors qu’il avait là du temps devant lui et une bien belle opportunité, non ?
Le devoir de vacances
Enfin, autre chose surprenante, Paul, le héros courant de toutes ses forces vers son but tout au long du livre des Actes, fait manifestement ici une pause. Nous le voyons ici tranquillement manger et boire, se réchauffer, profiter d’une confortable et amicale hospitalité. Quand on lui demande, il donne un coup de main à ses hôtes, il reste sympa, mais il a mis sa vocation d’apôtre de côté.
Jésus aussi, particulièrement dans l’évangile selon Luc, prend des temps pour prier, seul. Mais c’est là encore, un temps utile et productif, une course tendue vers le but. C’est comme un temps de shabbat, même si ce n’est pas le samedi ou le dimanche matin, bien sûr. Un temps d’inspiration pour mieux se préparer à servir.
Mais ici, Paul prend trois mois de bon temps, et c’est bien. Ce texte ouvre un espace dans cette belle respiration de la vie croyante faite de temps d’action et de temps de contemplation. C’est comme pour la terre, il y a le temps des semailles et celui de la moisson, et puis la terre a aussi besoin parfois d’un temps de jachère, un temps d’hivernage, comme le dit ce récit des Actes, faisant contrepoids avec le reste du livre, l’humanisant.
Quand nous ne faisons rien d’utile, c’est parfois sage, utile et juste. Parfois nous ne faisons rien parce que nous avons simplement succombé à la morsure du serpent de notre tentation à flemmarder. La tentation serpentine est parfois celle de l’activisme : de ne se sentir exister que quand on produit, ou que quand on prie. Comment savoir si notre désir de repos, d’activité ou de prière est une mauvaise tentation ou ce qui est juste à ce moment là ? Là encore, il est bon d’alimenter le feu et d’agiter notre désir dessus.
La vie éternelle ET la vie en ce monde
Finalement, les vacances de l’apôtre Paul se terminent, il prend « un bateau qui portait les Dioscures comme enseigne. » Par ce détail tiré de l’Odyssée, Luc vient nous aider encore en complexifiant nos schémas sur un point important de la foi. Pour bien des religions et philosophies de part le monde, le but de l’odyssée humaine est l’éternité dans un au-delà qui chante. Ulysse, lui, a refusé ce cadeau que lui offrait « Calypso, nymphe à la belle chevelure », parce que son odyssée a pour but de vivre en paix parmi les siens.
La Bible hébraïque préfère également de ne pas penser à la vie future pour mettre en valeur la qualité de la vie en ce monde avec Dieu et par Dieu. Faut-il choisir soit l’un soit l’autre ? Les Dioscures (Castor et Pollux) se partagent entre la vie dans l’au-delà et la vie dans ce monde-ci. Dans un sens, c’est comme cela que l’évangile du Christ et l’apôtre Paul voient notre existence: nous sommes déjà ressuscités (Jean 5, 24 ; Eph 2, 6; Col 2, 12), nous sommes comme Paul, portés aujourd’hui par un temps qui est à l’enseigne de ces deux jumeaux, un temps qui est à la fois la vie éternelle avec Dieu et la vie présente avec ceux que nous aimons.
Amen.
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La Bible et l’Odyssée
L’Odyssée d’Homère et la Bible ont bien des choses en commun :
1. Ces deux œuvres forment la fondation de notre culture et elles ont commencé à irriguer notre réflexion vers le VIIIè siècle avant Jésus-Christ, époque extraordinairement féconde.
2. La plupart des gens connaissent vaguement ce qui est dans l’Odyssée et dans la Bible mais seules des personnes très cultivées les ont lu.
3. Ce qui est bien dommage car ces deux œuvres ont été composées dans le but d’inspirer leur lecteur en ce qui concerne sa propre existence particulière.
Savoir lire, et lire effectivement ces deux œuvres pourraient avantageusement faire partie du socle de base de l’éducation.
Actes 28, 1-14
Ce passage raconte la toute dernière aventure de l’apôtre Paul en voyage pour Rome. Il a été fait prisonnier par les Romains plusieurs années auparavant, à Jérusalem, et de là, il est amené vers Rome en bateau pour être jugé. Juste avant cet épisode, leur navire a été pris dans une tempête terrible, et s’est brisé contre un récif. Les naufragés, dont Paul, s’accrochant à des débris du bateau nagent et rejoignent la côte.
1Une fois hors de danger, nous avons appris que l’île s’appelait Malte. 2Les autochtones se sont révélés avoir une philanthropie extraordinaire. En effet, ils nous accueillirent tous en allumant pour nous un grand feu, car la pluie s’était mise à tomber, et il faisait froid. 3Paul ayant ramassé une brassée de bois mort la jeta dans le feu, la chaleur en fit sortir une vipère qui s’accrocha à sa main. 4Quand ils virent cet animal qui pendait à sa main, les autochtones se dirent les uns aux autres : « Cet homme est certainement un meurtrier pour qu’ayant échappé à la mer, la justice divine ne lui permette pas de vivre. » 5Paul, en réalité, ayant secoué la bête dans le feu, ne souffrait d’aucun mal. 6Eux s’attendaient à le voir enfler, ou subitement tomber mort ; mais, après une longue attente, ils observèrent qu’il ne lui arrivait aucun mal. Changeant alors d’avis, ils proclamèrent : « C’est un dieu ! »
7Il y avait, dans les environs, un domaine qui appartenaient au premier personnage de l’île, nommé Publius. Il nous nous fit une réception de trois jours, puis il nous hébergea amicalement. 8Son père se trouvait alors alité, en proie aux fièvres et à la dysenterie. Paul s’étant rendu à son chevet, il pria et lui imposa les mains, et le guérit. 9Par la suite, tous les autres habitants de l’île qui étaient malades venaient et étaient guéris. 10Ils nous ont donné de multiples marques d’honneur et, quand nous avons pris la mer, tout ce dont nous pourrions avoir besoin.
11C’est trois mois plus tard que nous avons pris la mer sur un bateau qui avait hiverné dans l’île; il était d’Alexandrie et portait les Dioscures comme enseigne. 12Nous avons débarqué à Syracuse pour une escale de trois jours. 13De là, bordant la côte, nous avons gagné Reggio. Le lendemain, le vent du sud s’était levé et nous sommes arrivés le surlendemain à Pouzzoles. 14Nous y avons trouvé des frères qui nous ont invités à rester sept jours chez eux. C’est ainsi que nous sommes arrivés à Rome.
Odyssée, Vème chant
Par bien des points, cet épisode des aventures de l’apôtre Paul se rapproche d’un épisode de l’Odyssée, précisément la dernière aventure d’Ulysse, avant d’arriver, lui aussi, au terme de son voyage. Je ne peux pas vous le lire en entier, mais vous pourrez néanmoins faire le rapprochement, je pense, avec ce très court résumé qui existe dans le Vème chant de l’Odyssée, quand Zeus annonce ce qu’il prépare :
Ainsi parle Jupiter à Mercure son fils bien-aimé : « Toi qui fus toujours notre messager fidèle, cours dire à Calypso, nymphe à la belle chevelure, que ma ferme résolution est celle-ci : que le courageux Ulysse revienne dans sa patrie, et qu'il parte sans secours des hommes et des dieux.
Ce héros, souffrant mille douleurs et abandonné seul sur un radeau fait de bouts de bois assemblés, arrivera le vingtième jour dans la fertile contrée des Phéaciens, peuple proche des dieux. Les Phéaciens honoreront Ulysse comme un dieu, ils le conduiront ensuite dans sa chère patrie après lui avoir donné de l'or, du bronze et des vêtements en plus grande abondance qu'Ulysse n'en eût rapporté d'Ilion s'il fût revenu sans malheur avec sa part du butin. »